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http://www.notretemps.com/img/notretemps/generales/pix_trans.gif http://www.notretemps.com/img/notretemps/generales/pix_trans.gif «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP », trimestriel GIPHV,  N°9. 07. 2006   

 Editeur  : Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                                             Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

DIEU FACE A LA SCIENCE

 

Claude  ALLEGRE, Editions Fayard, 1997, 249 pages

 

Extraits et Commentaires par Henri  Charcosset

 

Note, H.C. Pour saisir tout l’intérêt de cet ouvrage fait par un grand scientifique français, il est bon de reprendre une phrase de Jean Bottéro, historien spécialiste de la Bible, que Claude Allègre fait sienne p 249 : « Oui ou non avez-vous la foi ? ». Réponse de Jean Bottéro : « A partir du moment où, dans un sens ou dans l’autre, je réponds à votre question, mon livre ne vaut plus rien ».

         En effet, pour tout un chacun voulant adopter une attitude d’esprit scientifique, la condition première est de mettre sur un même plan d’intérêt, ses idées à soi et celles qui leur sont opposées. Etre de parti pris, au départ du sujet sur lequel on se penche, relève de sa sphère privée et s’écarte forcément de la règle de l’objectivité… scientifique.

         A noter aussi la pointe d’humour que Claude Allègre introduit dans le traitement des sujets les plus sérieux.

 

Pp 11-42  Dans cette première partie, Claude Allègre décrit l’affaire Galilée comme exemplaire de la politique qu’aura souvent l’Eglise à l’égard de la science : d’un côté, une Eglise moins fermée qu’on ne le dit qui voudrait bien rallier la science ; de l’autre, une science qui fait valoir plus d’arrogance qu’on l’a prétendu.

         C’est le 22 juin 1633 que Galilée, alors âgé de 69 ans se voit obligé de signer devant le tribunal de l’Inquisition formé de très éminents et révérents cardinaux, une déclaration disant notamment : « Je jure que j’ai toujours cru, que je crois à présent et que, avec la grâce de Dieu, je continuerai à l’avenir de croire tout ce que la Sainte Eglise Catholique, apostolique et romaine tient pour vrai, prêche et enseigne.

…J’ai été soupçonné véhémentement d’hérésie, c’est-à-dire d’avoir maintenu et cru que le Soleil est au centre du monde et immobile, et que la Terre n’est pas au centre et se meut, doctrine contraire à la Sainte Ecriture… ». Galilée est condamné à la réclusion domestique dans sa maison de Florence… Savant respecté et admiré, Galilée est ainsi devenu en un jour un martyr. Il est entré dans la légende des siècles, érigé en symbole éternel de la vérité face à la vanité, de la liberté de pensée face à la censure, de la lumineuse science face à l’obscure croyance.

 

P 14  L’affaire Galilée est certes le procès intenté par une croyance à une science, par un obscurantisme dogmatique à un authentique génie intellectuel, mais c’est aussi celui d’un homme de science dont l’arrogance a désespéré une fraction de l’Eglise pourtant prête à se montrer tolérante, avant d’exaspérer le pape, son ami pourtant sincère.

 

P 33  La  relation de Galilée à l’Eglise s’est dégradée surtout à partir du moment où, sans nier le dogme ni la primauté du magistère de l’Eglise en matière de théologie, il affirme que la philosophie et donc la physique et l’astronomie ne relèvent pas de l’Eglise mais d’un domaine distinct qui se développe suivant une logique propre, ce que d’autres appelleront plus tard la démarche scientifique.

 

P 34  Galilée décidant de se préoccuper lui-même de théologie, …on arrive à proposer une nouvelle interprétation de la Bible. Il se substitue donc à l’Eglise, en prenant le contre-pied de l’interprétation officielle, due, explique-t-il, au manque de culture des évêques. Cette fois, il est allé trop loin.

 

P 42  Ce qui fut odieux dans cette affaire, c’est le procès, l’idée même de procès… Et plus grave encore fut le retard avec lequel l’Eglise reconnut son erreur sur la question de l’héliocentrisme et vis à vis de Galilée. Il faudra attendre le 31 octobre 1992 pour que le pape Jean-Paul II réhabilite Galilée. En 1757, le Pape Benoît XIV autorise l’interprétation symbolique de la Bible relative au Soleil.

 

P 64  L’exploration des galaxies lointaines va déboucher sur l’une des théories les plus populaires des temps modernes : la théorie du big-bang. Cette théorie développe l’idée qu’au début de l’univers, de notre univers, se serait produit un événement gigantesque, un formidable coup de chaleur qui aurait en quelques fractions de millième de seconde tout à la fois créé la matière à partir de rien, fabriqué les premiers éléments chimiques (hydrogène et hélium) et, enfin, projeté aux quatre coins de l’univers cette matière primitive dont le volume initial était réduit à un micro-point, une minuscule tête d’épingle. La matière expulsée et lancée à des vitesses vertigineuses se serait alors organisée en galaxies, en étoiles, pour finalement donner naissance à notre univers. Cette théorie …s’appuie sur des observations astronomiques fiables et de solides calculs théoriques…

        

P 66  Le scénario de la naissance du monde judéo-chrétien est confirmé par la science. Ainsi, l’astronomie, qui a donné tant de soucis à l’Eglise, a fini par lui donner satisfaction. Jusqu'à quand ?

 

P 93  A l’aide des théories les plus modernes, celle des quarks notamment, les physiciens ont bâti le scénario du déroulement du big-bang… Dans la soupe primitive, les quarks, les photons, les protons naissent, réagissent, se combinent… Et on étudie aujourd’hui la structure du vide lui-même : comment celui-ci, traversé par des radiations, se structure et se transforme en non-vide… Les astrophysiciens considèrent aujourd’hui que les galaxies qui fuient à toute vitesse aux quatre coins de l’univers se retrouveront à nouveau rassemblées en une tête d’épingle… Avant de donner naissance à un nouveau big-bang ? Ce scénario donnerait raison aux diverses religions cycliques. Quelle serait dans ce cas l’attitude des Eglises monothéistes vis à vis de la nouvelle astrophysique ? …Mais alors même que les Eglises laissent les physiciens en paix, l’esprit dogmatique semble pénétrer progressivement les esprits de certains d’entre eux… La certitude du savoir entraîne le dogmatisme, l’esprit dévot, l’intolérance… La science est vouée à des « vérités » successives, à des « certitudes » provisoires. Et c’est cette précarité difficile à supporter pour l’homme qui la distingue de la pensée mythique. Elle ne doit jamais l’oublier et succomber à la tentation du « savoir absolu ».

 

P 120  Là où le big-bang remonte à une bonne dizaine de milliards d’années, l’âge de la terre, véritablement déterminé par la science en 1953, est : 4,55 milliards d’années. Une recherche biblique minutieuse au XVIe siècle avait conclu que la Terre a été créée 4004 ans avant Jésus Christ. Aujourd’hui encore le Pape n’a toujours pas admis officiellement l’âge de 4,55 milliards d’années. Aux Etats-Unis, le mouvement créationniste cherche actuellement à prouver que ce qui est écrit dans la Bible est exact.

 

P 124  A ce jour, on n’a pas réussi à synthétiser quoi que ce soit qui ressemble à l’être vivant le plus primitif, quelque chose qui se nourrisse, croisse et se reproduise. Quant au fait que l’homme descend du singe, avec une rupture totale entre ces deux « espèces » notamment en ce qui concerne les performances intellectuelles, nul n’a encore fourni d’explication satisfaisante à ce grand mystère. Comment la conscience est-elle née ? Le mystère de la vie comme celui de l’intelligence restent entiers. C’est ainsi que le domaine de la vie constitue le lieu d’affrontement privilégié entre tenants et adversaires de l’intervention divine dans le développement de la nature. C’est bien là la ligne de front et demain sans doute plus encore qu’aujourd’hui mais le débat entre religion et biologie, au niveau médical, n’est pas nouveau. Faut-il soigner les malades ? La maladie ne vient-elle pas de la volonté de Dieu ? N’est-elle pas une punition divine ?… Au XIXeme siècle, l’Eglise condamnera la vaccination… Au total, on peut dire que l’Eglise catholique et les protestants rigoristes aussi d’ailleurs, n’ont pas cessé d’avoir des rapports tendus avec la médecine. Avouée ou non, l’attitude de l’Eglise reste imprégnée d’une idée simple : l’homme doit souffrir, c’est le prix à payer pour le péché originel. Pourquoi le soulager ?

 

P 128  C’est Lamarck qui dira « l’homme descend du singe », théorie publiée en 18O9 et, bien entendu, dénoncée par l’Eglise. Au milieu des années 1850, Darwin ajoute un élément essentiel aux thèses de Lamarck : la sélection naturelle, qui opère par le biais de la compétition sexuelle et de la compétition pour la nourriture. L’église se déchaîne dès 1860 en condamnant les thèses de Darwin.

 

P 132  Les travaux de Gregor Mendel qui fondent la génétique ne paraîtront qu’en 1865 ; personne ne les lira. Mais à la fin du siècle Weigman démontre que la transmission des caractères acquis est impossible et que par contre le patrimoine héréditaire se transmet, inchangé, de génération en génération. Hugo de Vries apportera l’avancée décisive, surtout par l’invention du concept de mutations génétiques : les mutations aléatoires sont responsables des changements génétiques, la sélection agit ensuite pour favoriser certaines de ces mutations… L’explication causale de l’évolution a pour moteur le couple mutation-sélection, que Jacques Monod traduira par le hasard et la nécessité.

 

P 147-149 Un nouveau champ de bataille entre science et religions est celui des neurosciences. Pourquoi ? Parce que la religion est fondée sur la dissociation de l’âme et du corps… alors que les neurosciences se proposent désormais de déterminer la nature matérielle, le support de ces notions qu’on croyait abstraites… Les neuroscientifiques pensent que les idées abstraites émanant de notre cerveau sont matérialisées par des connexions de neurones…

 

P 157  Mais je crois que la découverte des lois de fonctionnement du cerveau sera longue. Elle s’appuiera sur les neurosciences mais elle leur associera aussi toutes les disciplines qui étudient ce qui « sort du cerveau » et que l’on groupe sous le nom de sciences humaines. Ce mouvement des sciences de la cognition que j’ai appelé cognitive est en marche.

 

P 161  Avant la Bible, il y a les dieux et les hommes ; avec la Bible il y a Dieu et l’Homme, l’un est tout-puissant, l’autre responsable, maître de son destin.

 

P 220-221  La science doit modifier son comportement, s’efforcer de devenir accessible à tous… Plus que jamais, elle doit rester l’empire de la raison, du raisonnable, c’est à dire l’adversaire du dogmatisme, et d’abord de celui qui viendrait de ses propres rangs… Le terme de vérité est sans signification absolue et celui ou ceux qui prétendent la détenir deviennent dès cet instant dangereux pour leurs semblables.

 

P 222-224  Ce qui est commun aux religions, c’est qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux meilleurs l’immortalité. Le domaine de la science, sa sphère d’action sont par essence totalement distincts du religieux.

 

P 228  Aux yeux du scientifique, les « textes sacrés » sont des récits mythiques qui ont incorporé des légendes, des récits mais aussi des connaissances de l’époque où ils ont été écrits. Comme leur rédaction, en particulier pour la Bible, s’est étendue sur une période très longue, les « vérités » révélées sont parfois contradictoires d’un chapitre à un autre.

 

P 229-230  Le magnifique récit épique qu’est la Bible a connu une postérité sans commune mesure avec l’influence du peuple d’Israël. Là réside un mystère.

         Il en est de même du message chrétien. Nous ne discuterons pas la question de l’authenticité historique de Jésus-Christ. Comme pour la mécanique quantique, on peut dire que l’existence du Christ est « démontrée » par l’ «ensemble de ses conséquences ». Mais à partir de cette acceptation de Jésus-Christ, les incertitudes sur l’écriture du Nouveau Testament subsistent. Les Evangiles ont été écrits après la mort de Jésus. Il en existe quatre versions… très différentes les unes des autres en beaucoup de points…

         Pour ce qui concerne le Coran, il en va de même.

         Les enseignements de l’hindouisme ne sont pas davantage tirés des écrits originaux de la main des prophètes.

 

P 232  Rien n’empêche un croyant scientifique de penser que ces récits sont des textes symboliques, que tout en respectant les connaissances de leur temps, ils indiquent le chemin du futur inspiré par une pensée divine.

         Il n’y a en effet aucune difficulté à réconcilier la science et les textes sacrés si l’on donne à ces derniers un contenu symbolique. C’est là un point capital.

         Pour les croyants d’aujourd’hui, la réconciliation doit être opérée. Car désormais, s’opposer à la science, c’est pour une religion prendre le risque de se décrédibiliser…

         Tous les intellectuels doivent d’abord s’engager contre tous les dogmatismes, contre toutes les certitudes conquérantes… Le danger qui menace la science moderne, c’est d’être confinée dans l’utile, le technologique, l’appliqué…

 

P  247-248  La science ne peut ni infirmer, ni confirmer l’existence de Dieu. Pour deux raisons :

-         Par principe, la science exclut Dieu de son champ de raisonnement.

-         La science ne donnera jamais de réponse aux deux questions fondamentales : L’univers a-t-il un sens ? Qu’y avait-il avant la naissance de l’univers ?

 

Croire, ou ne pas croire. Telle est la question. C’est, comme le dit François Jacob, une question de « goût », de choix individuel… Ce choix doit être respectable et respecté. C’est un fondement essentiel de la liberté.