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                                                MAI 2008

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« LA CHALEUR DU CŒUR EMPECHE NOS CORPS DE ROUILLER –VIEILLIR SANS ETRE VIEUX »

 

Marie de HENNEZEL 

Ed. Robert Laffont, 2008

 

Section de ce site présentée par Christiane Bedouet :

 VIEILLESSE ET MORT DANS LA LITTÉRARURE

 

   Dans le dernier article, CLIC, nous avions survolé rapidement la littérature au cours des siècles pour voir comment les écrivains y avaient traité le thème de la vieillesse et de la mort.

Aujourd’hui s’offre encore à nous une littérature abondante sur ce sujet, bien qu’au cours des dernières décennies notre société l’ait négligé, voire ignoré. C’est sans doute parce que cette interrogation est tellement angoissante que nous préférons ne pas y penser. Et pourtant, elle est là, latente, car elle touche l’être humain au plus profond de lui-même, et la refouler risque de générer encore plus d’angoisse. De nombreux ouvrages récents peuvent nous aider.

 

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   Ainsi, dans son dernier livre cité en titre, Marie de Hennezel[1], psychologue clinicienne spécialisée en soins palliatifs, écrit : « Il a fallu que j’entre au cœur des souffrances et des peurs que génère l’expérience de vieillir pour comprendre tout ce qu’elle apporte en termes d’aventure humaine et spirituelle ».

 Si elle a choisi pour titre : "La Chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller ",  c’est qu’il s’agit d’un refrain chanté tous les matins par les habitants de l’île d’Okinawa. Ces Japonais bénéficient d’une exceptionnelle longévité et montrent des visages de vieillards heureux ; l’auteur souligne que ces personnes âgées continuent de participer à la vie sociale et que leur entourage est bien loin de les exclure. « Les vieux sont notre trésor », dit-on là-bas.

   

    Notre monde occidental, lui, se détourne de ses "vieux", auxquels personne ne veut ressembler, au risque de tomber dans un jeunisme ridicule, nous dit Marie de Hennezel. Et, lorsque vient la vraie vieillesse avec ses désagréments et l’acheminement vers la mort, on aborde « les rives du grand âge avec terreur ». On a peur de n’inspirer aux autres que du dégoût et de la peur, et de ne plus pouvoir se voir soi-même. Et pourtant, si l’on regarde bien, la joie et la jeunesse du cœur ne font-ils pas rayonner un visage, même ridé, d’une beauté tout intérieure ?

Alors à quoi bon vouloir donner le change ? D’autant que l’avancée en âge n’interdit pas les plaisirs de la vie, et la sexualité – si elle change d’expression – n’en reste pas moins présente. « Qui peut dire que ce visage lifté est beau ? On sent bien que la beauté tient à autre chose, et ce « quelque chose » est de l’ordre de l’émotion. C’est ce qu’on appelle le charme, une profondeur du regard, une expression des yeux, un éclat du sourire. Le charme ne vieillit pas. L’émotion ne vieillit pas. L’un et l’autre peuvent même gagner en profondeur et en intensité avec l’âge ».

    

   Mieux vaut donc regarder la réalité en face. L’auteur écrit : « On ne peut prétendre à une vieillesse sereine sans avoir fait le deuil de sa jeunesse et médité sur sa mort à venir ». Et elle montre comment on peut parvenir à faire ce deuil, « lutter contre le déni du vieillissement et de la mort en "travaillant" à vieillir ».

     Car vieillir, ce n’est pas seulement subir des pertes, c’est aussi accéder à des joies nouvelles, continuer à être en relation avec les autres, garder « la faculté de s’émerveiller, faire grandir le spirituel. Le cœur ne vieillit pas « car si le vieillissement biologique est inéluctable, si le corps change, l’homme intérieur n’est ni altéré ni concerné par le vieillissement. Il continue à évoluer, à progresser ».

L’auteur nous donne « des clés pour un bon vieillir » : « Il s’agit avant tout de s’adapter aux situations, de garder confiance dans ses ressources, d’accepter ses limites avec humour, de savoir refuser ce que l’on n’a pas envie de faire et de veiller à glisser dans son quotidien des plages de temps consacrées à faire ce qui fait plaisir, tranquillement ». L’auteur souligne encore l’importance de garder autour de soi un réseau relationnel, familial, amical : « Donner, recevoir, faire preuve de générosité exerce un esprit positif ».

    

    Il nous faut donc apprendre à vieillir mais aussi savoir mourir. « Lorsqu’en vieillissant on devient davantage conscient de son Soi [2], on a aussi moins peur de mourir, car on expérimente … que l’on est éternel ».

     L’auteur insiste sur le fait que l’on a besoin de « faire de l’ordre dans sa vie » de façon à vivre en paix avec les siens les derniers moments de son existence. Car il s’agit bien d’être vivant jusqu’au bout. Et elle souligne « l’importance des paroles échangées entre celui qui va mourir et ceux qui l’accompagnent. La certitude de laisser derrière soi des paroles de paix, de gratitude, de vie, permet de mourir sans mourir tout à fait ».

    

     L’auteur aborde alors le sujet de l’euthanasie. Les personnes qui demandent qu’on les aide à mourir ne demandent-elles pas autre chose qu’un produit capable de mettre fin à leur vie ? N’attendent-elles pas surtout "l’assurance de ne pas être abandonnées" ? « A l’heure où l’on évoque si facilement le meurtre compassionnel comme expression de notre humanité, il est bien plus exigeant de s’interroger sur les motifs profonds de cette revendication de mourir. Elle révèle trop souvent l’échec de notre capacité à être l’ami, le proche de cette personne âgée solitaire ».

    

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   Marie de Hennezel souligne qu’en écrivant ce livre, elle a écrit pour les gens de sa génération, elle qui, en passant le cap des soixante ans, a connu, comme tout le monde, la difficulté d’accepter de vieillir.

   En réfléchissant, nous pouvons changer notre regard sur cette dernière étape de la vie. Ainsi que l’écrit l’auteur, « Le jour où l’on pourra regarder des images de vieilles personnes avec émotion, s’identifier à elles sans réticence, se dire que l’on aimerait être comme elles, lorsqu’on sera vieux, ce jour-là, notre société aura fait un pas de géant ».

   Il est de la responsabilité de la société, il est de notre responsabilité à chacun d’apprendre à bien vieillir et mourir. « Comment nous contaminer les uns les autres de ferveur et de joie ? » C’est à nous d’inventer les moyens de le faire, pour nous aider les uns les autres, mais aussi pour « transmettre aux jeunes l’image d’une génération heureuse de vieillir et de s’accomplir ».  

 

  

 

 

 

 En complément, on pourra se reporter à cette page du site Agevillage, que m’a indiquée Henri Charcosset : on y trouve une présentation de l’ouvrage de Marie de Hennezel ainsi qu’une petite vidéo où elle commente la façon dont elle a vécu l’écriture de ce livre :

 

 

http://www.agevillage.com/actualite-1412-1-bien-vieillir-la-chaleur-du-coeur-empeche-nos-corps-de-rouiller.html

 

 

 



[1] Auteur également de nombreux autres ouvrages dont La Mort intime (publié en 1995 aux éditions R. Laffont, paru aujourd’hui en Pocket)

[2] notre être profond, ce que nous sommes au-delà des apparences