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Mai 2011
L’HIVER DE LA MEMOIRE
Apprendre, retenir, utiliser, apprendre,...
Bernard CROISILE
Extrait de :
« Tout sur la mémoire » paru aux éditions Odile Jacob, 2009, 511
pages
Avec Mise à profit de l’Internet, par Henri Charcosset
Introduction et
Mise à profit de l’Internet, par Henri Charcosset,
webmestre
Bernard Croisile est chef de service de neuropsychologie à
l’Hôpital neurologique de Lyon où il assure une consultation
« mémoire » dédiée à l’évaluation des plaintes et des troubles de
mémoire, ainsi qu’au diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer.
Nous nous
limitons à reproduire ici des extraits de la partie du livre consacrée à l’évolution de
la mémoire lors d’un vieillissement normal.
Doit
particulièrement retenir notre attention la phrase de Bernard Croisile :
« Le simple fait d’avoir des activités de
travail et de loisirs riches et variées qui imposent à l’esprit des défis
raisonnables constitue le meilleur des entretiens cognitifs. »
Ces activités
de travail pourront être bénévoles tout autant que rémunérées. Toute récente
est la possible mise à profit de l’Internet.
Ce site-ci se
veut être un exemple de bénévolat, réalisable depuis chez soi, sans contraintes
hiérarchiques, sans frais particuliers, ceci jusqu'à un niveau très élevé de
handicap physique, moteur ou sensoriel.
Il met à profit des collaborations, tant avec
des connaissances en vrai qu’avec des personnes fréquentées sur le Net. Chaque
personne s’y trouve considérée, sans exception, comme chercheur à part entière,
capable de publier des articles intéressants, le plus souvent à partir de son
expérience de la vie. Voir à titre d’exemple, le témoignage de René Alise sur
l’éboulement de la colline de Fourvière à Lyon en 1930, CLIC. Ce lien-ci CLIC conduit à un résumé
de la façon dont ce site se construit depuis 2005. La méthode, à la fois simple et originale, peut
s’étendre à une grande variété de thèmes traités.
Que ce type de
démarche puisse faire école... Tandis que bien d’autres voies d’approche d’une
insertion sociale active pour tous, se
développent par ailleurs.
Sachons
rester socialement investis jusqu’au stade ultime de nos vies, selon nos
capacités. Et nous nous situerons dans la ligne de pensée de l’éminent
spécialiste de la mémoire qu’est Bernard Croisile.
Henri Charcosset
Texte de Bernard Croisile
À l’exigence scolaire et professionnelle de bien
apprendre s’ajoute actuellement chez les seniors le souhait d’entretenir et
d’améliorer leur mémoire dans le cadre du maintien d’une « bonne santé ». Il
n’existe pas de moyens pharmacologiques pour la doper. Si certaines molécules améliorent la mémoire, c’est au prix
de sévères effets secondaires qui en rendent
impossible la commercialisation. Ces molécules renforceraient indistinctement tous les aspects de la
mémoire en empêchant le filtre profondément salutaire de l’oubli.
Quel serait
notre avantage de retenir tous les menus de l’année ? Quel serait l’intérêt de
nous souvenir de tous les épisodes déplaisants de notre vie ? Tout au plus,
méthodes bien connues des étudiants, est-il possible de renforcer la
concentration par la caféine, la théine, la nicotine, la vitamine C. Mais si la
stimulation pharmacologique est impossible, que penser de la stimulation de
mémoire par l’exercice ? Peut-on entraîner
sa mémoire? Et quelle en est l’utilité ?
Pourquoi stimuler et entraîner sa
mémoire ?
Peut-on stimuler sa mémoire ?
Le terme employé dans la
littérature scientifique pour qualifier l’ensemble des activités stimulantes,
aussi bien cognitives que sociales ou physiques, est celui de lifestyle
(« style de vie »). Par stimulation, on n’entend pas uniquement la
réalisation de petits exercices d’entraînement, mais aussi l’utilisation
quotidienne de son cerveau lors des loisirs ou d’une activité professionnelle.
Dans un monde où l’on croit que seuls comptent les loisirs, il faut souligner
que l’exercice professionnel est source de stimulations, de rencontres, de progressions, de découvertes, d’enrichissement personnel.
Contrairement à ce que chantait Henri Salvador, si le travail, c’est bien la
santé, on ne peut certainement pas dire que « rien faire, c’est la conserver
». Pour s’en convaincre, il suffit
de rappeler combien de personnes « vivent » mal leur retraite et souffrent
pendant quelques mois d’un peu de déprime.
La retraite professionnelle ne doit pas être celle
des neurones.
Il est indispensable de stimuler ses fonctions cognitives pour le confort
supplémentaire que cela apporte au quotidien. Mais ce n’est pas la seule raison
de stimuler sa mémoire.
L’éducation
scolaire, la pratique d’une profession, l’engagement dans des loisirs prouvent
que notre cerveau peut acquérir à tout moment des connaissances et un
savoir-faire cognitif. Une de mes consultantes de 88 ans, inquiète d’avoir une
maladie d’Alzheimer, m’a ainsi donné les résultats du match de football
France-Angleterre de la veille (ordre des buts, nom des joueurs), preuve que
l’on peut apprendre à tout âge... si l’on est passionné!
Pour un
meilleur confort cognitif personnel
Un
style de vie cognitivement stimulant.
Le simple
fait d’avoir des activités de travail et de loisirs riches et variées qui imposent à l’esprit des défis
raisonnables constitue le meilleur des entretiens cognitifs. Les activités
doivent être variées, car le manque d’utilisation d’une compétence cognitive au
profit d’une autre réduit l’efficacité de la première. Des études longitudinales
ont montré l’intérêt chez des seniors de la pratique régulière de loisirs
intellectuellement stimulants. C’est ce qu’a révélé par exemple une étude
canadienne : sur une période de 6 ans, un style de vie actif ainsi que
l’engagement dans de nouvelles activités cognitivement stimulantes étaient
associés à un moindre déclin cognitif par le biais d’un impact positif sur la
mémoire de travail. Ces chercheurs ont résumé leurs conclusions en une formule
qui fait fureur dans les pays anglo-saxons : « Use
it or lose it ! »
Selon la règle d’un cercle vertueux, ce maintien cognitif facilite
vraisemblablement en retour l’engagement personnel dans des activités de vie
plus efficientes.
Des études
transversales ont également révélé que les activités intellectuellement
stimulantes pratiquées en vieillissant contribuaient, et cela indépendamment du
niveau de scolarité ou du type de profession, à maintenir un bon niveau de
performance dans certains domaines cognitifs comme la mémoire verbale et la
vitesse cognitivo-perceptive. Comment expliquer ces
résultats ? Ces activités ont-elles en elles-mêmes une action préventive sur le
déclin cognitif ? Ou bien n’intéressent-elles que des personnes dont la mémoire
ne décline pas encore ? Eternelle question de l’œuf et de la poule !
Stimulation et
entraînement
La
stimulation ou l’entraînement cognitif s’adressent à des seniors sans problème
particulier, mais qui subissent les défaillances fonctionnelles du
vieillissement physiologique. Les techniques de stimulation se pratiquent
individuellement ou en groupe, avec ou sans animateur. Le rationnel de la
stimulation de mémoire (et de la stimulation cognitive au sens large) est de
solliciter certaines composantes des systèmes cognitifs, afin d’aider des
personnes qui avancent en âge à être plus efficaces dans leur quotidien et à
accéder à un bien-être psychologique et social sans lequel on ne peut concevoir
de progrès cognitifs pertinents. À côté du plaisir qu’ils apportent lors de
leur réalisation, les exercices d’entraînement cognitif ne sont utiles que
s’ils permettent de comprendre de nouvelles stratégies intellectuelles afin de
les reproduire ensuite dans la vie réelle. Une corrélation entre les
performances quotidiennes et les capacités cognitives des personnes âgées a déjà
été observée. Même si l’exigence immédiate des seniors est d’améliorer leur
performances psychométriques, cela ne doit pas être un objectif en soi, car l’impact fondamental de la stimulation
cognitive est psychologique (renforcement de l’estime de soi) et social
(meilleure intégration). L’étude ACTIVE menée aux Etats-Unis a démontré en
2002 l’efficacité d’un entraînement cognitif sur certaines capacités de la vie
courante... Une nouvelle contribution du groupe ACTIVE a été publiée en
décembre 2006... Ce travail démontre qu’il persiste chez ces seniors un
potentiel cognitif ne demandant qu’à être exploité et, en outre, que même si
les gains de performances sont modestes, ils perdurent plusieurs années après
la fin de l’entraînement.
NE PAS TOUT
CONFONDRE
Il
est important de comprendre qu’il n’y a pas de bénéfice de l’entraînement
cognitif d’un domaine vers un autre domaine. Entraîner sa mémoire n’améliore ni
son langage ni son raisonnement. Au sein même de la mémoire, entraîner sa
mémoire des textes (journaux, magazines, livres) ne permet pas de retrouver ses
clés et ses lunettes. Apprendre la liste des rois de France ne permet pas de
mieux retrouver les noms propres de ses amis. Il est donc indispensable de
stimuler harmonieusement toutes les facettes de sa mémoire et de sa
cognition... sans forcément faire appel à un entraînement conscient. Les
fonctions cognitives ne sont pas des muscles qu’il suffirait de soumettre à un
culturisme acharné.
BIEN ENTRAINER
SA MEMOIRE
Un
bon programme d’entraînement passe d’abord par la compréhension de
l’exercice ; ce n’est qu’ensuite, après que la personne a bien compris
l’exercice et mis au point les stratégies de réussite qui lui conviennent,
qu’elle peut passer à l’étape de rapidité. Tous les travaux scientifiques montrent
qu’avec un temps de réalisation plus long, les seniors sont aussi efficaces que
les juniors. Il est donc dangereux
d’obliger les seniors à être rapides : l’essentiel est d’abord de comprendre, ensuite de réussir, aller vite
n’étant que l’ultime mais pas si fondamental objectif.
Il
ne suffit pas aux seniors de tester l’efficacité de ces stratégies, il leur est
indispensable de prendre conscience de leur fonctionnement cognitif au
quotidien et d’abandonner les idées reçues négatives et irréalistes. Les défis
doivent toujours rester raisonnables pour ne pas susciter de frustration en cas
d’échec. Le travail de la mémoire n’est pas celui du par cœur, mais celui de la compréhension de ses mécanismes.
L’entraînement essentiel est socratique, c’est celui de la
méta mémoire : « connais ta propre mémoire ! »
L’impact exact
du maintien des capacités cognitives sur l’autonomie dans les tâches de la vie
quotidienne mérite encore beaucoup de travail prospectif mais un tel entraînement
induit de toute façon un meilleur confort cognitif, permet une meilleure
connaissance de leur cognition par ces seniors et réduit l’anxiété liée à la
perception de leurs difficultés. Le gain
en estime de soi est indéniable. Pourquoi s’en priver ?
Lors
d’exercices d’entraînement cognitif le point capital n’est pas de réussir, ni
même de réussir rapidement, non, le point capital est de comprendre comment et
pourquoi il y a eu réussite ou échec, afin de s’approprier ensuite la stratégie
la plus pertinente. C’est ce que nous avons essayé de développer
sur les exercices du site www.happyneuron.com
.
À TOUT ÂGE, ON
PEUT EXERCER SA MÉMOIRE
Le
cerveau est en mesure de créer de nouveaux systèmes neuronaux pour mémoriser de
nouvelles informations et ce, en dépit de son vieillissement structurel. Le
vieillissement physiologique s’accompagne, en effet, de processus biologiques
de compensation que l’on définit sous le terme de neuroplasticité. Cette
plasticité cérébrale correspond à la capacité qu’a le cerveau de se modifier,
tout au long de la vie et même à des âges avancés, dans ses structures
(développement synaptique, neuro genèse) et son
adaptation fonctionnelle (développement de nouvelles stratégies),
tant sous l’effet de stimulations cognitives qu’à la suite de lésions
cérébrales.
Des preuves
biologiques de la neuroplasticité ont été apportées
par des travaux d’imagerie fonctionnelle cérébrale montrant que, pour avoir une
performance mnésique comparable, les personnes âgées activent un réseau
neuronal plus étendu que celui des personnes jeunes, en particulier au niveau
du lobe frontal. En dépit du déclin des capacités cognitives lié
au vieillissement physiologique, les adultes âgés en
bonne santé peuvent donc
potentiellement maintenir, améliorer et optimiser certains aspects de leur
mémoire et de leur fonctions cognitives.
« CONNAIS-TOI TOI-MEME »,
DISAIT SOCRATE...
La mémoire
des seniors s’améliore grâce à des exercices d’entraînement spécifiques, qui les aident à mieux maîtriser
l’apprentissage et la récupération d’informations. Les jeux vidéo eux-mêmes
ralentissent le déclin de la mémoire. La nature précise de l’entraînement qui
mène à la meilleure amélioration et les caractéristiques des personnes qui
bénéficient le plus de cet entraînement, restent encore peu comprises. Les
programmes de stimulation ne doivent pas uniquement concerner la mémoire, ils
doivent impérativement impliquer plusieurs fonctions liées à la mémoire comme l’attention,
le langage, l’organisation, l’imagerie mentale, le raisonnement. Ces
performances bénéficient significativement d’une stimulation de mémoire
assistée par des stratégies d’organisation ou des techniques d’imagerie
mentale. Pour être pleinement efficaces, les programmes doivent toujours
s’accompagner d’une éducation des participants, afin de les renseigner sur le
fonctionnement de la mémoire et les effets de l’âge sur son efficacité.