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Mars 2012
RETROUVONS L'OPTIMISME !
Catherine MAILLARD, Rencontre avec Thierry JANSSEN
http://www.doctissimo.fr/html/psychologie/bien_dans_sa_peau/15303-retrouver-optimisme.htm
Voir aussi nos dossiers : |
Tandis que de Thierry Janssen, nous avons déjà sur ce site : Janssen Thierry
(2009), Penser la médecine autrement
Chirurgien
devenu psychothérapeute, Thierry Janssen nous invite à revoir notre conception
du bonheur. En s'appuyant sur les travaux de la biologie, des neurosciences et
de la psychologie, il nous engage à retrouver un nouvel optimisme, un lien avec
les autres, et à donner du sens à notre vie. Le défi à relever est de prendre
conscience de notre potentiel positif et, surtout, de le manifester à travers
nos actes.
Doctissimo : Vous poursuivez votre réflexion sur la médecine1, la
maladie2 et, cette fois, le bonheur et la bonne santé3. Et comme chaque fois,
vous insistez sur l'importance d'aborder ces sujets d'une manière
transdisciplinaire.
Thierry
Janssen : Cela
me paraît indispensable. En effet, notre manière de nous représenter la
réalité, notre façon de penser le monde, est erronément influencée par un
postulat philosophique qui place l'être humain en dehors et au-dessus de la
nature, perçue comme dangereuse. Du coup, nous développons une science
analytique qui tente de comprendre la nature dans ses moindres détails afin de
l'influencer, la transformer et la dominer. Nos sociétés modernes se sont
construites sur ce postulat de toute-puissance.
Nous innovons,
nous produisons et nous consommons pour nous protéger sans nous rendre compte
qu'à force de nous intéresser aux détails nous perdons la vision de l'ensemble,
nous sommes comme déconnectés de la réalité, nous devenons de plus en plus
fragiles. Toutes les crises qui se profilent à l'horizon de notre civilisation
naissent d'un manque criant de conscience des liens qui existent entre les
différents éléments de notre analyse. Nous manquons singulièrement d'humilité.
Doctissimo : Est-ce pour cela que vous parlez d'un défi dans le titre
de votre dernier opus ?
Thierry Janssen : Penser d'une manière globale est
effectivement un défi pour nos cerveaux modernes. Cependant, le défi dont il
est question ici est un défi encore plus important, un défi que j'ai qualifié
de "positif".
Doctissimo : Aurions-nous une telle propension au négatif ?
Thierry
Janssen : Nous
avons effectivement une tendance naturelle à nous intéresser au négatif avant
de repérer le positif. C'est inhérent à notre instinct de survie. Il paraît
important de pouvoir nous prémunir et de prévenir ce qui pourrait nous mettre
en danger. Du coup, nous éprouvons prioritairement des émotions négatives, que
je préfère qualifier de "désagréables" (par exemple : la peur,
l'anxiété, la colère). Notre système nerveux sympathique nous met en tension
pour réagir et notre corps produit ce que l'on appelle une réaction de stress.
En soi, cette réaction de stress est une bonne chose, elle nous permet de nous
adapter. Cependant, si nous restons "coincé" dans des pensées
négatives et des émotions désagréables, nous vivons un stress chronique qui
nous épuise, nous fragilise et, finalement, nous prédispose à toute une série
de pathologies.
Il est donc
important de pouvoir prendre du recul, de relativiser, de rester en lien avec
la réalité du moment présent pour générer des pensées plus positives et, du
coup, des émotions plus agréables (comme la joie) qui sont automatiquement
accompagnées de réactions de détente propices à la régénération et à la
réparation de notre corps. Sans compter que ces émotions agréables remettent en
route notre imagination et nous aident à trouver des solutions face aux
situations difficiles. En nous rendant plus sympathiques, elles nous permettent
de tisser des liens sociaux qui sont de précieuses ressources en cas
d'adversité.
Doctissimo : Dans notre quête de bonheur, vous préconisez de donner
une grande place au plaisir. Cela semble paradoxal dans le contexte où nous
sommes, rassasiés de sources de plaisir et pourtant éternellement
insatisfaits ?
Thierry
Janssen : Ce
n'est pas moi qui préconise le plaisir. Ce sont les enquêtes menées par les
chercheurs en psychologie positive qui révèlent que le plaisir est l'une des
grandes voies du bonheur pour chacun d'entre nous. Le besoin de plaisir est
fondamental. Sans plaisir, nous ne connaîtrions pas de motivation. Remarquez
que les actes les plus vitaux - manger, se reproduire, tisser des liens - sont
à l'origine de nos plus grands plaisirs. Le problème vient d'un phénomène que
l'on appelle "l'adaptation hédonique". On s'adapte à tout, au mauvais
comme au bon. Du coup, le piège est d'en vouloir toujours plus, surtout dans
une société comme la nôtre qui associe le bonheur à la consommation de biens
matériels. Nous pouvons sortir de ce piège en apprenant à savourer notre
plaisir ! Cela demande de ralentir pour prendre le temps de goûter ;
de sous-doser pour s'agit pas de nier l'importance du
plaisir, mais simplement de lui donner un sens.
Doctissimo : La quête de sens semble, elle aussi, une des grandes
voies qui mène au bonheur ?
Thierry
Janssen : En
effet. Le besoin de sens est au moins aussi fondamental que le besoin de
plaisir. Sans signification et sans direction, notre existence nous paraitrait
absurde, nous ne pourrions pas survivre... Les enquêtes montrent que la quête
de sens passe avant tout par les liens que l'on tisse avec les autres. Cela
pose une question à nos sociétés modernes, où la capacité à entretenir des
liens est appauvrie. Car tisser des liens ne se résume pas à envoyer des
emails. Il faut, en plus, apprendre à se connaître et à connaître l'autre, développer
de l'empathie et créer la distance intime qui respecte soi et l'autre.
Cependant, les
enquêtes révèlent aussi que la quête de sens dépend de la définition de nos
valeurs et, surtout, de la manifestation de ces valeurs à travers nos actes. Il
paraît donc indispensable de créer un espace intérieur pour élever notre niveau
de conscience. Nous découvrons alors que nous sommes les détenteurs d'un
potentiel éminemment positif, fait de forces et de vertus dont les philosophes
et les spirituels nous parlent depuis la nuit des temps. Ce potentiel a fait
l'objet, très récemment (en 2005) d'une classification extrêmement nuancée et
complète. L'enjeu est d'actualiser ce potentiel en nous laissant inspirer par
ce qu'Aristote appelait l'eudaimon - le bon génie en
nous qui nous invite à exprimer le meilleur de nous-mêmes pour connaître un
épanouissement vertueux.
Doctissimo : Votre vision est quasi-spirituelle ?
Thierry
Janssen : Oui.
En latin le mot spiritus signifie "le
souffle" qui relie et anime toutes choses - ce que je pourrais
définir comme les liens qui existent entre toutes les choses. Bien au-delà des
concepts religieux, la spiritualité peut être considérée comme la science qui
permet la compréhension de ces liens. De ce point de vue, chacun des livres est
une tentative de "re-spiritualiser" notre
monde qui a perdu la conscience des liens. Je crois que nous en avons
profondément besoin.
Catherine
Maillard, le 7 novembre 2011