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 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP », trimestriel GIPHV,  N°11. 01. 2007

Editeur : Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr

 Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

NOUVELLE PETITE PHILOSOPHIE

 

Albert JACQUARD, avec la collaboration d’Huguette PLANES

Ouvrage publié chez Stock, 2005

                                           Extraits par Henri Charcosset

 

Autonomie page 17

 Huguette Planès. Les jeunes aujourd’hui semblent plus indépendants que les générations précédentes, mais en fait beaucoup moins autonomes.

Albert Jacquard. Prenant comme moteur la lutte de chacun contre les autres, la compétition, elle fait oublier que le matériau permettant à l’individu de devenir une personne est fait d’échanges qu’il a avec les autres… En proclamant que vivre une vie d’homme se résume à une lutte permanente, notre Occident ne peut que créer le désespoir chez les adolescents.

 

Bioéthique

 Page 21. Albert Jacquard. L’idée centrale de la génétique est que la totalité des recettes de fabrication nécessaires pour réaliser un être vivant est bien réuni dans le noyau de ses cellules.

Page 23-24. Albert Jacquard. L’opération qui a été possible avec une agnelle (Dolly, obtenue par clonage) doit être réalisable avec un être humain. Cela revient à donner à un individu un vrai jumeau… Mais toutes les réflexions à propos du clonage doivent tenir compte de la double réalité présente en chaque être humain : l’individu construit à partir d’un patrimoine génétique est la personne, modelée par toutes les aventures de son histoire, et notamment par les rencontres qu’elle a faites.

Page 26. Albert Jacquard. De nombreux embryons sont congelés et en attente d’une décision à leur sujet. Ils ont été produits au cours de manipulations nécessitées par des tentatives de procréations médicalement assistées ; ils n’ont plus d’utilité et sont considérés comme « sur-numéraires ». Plutôt que de les détruire, il semble raisonnable de les considérer comme du matériel d’étude.

 

Citoyenneté

Page 39. Albert Jacquard. Seules les espèces capables de reproduction permettent à leurs membres de développer une aventure éventuellement isolée, autonome.

Page 47. Albert Jacquard. Les économistes occidentaux sont parvenus à faire croire à toute la planète que la seule régulation efficace des rapports entre les individus et entre les collectivités nécessitait un affrontement entre les égoïsmes de ceux qui produisent des biens et de ceux qui les consomment. Ils ont réduit les rapports entre personnes à une compétition permanente. Des attitudes comme la générosité ou le partage sont considérées comme finalement néfastes. En fait, le citoyen a disparu. Il n’est plus qu’un rouage du mécanisme production-consommation… La réaction nécessaire ne peut être tentée que par l’école… La citoyenneté s’apprend. Apprendre la citoyenneté, c’est prendre conscience du besoin de l’autre pour devenir soi…

 

Désir et besoin

Page 56. Albert Jacquard. Le bonheur résulte moins de l’accès à l’objet de désir, que de l’effort tendant vers lui… Puisque pour un humain être c’est devenir, l’important est la « tension vers »; elle apporte le dynamisme sans lequel on ne peut échapper à l’immobilisme, à la pré-mort que vous appelez le repos.

 

Ecologie

Page 63. Albert Jacquard. Il faut dès l’école donner un sentiment de culpabilité à celui qui se permet de gaspiller un bien épuisable… Il est souvent dit que la principale source d’énergie se trouve dans le gaspillage d’énergie.

Page 67-68.  Huguette Planès et Albert Jacquard. Les risques pour l’environnement ou pour la santé ne peuvent être évalués. De plus un autre risque doit être évoqué, qui n’est pas environnemental mais social : il s’agit de la mise sous tutelle de tous les agriculteurs de la planète par les entreprises multinationales productrices de semences… Ces semences donnent en effet de magnifiques récoltes, mais les graines récoltées ne peuvent être utilisées comme semences… Cela peut déboucher sur une véritable dictature planétaire des producteurs d’OGM.

 

Femme

Page 75. Albert Jacquard. Pour le biologiste, la différence entre homme et femme est liée à la dotation chromosomique répartie entre quarante six chromosomes formant 23 paires ! Chez les individus de sexe femelle ces paires sont toutes symétriques XX, chez ceux de sexe mâle, la 23ème paire est formée d’un chromosome X et d’un plus petit Y. Une copie de cette dotation est fournie à chacune de nos cellules lors de sa réalisation. Toutes les parties de l’organisme sont donc informées du sexe de l’individu.

Page 76. Albert Jacquard. Lors de la conception de l’embryon, le tirage au sort de la moitié des gênes possédés par les parents fait que chaque être procréé est « nouveau » ; l’aventure de l’espèce peut donc se perpétuer en explorant des voies imprévisibles.

Page 77. Albert Jacquard. Notre regard sur les humains ne peut être lucide que s’il discerne en chacun une double réalité : l’individu produit par les processus naturels, la personne générée par l’immersion de cet individu dans une communauté humaine.

 

Générosité

 Page 90. Albert Jacquard. La générosité est le nom que l’on donne à l’attitude qui est au fondement de la construction de chacun : l’ouverture à ce que nous apporte l’autre, même lorsque cet apport nous paraît inquiétant, voire dangereux. Toute rencontre comporte un risque.

Page 93. Albert Jacquard. Ce n’est que par démission de la raison que l’on accepte une éthique imposée par une croyance. Car cette attitude revient à se soumettre à des ordres supposés divins, alors que la dignité de la communauté humaine lui impose de définir elle-même le bien et le mal… L’éthique ne doit pas être une soumission aveugle. Elle est la participation de tous à une forme de démocratie, celle qui trace les frontières entre le bien et le mal.

Page 95. Albert Jacquard. A tous les âges, hommes et femmes peuvent contribuer à la création de richesse. Simplement cette contribution change de nature avec l’âge, mais elle mérite d’être rémunérée qu’elle que soit cette nature. Il ne faudrait plus parler de retraite… Mais d’activité modifiée.

Page 96. Albert Jacquard. L’important est de rester conscient de notre inévitable solidarité. Le mal que nous faisons, comme le bien, nous ne le faisons pas à une personne, mais à l’ensemble des personnes humaines, y compris à nous-mêmes. Tuer, torturer, c’est se suicider, se détruire. Aider, c’est participer à la réalisation du surhomme dont nous sommes une partie, c’est se construire soi-même.

 

Humain

Page 100. Albert Jacquard. Le processus d’« ’hominisation » ? Le système nerveux central est dix à vingt fois plus riche en neurones que celui de nos voisins primates. Cette différence quantitative a été réalisée en quelques centaines de milliers d’années. Elle a provoqué une différence qualitative dans la capacité à s’adapter au milieu et à agir sur lui. La mise en place de cette capacité à prévoir, à raisonner, à comprendre, a bouleversé les règles du jeu de l’évolution…

Il me semble vain de chercher à préciser qui a été le « premier homme ». Homo erectus apparu il y a un million et demi d’années, capable de tailler les galets, d’affronter les animaux… puis un jour d’apprivoiser le feu ? Homo sapiens, apparu il y a cent cinquante mille ans, peut être considéré comme un prolongement des homo qui l’ont précédé. Les frontières entre ces espèces restent cependant bien imprécises…

Le monde animal ne peut pas être opposé au monde de l’humain, le second est en fait un sous-ensemble à l’intérieur du premier… Les performances de tous les êtres que l’on dit vivants sont la conséquence du fonctionnement de l’ADN, molécule pas plus mystérieuse que tout autre.

Page 102. Albert Jacquard. Une divergence entre l’intelligence animale et l’intelligence humaine ? Une divergence s’est produite, nous obligeant à classifier Homo dans une catégorie à part, mais sa cause initiale était peut-être insignifiante… La petite différence qui a tout provoqué était peut-être au départ quantitative: elle concernait par exemple le nombre de neurones. Il se trouve qu’elle a été auto-amplifiante, qu’elle a permis la mise en place d’un langage infiniment plus subtil…

Page 103. Albert Jacquard. L’essentiel est le passage de l’être humain isolé à la communauté humaine faite de tous les liens qui, grâce au langage, créent un ensemble interactif… Ce qui caractérise alors la civilisation, c’est le contrôle des pulsions mais aussi l’humour, la pudeur…

Page 107. Huguette Planès, Albert Jacquard. Pour faire régresser l’inhumanité, une mesure concrète s’impose : faire de l’école sous toutes ses formes, de la maternelle à l’université, le lieu où l’on apprend à rencontrer les autres.

Page 108. Albert Jacquard. Le véritable surhomme, je le répète, c’est la communauté des hommes.

 

Jeunesse

Page 124. Albert Jacquard. Ce n’est pas entre les générations mais entre les individus qu’il faut entretenir le dialogue. La difficulté me semble souvent plus grande avec des personnes de mon âge qu’avec des lycéens…

 

Paix

Page 178-179. Albert Jacquard. Comment vivre ensemble ? Toute vision angélique empêche la lucidité : il faut d’abord être réaliste. Il est difficile de vivre avec les autres. Mais ce constat doit être accompagné d’un autre constat, tout aussi réaliste : il est impossible de devenir soi sans les autres.

 

Quête de sens

Page 197. Albert Jacquard. Le fait même de faire tourner notre machine à penser est en soi-même une jouissance… C’est au nom du plaisir que l’on doit inciter les jeunes à faire fonctionner leur imagination et leur logique…

 

Rationnel et irrationnel

Page 202. Albert Jacquard. Croire sans s’efforcer en premier lieu de douter, est une démission de l’intelligence. C’est cette démission qui aboutit à l’obscurantisme lorsqu’elle se généralise. La science est née du refus de croire…

 

Violence

Page 240. Albert Jacquard. La démocratie n’a pas encore fait la preuve qu’elle peut tenir ses promesses, mais elle est si jeune ! Ce n’est pas en années mais en millénaires qu’il faut mesurer l’âge des peuples. Au mieux l’humanité aborde l’adolescence… Laissons lui le temps de faire ses preuves.