Février 2023

NE PAS VOULOIR D’ENFANT MAIS PEUR DE LE REGRETTER. TEMOIGNAGE

par SVEN, pseudonyme et Henri CHARCOSSET ( henri6969 après henri69)

Ne pas vouloir mais peur de regretter - Sans enfant par choix - La vie sans enfants - FORUM psychologie - Doctissimo

 

Site: https://anti-solitude.pagesperso-orange.fr/ ; Contact : charcosset.henri@orange.fr

 

INTRODUCTION par Henri Charcosset

Un objet majeur de mon site est de publier les articles témoignage de tout un chacun, ouvrant ainsi à réflexion par qui le veut,

sur  le sujet principalement évoqué. Or qui arrivant à la trentaine, ne s’est-il pas posé la question d’avoir ou on,

au moins un enfant, avec le cadre de vie qu’ on voudra essayer de lui apporter ? Ce souci est naturellement exalté quand on a

souffert de rejet ou de maltraitance, de la part de l’un au moins de ses deux parents, dès sa petite enfance. Sven est dans ce cas,

côté père.

 

Marqué par beaucoup de sincérité, très bien écrit, le texte de Sven mérite bien d’être intégralement reproduit.

 

TEXTE INTRODUCTIF DE SVEN A SON SUJET (TOPIC)  à CLIC

Depuis mon jeune âge à vrai dire, cela m'a paru naturel un peu comme "tout le monde". Je me suis aussi longtemps promis de fonder une belle famille sans divorce avec une maison et des parents forts aimant leurs enfants, peut-être parce que venant de parents séparés dès la naissance j'ai souffert de voir tous mes amis à l'école ayant une famille "normale". Pour ma part, c'était l'enfer que vivait ma maman pour nous élever tant bien que mal moi et mes deux frères avec son faible salaire dans notre HLM qui a dû forger cette idée de ne pas reproduire le même schéma.

Aux alentours de mes 25 ans je m'installe avec une femme plus jeune que moi de 5 ans, on reste environ 4 ans ensemble avant d'apprendre par hasard qu'elle m'a trompé. Ce fut pour moi la plus grosse douleur jamais ressentie au préalable. Une telle souffrance que je lui demande de partir le soir même me retrouvant seul dans un grand appartement. S'en suit une profonde solitude, une dépression suite à la difficulté financière que je subis cette période là. Cependant grâce aux amis et ma maman, je me relève et me focalise sur toutes mes autres passions comme le sport, la musique et d'autres activités que j'apprécie. Néanmoins, cette épisode m'aura largement remis les pieds sur terre et m'a fait comprendre que la vie n'est jamais toute rose et qu'il fallait que j'arrête de projeter mes fantasmes de couple idéal sur la réalité.

Environ 2 ans plus tard, je rencontre une nouvelle personne. Au même moment je traverse une nouvelle dépression suite à la perte de poste inattendu dans un travail qui me plaisait énormément. Du coup je me jette corps et âme dans cette relation que je ressens comme un souffle nouveau et un moyen de sortir la tête de l'eau. En plus de cela, nous avons beaucoup de points communs, puis elle est belle, elle me plait elle est si adorable avec moi. Dès notre rencontre, je lui demande si elle veut des enfants car pour moi cela est indispensable J'ai encore 28 ans à ce moment- là. On s'installe très rapidement ensemble et on se pacse. Mes amis disent ne jamais m'avoir vu autant amoureux et s'amusent à dire que nous avons pris le TGV de l'amour. Puis vint les premières déceptions.

Elle fait une dépression. Je ne sais pas quoi faire, je sais que c'est lié à son travail actuel et j'essaye tant bien que mal de l'aider mais elle me fait beaucoup de mal en s'en prenant à moi pendant ses "crises". Mon amour pour elle ne change pas mais atténue un peu ma vision utopique. On s'en remet car elle finit par trouver une formation pour une reconversion professionnelle. Cependant, au bout d'un an de relation à nouveau superbe, voilà que je la ressens distante. Durant sa formation elle fait la connaissance d'un individu qui la drague sans cesse. Ils se mettent à beaucoup parler et je la vois de plus en plus sur son téléphone pour lui répondre. Mais je ne me doute de rien. Quand un jour elle m'explique enfin qu'il y a quelque chose qui ne va pas entre nous un mauvais pressentiment de déjà vu m'habite. Je lui demande s'il s'est passé quelque chose, au bout de quelques heures elle m'avoue enfin qu'il a réussi à l'embrasser mais qu'elle finira par le repousser. C'est là que son déclic aurait eu lieu, c'est bien moi qu'elle veut et elle regrette. Elle fera beaucoup pour que je la pardonne et qu'on reste ensemble car c'est bien avec moi qu'elle veut faire sa vie. Après quelques jours de réflexion je lui laisse une seconde chance. Quelques mois plus tard je commets alors selon mes amis la plus grande incompréhension : je la demande en mariage. Elle dit oui.

On organise le mariage, on envoie les invitations. Puis vint le COVID-19. On reporte à l'an prochain et on vit notre confinement plutôt bien. Mais arrivée à l'hiver voilà qu'elle refait une dépression. Cette fois ci je ne comprends pas, tout va bien dans notre couple alors je suis dans un flou total. J'ai du mal à la soutenir, c'est vrai que je ne suis pas doué pour ça. Alors elle voit des médecins et des psychiatres et le verdict tombe : elle est bipolaire. Dans ma tête je vois la fin immédiate de notre couple : elle attend de moi de l'aide dans ces situations mais avec son comportement difficile j'en prend pour mon grade et cela me bloque davantage. On est dans l'impasse. Je commence à me poser des questions. Est-ce que j'arriverais à supporter cette maladie ? Comment allons- nous vivre la difficulté d'élever des enfants avec les risques de récidives même via un traitement adapté ? Bien sûr je ne lui reproche rien, elle ne l'a pas choisi et en souffre autant que moi. Ce n'est pas non plus parce qu'elle a cette maladie qu'elle n'a pas le droit d'avoir des enfants mais la question vient plutôt de mon côté.

C'est là que je commence à réaliser aussi : peut-être que je ne souhaite pas d'enfant. Mon frère en a deux, de deux femmes différentes. Pour les deux cela s'est mal passé. Il les aime plus que tout, mais je vois qu'il est malheureux. Je vois mes amis que j'ai connu sans enfants : on passait des weekends à jouer, manger, sortir ensemble mais depuis leurs deux enfants, ils ne viennent plus parce que "il faut emmener toutes les affaires, il faut les coucher, on est fatigué". Ils ne m'invitent plus non plus car ils n'ont plus vraiment le temps. Quand on me met un bébé dans les bras il ne se passe rien, il n'y a pas de fibre en moi qui me fait ressentir quelque chose de fort comme un désir d'être le papa. Je pense aussi à notre cadre de vie : nous avons des horaires de journée chargées on rentre tous les deux à plus de 18h. Nous faisons à manger, un peu de ménage, on mange, on prend la douche et voilà qu'il est déjà quasiment 21h. Alors j'essaye d'imaginer comment il est possible de caler encore du temps pour élever un enfant. Comme j'ai pu comprendre il s'agit d'un deuxième travail. Je vois mes passions s'envoler, ma guitare prendre de la poussière, mes jeux et activités de côté. Alors je me dis qu'il y a le weekend, mais le weekend c'est s'occuper de l'enfant encore et encore : aller voir mamie 1, aller voir mamie 2. L'hyperactif que je suis voit sa vie se couper en deux à l'idée d'avoir un enfant et beaucoup de sacrifices. Ma mère dit que c'est égoiste mais d'un autre côté je me demande où est l'égoisme quand j'entends aussi des personnes me dire "je veux des enfants parce que je veux pas finir seul". Alors oui, c'est vrai que je trouve ça super mignon quand je vois des parents faire du vélo ou un cache-cache dans un parc.

Donc maintenant je suis partagé entre la peur de me séparer de la femme que j'aime parce que je pense ne plus vouloir d'enfants ett la peur de regretter d'ici 20 ans parce que peut-être qu'à ce moment-là je me dirais "c'était qu'un passage, en fait j'aurais du en faire". Tout se bouscule dans ma tête. Je me dis que si on se sépare je pourrais être seul très longtemps sans trouver quelqu'un qui ne souhaiterais pas non plus avoir d'enfant. Et si je change d'avis j'aurai perdu la femme que j'aime inutilement.

Comment être vraiment sûr de vouloir ou ne pas vouloir d'enfants ?

PS : Bravo si vous avez tout lu. C'est pas dans mon habitude de me dévoiler, mais il fallait que ça sorte. Tout est sincère.

Édité le 20/04/2021 à 13h par Sven

 

DISCUSSION QUI Y A FAIT SUITE, depuis CLIC

Des messages ont fait suite à ton témoignage, propres à t’aider, Sven, dans l’orientation de ta vie. Pour ma part , deux points me font en particulier

 impression :

-       La courte évocation de ta maman. Oui, vous êtes trois garçons, Sont-ils  du même père ? Si oui, c’est bien que tes parents se sont aimés,

au moins pendant un temps ? Que s’est-il passé qui les a fait se séparer ? La réalité de leur histoire peut t’aider à mûrir pour la construction

 de la tienne. A ce jour, tu en es encore au stade de penser que quand ton couple casse ( le premier) ou menace de le faire ( l’actuel) c’est  la

faute de la partenaire, alors que c’est  bien plus complexe !

 

   La venue sur ton topic de Pinky95. Elle a parcouru le dur mais riche chemin d’avoir désiré un, des, enfant(s), avant de devoir y renoncer. Oui,

c’est un joli parcours dans une vie, quand après en avoir bavé, on tire profit de son expérience,  pour aider les personnes nouvellement

atteintes, à s’orienter. On va en direct au post de Pinky95 par CLIC. Relis- la, et pratiques ce qu’elle dit. Je serais plus crû qu’elle.

il te reste du chemin à faire pour bien saisir que cette envie forte d’ avoir ou non  un enfant, elle se construit  à deux, via tout un tas de

petits échanges affectifs.

 

MON SENTIMENT QUANT A TON EVOLUTION, SVEN  Henri Charcosset    

Si je me révèle être tout faux , ce n’est pas grave ; l’essentiel étant d’être sincère. J’ai presque 87 ans. Je me suis marié à 25 ans, ma fiancée

avait un seul ovaire. Nous aurions pu ne pas avoir d’enfant, on en a eu deux. Leur mère est décédée chez nous, à 55 ans des suites d’un cancer

 Deux ans après, j’ai ressenti le besoin de me remettre en couple, avec une personne aussi seule qu’elle puisse être. C’est le cas de ma compagne

 depuis 30 ans, en union libre et en habitat partagé. Nous avions 20 ans de vie ensemble chez moi, quand un accident cérébral l’a privée d’une

bonne partie de sa mémoire récente. Depuis quelque 5 ans, elle réside en EHPAD de très bonne qualité ; notre lien affectif se conjugue un peu

autrement dans la forme, mais reste fort au quotidien. Non, il n’est pas nécessaire d’avoir eu des enfants ensemble, pour se sentir dans sa vie,

mieux en couple que seul.

 

Mon conseil que tu n’es aucunement obligé de suivre, Sven, il est de rester en couple avec ta compagne actuelle. Supposant qu’elle ne t’éconduise

pas avant, t’en séparer ferait se manifester ta tendance à la déprime ou à la dépression, déjà apparente dans la façon dont tu parles de la vie en couple

 avec enfants. Outre que ta compagne est belle, sa vaillance face à sa bipolarité, et surtout le fait que vous vous vous aimez, font que votre vie doit

 ou en tout cas peut se faire  ensemble, en couple..Aller à une troisième compagne ne ferait que te ramener en arrière, vers ta réalité originelle.

. Par rapport à 4 ans en arrière, vous ne vous aimez pas moins, vous vous aimez un peu autrement ; vous progressez vers le processus sans fin

d’une vie de couple normale, qui n’en finit jamais de se déconstruire pour se reconstruire !

 

La question d’avoir ou non ensemble un, des enfant(s), la meilleure façon d’en traiter, est de laisser du temps au temps ; la réponse viendra alors

presque d’elle-même. Tu trouveras déjà naturel d’en parler en terme de « Nous » plutôt que d’un « Je » quelque peu immature !

HC, 03.02.2023