DOULEUR : NE LA LAISSEZ PAS S’INSTALLER

 

Dr Marc LEVEQUE

 

(Article paru dans Le Progrès du mercredi 06 juillet 2022)

 

 

Le Dr Lévèque rappelle qu’« il est essentiel de prendre en charge le plus vite possible la cause de cette douleur »

 

 

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n imagine souvent que si l’on supporte la douleur, on lui résistera mieux ensuite. À tort, car en plus de perturber le moral, le sommeil, les loisirs, la vie professionnelle et sociale, elle peut finir, à la longue, par se chroniciser.

 

Comment ça se passe ?

 

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On ne connaît pas encore tous les mécanismes du passage de la douleur aiguë à la douleur chronique, mais on sait que plusieurs facteurs entrent en jeu », explique le Dr Marc Lévèque.

 

       Au niveau biologique

 

       Lorsqu’on se fait mal, des neurotransmetteurs, sortes de "messagers", transmettent l’information douloureuse du tissu lésé (os, peau, organe…) à la moelle épinière puis au cerveau via des fibres nerveuses. « Or, plus les tissus souffrent longtemps, plus les fibres nerveuses vont devenir sensibles et réactives, plus la moelle épinière sera "perméable" à la douleur et moins le cerveau sera capable de contrôler la sensation douloureuse », décrit le Dr Lévèque. C’est donc toute une réaction en chaîne qui fait que la douleur va s’amplifier puis s’enraciner.

 

       Au niveau psychologique

 

       « On sait par exemple que des événements douloureux ou traumatisants vécus dans le passé peuvent, chez certaines personnes, augmenter le risque de chronicisation d’une douleur », rapporte le Dr Élodie Charrier. De même lorsqu’on est anxieux ou déprimé, parce que la perception de la douleur est alors plus forte, ou encore lorsqu’on a une faible estime de soi ou un manque de confiance en soi.

 

Que faire ?

 

       ►  Consulter sans attendre

 

       « Il est essentiel de prendre en charge le plus vite possible la cause de cette douleur », insiste le Dr Lévèque. Cela permet aussi de ne pas rester dans l’inquiétude, facteur de risque de chronicisation. Avant la consultation, notre expert conseille de lister les caractéristiques de sa douleur : la façon dont elle se manifeste (battements, décharges…) : les situations qui l’augmentent ou la diminuent (froid ou chaud, mouvement ou repos…) ; son intensité sur une échelle de 0 à 10 ; les aspects de la vie qu’elle perturbe (sommeil, travail…) ainsi que les traitements que l’on a essayés.

 

       Rester dans le mouvement     

 

       L’activité physique fait partie des solutions les plus efficaces pour éviter l’installation de la plupart des douleurs. « Elle a une action anti-inflammatoire, donc antalgique, et contribue aussi à diminuer l’anxiété et la dépression, facteurs de risque de chronicisation de la douleur », précise le Dr Lévèque. En cas de mal de dos, de sciatique ou de migraine, on peut s’autoriser 2 ou 3 jours de repos : « Mais au-delà, il est important de se remettre en mouvement », insiste le médecin. Des activités telles que la marche, le vélo ou la natation sont bénéfiques, quitte à réduire leur durée et leur intensité en période de crise.

 

       Éviter de s’isoler

 

       Quand on souffre, on a tendance à se replier sur soi-même : « On risque alors de se retrouver en huis clos avec sa douleur, de lui prêter de plus en plus attention et de la laisser envahir notre vie », signale le Dr Lévèque. D’où l’importance de continuer à avoir une vie sociale riche et régulière.

 

       Mieux gérer son anxiété

 

       Outre l’activité physique, de nombreuses techniques de relaxation peuvent aider : « Sophrologie, cohérence cardiaque, respiration abdominale, hypnose… Parmi ces approches, il y a forcément une qui va correspondre à la personne », observe le Dr Charrier d’après les retours de ses patients.

Emmanuelle Blanc

 

Ne pas avoir peur des médicaments

 

       Utilisés tels que prescrits et sans attendre d’avoir très mal, les antalgiques sont une vraie aide : « Ils permettent de soulager la douleur pendant sa phase aiguë et jusqu’à ce que les choses rentrent dans l’ordre. Ils favorisent aussi une reprise plus rapide des activités habituelles », dit la Dr Charrier.

       Le paracétamol reste le "couteau suisse" de la plupart des douleurs, sauf dans certains cas où les anti-inflammatoires sont clairement plus efficaces : migraines, entorses, fractures, arthrose…

 

Emmanuelle Blanc