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Editeur : Henri Charcosset,
E-Mail : charcohe@club-internet.fr
Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm
DIEU
FACE A
Claude ALLEGRE, Editions Fayard, 1997, 249 pages
Extraits
et Commentaires par Henri Charcosset
Note, H.C. Pour saisir tout l’intérêt
de cet ouvrage fait par un grand scientifique français, il est bon de reprendre
une phrase de Jean Bottéro, historien spécialiste de
En
effet, pour tout un chacun voulant adopter une attitude d’esprit scientifique,
la condition première est de mettre sur un même plan d’intérêt, ses idées à soi
et celles qui leur sont opposées. Etre de parti pris, au départ du sujet sur
lequel on se penche, relève de sa sphère privée et s’écarte forcément de la
règle de l’objectivité… scientifique.
A
noter aussi la pointe d’humour que Claude Allègre introduit dans le traitement
des sujets les plus sérieux.
Pp 11-42 Dans
cette première partie, Claude Allègre décrit l’affaire Galilée comme exemplaire
de la politique qu’aura souvent l’Eglise à l’égard de la science : d’un
côté, une Eglise moins fermée qu’on ne le dit qui voudrait bien rallier la
science ; de l’autre, une science qui fait valoir plus d’arrogance qu’on l’a
prétendu.
C’est
le 22 juin 1633 que Galilée, alors
âgé de 69 ans se voit obligé de signer devant le tribunal de l’Inquisition
formé de très éminents et révérents cardinaux, une déclaration disant notamment : « Je jure que j’ai
toujours cru, que je crois à présent et que, avec la grâce de Dieu, je
continuerai à l’avenir de croire tout ce que
…J’ai été soupçonné véhémentement d’hérésie,
c’est-à-dire d’avoir maintenu et cru que le Soleil est au centre du monde et
immobile, et que
P 14
L’affaire Galilée est certes le procès intenté par une croyance à une
science, par un obscurantisme dogmatique à un authentique génie intellectuel,
mais c’est aussi celui d’un homme de
science dont l’arrogance a désespéré une fraction de l’Eglise pourtant
prête à se montrer tolérante, avant d’exaspérer le pape, son ami pourtant
sincère.
P 33 La relation de Galilée à l’Eglise s’est dégradée
surtout à partir du moment où, sans nier le dogme ni la primauté du magistère de
l’Eglise en matière de théologie, il affirme que la philosophie et donc la
physique et l’astronomie ne relèvent pas de l’Eglise mais d’un domaine distinct
qui se développe suivant une logique propre, ce que d’autres appelleront plus
tard la démarche scientifique.
P 34 Galilée
décidant de se préoccuper lui-même de théologie, …on arrive à proposer une
nouvelle interprétation de
P 42 Ce qui
fut odieux dans cette affaire, c’est le procès, l’idée même de procès… Et plus
grave encore fut le retard avec lequel l’Eglise reconnut son erreur sur la
question de l’héliocentrisme et vis à vis de Galilée. Il faudra attendre le 31
octobre 1992 pour que le pape Jean-Paul II réhabilite Galilée. En 1757, le Pape
Benoît XIV autorise l’interprétation symbolique de
P 64
L’exploration des galaxies lointaines va déboucher sur l’une des
théories les plus populaires des temps modernes : la théorie du big-bang. Cette théorie développe l’idée qu’au début
de l’univers, de notre univers, se serait produit un événement gigantesque, un
formidable coup de chaleur qui aurait en quelques fractions de millième de
seconde tout à la fois créé la matière à partir de rien, fabriqué les premiers
éléments chimiques (hydrogène et hélium) et, enfin, projeté aux quatre coins de
l’univers cette matière primitive dont le volume initial était réduit à un
micro-point, une minuscule tête d’épingle. La matière expulsée et lancée à des
vitesses vertigineuses se serait alors organisée en galaxies, en étoiles, pour
finalement donner naissance à notre univers. Cette théorie …s’appuie sur des
observations astronomiques fiables et de solides calculs théoriques…
P 66 Le scénario de la naissance du monde
judéo-chrétien est confirmé par la science. Ainsi, l’astronomie, qui a
donné tant de soucis à l’Eglise, a fini par lui donner satisfaction. Jusqu'à
quand ?
P 93 A l’aide
des théories les plus modernes, celle des quarks notamment, les physiciens ont
bâti le scénario du déroulement du big-bang… Dans la soupe primitive, les
quarks, les photons, les protons naissent, réagissent, se combinent… Et on
étudie aujourd’hui la structure du vide lui-même : comment celui-ci,
traversé par des radiations, se structure et se transforme en non-vide… Les
astrophysiciens considèrent aujourd’hui que les galaxies qui fuient à toute
vitesse aux quatre coins de l’univers se retrouveront à nouveau rassemblées en
une tête d’épingle… Avant de donner
naissance à un nouveau big-bang ? Ce scénario
donnerait raison aux diverses religions cycliques. Quelle serait dans ce
cas l’attitude des Eglises monothéistes vis à vis de la nouvelle
astrophysique ? …Mais alors même que les Eglises laissent les physiciens en paix, l’esprit dogmatique semble pénétrer
progressivement les esprits de certains d’entre eux… La certitude du savoir
entraîne le dogmatisme, l’esprit dévot, l’intolérance… La science est vouée à
des « vérités » successives, à des « certitudes »
provisoires. Et c’est cette précarité difficile à supporter pour l’homme qui la
distingue de la pensée mythique. Elle ne doit jamais l’oublier et succomber à
la tentation du « savoir absolu ».
P 120 Là où
le big-bang remonte à une bonne dizaine de milliards d’années, l’âge de la
terre, véritablement déterminé par la science en 1953, est : 4,55
milliards d’années. Une recherche biblique minutieuse au XVIe siècle avait
conclu que
P 124 A ce
jour, on n’a pas réussi à synthétiser quoi que ce soit qui ressemble à l’être
vivant le plus primitif, quelque chose qui se nourrisse, croisse et se
reproduise. Quant au fait que l’homme descend du singe, avec une rupture totale
entre ces deux « espèces » notamment en ce qui concerne les
performances intellectuelles, nul n’a encore fourni d’explication satisfaisante
à ce grand mystère. Comment la conscience est-elle née ? Le mystère de la vie comme celui de
l’intelligence restent entiers. C’est ainsi que le domaine de la vie
constitue le lieu d’affrontement privilégié entre tenants et adversaires de
l’intervention divine dans le développement de la nature. C’est bien là la
ligne de front et demain sans doute plus encore qu’aujourd’hui mais le débat
entre religion et biologie, au niveau médical, n’est pas nouveau. Faut-il
soigner les malades ? La maladie ne vient-elle pas de la volonté de
Dieu ? N’est-elle pas une punition divine ?… Au XIXeme siècle, l’Eglise condamnera la vaccination… Au total, on
peut dire que l’Eglise catholique et les protestants rigoristes aussi
d’ailleurs, n’ont pas cessé d’avoir des rapports tendus avec la médecine.
Avouée ou non, l’attitude de l’Eglise reste imprégnée d’une idée simple :
l’homme doit souffrir, c’est le prix à payer pour le péché originel. Pourquoi
le soulager ?
P 128 C’est
Lamarck qui dira « l’homme descend du singe », théorie publiée en
18O9 et, bien entendu, dénoncée par l’Eglise. Au milieu des années 1850, Darwin
ajoute un élément essentiel aux thèses de Lamarck : la sélection
naturelle, qui opère par le biais de la compétition sexuelle et de la
compétition pour la nourriture. L’église se déchaîne dès 1860 en condamnant les
thèses de Darwin.
P 132 Les
travaux de Gregor Mendel qui fondent la génétique ne paraîtront qu’en
1865 ; personne ne les lira. Mais à la fin du siècle Weigman démontre que
la transmission des caractères acquis est impossible et que par contre le
patrimoine héréditaire se transmet, inchangé, de génération en génération. Hugo
de Vries apportera l’avancée décisive, surtout par l’invention du concept de mutations génétiques : les
mutations aléatoires sont responsables des changements génétiques, la sélection
agit ensuite pour favoriser certaines de ces mutations… L’explication causale
de l’évolution a pour moteur le couple
mutation-sélection, que Jacques Monod traduira par le hasard et la nécessité.
P 147-149 Un nouveau champ de bataille entre science
et religions est celui des neurosciences.
Pourquoi ? Parce que la religion est fondée sur la dissociation de l’âme
et du corps… alors que les neurosciences se proposent désormais de déterminer
la nature matérielle, le support de ces notions qu’on croyait abstraites… Les
neuroscientifiques pensent que les idées abstraites émanant de notre cerveau
sont matérialisées par des connexions de neurones…
P 157 Mais je
crois que la découverte des lois de
fonctionnement du cerveau sera longue. Elle s’appuiera sur les
neurosciences mais elle leur associera aussi toutes les disciplines qui étudient
ce qui « sort du cerveau » et que l’on groupe sous le nom de sciences
humaines. Ce mouvement des sciences de la cognition que j’ai appelé cognitive est en marche.
P 161 Avant
P 220-221 La science doit modifier son comportement,
s’efforcer de devenir accessible à tous… Plus que jamais, elle doit rester
l’empire de la raison, du raisonnable, c’est à dire l’adversaire du dogmatisme, et d’abord de celui qui viendrait de ses
propres rangs… Le terme de vérité
est sans signification absolue et celui ou ceux qui prétendent la détenir
deviennent dès cet instant dangereux pour leurs semblables.
P 222-224 Ce
qui est commun aux religions, c’est
qu’elles ont toutes développé le concept de dieu, de transcendance et d’au-delà, faisant toutes espérer aux
meilleurs l’immortalité. Le domaine de la science, sa sphère
d’action sont par essence totalement distincts
du religieux.
P 228 Aux
yeux du scientifique, les « textes
sacrés » sont des récits
mythiques qui ont incorporé des légendes, des récits mais aussi des
connaissances de l’époque où ils ont été écrits. Comme leur rédaction, en
particulier pour
P 229-230 Le
magnifique récit épique qu’est
Il en
est de même du message chrétien.
Nous ne discuterons pas la question de l’authenticité historique de
Jésus-Christ. Comme pour la mécanique quantique, on peut dire que l’existence
du Christ est « démontrée » par l’ «ensemble de ses
conséquences ». Mais à partir de cette acceptation de Jésus-Christ, les
incertitudes sur l’écriture du Nouveau Testament subsistent. Les Evangiles ont été écrits après la mort
de Jésus. Il en existe quatre versions… très différentes les unes des autres en
beaucoup de points…
Pour
ce qui concerne le Coran, il en va
de même.
Les
enseignements de l’hindouisme ne
sont pas davantage tirés des écrits originaux de la main des prophètes.
P 232 Rien
n’empêche un croyant scientifique de
penser que ces récits sont des textes
symboliques, que tout en respectant les connaissances de leur temps, ils
indiquent le chemin du futur inspiré par une pensée divine.
Il n’y a en effet aucune difficulté à
réconcilier la science et les textes sacrés si
l’on donne à ces derniers un contenu symbolique. C’est là un point
capital.
Pour
les croyants d’aujourd’hui, la réconciliation doit être opérée. Car désormais,
s’opposer à la science, c’est pour une religion prendre le risque de se
décrédibiliser…
Tous
les intellectuels doivent d’abord s’engager contre tous les dogmatismes, contre
toutes les certitudes conquérantes… Le danger qui menace la science moderne,
c’est d’être confinée dans l’utile, le technologique, l’appliqué…
P
247-248 La science ne peut ni infirmer, ni confirmer l’existence de Dieu.
Pour deux raisons :
-
Par principe, la science exclut Dieu de son champ de raisonnement.
-
La science ne donnera jamais de réponse aux deux questions
fondamentales : L’univers a-t-il un sens ? Qu’y avait-il avant la
naissance de l’univers ?
Croire, ou ne pas croire. Telle est la question. C’est, comme le dit François Jacob, une question de
« goût », de choix individuel…
Ce choix doit être respectable et respecté. C’est un fondement essentiel de la
liberté.