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Juillet 2010
DIEU ET LA SCIENCE
Des scientifiques prônent un nouveau
dialogue entre science et spiritualité.
Le Monde des Religions, Janvier,
février 2010
http://www.le-monde-des-religions.fr/index.php
Introduction-Résumé, par Henri Charcosset .
(Pour avoir
un premier aperçu de ce texte , on pourra lire en plus de ce résumé, les phrases surlignées en cette couleur)
Cet article est composé
d’extraits choisis pour être assez accessibles et révélateurs des tendances
actuelles, d’un N° du Monde des Religions consacré au sujet en titre.
Nous reproduisons
successivement :
- L’Editorial :
Science et spiritualité : un nouveau dialogue ? par Frédéric Lenoir
- L’évolution de la
vie : fruit du seul hasard ? par Simon
Conway-Morris
- Le regard du philosophe
des sciences, par Dominique Lecourt,
dont le mot final peut servir de conclusion, en tout cas conforme à notre
propre pensée :
« La pensée
scientifique n’a d’autre fin que de repousser sans cesse les frontières de
l’inconnu. Elle permet aux êtres humains de se libérer d’une partie de leurs
craintes. Refusant dans son propre champ tout principe d’autorité, elle engage
la pensée à se défier ailleurs de tous les dogmes, y compris de celui de sa
propre puissance ».
Ces extraits ne font
cependant pas état du « Dessein intelligent » (Intelligent Design),
version modernisée du créationnisme. Là où le créationnisme « professe que
les espèces vivantes ont été créées subitement, ce qui est une négation de
l’évolution », le « Dessein intelligent » admet la théorie de
l’évolution, mais en y voyant la « marque de fabrique ». A voir dans
la Revue, avec d’autres données.
Rappelons que l’évolution des espèces a pour
moteur le couple mutation aléatoire des gènes - sélection, que Jacques Monod,
prix Nobel, traduira par « Le hasard et la nécessité », titre de son
ouvrage paru en 1970.
Tandis que peuvent être
consultés sur ce site, des extraits de l’ouvrage paru en 1997, de Claude Allègre :
« Dieu face à la Science », CLIC
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Science et spiritualité: un nouveau dialogue ?
Frédéric Lenoir
Editorial, Le Monde des Religions,
janvier - février 2010
Près de
quatre siècles après la condamnation de Galilée, le débat public sur le thème
de la science et de la religion semble toujours polarisé par deux extrêmes. D’un côté, le délire créationniste, qui entend nier
certains acquis incontournables de la science, au nom d’une lecture
fondamentaliste de la Bible. De l’autre, le retentissement médiatique
d’ouvrages de certains scientifiques, tels Richard Dawkins (Pour en finir avec Dieu, Robert Laffont, 2008), qui entendent
prouver la non-existence de Dieu à l’aide d’arguments scientifiques.
Pourtant, ces positions sont assez marginales dans les deux camps. En Occident,
une grande majorité de croyants admet la légitimité de la science et la plupart
des scientifiques affirment que jamais la science ne pourra prouver l’existence
ou la non-existence de Dieu. Au fond, et pour reprendre une expression de
Galilée lui-même, on admet que science et religion répondent à deux questions
d’un ordre radicalement différents, qui ne sauraient rentrer en conflit : « L’intention
du Saint Esprit est de nous enseigner comment on doit aller au ciel, et non comment va le ciel. » Au XVIIIe siècle, Kant rappellera la
distinction entre foi et raison, et l’impossibilité pour la raison pure de
répondre à la question de l’existence de Dieu. Né dans la seconde moitié du
XIXe siècle, le scientisme deviendra pourtant une véritable « religion de la raison », annonçant de manière récurrente la
mort de Dieu grâce aux victoires de la science. Richard Dawkins en est l’un
des derniers avatars. Le créationnisme est également né dans la seconde moitié
du XIXe siècle, en réaction à la théorie darwinienne de l’évolution. A sa
version biblique fondamentaliste, a succédé une
version beaucoup plus douce, qui admet la théorie de l’évolution, mais qui
entend prouver par la science l’existence de Dieu à travers la théorie du
dessein intelligent (intelligent design). Thèse plus audible, mais qui retombe
dans l’ornière de la confusion entre démarche scientifique et démarche
religieuse.
Si l’on admet cette
distinction des savoirs, qui me parait être un acquis fondamental de la pensée
philosophique doit-on affirmer pour autant qu’il n’existe aucun dialogue
possible entre science et religion ? Et de manière plus large, entre une
vision scientifique et une conception spirituelle de l’homme et du monde ?
Le
dossier de ce numéro donne la parole à des scientifiques de renommée
internationale qui appellent à un tel dialogue. Ce ne sont en effet pas tant
des religieux que des hommes de science qui sont de plus en plus nombreux à
prôner un nouveau dialogue entre science et
spiritualité. Cela tient pour une grande part à l’évolution de la
science elle-même au cours du siècle dernier. À partir de l’étude de
l’infiniment petit (monde subatomique), les théories de la mécanique quantique
ont montré que la réalité matérielle était beaucoup plus complexe, profonde et
mystérieuse qu’on ne pouvait l’imaginer selon les modèles de la physique
classique héritée de Newton. À l’autre extrême, celui de l’infiniment grand,
les découvertes en astrophysique sur les origines de l’univers, et notamment la
théorie du Big Bang, ont balayé les théories d’un univers éternel et statique,
sur lesquels s’appuyaient nombre de savants pour affirmer l’impossibilité d’un
principe créateur. Dans une moindre mesure, les recherches sur l’évolution de
la vie et sur la conscience tendent aujourd’hui à relativiser les visions
scientistes du « hasard qui explique
tout » et de « l’homme neuronal ».
Dans la première partie de ce dossier, des scientifiques font part à la fois
des faits - ce qui a changé en science depuis un siècle - et de leur propre
opinion philosophique : pourquoi la science et la spiritualité peuvent
dialoguer de manière féconde dans leur respect de leur méthode respective.
Allant plus loin encore, d’autres chercheurs, dont deux Nobel, apportent
ensuite leur propre témoignage de scientifiques et de croyants, et disent les
raisons qui leur font penser que science et religion, loin de s’opposer, tendent
plutôt à converger. La troisième partie du dossier donne la parole à des
philosophes : que pensent-ils de ce nouveau paradigme scientifique et du
discours de ces chercheurs qui prônent un nouveau dialogue, voire une
convergence, entre science et spiritualité ? Quels sont les perspectives et les
limites méthodologiques d’un tel dialogue ? Au-delà
des polémiques stériles et émotionnelles, ou, à l’inverse, des rapprochements
superficiels, voilà des questionnements et des débats qui me semblent
essentiels à une meilleure compréhension du monde et de nous-mêmes.
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L’évolution de la vie : fruit du seul hasard ?
Simon Conway-Morris,
Professeur de paléontologie à
l’université de Cambridge,
membre de la Royal Society
britannique.
Dernier
ouvrage paru :
« The
Deep Structure of Biology », Templeton Foundation Press, 2009.
Si
chaque espèce est le résultat d’un parcours reposant sur un nombre immense
d’aléas, certains scientifiques défendent l’idée du
caractère reproductible de l’évolution : sans nécessairement la relier à un
plan divin, ils constatent l’existence de convergences dans le développement de
différents êtres vivants.
Au-delà
de la « pollution » introduite
par le créationnisme ou l’intelligent
design, il existe plusieurs débats fondamentaux concernant la nature de
l’évolution et de ses mécanismes. L’un d’entre eux porte sur le caractère
reproductible de l’évolution. De nombreux scientifiques pensent que si l’on
recommençait l’évolution dans un environnement semblable à celui de la Terre,
les résultats seraient extrêmement différents et, dans tous les cas, ou la
quasi totalité d’entre eux, des êtres conscients ne risqueraient pas
d’apparaître. Une telle conception de l’évolution est basée sur le postulat que
chaque espèce est le résultat d’un parcours reposant sur un si grand nombre
d’aléas qu’il serait extrêmement improbable que la même espèce apparaisse deux
fois sur différentes planètes de l’univers. À l’inverse, à la suite du prix
Nobel de médecine Christian de Duve, de Simon Conway-Morris et de Michael
Denton, certains scientifiques estiment que les contraintes que les lois de la
biologie et de la physique exercent sur le hasard canalisent l’évolution dans
un certain nombre de grandes directions. Ainsi, selon eux, celle-ci serait
prédictible dans ses grandes lignes et pourrait donner des résultats identiques
sur différentes planètes. Ces scientifiques vont jusqu’à dire que l’apparition
d’êtres conscients y serait extrêmement probable.
Vous insistez beaucoup sur l’existence de convergences dans l’évolution.
Pouvez-vous nous dire ce que c’est ?
L’évolution
est un processus de divergence à partir d’un ancêtre commun. Mais dans
différentes branches de l’arbre de la vie, parfois très éloignées, on peut
constater l’existence de convergences vers des solutions identiques chez
différents êtres vivants, alors que le lointain ancêtre commun de ces êtres
était dépourvu de la structure ou
de l’organe en question.
Pour certains, la convergence n’a rien d’extraordinaire.
Tout
dépend des niveaux de convergence que l’on constate. S’il n’y a rien
d’extraordinaire à ce que le requin et le dauphin soient profilés de la même
façon, puisqu’ils évoluent dans le même environnement, il est par contre
remarquable qu’une structure aussi complexe que l’oeil des vertébrés soit
apparu indépendamment dans plusieurs branches de l’arbre de la vie, y compris
chez une méduse.
En quoi cela est-il important ?
Cela est
susceptible de changer notre vision de l’évolution. En effet, on imagine généralement qu’il existe un nombre immense de
solutions alternatives et qu’à cause des aléas de l’évolution, les
choses auraient pu être bien différentes. En fait, la convergence nous montre
que le nombre de solutions est bien plus limité qu’on ne l’imagine. Il est
véritablement difficile de trouver un organe ou une structure ou une
fonctionnalité qui ne soit apparue qu’une seule fois dans l’histoire de
l’évolution. Tout ou presque semble être apparu au moins deux fois ou plus. La
biophysique contraint donc ce qui est possible. Bien
entendu, il y a du hasard dans l’évolution, mais une des idées centrales de
mon approche, c’est que le hasard n’exclut pas l’inévitabilité.
Vous affirmez que sur une planète où
régneraient des conditions proches de la nôtre, des animaux, non pas
identiques, mais étonnamment similaires à ceux existant sur Terre, seraient
apparus ?
Oui, on
pourrait certainement prédire qu’il y aurait des animaux volant et nageant, et
également prédire comment ils nageraient et comment ils voleraient. On pourrait
également faire des prédictions sur la marche des animaux terrestres. En
effet, la biomécanique et les mécanismes neurologiques impliqués dans la marche
sont proches chez les insectes et chez les mammifères, malgré l’énorme
différence d’apparence pouvant exister entre ces deux embranchements. Cela est
vrai également pour les systèmes sensitifs sont les principes sont similaires.
On pourrait donc, je pense, faire toute une série de prédictions sur la façon
dont de tels animaux perçoivent, se déplacent, digèrent leur nourriture, etc.
Même si des nouveautés radicales ne sont pas à exclure, ce qui compte pour mon
argumentation, c’est qu’un certain nombre de similarités peut être trouvé. Bien
entendu, nous devons pour le moment nous contenter de ce qui existe sur Terre,
ce qui est moins spectaculaire. Néanmoins, l’existence
de ces similarités entre organismes ayant des histoires très différentes me
parait soutenir la thèse selon laquelle, contrairement à l’opinion majoritairement
répandue, l’évolution serait reproductible et donc prédictible.
Vous affirmez que ce
caractère inévitable de l’évolution s’étend également à l’apparition de la
conscience. Certains pourraient voir dans une
telle affirmation une thèse plus philosophique ou théologique que scientifique.
Non.
C’est bien le résultat d’une observation. Le développement de l’intelligence
chez les dauphins est indépendant du développement de l’intelligence chez les primates,
qui est indépendant du développement de l’intelligence chez les pieuvres, qui
est indépendant du développement de l’intelligence chez les corbeaux. Pourtant,
tous ces êtres ont en commun d’être nettement plus intelligents que leurs
cousins. On peut en déduire ainsi que l’intelligence est un phénomène
convergent.
Vous avez écrit que « Les noeuds du grand arbre de la vie étaient prédéterminés depuis le
Big Bang ». Cela veut-il dire
que vous croyez à l’existence, sous une forme virtuelle, d’archétypes ou de
formes platoniciennes ?
Je
trouve la conception platonicienne très importante, mais il ne faut pas en
abuser, car c’est une conception statique alors que les êtres vivants
évoluent. Néanmoins, malgré les énormes progrès réalisés dans la biologie du
développement, on ne comprend toujours pas l’émergence des formes fondamentales
des êtres vivants. C’est là que des concepts comme la convergence et ceux
développés par des chercheurs atypiques comme d’Arcy Thomson ou Richard Owens,
qui parlaient de formes archétypales, peuvent peut-être nous aider. Néanmoins,
il faut être conscient que le débat actuel est profondément pollué par l’intelligent design (« ID »). Si vous
commencez à parler d’archétypes et de platonisme, on vous accusera de suite
d’être un supporter caché de l’ID. Cela devient aujourd’hui presque impossible
de débattre de ces questions pourtant fondamentales, sans que l’on vous mette
dans une boîte ou dans l’autre.
Mais une nouvelle conception de
l’évolution comme la vôtre, si elle est entièrement basée sur des faits
scientifiques, n’a-t-elle pas, a posteriori, des conséquences philosophiques ou
théologiques ?
Nous n’aurons jamais de preuve que l’évolution corresponde à un
plan divin. Chercher une preuve scientifique de l’existence de Dieu est un
non-sens, non seulement
au plan scientifique mais aussi au plan théologique. Et c’est là une autre
raison de rejeter l’intelligent design. Dieu,
s’il existe, doit nous laisser libre de ne pas croire en lui. Mais si l’on
parle uniquement en terme de compatibilité et non de preuve, alors là, oui, on
peut dire que cette conception d’une évolution en
grande partie prédictible est plus en accord que les conceptions darwiniennes
classiques avec l’hypothèse que l’évolution aurait un but, celui de produire des êtres comme nous, capables d’être
conscients de leur propre existence et de s’interroger sur les raisons pour
lesquelles ils sont apparus.
Propos
recueillis par DanieI Kanter
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Le regard du philosophe des sciences
Dominique Lecourt
Philosophe des sciences et professeur
à l’université Parsis-Diderot.
Dernier ouvrage paru :
L’âge de la peur, science, éthique,
société (Bayard, 2009)
Pour autant que nous sachions les interpréter, des traces
nombreuses et concordantes témoignent de pratiques que nous dirions « religieuses » dès la préhistoire de
l’humanité. De la
science, l’histoire apparaît, en regard, très brève. Les techniques nécessaires
à la coordination rationnelle des connaissances firent défaut pendant des
millénaires. Il faudra des siècles pour que l’expérimentation s’impose aux
esprits. Galilée, à l’aube du XVlle siècle, inaugure la science moderne. Il dut
payer le prix de son opposition à l’idée endossée par l’Eglise de la Terre
immobile. Le siècle des Lumières érigera cette tragédie en symbole. L’Église
catholique, sous les attaques, se raidira et s’exposera à répéter les mêmes
erreurs. Combien de savants du XIXè siècle crurent, comme Marcelin Berthelot,
que l’âge de la science succédait à celui de la religion !
Face à la « revanche de Dieu »
Un grand trouble saisit aujourd’hui les esprits. Une certaine « revanche de Dieu » s’exprime dans les pays industrialisés eux-mêmes, par de fortes
poussées d’intégrisme et de fondamentalisme. Investie du pouvoir de tout expliquer, la science avait dû,
jusqu’en politique, faire office de référence absolue. Aux déceptions, succédèrent
les tragédies : non seulement la science s’avérait impuissante à apporter
l’abondance à tous les hommes, mais fournissait aux ambitions politiques et
militaires des instruments d’une puissance sans pareille. L’écologisme dénonce
les effets nocifs de l’activité industrielle des hommes sur l’équilibre de la
planète. Il se teinte donc aujourd’hui souvent d’un dénigrement systématique
de la technoscience. Le positivisme des savants avait fini par établir un
compromis avec la religion dans les termes utilisés par Auguste Comte : la
science renoncerait à s’interroger sur le pourquoi des phénomènes ; elle ne
s’occuperait désormais que du « comment
». Cherchant à établir des lois instituant des rapports réguliers entre des
faits observés, elle abandonnerait la spéculation sur les causes des phénomènes
à la religion !
Voilà
cependant que, sur quelques questions essentielles, ce compromis vole en
éclats. Les progrès de l’astrophysique mènent la connaissance au plus près de
l’origine de l’univers, donc au plus près du pourquoi. Certains théologiens
chrétiens, attentifs à la théorie du Big Bang, s’ingénient à l’interpréter
dans le sens d’une finalité avérée. Le problème de l’origine de l’homme
s’inscrit désormais incontestablement dans une lignée de recherches ouverte
par Darwin en 1859 ; sa formulation ne retient plus rien des termes du récit de
la Genèse, Si l’Église catholique a fini par faire de nécessité vertu, après le
triste épisode du silence imposé à Teilhard du Chardin, les fondamentalistes
protestants continuent de refuser toute interprétation allégorique du texte
biblique et organisent aux États-Unis une pression permanente en faveur de
l’enseignement dans les écoles du créationnisme scientifique ou, à tout le
moins, de l’intelligent design.
Se libérer des craintes
Après avoir commis l’erreur d’ériger la science en objet de culte,
ne faut-il pas reconnaître dans la science et dans la religion deux modes de
penser et d’agir différents quant à leurs buts et leurs moyens ? D’essence normative, la religion
apaise, par des récits et des cultes, les angoisses de l’humanité devant les
forces de la nature qui menacent de l’écraser ; elle contribue par ses
cérémonies à établir et renforcer le lien social qui unit, ou oppose, les êtres
humains entre eux. La pensée scientifique a pu, à l’occasion, trouver son élan
dans les vues cosmiques dont la religion s’est trouvée porteuse pour remplir
son premier office. En cosmologie, ce fut le cas de Kepler, de Newton et même,
de son propre aveu, d’Einstein. Mais elle n’a d’autre fin que de repousser sans
cesse les frontières de l’inconnu. Elle permet aux
êtres humains de se libérer d’une partie de leurs craintes. Refusant dans son
propre champ tout principe d’autorité, elle engage la pensée à se défier
ailleurs de tous les dogmes; y compris de celui de sa propre toute-puissance.
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