Avril 2025
COMMENT REBONDIR
PROFESSIONNELLEMENT APRES 50 ANS
Fabien SOYEZ
Article paru dans « Le Progrès » de Mardi 08
avril 2025
Il est parfois
judicieux d’accepter un poste un peu en deçà de ses attentes mais qui va
permettre de rebondir.
Alors que les
seniors sont souvent confrontés à des stéréotypes tenaces sur le marché du
travail, Christel de Foucault, experte en techniques de recherche d’emploi,
livre ses conseils pour rebondir professionnellement après la cinquantaine.
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● Accepter
que les règles de jeu aient changé
« Avant d’entamer une recherche
d’emploi, la première chose à faire est de se poser les bonnes questions. Et
surtout d’accepter le fait que les temps ont changé », explique Christel
de Foucault. Exit l’époque où décrocher un CDI était la norme, aujourd’hui ce
type de contrat représente moins de 20 % des offres tous profils
confondus. L’idée est d’abord de mettre un pied dans l’entreprise, le CDI
viendra dans un second temps. Ce n’est pas parce qu’on a été bon dans son
ancienne vie que toutes les portes vont s’ouvrir. Il va falloir se mettre à
mettre à la page des nouveautés, respecter les nouveaux codes et usages »,
note l’experte.
Autre point important, distinguer
recherche d’emploi et exercice de son métier : « Beaucoup font
l’erreur de penser que parce qu’ils ont eu un super parcours, une excellente
carrière, ils vont trouver facilement. Il y a tout un tas de choses nouvelles à
intégrer et si on n’est pas à la page, on est vite hors jeu. »
●
Faire un CV d’une page
Fini le temps des CV fleuve détaillant l’intégralité de son
parcours. Le CV tenant sur une page est devenu la norme. Les documents plus
longs sont quasi systématiquement écartés, lors des premiers filtrages.
« Quand je dis aux seniors qu’il leur faut un CV d’une page, la plupart me
rétorquent qu’avec leur riche parcours, c’est impossible de faire tenir toutes
les informations. En fait, si. Il faut apprendre à le faire », constate Christel de
Foucault.
Pour y parvenir, le premier réflexe est
d’épurer et de se concentrer sur les expériences les plus significatives et les
plus en lien avec le poste visé, quitte à “gommerˮ une partie de son
vécu. « Ce qui compte, c’est la cohérence et la pertinence de ce qu’on
choisit de mettre en avant par rapport au poste », souligne la formatrice.
Dans le CV comme à l’oral, la règle d’or est de toujours se demander ce qui va
intéresser l’interlocuteur.
● Pitcher
son parcours
Défi suivant : réussir son pitch,
c’est-à-dire présenter son parcours de façon concise et impactante. « Il
faut accepter d’effacer des pans entiers de notre carrière et quand on se
présente, ne pas le faire de façon chronologique, mais démarrer par qui l’on
est aujourd’hui », remarque Christel de Foucault. Être capable d’aller à
l’essentiel, en mettant l’accent sur ses réalisations les plus notables et les
compétences clés développées est une vraie compétence à part entière : le
recruteur en face n’est ni notre ami, ni notre psy. C’est un client potentiel à
qui on va dire que ce qui est susceptible de retenir son attention. »
Cela implique de faire des choix
radicaux, comme supprimer de son pitch les postes de management occupés si la
mission visée n’en comporte pas. Pour Christel de Foucault, « Il faut
savoir se mettre dans la peau de son interlocuteur et se focaliser sur ce qui
va faire écho pour lui. »
● Fabien Soyez
www.rebondir.fr
Savoir se remettre en question
Changer de poste après
50 ans implique aussi souvent de revoir ses prétentions à la baisse ;
parfois de 10 à 30 %. « faut se demander où
on en est. Plus le temps passe, plus son référentiel doit changer. Si le poste
est vraiment bien, la mission intéressante avec des perspectives d’évolution,
le salaire on va le récupérer, ensuite », explique Christel de Foucault.
Dans cette optique, il peut être stratégique d’accepter ce qu’on appelle un “job
tremplinˮ, soit un poste un peu en deçà de ses
attentes mais qui va permettre de rebondir. « L’idée est de ne pas rester
chez soi seul, avec le statut de chômeur qui est très dévalorisé auprès des
recruteurs. Être en poste permet de redevernir
attractif, de recréer du réseau et de retrouver en valeur », note
l’experte. Car, en France, un candidat en poste est perçu comme ayant plus de
valeur qu’un chercheur d’emploi, aussi expérimenté soit-il.
Se
former aux nouvelles technologies
Pour donner un coup de jeune à son image
et casser les stéréotypes liés à l’âge, miser sur sa présence sur les réseaux
sociaux est un excellent levier : « À l’ère de la marque employeur,
les entreprises recherchent de plus en plus ce type de profils, des
collaborateurs susceptibles de parler d’elles positivement sur les
réseaux. » Que ce soit sur LinKedIn pour les
métiers du conseil et du service B to B ou sur Instagram voire TikTok pour
des secteurs plus BtoC, être actif et bien référencé est un vrai plus.
Autre conseil : profiter de sa
période de recherche pour se former aux outils d’intelligence artificielle
comme ChatGPT et apprendre à rédiger des prompts.
Cette compétence de plus en plus recherchée par les entreprises est une belle
carte à jouer.
Même si un senior part souvent avec une
longueur de retard, notamment à cause des nombreux stéréotypes et à priori qui l’entourent, il
dispose de vrais atouts pour inverser la tendance. A commencer par son
expérience et sa capacité à prendre des décisions rapidement face aux problèmes
qui peuvent se poser. Suffisant pour convaincre un recruteur de miser sur lui,
à condition de jouer le jeu et d’accepter de se remettre en question. Car, sur
le marché de l’emploi d’aujourd’hui aussi, les seniors ont de la ressource et
de la valeur à revendre.