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Juillet
2014
Note, Henri
Charcosset
Si
le titre évoque la bibliothérapie en général, le contenu de l’ouvrage se
rapporte principalement aux mal-être et maladies psy. On pourra cependant dire
que toute maladie physique a sa répercussion psychologique. Ce qui fait que ce
livre a bien une portée générale.
La
lecture comme outil de soin est en plein
développement ; on pourra choisir son orientation dans ce domaine, en
partant de : https://www.google.fr/#q=biblioth%C3%A9rapie
A
la suite de cet article introductif, la suite est présentée à CLIC, en traitant de
Bibliothérapie et prescription
médicale.
Pierre-André
BONNET est
médecin généraliste dans le Vaucluse et occupe un poste de chef de clinique des
universités à la faculté de médecine de Marseille. Titulaire d’un master
Recherche en Santé Publique, il participe à des projets de recherche en
médecine générale et encadre des thèses de médecine.
Le
présent ouvrage est la version remaniée de sa thèse d’exercice, soutenue à la
faculté de médecine de Marseille en octobre 2009.
POST-FACE DE
L’OUVRAGE
Ce qui nous atteint n’est pas ce
qui se passe autour de nous, mais l’idée que nous faisons de ce qui nous
arrive. Si nous ne pouvons changer le monde ou éviter des épreuves, nous
pouvons en revanche travailler sur le regard que nous portons sur le monde. Or
quel plus grand réservoir d’idées, de matière à penser que le livre ? La
lecture est une thérapie car elle est de nature à modifier ce que nous racontons à nous mêmes, sur les autres, sur nos
émotions et nos comportements.
Cet ouvrage raconte comment l’idée de la
bibliothérapie a cheminé depuis la littérature jusqu’aux laboratoires de
recherche en psychologie. Les propriétés thérapeutiques de la lecture sont
expliquées : le livre est érigé en un véritable outil de soin que les
médecins
de première ligne peuvent utiliser selon différentes modalités de prescription
qui sont développées. Remettant le patient au cœur de la démarche de soin, la
bibliothérapie est un acte de confiance envers les patients, en la reconnaissance de l’autonomie du sujet
dans la relation thérapeutique.
L’homme n’est
pas réductible à une machine !
Ce grand cri, lancé par les
vitalistes1 au XVIIIème – XIXème siècle, et
repris de loin en loin par les sentinelles aux avant-postes de la science en
marche, a bien besoin d’être relayé en écho au début de notre millénaire.
Entre temps, la médecine a
montré des capacités de guérison des malades pris
en charge, comme jamais au sein de notre humanité.
En moins d’un siècle,
l’imagerie médicale a permis de scruter les corps vivants dans
les moindres détails, le génie génétique a donné naissance à la médecine
prédictive, approche « préventive » pour les humains en devenir. Le champ
médical a été labouré par les penseurs du juridiquement correct pour se
transformer en lieu d’exécution de protocoles issus de la démarche qualité.
Cette puissance industrielle ne semble pas avoir de limites, la logique
implacable de l’amélioration des pratiques et des techniques aura raison de la
maladie. Et pourtant on meurt toujours…, et surtout on souffre toujours…
Le malade n’est pas une
machine… Mais ce qui est nouveau au sein du cri poussé par nos prédécesseurs,
c’est qu’il faut le doubler d’un cri à l’adresse de la population et de
ses décideurs : Le médecin n’est pas une machine !…
La voilà la nouveauté : tous dans le
même sac, malades et soignants, emportés par le flot de la modernité et
post-modernité.
Vous voulez un
diagnostic ? Des logiciels très performants vous proposent ce service sans
contraintes relationnelles. Vous voulez être conseillé pour votre
traitement ?
Tous les sites en ligne spécialisés vous décriront par le menu ce dont vous
avez besoin.
Vous voulez une prescription, une ordonnance ? L’e-commerce y pourvoira
sans contraintes réglementaires par le miracle de la mondialisation. Au total,
a-t-on toujours besoin du médecin ?
En tant que
médecin, ai-je besoin de voir un humain souffrant ou bien les
compte-rendu du scanner et de la prise de sang suffisent-ils ?
En tant que
malade, ai-je besoin de voir un humain soignant ou bien l’avis de l’expert
déterminé par les contraintes juridico-scientifiques est-il suffisant ?
Le malade est un humain.
Le médecin est un humain.
La relation médecin-malade naît
d’une Rencontre2entre humains et non d’une procédure technique.
Voilà les
premières des convictions qui nous animent au sein de l’association Médecins
Humanistes associés.
Cette
association a été créée afin de promouvoir les travaux de médecins (thèses en
particulier) soutenant dans leurs démarches ces dimensions humaines que nous
évoquions ci-dessus.
Une bonne part
de la médecine actuelle a été de privilégier les dimensions « scientifiques »,
les évaluations chiffrées, les statistiques, les résultats extrapolables au
collectif, la compréhension moléculaire et son pendant de pharmacopée…Nous
sommes conscients que cette approche a permis en grande partie les résultats
manifestes en santé de notre fin de XXème siècle.
Mais les
humanités nous éveillent à une nécessaire proximité entre deux humains,
un malade et un médecin, aux mille questions qui se posent dans cette rencontre
et qui renvoient à de la philosophie, de la psychologie, de la sociologie, de
l’histoire, etc. Tout ceci ne semble plus faire partie du champ de réflexion
médical, au point que l’un d’entre nous s’interrogeait il y a peu : «
ai-je le droit de faire une thèse, sans chiffre ni questionnaire, qui
questionne le sens d’un accompagnement médical ? ».
Se déclinent
avec notre approche plusieurs dimensions qui interrogent notre médecine
actuelle :
Quid de la
notion de responsabilité, non pas la responsabilité juridique qui est venue
transformer chacun d’entre nous en porteur de parapluie ouvert, mais la
responsabilité corollaire intangible d’une relation. A l’heure où les décisions
sont prises par des groupes de personnes ne connaissant le patient que sur
dossier (Réunion Concertation Plurisdisciplinaire), vivante image de la «
collusion de l’anonymat »3 décrite par Balint, à l’heure où se
multiplient les référents de deuxième ligne mais que se raréfient ceux de première
ligne au chevet du patient, à l’heure où l’imagerie impose le dictat de « ce
que l’on voit », et « qui est donc réel », et qu’« il faut faire disparaître »,
chirurgicalement ou médicalement, quel médecin pour éclairer le « pauvre
malade » ?
Le « pauvre
malade » est une expression que l’on retrouve au moyen-âge à propos de ces
personnes reçues au sein des Hôtel-Dieu, démunies de toute sorte, sans
ressources, vagabonds et pèlerins, en mauvaise santé… N’est-il pas toujours là
ce malade, démuni face au trop plein de connaissances, sans ressources humaines
pour y faire face, ne sachant où et avec qui poser ses valises, en mauvaises
santé et le sachant…
C’est pour lui,
pour ce petit de notre société, que cette réflexion doit avoir lieu. C’est lui
qui reste sur le carreau de notre société de richesse, voire d’opulence, mais
où les besoins de base (solidarité, soutien dans l’épreuve, contact humain…)
risquent de manquer.
Quid d’un
système de santé prenant en compte les particularités du malade, ses dimensions
psychologiques et sociales, ses difficultés à accéder aux soins,ses pauvretés au sens large. Certes, l’esprit de la
sécurité sociale, issu de l’après guerre, prévaut encore, et nombre de
personnes, structures, poursuivent dans ce sillon qui rappelle le meilleur de
l’accueil de l’Hôtel-Dieu. Mais pour combien de temps, avant que les considérations financières au service de
l’économie (et réciproquement…) ne jettent dans l’oubli la dimension sociétale
de la santé et le souci de tout homme comme fondement de la santé publique.
Quid d’une
approche humble du monde biologique auquel nous appartenons.La compréhension de
l’homme progresse bien sûr, et les connaissances acquises en
un siècle sont impressionnantes. Mais comment ne pas voir que chaque découverte
renvoie à de nouvelles questions et que s’enfuie toujours plus en avant
l’énigme de la vie, comme en témoigne le décryptage du génome humain qui devait
tout nous expliquer… Sur fond de triomphalisme quasi quotidien des médias à la
gloire de la science en marche, se creuse le fossé de l’espérance suscitée dans
la population par ces propos et l’ordinaire réalité de
la mort par cancer métastasé, polypathologie de la personne âgée, etc.
qu’accompagnent comme ils peuvent les médecins de terrain. Sans doute, plus de
sagesse, de part et d’autre, diminueraient les quiproquos et les exigences qui
en découlent fondées sur une fantasmatique d’un humain immortel. A l’approche
mécaniste sans égard pour notre dimension d’humanité (indéfinissable),
préférons la respectueuse posture du mystère face à la vie et à la mort.
Car, pour que
s’accompagnent les humains entre eux jusqu’à la mort (de façon la moins
insatisfaisante possible…), il faut un cadre de référence.
La démarche
humaniste, celle qui s’est développée au sortir du Moyen-âge, nous montre
aujourd’hui le chemin. Dans un monde imprégné de discours religieux, dans
lequel la référence à Dieu était une évidence, au sein duquel l’Église
hiérarchique diffusait un discours normatif qui se voulait révélation du
message évangélique, des intellectuels à la manière d’Erasme ou de Rabelais,
proposaient une autre prose. Ils ne contestaient pas l’existence de Dieu. Leur
démarche n’était pas iconoclaste. Elle était plutôt rafraîchissante, renouant
dans leurs écrits, tels ceux sur l’abbaye de Thélème4, avec l’utopie
aux accents évangéliques. Ils montraient un chemin nouveau, tout en se reliant
à la tradition la plus classique, celle des anciens de la Grèce antique mais
aussi celle du christianisme dépoussiéré de ses siècles d’alourdissement par
pontificats interposés.
Notre monde
occidental n’est plus celui de l’omnipotence religieuse. Dieu en a même été
chassé par les philosophes du soupçon (Nietzsche, Marx, Freud). Notre société
est plutôt celle du tout scientifique, sensé tout expliquer. Pas de controverses sans que soit appelé à la
rescousse, ce qui est scientifiquement prouvé. Pas d’émissions télévisées ou
radiophoniques sans que soient convoqués les experts scientifiques qui nous
disent la norme, ce que l’on doit penser, ce qu’il adviendra demain. Ainsi,
dans un monde socialement indiscuté, une docte parole est formulée dont les
accents, à y regarder de plus près, n’ont rien de scientifique. Quel est
l’intérêt d’une annonce médiatique retentissante de biologie fondamentale sur
le quotidien de la décennie à venir ? Comment comprendre les années
prospères du Médiatoro, sinon dans une connivence de toute la
société, (malades, médecins, laboratoires, administration) fermant les yeux sur
les désirs et des intérêts peu avouables, dissimulés sous la bannière de la
science ? Comment expliquer que des médicaments soient utilisés sans
discernement, (en dehors de toute logique scientifique5…) dans un
total consensus du médecin et du malade ?..
Reconnaissons
plutôt que « des vessies sont prises pour des lanternes dans l’aveuglement
du soleil de la science6 ». reconnaissons plutôt que le magico-religieux chassé revient
au galop, travesti dans cette lumière qu’irradie tel un miroir aux alouettes.
Ainsi, la
démarche humaniste de nos jours ne se veut pas anti-scientifique. Elle a pour
ambition de rappeler la dimension complexe de l’humain. Elle veut se relier aux
humanités, dont nous parlions plus haut, qui nous apprennent tout autant que la
science sur l’homme. Croyant à la dimension rafraîchissante de notre réflexion,
dans un univers où la science fait office de référence sérieuse, nous
n’hésiterons pas à faire appel à nos anciens, à leurs idées et leurs idéaux,
pour mettre en évidence les charlatans qui se cachent sous le costume.
Peut-être ferons-nous alors, œuvre de démarche scientifique…, tout autant ou
davantage que plus d’un disciple sectaire de celle-ci.
Notre
collection s’ouvre donc à tous ceux qui privilégient l’humain dans son
ensemble, avec toutes ses dimensions, biologiques bien sûr, mais aussi
psychologiques, sociales, culturelles, pourquoi pas religieuses, etc. Tout ce
qui ne réduit pas l’homme à un consommateur écervelé, à un objet de soins, à un
irresponsable bénéficiaire ou victime des avancées ou des erreurs de la
science. Tout ce qui fait de lui, un partenaire du soin, un compagnon de
souffrance sur cette terre, un acteur de sa vie que nous avons cœur
à conseiller avec le meilleur de nos connaissances et de notre expérience.
A cet égard,
notre réflexion soutiendra l’approche du médecin de terrain, médecin de
première ligne, qui s’intéresse au malade dans sa globalité. Certes, de
nombreux spécialistes d’une pathologie, s’inquiètent de leur patient dans un
accompagnement qui ne le réduit pas au simple organe à soigner en dehors de tout
contexte. Mais il nous faut réaffirmer ici la dimension de personne, que le
médecin reçoit au sein du colloque singulier, dimension en permanence à
réactiver dans le risque de réification médicale. Nul n’est spécialiste du
malade. Seul, le médecin, qui dans l’humilité, le respect et l’expérience
acquise du malade, l’accompagne vers un meilleur de lui-même et si possible
davantage de santé et de qualité de vie, mérite le nom de disciple
d’Hippocrate.
« Que les
hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses, que je sois
couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y manque7. »
1. Un ouvrage collectif récent
sur la question du vitalisme : Repenser le vitalisme sous
la direction de Pascal Nouvel. Science histoire et société PUF. Paris. 2011.
2. Dans La patience et
l’inquiétude (édition Romillat. Paris. 2004), Michel Geoffroy développe
cette notion de Rencontre (avec un R) que peut être la relation
médecin-patient.
3. Balint M. Le médecin, le
malade et la maladie. Bibliothèque scientifique Payot. Paris. 1988.
4. Rabelais dans La vie très
horrifique du grand Gargantua, au chapitre 57, (par exemple, Flammarion,
Paris. 1968) propose l’abbaye de Thélème comme cadre de son utopie
humaniste.
5. Ainsi les anticancéreux, au
coût faramineux (Prescrire n° 342 p 291 ) sont
administrés à des phases avancées de la maladie où ils causent plus d’effets
secondaires que de bénéfices (Prescrire n° 327 p 24 )
6. « Qu’est-ce-que la
science ? » (biblio essais la découverte.
Paris. 1987). A la question posée, l’auteur Chalmers AF, ne peut répondre de
façon rigoureuse et formelle.
Aucune définition n’est réellement satisfaisante…
7. Fin du serment d’Hippocrate,
version prononcée en la faculté de médecine de Montpellier