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Juillet
2014
Réflexion, par Henri Charcosset
En guise d’introduction générale, on
se reportera à la première partie de la
contribution de P-A Bonnet, ayant pour titre : « La bibliothérapie en médecine générale .I. Introduction » , CLIC
L’approche décrite de P-A Bonnet se comprend bien et elle est apparemment séduisante, si l’on
précise : Bibliothérapie en Médecin générale, option psy.
La plupart des ouvrages qu’il conseille
en fin d’article peuvent être utiles y
compris à des bien portants, qui, après tout, sont éventuellement malades sans le savoir, ou en tout cas sont généralement de futurs
malades.
Là mise à profit par un médecin
généraliste en cabinet, de la bibiothérapie pour des pathologies physiques, est cependant
rendue difficile par la diversité des
pathologies. Pour s’en tenir au courant
jusqu’au point de conseiller des lectures, il faudrait que le médecin puisse consacrer beaucoup de temps à son
travail bibliographique personnel. La question mérite en tout cas d’être posée.
A cela il se rajoute que le patient se
documente de plus en plus sur l’Internet. Avec entre autres intérêts de pouvoir
échanger avec les milieux traitant de son problème partout de par le monde. Et
entre autres inconvénients de pouvoir être ainsi orienté vers de faux
diagnostics ou/ et modes de traitement ; Le médecin traitant aurait potentiellement dans son rôle d’orienter le
choix par son patient de sites web
pouvant lu convenir.
H C.
TEXTE
Dans le cadre d'une consultation
médicale, je propose trois modalités de prescription selon le degré
d'implication souhaité.
En premier lieu, le conseil de lecture non spé’cifique. La lecture est ici conseillée comme un moyen
de s'extraire des difficultés, on joue sur l'effet « voyage » et ludique qui va
simplement permettre au patient de se concentrer sur autre chose que son
anxiété et ses problèmes, l'amenant à se sentir moins envahi par ses émotions
négatives. Ceci ne demande pas, pour le « prescripteur », de connaissances
littéraires particulières. Le praticien puise dans ses propres lectures pour
conseiller le patient, de la même manière qu'il demande au patient s'il a déjà
pensé à arrêter de fumer. Ce mode d'intervention n'a pas fait l'objet d'une
évaluation et nous avons vu qu'il n’existe que très peu de publications
concernant l'utilisation du répertoire littéraire en général. Mais on peut
penser que si la consigne est suivie, le patient peut en tirer un bénéfice.
Proposer un livre c'est tenter d'amener le patient vers un questionnement, une
explication, un soutien : c'est déjà agir et soigner.
En deuxième lieu, le conseil orienté sur la résolution d'un problème. Le
problème à résoudre est suffisamment important pour devenir le motif du recours
au médecin. Par exemple, les problèmes familiaux. Le sujet n'est ni dépressif,
ni délirant, ni phobique, il vit très mal une situation familiale. Cette
souffrance diffuse est difficile à aborder car le patient a souvent
l’impression de ne pas voir de solution. Problème d'estime de soi, impression
d'être jugé, peur de ne pas être à la hauteur, confusion entre attitude
empathique et sympathique, etc. combien de mécanismes invente-t-on inconsciemment
tous les jours pour se gâcher le quotidien ? A titre personnel je
conseille souvent la lecture de « Imparfait , libre
et heureux » de C. André. Mais devant l'expression de difficulté dans la
discussion avec le patient, on peut simplement et rapidement conseiller un
livre « pour avancer », pour «
comprendre ». cela permet de prendre en compte la
personnalité du patient tout en lui laissant le temps et la liberté d'agir ou
non. Le rendement de ce type d'intervention est à évaluer, mais le retour des
patients qui ont suivi la consigne est positif. Ce conseil de lecture est un
acte empathique qui reconnaît au patient la capacité de se sortir seul de son
problème. On retrouve là le principe d'autonomie. Ce type d'intervention courte
nécessite de connaître quelques ouvrages. Les livres « grand public » de
psychologie sont adaptés à ce cas de figure. Explications sur les émotions, sur
l'affirmation de soi, les pensées automatiques négatives. En inoculant par la
lecture des notions théoriques, on agit sans surmédicaliser un problème mineur
mais en prenant en compte la plainte du patient.
Enfin,
lorsque les troubles sont marqués soit par leur gravité soit par leurs
conséquences dans la vie quotidienne, on s'approche de la bibliothérapie
telle qu'elle a été étudiée dans les essais cliniques. Le traitement doit être
clairement expliqué et on doit obtenir le consentement du patient pour
s'assurer d'une bonne observance. Les phobies spécifiques sont un bon exemple.
Les médecins généralistes n'ont pas toujours le temps ni la formation pour
pratiquer une thérapie en consultation de médecine générale, et les patients
ont souvent ni les moyens ni l'idée de consulter un psychothérapeute clinicien
pour traiter leur problème. La bibliothérapie
encadrée à l'aide d'un « self-help book » est alors indiquée : elle permet
l'accès au contenu de la thérapie tout en laissant au patient son autonomie.
Les consultations permettent le suivi du traitement médicamenteux
éventuellement associé, elles permettent aussi de répondre aux questions et de
suivre le cheminement du patient, de l’encourager à appliquer dans sa vie ce
qui est expliqué dans le livre. Il faut bien sûr avoir connaissance du contenu
pour pouvoir en discuter avec le patient. Le livre est un pont thérapeutique
entre deux consultations, délivrant un enseignement au cours d'une
psychothérapie à libération prolongée et encadrée pa
des entretiens de renfort lors des consultations.
PRESCRIRE QUEL
LIVRE ?
Nous avons vu que les livres de
type « self-help books » sont largement utilisés dans les essais cliniques car
leur contenu répond à un mode structuré et reproductible d'un patient à
l'autre. Ils sont le prolongement écrit d'une thérapie qui ne laisse que peu de
place à l’interprétation et au questionnement. Le livre n'est qu'un canal de
diffusion comme un autre pour administrer au patient la connaissance de la
méthode. Ces livres peuvent être utilisés avec de forts arguments quant à leur
efficacité. Il est plus difficile d'évaluer la place des ouvrages et du
répertoire général : romans, fictions, voire poésie ou biographies. Mais
nous avons vu dans l'enquête qualitative qu'il existe des effets bénéfiques
liés à la lecture indépendamment du contenu du livre. Je vous propose une liste
non exhaustive des livres qu'il m'arrive de conseiller, puisés dans mes
lectures personnelles.
C.
ANDRÉ. Imparfait, libre et heureux. Eds Odile
Jacob.
C.CUNGI.
Savoir s'affirmer. Eds Retz
C.CUNGI.
Faire face à la dépression. Eds Retz.
C.
ANDRÉ. Psychologie de la peur. Eds Odile
Jacob.
L.
GOUNELLE. L'homme qui voulait être heureux. Eds
Broché.
R.
POLETTI, B. DOBBS. L'estime de soi. Eds
Jouvence.
M.
GRAY. Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus. Eds Poche.
P. COELHO. L'alchimiste. Eds Poche.
C.
ANDRÉ. Les états d'âme. Eds Odile Jacob
D.
SERVANT. Ne plus craquer au travail. Eds Retz.
F.
LELORD ET C. ANDRÉ. L'estime de soi. Eds Odile
Jacob.
S.
ROYANT-PAROLA. Comment retrouver le sommeil par soi-même. Eds Odile Jacob.
C.CUNGI.
Savoir gérer son stress. Eds Retz.
T.
D’ANSEMBOURG. Cessez d'être gentil, soyez vrai ! Éditions de
l'homme.
S.
HAHUSSEAU. Comment ne pas se gâcher la vie. Éditions Odile Jacob.
S.
HEEN. Comment mener une discussion difficile avec son patron, sa femme, son mari,
ses enfants, ses voisins. Eds Seuil.
I.
NAZARE-AGA. Les manipulateurs sont parmi nous. Eds
de l'Homme.
D.
PLEUX. De l‘enfant roi à l’enfant tyran. Eds
Odile Jacob.
D.
PLEUX. Manuel d'éducation à l'usage des parents d'aujourd'hui. Eds Odile Jacob.
J.
COTTRAUX. La répétition des scénarios de vie. Eds
Odile Jacob.
La bibliothérapie
est un néologisme visant à décrire l’effet bénéfique de la lecture. Elle est
plus qu’un outil de développement personnel et ne sert pas qu’à répondre à un
mal être existentiel. Nous avons vu qu’elle peut être utilisée en tant que
traitement non pharmacologique de pathologies sévères, et c’est à ce titre que
le corps médical peut et doit s’emparer du livre. Des études seront encore
nécessaires en France avant que la bibliothérapie ne
rentre dans les habitudes de prescription. Les médecins sont déjà amenés à
écrire sur leurs ordonnances des consignes concernant la diététique ou
l’exercice physique. Pourquoi ne pas imaginer prescrire un livre qu’on irait
emprunter dans une bibliothèque thérapeutique, comme cela commence à se voir en
Angleterre ? Le médecin est devenu le principal dépositaire des
souffrances sociales, ayant souvent comme seule arme la prescription de
médicaments. C’est pour cette raison que les Français sont d’importants
consommateurs de psychotropes. Mais cette solution est souvent incomplète et
superficielle. En face de ce constat, il y a le fait que la culture est très
facile d’accès en France. Une ouverture entre le monde biomédical et celui du
livre est à construire afin de mieux aider nos patients. Le médecin n’a pas le
monopole du bien être des personnes : ce bien être est avant tout une
démarche personnelle qui doit être encouragée et facilitée par la société
civile.