Avril 2025                                                                     

                                                                 

                                                       LE VISAGE DU BÉNÉVOLAT EN 2025

 

                                                                              Jean-Marc BOLLE

 

                                                                         L'arche-sous-l'arc-en-ciel - mars 2025

 

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Vont-ils revenir ? » se demandait l’Arche en décembre 2021 à propos des bénévoles du Foyer Notre-Dame des Sans-Abri. « Oui » répond l’enquête 2024… avec un retour à un niveau d’engagement similaire à celui d’avant la crise. Si le nombre de bénévoles reste stable, leurs profils ont évolué.

 

Depuis 2008, le réseau « Recherches et Solidarités » publie chaque année des chiffres sur le bénévolat en France, basés notamment sur le Baromètre IFOP « France Bénévolat – Recherches & Solidarités ». En janvier 2024, plus de 3000 personnes ont été interrogées sur leur engagement. Il est à noter que, au lieu d’utiliser le terme « bénévolat », souvent mal compris, les enquêtes parlent de « donner du temps gratuitement pour les autres », une expression plus inclusive.

Un autre phénomène notable est la fracture associativeˮ liée au niveau de diplôme. Les personnes ayant un niveau d’études supérieur représentent aujourd’hui une part plus importante des bénévoles, tandis que l’engagement des personnes sans diplôme   tend à diminuer. Cela soulève la question de l’accessibilité du bénévolat et de la manière dont les associations peuvent attirer un public plus diversifié.

 

Une recomposition du bénévolat

Le bénévolat en France, bien que toujours massif, connaît plusieurs évolutions marquantes. Les plus de 50 ans, qui étaient autrefois un pilier de l’engagement bénévole, sont désormais moins nombreux à s’investir. Parallèlement, les jeunes adultes, notamment ceux entre 24 et 34 ans, s’engagent de plus en plus. Cette nouvelle dynamique crée un bouleversement dans les profils des bénévoles. Alors qu’en 2022, les plus de 65 ans étaient au sommet, les jeunes adultes sont désormais en tête, avec un taux d’engagement supérieur à celui des générations précédentes.

En parallèle, on observe une montée en puissance des bénévoles ponctuels ou à mission courte. Cette évolution oblige les associations à adapter leurs pratiques pour accueillir et accompagner ces bénévoles qui n’ont plus la disponibilité ou l’envie de s’engager de manière régulière. Les structures associatives comme Le Foyer doivent redoubler d’efforts pour trouver des moyens adaptés de les intégrer et les accompagner dans leurs parcours.

 

Une fréquence d’engagement moins régulière

L’engagement bénévole régulier, c’est-à-dire des bénévoles intervenant chaque semaine, est en déclin. Ce changement fragilise la base des associations, qui comptaient sur la régularité de certains bénévoles pour assurer leurs missions. De plus en plus, les bénévoles s’engagent de façon plus ponctuelle, ce qui crée une certaine instabilité pour les associations, mais aussi des opportunités pour diversifier les formes d’engagement.

 

Des motivations exigeantes

Le bénévolat devient un acte citoyen plus réfléchi. Etre bénévole, ce n’est plus seulement être « utile » ou « passionné », mais être un acteur du changement, un citoyen engagé. Ce nouveau regard sur le bénévolat montre une volonté plus forte d’avoir un impact réel, de contribuer à des causes précises, loin de l’idée de simple altruisme. Cela traduit une prise de conscience collective sur les enjeux sociaux et environnementaux, et une demande croissante pour des actions plus concrètes et structurées.

 

La demande de formation

Un autre signe de cette évolution est la forte demande de formation parmi les bénévoles. De nombreux bénévoles souhaitent non seulement des conseils et du soutien de la part d’autres bénévoles, mais également des formations dispensées par des experts ou leurs associations. Ils attentent des formations qui allient action, réflexion et amélioration des pratiques. Cette exigence témoigne d’une volonté de professionnaliser l’engagement bénévole et de le rendre plus structuré et efficace.

 

L’engagement citoyen comme réponse à la crise

Aujourd’hui, l’engagement bénévole n’est plus seulement une activité, c’est un acte citoyen porteur de sens. C’est aussi un moyen de s’épanouir et de trouver du plaisir dans un contexte parfois marqué par le pessimisme. Les associations jouent un rôle central en offrant un cadre propice à cet engagement et en soutenant ces initiatives par la formation et l’accompagnement. Elles doivent continuer à adapter leurs pratiques pour répondre aux nouvelles attentes des bénévoles et pour leur permettre de se sentir réellement acteurs du changement.

 

 Jean-Marc Bolle

 

 

12,5

Il y a toujours 12,5 millions de bénévoles dans les associations. Mais une recomposition se dessine avec un taux d’engagement supérieur des 25-34 ans.