Octobre 2025

 

LES ALIMENTS ULTRATRANSFORMES, ENNEMIS DE LA FERTILITE

 

                                        JML

 

(Le Progrès - Samedi 30 août 2025)

 

78 % des aliments ultra transformés au sens de la classification Nova émergent en catégorie C, D ou E du Nutriscore.

Photo Sipa/Adill Benayache

 

Ils ne sont pas seulement mauvais pour la santé. Les aliments ultra transformés de la nourriture industrielle ont également des effets délétères sur la fertilité masculine, selon une étude internationale.

 

’L’alimentation est notre premier médicament, paraît-il. Pour mesurer les effets de la nourriture industrielle sur l’organisme, il n’était donc pas illogique de procéder par essais cliniques – comme pour l’évaluation d’un nouveau médicament. C’est ce qu’une équipe internationale de chercheurs vient de faire, en soumettant 43 hommes en bonne santé, âgés de 20 à 35 ans, à deux régimes distincts.

      

Dans le premier, l’apport calorique quotidien provenait à 77 % d’aliments ultra transformés. Dans le second, les aliments non transformés (fruits, légumes, céréales) représentent 66 % de l’apport calorique. Chaque participant a suivi un premier régime pendant trois semaines, puis a repris son alimentation pendant trois mois, avant de suivre l’autre régime pendant trois semaines.             

                                                     

 

Des calories pas toujours égales

 

                                                     

      

Les conclusions, publiées jeudi dans la revue américaine Cell Metabolism, sont édifiantes. Non seulement les chercheurs ont confirmé que les aliments ultra transformés avaient des effets délétères sur la santé cardio métabolique, mais ils ont découvert qu’elle avait également un impact négatif sur la fertilité masculine. Ils ont notamment constaté chez la plupart des participants une chute de l’hormone stimulant la production des spermatozoïdes (FSH) et de la testostérone, ainsi qu’une baisse du nombre des spermatozoïdes mobiles.

      

La quantité de calories n’est pas en cause : les deux régimes en contenaient le même nombre. « La nature transformée de l’aliment lui-même, indépendamment de l’apport calorique et en macronutriments, a un impact sur de nombreux indicateurs de santé », insiste l’étude, coordonnée par Romain Barrès, chercheur à l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire de Sophia Antipolis (Inserm, CNRS et Université Côte d’Azur).

      

Pour définir ce qu’est un aliment ultra transformé (AUT), l’étude s’est basée sur la classification Nova, mise au point par des chercheurs brésiliens et reconnue par l’OMS. En vertu de cette dernière, « les aliments ultra transformés se caractérisent par le recours à certains procédés de transformation et par l’ajout d’additifs, dits cosmétiques, et de substances rarement utilisées lors de la préparation des repas à domicile, comme les isolats de protéines ou les huiles hydrogénées », résume le site de l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire).

                                                     

Une partie croissante dans l’alimentation

                                                     

      

Un AUT n’est donc pas forcément gras et sucré, même si c’est souvent le cas en pratique : selon la base Open Food Fact, 78 % des aliments ultra transformés au sens de la classification Nova émergeant en catégorie C, D ou E du Nutriscore.

      

Dans des pays comme les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni ou l’Australie, ils représentent désormais plus de la moitié de l’apport

énergéttique. Romain Barrès et son équipe ont calculé que le régime habituel des participants de l’étude comptait 51 % de calories issues d’ aliments ultra transformés.

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