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Janvier 2011

 

APERÇU SUR  L’HISTOIRE  DE LA VIE RURALE  EN BRIONNAIS (71). TEMOIGNAGE  D’UN AGRICULTEUR,  ECRIVAIN,  POETE,  NE EN 1923.

André LIVET,  interviewé par  Henri Charcosset, webmestre

andre.livet0922@orange.fr ;  henri.charcosset@neuf.fr

 

Introduction, par Henri Charcosset

Bien que nous soyons issus de la même commune, Colombier en Brionnais,  nous nous sommes peu rencontrés. Les fermes  de nos parents étaient éloignées de six kilomètres, et à l’époque de notre enfance on se déplaçait surtout à pied.  Et puis, né en 1936, j’ai fréquenté l’école de la commune voisine, Bois Sainte Marie. A mes onze ans, l’institutrice  m’a  présenté au concours des bourses. Suite à quoi, j’entrais, comme interne, au collège de Charolles, chef  lieu d’arrondissement. Heureuse initiative de la part de cette institutrice, car à mes 17 ans, pendant les vacances d’été à la ferme, j’étais atteint par le virus de la polio. D’où des séquelles qui m’auraient bien empêché de devenir agriculteur. Mais passons plutôt à toi, vu que nous sommes ici, principalement  pour cela !

La liste des ouvrages parus d’André Livet, avec  les indications pour  se les procurer, est en fin de texte.

Questions de Henri Charcosset (H.C), Réponses ou commentaires d’André Livet (A.L). 

1.     H.C. Comment cela se passait-il pour toi à l’école primaire ? As-tu arrêté l’école à treize ans en raison de  l’impossibilité de faire autrement, ou bien avec une réelle aspiration à te former au travail de la ferme ?

A.L. J' ai arrêté mes études à 13 ans car j'avais mon C.E.P. , Certificat d’Etudes Primaires,  et on considérait à cette époque qu'à cet âge on en savait assez pour faire un paysan et mon père qui n'avait plus de commis ne m'a d'ailleurs pas laissé le choix. J'ai regretté par la suite.   

 

2.     H.C. Tu as assez longtemps travaillé auprès de ton père,  je crois ? A quel âge es-tu devenu ton propre chef d’exploitation ? Pour quel type d’exploitation, et avec quel matériel ? A quel âge as-tu acheté ta première automobile ?

A.L. J'ai travaillé chez mon père comme aide familial,  sans salaire, jusqu'à  32ans, année  de mon mariage, comme cela se faisait à l'époque dans les campagnes. A ce moment- là je me suis mis en métayage avec mon père. Quelques années auparavant (1952) j'avais réussi,  non sans mal,  à lui faire acheter une voiture C4 d'occasion ! Puis lorsque je me suis marié en 1955 j'ai acheté, avec la dotation aux jeunes agriculteurs, mon premier tracteur.  

 

3.     H.C. En quelle année déjà, ton épouse a-t-elle été atteinte par le virus de la polio ? qui l’a laissée sévèrement paralysée…..mais ne l’a pas empêchée de  remplir son rôle d’épouse à part entière, en particulier pour assurer l’éducation de vos trois enfants ?

A.L C'est en 1959 que mon épouse devait contracter  la polio. Transportée à l'hôpital de la Croix- Rousse à Lyon, elle était entièrement paralysée. La respiration et les jambes étaient les plus touchées. Elle dut faire deux ans et demi d'hospitalisation et de rééducation à Lyon .Si elle fit des progrès  assez spectaculaires, un peu partout (respiration membres supérieurs), il n'en fut pas de même pour les jambes qui demeurèrent désespérément inertes: ce fut hélas le fauteuil-roulant pour le restant de ses jours...

C'est alors que se posait pour nous un dilemme: qu'allions nous faire? Continuer notre métier ou changer de profession? Notre maison de Colombier n'était guère adaptée pour recevoir une handicapée qui de plus allait se morfondre dans un trou perdu où on ne voyait jamais personne.  Mais une opportunité se présenta: je trouvai une autre ferme, à louer à La Clayette, bien équipée et aux portes de la ville. Seulement comme il fallait passer de la production de viande à celle du lait, il fallut que je change toutes mes vaches. A ce moment- là j'exploitais seul, mon père restant à Colombier. Ceci me permit d'avoir les coudées plus franches, et d'avancer plus vite dans le progrès, n'ayant plus d'entrave  pour me freiner dans mes expérimentations.  

En 1970, je m'associais avec un jeune voisin très dynamique; nous avions  tout mis en commun en  adoptant la formule G.A.E.C. , Groupement Agricole d’ Exploitation en Commun.  Nous pûmes  prendre alors des congés et des vacances et avoir   une vie plus humaine.

 

4.     Vous avez donc pris une ferme de production de lait, avec combien de vaches à peu près ? C’était encore l’époque de la traite des vaches à la main ?

A.L.J'avais une dizaine de vaches laitière au départ, que je trayais à la main. En modernisant la production d'après les techniques nouvelles apprises lors des sessions de formation de la J.A.C., Jeunesse Agricole Catholique,  le troupeau de laitières passa  bientôt à 20-30-40- même 50 éléments. Il n'était plus question de traire à la main!

5.     Je crois que dans la continuation sans doute de ta sensibilité chrétienne, qui s’était forgée bien avant  à la J.A.C., tu as été impliqué dans le syndicalisme en milieu rural ? Quel souvenir en gardes-tu ?  

 A.L. Ce qui nous a le plus marqué lors de notre passage à la J.A.C, mon épouse et moi, et que nous   avons gardé c'est l'esprit de solidarité, d'amour des autres que l'on avait essayé de nous inculquer.  Ce qui d'ailleurs nous a été très utile dans notre vie professionnelle, comme par exemple  la création avec d'autres de Coopératives  d'Utilisation de matériel en Commun (C.U.M.A.), nous permettant d'amortir plus facilement des machines  nouvelles. Il y eut aussi la mise en place des G.A.E.C. où on mettait tout en commun.                    

 

6.     En quelle année as-tu cessé d’exploiter ? J’ai lu qu’à ce moment-là, tu t’es d’abord consacré à l’exploitation forestière, et à la chasse. En quelle année l’arthrose t’a-t-elle obligé  à arrêter ces activités, gourmandes en force  physique ?

A.L. J’ai cessé d'exploiter en 1988, j'avais alors 65 ans et avais travaillé pendant ...52ans. Avec l'argent venant de la vente de mes vaches,  j'ai acheté quelques  parcelles de bois,  que j'ai planté souvent en résineux (douglas). J’y ai contracté une maladie qu’avait mon père et que j'ai moi- même transmise à un de mes fils ; je l'appellerais "le virus du bois".  Quel plaisir de travailler librement, dans un décor de rêve, avec comme seul accompagnement  le chant harmonieux des oiseaux peuplant nos forêts. Il en est de même pour la chasse, où on découvre la vie mystérieuse  de toute cette faune, qui vit intensément la nuit alors que nous dormons profondément. Ce que j'aimais aussi, c'est la grande convivialité qui régnait parmi les chasseurs.

Malheureusement des crises aigües d'arthrose dans les jambes dans les années 1978, firent que je dus restreindre considérablement mes activités physiques.  Mais, habitué dans les difficultés à rebondir,  j'allais mettre ce temps de  relative sédentarité à réaliser un projet que je nourrissais depuis longtemps. A savoir, à partir de quelques notes rédigées en leur temps, écrire mes mémoires  à l' intention  de mes petits- enfants. Un de mes voisins ayant lu ce livre,  me demanda de le mettre dans le commerce. Ce  que je fis malgré une certaine réticence de mon épouse. Je le fis, mais à la seule  condition que tout le bénéfice sur  la vente des livres aille aux associations d'handicapés. Ce qui fut fait.      

 

7.     Y a-t-il un autre point que tu aimerais indiquer, dans la relation de ta vie jusqu’à ta reconversion comme écrivain et poète ?

       A.L Nous avons  effectivement trois enfants: l'ainé  est né avant la maladie de sa maman et les deux autres 15 ans après, alors que nous ne nous y attendions pas du tout. Cela  fut pour nous quelque  chose de miraculeux et un puissant stimulant dans la vie.

 8. Ta vie actuelle  est faite  de réflexion, d’écriture, de publication d’ouvrages. Tout cela en mettant à profit  ton expérience de vie prise dans sa globalité. Et dans un état d’esprit en permanence imprégné des termes forts que sont l’amour des autres et la  solidarité.

En bref, le terme fort qui anime mes propres pensées et actions, est « Tous chercheurs »(En vue d’une société plus juste et plus humaine).

    

9. J’ai lu que tu as écrit ton premier poème à tes vingt ans ; l’as-tu conservé, à tout le moins  en mémoire ?

     A.L.          Mon beau Colombier

Dans un décor charmant fait de prés, de buissons

Eloigné du tracas et du bruit des cités

Blotti modestement sur le flanc d'un vallon

Voici que j'aperçois mon beau Colombier

 

Ses chemins sont moins beaux que les rues de Paris

Ses prairies moins fertiles qu'en plein Brionnais.

Pourtant pour moi tout est ici d'un charme exquis

Et la vie est bien douce sous ce ciel Charolais

 

Car quel noble sujet pour la plume du poète:

Que la tour des Bois- Dieu où plane le mystère,

Que ses vertes prairies peuplées de belles bêtes,

Ou bien que Valétine aux arbres séculaires?

 

A deux pas de l'étang se dresse son église

Cest là que prosternés nous louons le Seigneur

Notre âme en ce lieu d'une douceur exquise

S'emplit de lumière, de,  paix de bonheur.

 

Avec le bourg, Fragne, les Blancs, les Mathouds

Toujours nous le chérirons ce village aimé;

Car malgré la pluie, la neige, le froid, la boue

Rien au monde n'est plus beau que notre Colombier.

 

9.     Depuis cette époque, gardais-tu des notes, des articles, que sais-je encore ? ou bien tout ce que tu écris comme souvenirs,  vient-il de la seule mise en mémoire dans ta tête ?

       A.L. En principe je n'ai plus de sujet important en réserve en mémoire à écrire, j'ai  écrit tout ce que j'avais à dire. Toutefois j'aime donner mon point de vue dans la presse locale sur des sujets d'actualité qui  me frappent,  dans des poèmes ou des articles…qui ne sont d'ailleurs pas toujours publiés)

 

10.Tu as encore du temps pour y penser diras-tu, mais quand même, il est bon de s’y prendre à l’avance ! Comment vois-tu le prolongement de la diffusion du contenu de  ton œuvre littéraire et poétique au-delà de ta mort ?

A.L. Je n'ai pas encore pensé à la diffusion de mes écrits au-delà de  ma mort, laissant aux enfants le soin de s'en occuper, s'ils le jugent utile. Mais réflexion faite,  tu as peut être raison, il serait peut être bien de transmettre le tout à un organisme qui se chargerait de la  pérennisation.

 

11.Cela me semble important  de transmettre vers les temps futurs, des publications  telles  les tiennes, relatives à notre région. La numérisation du contenu devrait s’étendre assez vite. Sous leur  forme numérique, les œuvres pourraient être stockées par des Archives officielles, et mises à la disposition  d’un  public proche ou lointain, par  consultation sur place, aussi par diffusion Internet. L’accord donné par l’auteur du temps de son vivant, à défaut par ses héritiers,  serait requis. Dans cette optique, en bref, le don du contenu de mon site auprès des Archives municipales de Lyon, a déjà été accepté.

      A.L.

 

12.Pour finir, j’ai  sous les yeux un article paru dans  Le Monde des 20 et 21 septembre 2010, de titre : « Muscler son cerveau pour ne pas perdre la mémoire. Des activités intellectuelles variées permettraient de retarder l’apparition des symptômes d’Alzheimer.»

 L’activité intellectuelle la plus appropriée ne consiste-t-elle pas à reprendre l’histoire de sa vie, à en extraire l’essentiel et les messages qui en découlent, en vue de les transmettre vers la postérité ?

 Nos activités respectives pourraient être  à citer comme de bons exemples de recherche appliquée, pour la prévention des dégénérescences mentales avec l’âge, me semble-t-il.! Poursuivons- les en tout cas, le plus longtemps possible !

     A.L.Merci d'avoir cherché à me retrouver et de t'intéresser à mes activités. A bientôt de te lire. Cordialement. Bonnes fêtes de la Toussaint (2010).            

                                  André et Germaine Livet.

 

Les six livres parus d’André Livet ; comment le joindre.

1.     « Garder le cap »,  prix : 13€

2.     « Le chant du coq »,  prix : 13€

3.     « La ferme du pâqui », prix : 15€

4.     « Le zouave »,  prix : 15€

5.     « Sourire  à la vie », paru en 2010, prix : 5 €

6.     Ajout : En mars 2011, André Livet nous adresse un «  Sourire à la vie », avec entre autre, une « Lettre patoise : Mon vieux Dzan Marie », datée de février 2011; prix de ce fascicule : 6€

Des livres qui nous font partager ce qu’a été la vie dans la campagne du    Brionnais-Charolais au siècle dernier.

       On peut  obtenir sans frais des précisions sur le contenu de chacun de ses ouvrages, en adressant un e-mail à André Livet.

Rajouter en paiement par chèque, pour  l’envoi postal d’un ouvrage : 1,5 €, de deux ouvrages : 2€ 

Chaque livre envoyé par André Livet est dédicacé.

André Livet, chemin de Beuillon, 71800 La Clayette ; T : 03 85 26 83 34

On peut aussi se procurer ces ouvrages dans les librairies du Brionnais-Charolais (71). 

Le montant de la vente des ouvrages d’André Livet est entièrement  reversé aux associations  pour l’aide aux personnes handicapées, pour des œuvres humanitaires et pour la recherche médicale.  Plus de 25.000 € reversés à la fin de 2010.       

Autre témoignage sur ce site :

 Pommatau Jean et Claudia (2007), Vocation instituteur. Maitre d’école au service des enfants