XXIII. Cambronne Chantal (Janvier 2021) Des vœux personnels d’une Octogénaire vivant en Résidence. Un regard en retour sur les 22 textes qui précèdent

Chantal, née comme moi en 1936, résiste de son mieux à l’avancée de son âge. On remarquera ci-dessous combien elle mémorise, avec des appréciations

assez fines au cas par cas, les personnes hébergées dans la même résidence qu’elle. Cela ne peut être que le fruit d’une bonne prédisposition complétée par une

pratique quotidienne. Cela peut donner à réfléchir pour le maintien dans des dispositions mentales aussi satisfaisantes que possible, des personnes résidant en

EHPAD. Henri Charcosset

 

  Bonjour Henri, et bonne année, envers et contre tout, avec ce qui nous reste d’énergie, de confiance dans le positif, le possible en nous, autour de nous.

 

Je ne sais plus depuis combien d’années nous nous connaissons, j’aurais presque l’impression que c’est depuis toujours.
Que de passe-t-il ici ?

 Une nouvelle résidente vient d’arriver, Marie, une bien jolie dame, très fine, hypersensible. Elle arrive à une période difficile, où les rencontres sont moins faciles. Nous avons tout de suite sympathisé,

Et puis il y a Josette qui vient me voir ce matin pour me demander quel jour on est, et me dire qu’elle va mieux,

 Daniel qui joue quasiment tous les jours avec moi au Scrabble, et se sent très mal dès qu’il est seul,

Gracieuse, ma voisine, avec laquelle je me croise plusieurs fois par jour, sportive et très bavarde,

Une autre Marie que je vais voir souvent et qui faisait partie de l’atelier dessin (en arrêt), qui a des yeux très bleus et un regard de jeune fille,

René qui croit en un dieu vengeur prêt à détruire la planète pour nous punir de nos turpitudes,

 

Christian, ancien militant à la CGT à qui je passe mon journal et qui découpe des articles pour les passer à d’autres,

 Paulette, quasiment aveugle, qui écoute des livres enregistrés, et qui m’a bien aidée au groupe lecture, et, et, etc.

Je connais plus de la moitié des résidents.

Et j’apprécie le côté familial de la structure. Les animatrices, qui font aussi le ménage, les gardes de nuit, servent les repas.

Elles font tout ce qu’elles peuvent pour alléger le confinement. Je ne pouvais pas choisir meilleur endroit pour ma fin de vie.
Décidément non, pour le moment, je n’arrive pas à écrire des textes travaillés. Il y aurait bien pourtant le Printemps des Poètes que notre association doit faire vivre en temps normal.

Le thème de cette année, le Désir, est pourtant très riche. J’avais l’intention d’utiliser un très beau roman de Marc Alexandre et d’écrire moi-même un poème sur ce thème.

 Mais je n’arrive pas à m’y mettre, car nous n’avons guère de possibilités de faire quelque chose.

Pas de réunions, pas de lieux pour produire quoi que ce soit. 

Nous gardons le contact, et les liens affectifs se resserrent, mais la motivation est en berne. Cependant qu’en hiver, les plantes, la terre continuent à travailler. Et sans doute nous aussi, d’une autre manière.
Cher conscrit, à bientôt, avec toute mon amitié. Chantal.

 

Commentaire en final de Chantal Cambronne-Desvignes

Le 15.02.2021

 Que dire de ma série de textes parus sur ton site depuis 2008 ? Il me semble que tout est intéressant : nos échanges, tous ces textes.
Impression que tout cela est très fort, c’est toute une vie qui se dit là, qui ne se dit pas toujours de la même manière d’ailleurs, mais qui est unique.  

Oui, cela pourrait être intéressant de faire publier tout cela, tous ces morceaux de vie. C’est comme une espèce de bouillonnement. Le premier mot qui me
vient, c’est que tout cela est terriblement vivant, charnel, sensible. Tant de choses différentes, et pourtant une tonalité générale, un désir de positif, de ne
rien perdre de la richesse de la vie, même dans les heures difficiles.  

 

Peut-être pourrait-on suivre un ordre chronologique pour chacun des aspects : la relation avec ma mère, l’école les études, la formation, le rôle des « psy » pour la quête de soi. Comment dire ? Il me semble que je navigue dans une écriture ordinaire (en ce sens que je n’ai pas eu un destin extraordinaire, que je ne suis pas une grande romancière) mais qu’il y a dans ces pages quelque chose d’unique, qui force l’attention. 

 

Ces textes me ressemblent. J’ai eu un tas de zones d’ombre, je ne suis ni très calée, ni meneuse, ni spécialement remarquable. Mais je vis, je suis quelqu’un qui vit, qui s’est battue pour exister, et qui existe aujourd’hui. 

Les personnes autour de moi sentent cela et m’aiment bien. Je n’ai pas d’ambition, je ne fais d’ombre à personne, mais je suis là.. Tu as fait un travail fantastique de tout réorganiser. Mon amitié t’est acquise.

Chantal Cambronne-Desvignes,

Remerciements, Le 15.04.2021

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