Décembre 2025
EN
FINIR AVEC LE SENTIMENT DE CULPABILITE PERMANENT
Marion
INIGO
(Le Progrès - Mercredi
5 novembre 2025)
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Se
sentir coupable quand on s est mal comporté, rien de
plus naturel. C’est un signal moral utile qui nous pousse à reconnaître nos
erreurs. Mais il arrive que ce sentiment s’installe sans aucune parole ou
action clairement répréhensible n’ait eu lieu. Dans ce cas, il s’agit davantage
d’un fardeau issu de fausses croyances et de schémas de pensées inadaptés.
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L |
a
culpabilité mal placée naît souvent d’un décalage entre la réalité et notre interprétation
de celle-ci. Il ne s’agit plus d’un sentiment directement lié à une faute, mais
d’une construction mentale, profondément ancrée dans notre manière de voir le
monde et influencée par l’éducation et les croyances installées dès l’enfance
ou l’adolescence.
Ces schémas précoces agissent comme une
toile de fond qui oriente notre regard. Ils peuvent nous amener à ressentir une
culpabilité injustifiée dans des situations tout à fait ordinaires. Si on n’y
prend pas garde, ce ressentiment négatif finit par prendre trop de place et à
nuire au bien-être au quotidien.
Des exigences
excessives
Le sentiment de culpabilité infondé peut
intervenir dans divers aspects de la vie d’une personne. Dans le travail ou
dans la relation avec les proches par exemple. Ainsi, certaines personnes se
sentent coupables de ne pas assez travailler. Ce schéma est celui des exigences
excessives qui « pousse à croire qu’on ne peut être aimé que si l’on est
performant ou parfait », explique Marion Inigo, psychologue à Montauban.
Ou on ne parvient pas à répondre aux
attentes, plus ou moins conscientes des proches, des enfants notamment, alors qu’on
culpabilise de ne pas être en capacité d’y parvenir. Autre cas fréquent,
« la soumission par peur du rejet, qui pousse à céder systématiquement aux
besoins des autres, quitte à s’oublier, de peur de décevoir ou de ne plus être
apprécié.
Il arrive aussi que l’on culpabilise en raison
d’un biais d’interprétation, qui est en quelque sorte une erreur de lecture de
la réalité, note la psychologue. Par exemple, vous croisez un collègue qui a
l’air en souffrance et vous vous sentez responsable de son mal-être, sans
raison objective. »
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Comment ne pas se laisser submerger ? |
S’il
est sain de se poser des questions sur notre propre comportement, encore
faut-il être capable de faire la part des choses. Pour alléger cette
culpabilité injustifiée, « soyez plus indulgent avec vous-même, surtout si
vous vous sentez trop exigeant ».
De plus, pensez à « analyser le
contexte », recommande Marion Inigo. En effet, « une nouvelle situation
(comme un nouvel emploi) peut déclencher une culpabilité qu’on ne ressentait
pas avant. Ce qui signifie peut-être que c’est l’environnement qui est en
cause ».
Enfin, évitez de vous comparer aux
autres. Cela peut notamment éviter d’entretenir une culpabilité inutile en
matière d’éducation par exemple. « Chaque enfant a une personnalité et des
besoins différents », rappelle-t-elle.
Dans le fond, la culpabilité mal placée
est souvent le signe d’un besoin caché, comme celui de reconnaissance, d’amour
ou de sécurité. L’identifier est déjà un bon début. Et si cela ne suffit pas, n’hésitez
pas à consulter un professionnel pour mieux comprendre ce mal-être et y
remédier remédier.