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Janvier 2009

 

LA  MAL  VOYANCE PAR DEGENERESCENCE MACULAIRE LIEE A L’AGE, D.M.L.A..TEMOIGNAGE

 

René ALISE, né en 1923.

 

Un mot d’introduction par Henri Charcosset, ami de René Alise

Nous gagnons, lors de notre vieillissement,  à bénéficier de la relation à des parents et amis plus âgés, nous montrant le chemin à suivre. Mine de rien comme on dit, et sans doute

sans le rechercher car il est un homme modeste, René Alise est un exemple de vieillissement autonome bien réussi, dans le contexte d’aujourd’hui, où autonomie tend à être le

maître mot. Ses articles successifs sur ce  site, représentent une aide précieuse auprès de tout un chacun avançant en âge,  qui veut réfléchir à sa propre évolution.      

 

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Seuil de la mal voyance…

L’expression mal voyance recouvre les causes d’une déchéance visuelle dont nous parlerons brièvement, cet article n’ayant pas une visée médicale. C’est la situation d’un patient, ou d’une victime comme vous voudrez, qui nous intéresse.

De traitements en opérations qui paraissent inévitables car l’âge arrivant avec parfois le jeu de l’hérédité, on se découvre un jour incapable de lire les petites lettres du journal. On entre alors de plain-pied dans l’univers pénible de la mal voyance. Certes les années précédentes, l’oculiste nous a prescrit les verres de lunettes correspondant à une vision déjà dégradée. Mais on atteint là les limites de la lunetterie normale pour entrer dans le domaine des loupes et autres appareils grossissants.

Pour plus de réalisme, si vous permettez, prenons mon cas. Atteint de D.M.L.A.

(Dégénérescence maculaire liée à l’âge ), comme plus d’un million de personnes en France à vivre cette affection lourde à porter. Par exemple à 40 / 50 mètres j’aperçois vaguement une voiture. A 15 mètres, je vois une silhouette que je ne reconnais qu’en étant plus près. En lui serrant la main, le visage m’apparaît sans distinguer la couleur des yeux. En ville j’ai beaucoup de peine à différencier les feux vert, jaune, rouge, de nos signaux lumineux, préférant suivre les autres piétons. Les plaques indiquant le nom des rues me sont indéchiffrables si placées trop haut.

 

Mal voir, maladie de la vieillesse ?

En général oui, mais en dehors du cas des aveugles de naissance, tous les praticiens signalent des personnes de 40, 50 ans voire plus jeunes, atteintes de maladies entraînant des déficiences visuelles graves souvent irréversibles.

Remarquons que dans l’opinion publique il était admis comme une sorte de fatalité qu’en vieillissant on devait petit à petit supporter une déchéance de la vue…C’était si vrai que jusqu’à une date récente personne ne s’en occupait, pas plus les Pouvoirs publics que les Organismes privés. Alors que la plupart des autres maladies, fussent-elles rares, attiraient l’attention des médias et les crédits pour la Recherche.

Certes l’allongement spectaculaire de la vie pousse les Autorités à se pencher sur ces maladies qui risquent de devenir rapidement invalidantes et donc coûteuses pour les collectivités. On admet aujourd’hui un espoir de longévité de 78 ans pour les hommes et de 83 ans pour les femmes. Ajoutons que plus les intéressés approchent de ces âges purement statistiques plus ils ont des chances de vivre au-delà ! Les courbes des Caisses de retraites sont significatives à cet égard. La mortalité est plus importante entre 58 et 70 ans qu’après. Ensuite, la courbe s’arrondit doucement en direction des centenaires, qui sont environ 3000 dans notre pays.

Pour aider à saisir les phénomènes de vieillissement par un autre biais on peut se reporter à mes deux articles précédents :

 

’’ Yoga et vieillissement avec handicap ’’, CLIC

et ’’ Grand âge, corps et Yoga ’’,   CLIC

 

MAL VOYANCE, vue par René Alise, 2008

 

Ma parole, tu lis avec difficulté

Me dit un vieil Ami sans charité.

Pourtant j’ai changé mes lunettes

Et ma vue n’est pas plus nette.

 

Ecoute Ami, cette courte histoire

Que je vais te conter ce soir.

Longtemps j’ai vu tout en finesse

Un jour m’abandonna la jeunesse.

 

L’oculiste qui longuement me regarda

Déclara tout net : c’est la D M L A.

Certes l’œil droit est atteint

Mais le gauche reste sain.

 

Pourtant nous allons le traiter,

Pour le maintenir en santé.

En ajoutant : Soyez sage,

Signez donc cette décharge.

 

Commençons par les rayons laser

Ensuite nous y verrons plus clair.

Un merveilleux produit d’Amérique

Vous sera injecté sans risque.

 

Dans l’œil gauche une, deux piqûres

Administrées d’une main sûre

Au côté d’un infirmier vaillant

Prévenant tous les mouvements.

 

Hélas! trois semaines passées

Il fallut bien constater

Que ma vue s’était dégradée

Avec un oeil blessé à la clé.

 

’’ C’est une déchirure de l’épithélium ’’

Affirma doctement notre homme.

Le traitement était certes audacieux

Ou bien je n’étais pas du côté des dieux.

 

Aujourd’hui je me retrouve handicapé

Avec assistance et ma bonne volonté.

En rebondissant la vie continue

Car elle mérite bien d’être vécue.

René Alise

 

Vivre avec son handicap.

Ces quelques vers donnent la clé de mon histoire : un œil droit atteint de D.M.L.A., et la perte de mon oeil gauche suite à deux injections qui amenèrent  une déchirure de l’épithélium, ou membrane enveloppante. Cette situation irrémédiable se complique d’une lente et insidieuse dégradation de ce qu’il me reste comme vision. C’est ainsi que cette année pour la première fois je n’ai pu remplir ma feuille de déclaration des revenus même avec des moyens grossissants. Ma mal voyance glisse lentement vers une forme de dépendance.

 

Aujourd’hui je suis un handicapé avec tout ce que cela comporte de gaucherie et de difficultés à vivre. En France, tous handicaps confondus, nous sommes paraît-il 17 millions. Ce qui ne veut pas dire que la vie active s’arrête pour cette population bien au contraire ! Avec beaucoup d’énergie la plupart s’insèrent dans la société qui parfois porte sur nous un regard négatif.

La loi prévoit que les entreprises doivent employer 6 % d’handicapés parmi leur personnel, ou bien payer une pénalité. Cette loi avec la bonne volonté de certains employeurs, permet de donner aux plus jeunes l’espoir de s’insérer dans le monde du travail et de retrouver une dignité.

Les clients des magasins, des marchés ou des transports en commun acceptent assez  facilement d’aider celui qui marche avec des canes ou avance à tâtons. Je n’hésite plus à me faire lire les étiquettes des rayons dans les grands magasins, ou à avancer une main pleine de monnaie afin que le commerçant choisisse et trouve son compte. L’humiliation que l’on pourrait ressentir est rapidement dissipée par un sourire.

Par mesure de sécurité, j’abandonne ma voiture au garage. Suivant en cela les recommandations récentes du corps médical qui nous informe que 15% des possesseurs du permis de conduire seraient potentiellement dangereux au volant. En précisant qu’il s’agirait soit de personnes âgées avec handicap, soit des malades de tous âges sous médicaments agissant. On comprendra ma grande frustration pour ne pas dire plus. Un brin de sagesse consenti à ma vision insuffisante que par coquetterie j’essaie de lier à mon âge !

I

Aides aux handicapés visuels.

Dès les premiers mois de ma détresse il m’a été conseillé de m’adresser à l’Association Valentin Haüy. Organisme créé en1889, elle est présente dans toutes les régions. Par des cours de formation, une bibliothèque adaptée, des boutiques et aides diverses, il est ainsi possible d‘adoucir la vie matérielle des aveugles et mal voyants.

Je me dois de signaler les ’’Auxiliaires des Aveugles ’’ présents dans la plupart des grandes villes. Ils proposent des lectrices ou des lecteurs, tous bénévoles, qui se rendent à domicile auprès des déshérités de la vue.

Presque toutes les bibliothèques offrent des ouvrages en Braille et d’autres en gros caractères, il convient de se renseigner dans les Mairies.

Aujourd’hui les grands éditeurs produisent des CD qui résument un livre digne d’intérêt. Par exemple chez Gallimard la collection s’appelle ’’ Ecouter lire ’’.

Question ordinateur, sans parler de logiciels spécifiques qui valent un certain prix, les logiciels d’exploitation courants permettent d’augmenter la grosseur des caractères ainsi que la largeur de page. On peut également  utiliser la fonction loupe. Avec des arrangements appropriés, presque tous les handicapés peuvent maintenant se servir d’un ordinateur. CLIC.  Apportant une satisfaction personnelle et utile mêlée d’un sentiment d’être à l’unisson de tout le monde.

 

Une rééducation tirée du Hata Yoga

Ayant perdu ma vision centrale, j’essaie de récupérer ou tout au moins de maintenir une certaine vision périphérique par des exercices appelés Trâtaka, tirés du Hata Yoga. Assis, le corps droit, la tête immobile, l’exercice consiste à ne bouger que les yeux. D’abord à l’horizontale balayer le plus grand champ visuel possible à gauche puis doucement à droite, 10 aller –retour. Ensuite même travail dans la verticalité, le regard se porte le plus haut et le plus bas possible. Après travail en diagonale, on voit en haut à droite pour descendre en bas à gauche. Puis on croise le mouvement, en haut à gauche et en bas à droite. Enfin rotation des yeux dans le sens des aiguilles d’une montre et en sens inverse. Ces 6 exercices se répètent 10 fois  chacun.

Cette rééducation a en outre le mérite de fortifier les muscles très fins qui permettent les mouvements de l’oeil.

 

Contacts

Dans les réunions de mal-voyants, je suis toujours heureusement étonné de la bonne humeur qui règne et de la joie dans les  propos échangés.

Je suis moi-même un homme de contact :

E-Mail:  rene.alise@wanadoo.fr

 

Associations

Valentin Haüy: http://www.avh.asso.fr/ 

Auxiliaires des aveugles: http://www.lesauxiliairesdesaveugles.asso.fr /