Décembre 2025
COMMENT DETECTER ET PREVENIR L’ADDICTION
AU TRAVAIL EN ENTREPRISE
Fabien Soyez
Le
Progrès - Mardi 28 octobre 2025
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Le workaholisme est une addiction comportementale, qui se manifeste Photo AdobeStock |
L’addiction au travail, ou workaholisme, touche de plus en plus de salariés, souvent sans qu’ils en aient conscience. Quels profils sont les plus à risque ? Quels sont les signes à repérer ? Décryptage avec Alexis Peschard, addictologue et spécialiste de la prévention en entreprise
► En partenariat avec Courrier Cadres
L’addiction ne concerne pas que l’alcool, le tabac ou les drogues : il est tout aussi possible de devenir "accro" à son activité professionnelle. Selon Alexis Peschard, président du G.A.E. Conseil et addictologue, le stress et l’hyper connexion causés par le travail à distance sont notamment à l’origine d’une addiction au travail pour 61 % de ceux qui le pratiquent. Mais le "workaholisme" (work + alcoholism) concerne aussi les salariés qui sont en présentiel.
« C’est une addiction comportementale, qui se manifeste par l’incapacité à se détendre et à arrêter de penser au travail. Il est alors très difficile de se déconnecter : pas seulement des outils numériques amenés partout, même en vacances, mais aussi de pensées obsédantes, liées à l’activité professionnelle. Des pensées qui le poursuivent parfois jusque dans les rêves, » décrit Alexis Peschard. Le workaholisme ne se résume pas à travailler le soir ou le week-end : « Tout comme avec l’alcool, ce n’est pas qu’une question de quantité. Au-delà d’un certain nombre de verres ou d’heures travaillées, il y a des facteurs de risques, certes, mais le vrai problème, c’est la relation que l’on entretient à son travail. Une relation pathologique, » explique l’addictologue.
Cette implication excessive dans le travail se pratique au détriment des loisirs, des voyages, du sport, des relations sociales ou encore de la vie de famille.
Hyperconnexion, charge de travail et représentations
mentales
Le président de GAE Conseil perçoit plusieurs facteurs de risques menant au workaholisme. D’abord, l’hyperconnexion, aggravée par le travail à distance qui gomme les frontières entre vie privée et professionnelle. « Certains salariés ont plus du mal que d’autres à couper, car ils sont sursollicités… Et que leur charge de travail est bien souvent trop importante. »
Selon l’addictologue, d’autres raisons sont liées à la situation personnelle et au rapport au travail des collaborateurs. « Des événements de vie peuvent faire que l’on sera, à un certain moment, davantage susceptible de développer une dépendance au travail : la perte d’un proche, un deuil, une séparation, un divorce. Ces moments difficiles génèrent parfois une fuite dans le travail. Il peut aussi s’agir de modèles parentaux et de représentations, liées à une forme de réussite, avec l’idée que pour atteindre le succès, il faut travailler énormément. »
Finalement, peu importe que l’on soit cadre, nomade digital, employé de bureau, ouvrier en usine ou artisan dans son atelier : « si le travail est perçu comme une passion, si l’on est trop perfectionniste ou si l’on place le travail sur un piédestal, tous les risques sont réunis pour tomber dans l’addiction. »
Concrètement, le workaholisme entraîne une longue liste de maux : stress intense, insomnies, isolement social, développement de troubles musculosquelettiques, addiction au tabac ou à des substances psychoactives destinées à tenir le rythme et, enfin, burn-out et risques graves pour la santé physique.
● Fabien Soyez
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