Novembre 2025
SOMMES-NOUS PRISONNIERS
DU BIAIS DE NEGATIVITE ?
ROZIN P., & ROYZMAN
E.B.
(Le Progrès - Mercredi 27 août 2025)
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Apprendre à
ralentir, à observer, à savourer consciemment les moments agréables aide
également à renforcer leur empreinte mentale. Phto AsobeStock |
Avez-vous
déjà remarqué à quel point un commentaire désagréable peut accaparer toute
votre attention alors que plusieurs compliments passent presque
inaperçus ? Cette tendance à retenir plus facilement le négatif n’est pas
un défaut personnel, c’est un phénomène universel appelé biais de négativité.
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Ce
biais cognitif influence nos émotions, notre mémoire, nos décisions… Et notre
bonheur quotidien. Bonne nouvelle, il est possible d’en limiter les effets.
Mais pour cela, il faut d’abord le comprendre.
● Le biais de
négativité s’explique d’abord par notre histoire évolutive.
À l’époque où notre survie dépendait de notre capacité à
identifier les menaces, il valait mieux être trop vigilant qu’aveuglé par
l’optimisme. Entendre un bruissement suspect et fuir un éventuel prédateur,
même si ce n’était qu’un écureuil, augmentait les chances de survie.
Selon les chercheurs Paul Rozin et
Edward Royzman, ce phénomène repose sur une asymétrie
fondamentale dans notre traitement de l’information. Chez l’humain, le négatif
capte davantage notre attention, est mieux mémoriser et influence plus
fortement notre comportement.
Des travaux en neurosciences ont confirmé ce comportement en
révélant que le cerveau réagit plus intensément aux stimuli négatifs. Par
exemple, une étude en imagerie cérébrale a montré que l’amygdale, région clé
dans la gestion des émotions, s’active davantage face à des images négatives.
● Le biais négatif
dans notre quotidien
Ce
biais s’exprime bel et bien dans la vie de tous les jours. On se souvient ainsi plus facilement
des mauvaises nouvelles et des événements négatifs, si petits soient-ils. Par
exemple, vous garderez plus facilement en mémoire la critique d’un client que
le compliment d’un collègue, le petit accrochage dans les transports qu’un
petit moment joyeux avec votre enfant. Ce filtre mental donne une vision
partielle de la réalité. Cette perception accrue des signaux négatifs fait
ainsi souvent croire que le quotidien est plus sombre qu’il ne l’est
réellement. Cela peut contribuer à un état de stress chronique, de
démotivation, voire de tristesse et de dépression dans certains cas.
● Comment contourner
ce biais ?
Il a largement été
démontré que connaître et savourer les expériences plaisantes augmente
durablement le bien-être et la résilience psychologique. Comment
procéder ?
Prenez conscience de ce biais. C’est déjà un bon début qui
permettra de vous en distancier. Ensuite, passez à l’étape suivante :
cultiver la gratitude et l’attention au positif.
Comme un muscle, notre capacité à percevoir le positif
s’entraîne. Tenir un journal des gratitudes ou des petites victoires
quotidiennes est un outil simple mais efficace. Notez chaque soir trois choses
agréables de votre journée : un sourire, une réussite, une sensation
plaisante… Des études montrent que cet exercice, pratiqué régulièrement,
améliore significativement le bien-être.
Apprendre à ralentir, à observer, à savourer consciemment les
moments agréables aide également à renforcer leur empreinte mentale. C’est ce
que propose la pleine conscience, dont l’efficacité est largement démontrée
pour contrer les effets du stress et les pensées négatives récurrentes.
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Source : Rozin P., & Royzman,
E. B. (2001). Negativity Bias,
Negativity Dominance, and contagion. Personality and Social Psychology Review
– Emmons, R.A., & McCullough,
ansd subjectugh, M.E.
(2003). Counting blessings versus burdens : An experimental
investigation of gratitude and subjective well-being
in daily life. Journal of Personality
and Social Psychology. |