Février 2022
LE SOMMEIL TROUBLE SOUS SURVEILLANCE
LE
MONDE, avec Pascale SANTI,
Sandrine CABUT et
P. SA
Mercredi
6 décembre 2021
S’il
reste encore mystérieux, il est évident que le sommeil « est une fonction corporelle importante, et non négociable,
essentielle pour la santé humaine », explique un article publié dans Science, qui y a consacré un numéro
spécial, le 29 octobre. Une étude récente réalisée par une équipe de Lior Appelbaum, de l’université
Bar-Ilan (Israël), conduite chez le poisson-zèbre et la souris, a ainsi montré
que, pendant qu’ils dorment, leur cerveau corrige les dommages de l’ADN causés
dans la journée (lumière, bruit, stress…). »
« On est en train de passer
d’une vision pathologique, traiter les troubles du sommeil, à une approche
visant à considérer le sommeil comme un facteur de bonne santé, un indice de la
qualité de vie », explique le psychiatre et médecin du
sommeil au CHU de Bordeaux Jean-Arthur Micoulaud
Franchi. La société a longtemps ignoré ce qui se passait pendant environ un
tiers de notre vie. Son étude est aujourd’hui une discipline à part entière. Preuve
de cet engouement, 3500 personnes étaient présentes au congrès lillois, dix
fois plus que dans les années 1990. La création d’une formation spécialisée
transversale « sommeil »,
accessible au troisième cycle des études médicales, depuis 2017, constitue une
reconnaissance pour la discipline.
Parmi
les maladies du sommeil, l’insomnie est la plus fréquente et touche environ 30
% des personnes. Pour 10 %, elle est chronique, c’est-à-dire que les problèmes
surviennent au moins trois fois par semaine depuis au moins trois mois, avec
des répercussions sur la journée du lendemain.
Le
traitement diffère beaucoup selon les types de maladies, mais, dans tous les
cas, les règles d’hygiène sont rappelées, comme se coucher et se lever à heures
régulières, éviter la privation de sommeil, sécuriser l’environnement. Pour les
nuits agitées, etc. D’autres maladies peuvent engendrer de la fatigue, comme un
dérèglement de la tyroïde, de l’anxiété, la dépression…
La
plupart des gens percevant mal leur besoin, il faut d’abord vérifier si le
temps de sommeil est suffisant. Cela peut passer par les agendas ou des
actimètres. Pas simple de se retrouver dans ce marché de capteurs numériques.
Le Digital Medical Hub, une structure sous l’égide de
l’AP-HP, dirigée par Marie-Pia d’Ortho, travaille sur l’évaluation de ces
objets connectés ou applications.
Pour
traiter l’insomnie, les thérapies cognitivo-comportementales
(TCC) sont recommandées, avec une efficacité largement démontrée, y compris en
ligne. Des traitements médicamenteux sont aussi proposés (benzodiazépines
hypnotiques comme le Stilnox et l’Imovane), qui ne doivent être donnés que sur
de courtes périodes. Déjà commercialisés dans d’autres pays d’autres
hypnotiques, des antagonistes des récepteurs de l’orexine,
« pourraient être utilisés pour les
insomnies sévères », précise Damien Léger.
Outre
l’insomnie et les troubles respiratoires, dont l’apnée du sommeil (syndrome des
jambes sans repos, par exemple), et les parasomnies du sommeil lent profond,
comme le somnambulisme, les terreurs nocturnes, les éveils confusionnels, les
hallucinations sensorielles, ou les paralysies du sommeil (on se réveille
pendant quelques secondes sans pouvoir bouger, ce qui est très angoissant).
Pour
comprendre comment ces pathologies plus rares sont diagnostiquées et prises en
charge, direction Lyon, au deuxième étage du bâtiment de l’hôpital de la
Croix-Rousse (Hospices civils de Lyon), qui domine la ville. Mais chut !
Les couloirs sont éteints, un panneau indique qu’il faut faire silence, pour ne
pas gêner les tests en cours.
Ce
29 novembre, Ambroise est arrivé dans le service pour quarante-huit heures. « J’ai toujours beaucoup dormi, j’ai
l’impression de n’être jamais complètement réveillé, et j’ai dû mal à me
concentrer. » Agé de 25 ans, il a quitté son travail dans la banque il
y a quinze jours, car il s’est plusieurs fois endormi en réunion… et « ça passe mal », dit-il.
Certes,
il s’en est sorti dans ses études, avec un diplôme d’ingénieur agronome, mais
il concède qu’il n’aurait pas pu faire une classe préparatoire ou médecine,
comme beaucoup de ses amis, car, le matin, il a besoin de six réveils, et ses
colocataires doivent le réveiller. « Si
ça peut se traiter, ce serait top », espère-t-il. Il est bardé
d’électrodes, afin que ce qui se passe dans son cerveau lorsqu’il dort puisse
être mesuré toute la nuit. La semaine précédente, il a porté un bracelet (un
actimètre) qui mesure le temps de sommeil.
Dans
la chambre voisine, Valérie, âgée de 50 ans, est là pour hypersomnie, fait plusieurs
siestes dans la journée, pendant quatre à cinq heures, ce qui ne l’empêche pas
de passer une bonne nuit. « Je me
suis déjà endormie au volant à plusieurs reprises et l’accident a été évité de
justesse », dit-elle, ce qui a déclenché sa demande de rendez-vous.
Elle a récemment subi deux opérations de chirurgie de l’obésité, une maladie
fréquemment associée à des problèmes de sommeil.
Pendant
la pose des électrodes sur le crâne, les yeux, les jambes, Valérie Leneuf, infirmière, explique la procédure. Cet examen, une
polysomnographie, dite « PSG », montre les différents stades de
sommeil et permet de voir en combien de temps la personne s’endort, de détecter
d’éventuels micro-éveils, des pauses respiratoires, des mouvements anormaux.
Ces paramètres physiologiques, comme l’activité cérébrale (grâce à une
électroencéphalographie, EEG), la fréquence cardiaque, la respiration, la
saturation en oxygène, l’activité des muscles, les mouvements oculaires donnent
une image complète de comment dorment Ambroise, Valérie… et les autres.
« Ces données permettent de
mieux cerner ce qui se passe quand on est endormi, en les croisant avec ce que
perçoit le patient », précise la neurologue Laure Peter-Derex, chef de service adjointe du centre de médecine du
sommeil et des maladies respiratoires à l’hôpital de la Croix-Rousse, l’un des
plus important en France, avec 18 lits.
Le
lendemain, Ambroise, comme Valérie, se plie à des tests de vigilance diurne,
appelés « test itératif de latence d’endormissement » (TILE). La consigne
est de se laisser aller, allongé dans le noir. Dix minutes après le début du
test, Ambroise s’endort. « Il est
entré très rapidement en sommeil paradoxal, alors qu’en temps normal le sommeil
paradoxal ne survient qu’après environ une heure d’endormissement. Si cela se
répète au moins deux fois lors des tests, et que la latence moyenne
d’endormissement sur les quatre tests est inférieure à huit minutes, c’est
évocateur de narcolepsie », commente Laure Peter-Derex.
PARMI LES MALADIES
DU SOMMEIL, L’INSOMNIE
EST LA PLUS FRÉQUENTE
ET TOUCHE ENVIRON
30% DES PERSONNES
Des panels d’exploration
Pour Ambroise, le
diagnostic sera posé mi-décembre au cours d’une consultation où les résultats
de l’enregistrement lui seront expliqués. Même s’il appréhende un peu, il a
hâte de savoir si ces problèmes révèlent ou non de quelque chose de
pathologique. Il orientera alors son parcours professionnel en fonction de
cela. Comme pour Valérie, il peut s’agir d’hypersomnie.
A
quelques mètres, dans deux salles consacrées aux soignants, médecins,
infirmières, techniciens scrutent les tracés sur les écrans. Cela ressemble à
une tour de contrôle. « Grâce à ce
panel d’exploration, il est possible de détecter des maladies, comme
l’épilepsie, et vice versa », explique Thierry Petitjean, chef du
service. A côté, François Ricordeau a les yeux rivés sur un hypnogramme. « A 22h45, on voit au cours d’un réveil
en sommeil profond la persistance d’ondes lentes dans la région frontale,
antérieure, du cerveau, alors que dans les régions postérieures les ondes sont
à une fréquence plus rapide. C’est-à-dire que la partie postérieure du cerveau
se réveille, mais les régions frontales restent endormies, c’est un éveil
dissocié, souvent retrouvé dans le somnambulisme », explique le
neurologue.
Si
ces parasomnies du sommeil lent profond, très fréquentes dans l’enfance (20%),
s’estompent, elles persistent toutefois chez 3% à 4% des adultes. Elles peuvent
être gênantes en cas de mise en danger. C’est le cas pour cette jeune fille de
18 ans qui est sortie de chez elle en courant et en dormant, en ayant
l’impression qu’il y avait le feu chez elle. Toutes les nuits, elle connaît ces
épisodes somnambules. Au cours de plusieurs épisodes durant cette nuit
d’observation, elle est à moitié éveillée, s’assoit dans son lit, tente de
descendre. Le lendemain, elle ne se souvient de rien. Le docteur Ricordeau la
reverra dans quelques jours en consultation. « Les traitements principaux sont non médicamenteux et reposent
sur la régularité des heures de coucher et de lever et la recherche de facteurs
aggravants », explique le neurologue. Un traitement médicamenteux peut
être donné aux patients les plus sévères. Mais, attention, « certains somnifères peuvent aggraver les épisodes », avertit
François Ricordeau, pouvant amener des personnes à conduire leur voiture au
cours d’un épisode (sleep
driving).
Sur
un autre tracé, Laure Peter-Derex scrute des troubles
du comportement qui, eux, surviennent en sommeil paradoxal. Ainsi, Bernard, 68
ans, qui a de l’apnée plutôt modérée, a aussi des nuits agitées, avec des
cauchemars. Il a connu une dizaine de fois des épisodes violents. « Un train arrive sur moi, je saute du
lit, je me suis blessé une fois », décrit cet ancien chercheur. Une
autre fois, « je me battais avec
quelqu’un dans le camping-car et j’ai frappé ma femme alors que je
dormais ». Dans certains cas, ces anomalies peuvent être des marqueurs
précoces de maladies neurodégénératives.
La
recherche sur le sommeil se poursuit. « On
enseigne aux étudiants qu’il y a trois états de vigilance décrits chez
l’homme : la veille, le sommeil lent, le sommeil paradoxal, etc. mais les
frontières entre ces trois états ne sont peut-être pas si distinctes. Ces zones
floues pourraient expliquer de nombreux symptômes et pourraient rendre compte
de certaines discordances entre nos enregistrements et la perception par les
patients », décrit Laure Peter-Derex. Elle
explore les micro-éveils, quand on est réveillé pendant quelques secondes
pendant la nuit, et les micro- sommeils au cours de la journée.
Thomas
Andrillon, chercheur à l’Institut du cerveau, a
montré, dans un article de la revue Nature
Communications, que l’apparition d’ondes lentes que l’on observe en phase
de sommeil pendant la journée, permet de prédire les pertes d’attention, qui
diffèrent selon les régions du cerveau. Autrement dit, quand l’esprit somnole
le jour, c’est peut-être qu’une zone du cerveau est en train de dormir. ■
PASCALE SANTI
LA FORTE INCIDENCE DE L’APNÉE
Les chiffres sont
colossaux : « Les apnées du
sommeil, qu’elles soient modérées ou sévères, toucheraient 15% à 20% de la
population », a expliqué Marie-Pia d’Ortho (chef du service des
explorations fonctionnelles multidisciplinaires à l’hôpital Bichat), lors du
Congrès du sommeil, à Lille, le 25 novembre. Chez les plus de 65 ans, ce serait
30,5%.
L’apnée
obstructive du sommeil (AOS) se caractérise par des interruptions (apnées) ou
des réductions (hypopnées) de la respiration pendant le sommeil. Dues à
l’obstruction des voies aériennes supérieures, ces pauses durent de dix à
trente secondes, parfois plus, à raison d’au moins cinq événements par heure de
sommeil.
La
fréquence des AOS croît avec l’âge, le surpoids, l’obésité. Elles sont deux
fois plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes. Lorsqu’elles sont
répétées. les pauses augmentent les risques
cardiovasculaires, en particulier l’hypertension artérielle et d’accident
vasculaire cérébral. En raison des micro-éveils qu’elles induisent, elles
favorisent par ailleurs une fatigue et une somnolence diurne.
Bénéfice de l’activité physique
Le traitement principal
est la ventilation en pression positive continue (PPC), qui permet de maintenir
les voies aériennes supérieures ouvertes. Principale contrainte : porter
un masque sur le nez ou la bouche pendant la nuit. La prise en charge peut
également faire appel à un dispositif d’orthèse d’avancement mandibulaire. Une
chirurgie est parfois proposée. Une technique de neurostimulation (du nerf de
la langue, le grand hypoglosse) est en développement, avec demande de prise en
charge financière auprès de la Haute Autorité de santé.
Par
ailleurs, l’activité physique aurait un effet protecteur sur la survenue d’une
AOS, et réduirait sa sévérité. Des bénéfices dont témoignent des patients comme
Loïc, 56 ans, traité par PPC pour une apnée du sommeil avec hypersomnie
associée. Une fatigabilité invalidante l’a conduit à arrêter son travail de
magistrat. Il dit faire six heures de sport par semaine, le matin, ce qui lui
permet de ne plus dormir l’après-midi, et de « préserver sa santé »
|
L’heure
est à un phénotypage plus précis, grâce à une meilleure connaissance de la
physiopathologie de cette affection. « A
partir d’une cohorte de 15 000 patients des Pays de la Loire enregistrés
pour une suspicion d’apnée du sommeil, nous cherchons à développer des nouveaux
biomarqueurs de sévérité de la maladie », explique Frédéric Gagnadoux, pneumologue au CHU d’Angers. Le but est de mieux
identifier les individus à risque de complications ou d’accidents.
Moins
connue que celle de l’adulte, l’apnée du sommeil chez les enfants est pourtant
loin d’être’ rare. « Les études
historiques évoquent une prévalence de 2% à 5% chez l’enfant, mais ces chiffres
sont sans doute sous-estimés, car les formes modérées passent souvent sous les
radars », souligne la pneumo-allercologue Madiha Ellaffi.
Le
diagnostic est plus fréquent entre 3 et 6 ans, mais toutes les tranches d’âge
peuvent être concernées. Si les symptômes nocturnes sont en partie communs avec
ceux de l’adulte (ronflements, respiration forte, sommeil agité…), la docteure Ellaffi insiste sur les possibles retentissements sur
l’humeur (irritabilité), le comportement (hyperactivité), les apprentissages
scolaires, voire des courbes de croissance. « Chez
les petits, l’enregistrement du sommeil n’est réalisé que dans des cas
complexes, poursuit la pneumo-allercologue. Une chirurgie des amygdales et des
végétations, et des séances d’orthodontie peuvent suffire. »
Les
appareils de PPC ont moins d’indications que chez l’adulte, explique la
docteure Ellaffi, qui plaide pour une meilleure
reconnaissance des apnées du sommeil de l’enfant, et le développement de
réseaux de soins en libéral. ■
SANDRINE
CABUT et
P. SA.
« DORMIR
TROP PEU PEUT ENGENDRER DES DÉPRESSIONS »
Pierre Alexis Geoffroy,
psychiatre et médecin du sommeil à l’hôpital Bichat (AP-HP), co-organisateur du
Congrès du sommeil, qui s’est tenu à Lille du 24 au 26 novembre, décrypte les
relations entre le sommeil et les maladies mentales.
Quels sont les liens entre maladies psychiatriques et
sommeil ?
Les
altérations du sommeil sont des symptômes des troubles psychiatriques. Elles
font partie des critères diagnostiques retenus. Ainsi, plus de 90% des personnes
ayant un trouble dépressif ont une plainte concernant leur sommeil, un symptôme
qui n’est pas toujours pris en compte. La proportion est de 50% à 80% chez les
enfants ayant des troubles du neurodéveloppement, comme les troubles du spectre
autistique, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité [TDAH] ou les dys.
De plus, chez les personnes avec un trouble psychiatrique, il existe une
surreprésentation des troubles du sommeil associés tels que les apnées du
sommeil (de 25% à 50%), le syndrome des jambes sans repos (de 10% à 20%), etc.
On
oublie aussi souvent de dire que le sommeil est le symptôme résiduel le plus
fréquent de ces troubles psychiatriques. Plus de la moitié des gens après une
dépression, après un épisode délirant dans le cadre d’une schizophrénie ou
après un sevrage pour une addiction à l’alcool vont conserver des problèmes du
sommeil. Leur persistance va être prédictive d’un mauvais fonctionnement
général, d’une mauvaise évolution de la maladie psychiatrique et va entraîner
d’autres maladies, notamment cardio-vasculaires et des cancers. Ces
intrications ont été mises à jour durant le confinement.
De mauvaises nuits sont-elles la cause ou la conséquence des
troubles de l’humeur ou des dépressions ?
|
Cela
va dans les deux sens. On sait qu’un sommeil trop réduit ou fractionné ainsi
que des désynchronisations des rythmes veille-sommeil peuvent engendrer des
dépressions, par exemple. Et le trouble dépressif va s’accompagner
d’altérations du sommeil et des rythmes biologiques qui pourront persister
après la disparition des symptômes dépressifs.
On
sait que ces altérations du sommeil peuvent exister plusieurs années avant
l’apparition de la maladie, comme dans les troubles de l’humeur (trouble
dépressif ou trouble bipolaire). Ces symptômes apparaissent souvent au cours de
l’enfance ou de l’adolescence. Il est donc important de mieux comprendre les
trajectoires de ces patients, les troubles qui surviennent en fonction de l’âge
et l’évolution des symptômes, et donc d’intervenir précocement.
De
même, les patients avec des troubles de l’humeur sont sensibles aux
perturbateurs des rythmes, comme les changements de saison, le travail de nuit,
le décalage horaire, le post-partum, etc.à
titre d’exemple, et la période s’y prête, les changements de saison sont
associés aux troubles affectifs saisonniers (aussi appelés « dépressions
hivernales ») dont la prévalence est de 5% et qui va jusqu’à 30% quand on
parle de « blues hivernal », la forme la moins sévère. Les
récurrences saisonnières des dépressions dans le trouble bipolaire touchent
jusqu’à un quart des patients. Ces phénomènes ont donc un impact considérable
et sont très communs.
Quels sont les traitements les plus adaptés ?
La
bonne nouvelle est qu’il existe des traitements, nommés chrono thérapies. En
2019, des premières recommandations ont été publiées par un groupe d’experts
international [International Society of Bipolar Disorders], et pour
lesquelles il y a déjà un bon niveau de preuve dans certaines indications. Par
exemple, la luminothérapie, la thérapie cognitivo-comportementale
[TCC] de l’insomnie, la thérapie
d’éveil, la thérapie par l’obscurité, la mélatonine, la thérapie
interpersonnelle et de resynchronisation des rythmes sociaux, etc.
Ces
chronothérapies doivent être proposées avec des conseils sur les habitudes de
vie et de sommeil, très importantes. Par exemple, l’activité physique le matin
permet d’augmenter la température centrale et aide à la synchronisation des
rythmes. La lumière est aussi un synchronisateur central des rythmes et est
utilisée en médecine depuis l’antiquité, et fonctionne bien contre les
dépressions.
Une
méta-analyse effectuée par notre équipe a montré que la luminothérapie en
traitement de première ligne de la dépression est aussi efficace que les
antidépresseurs, et qu’en combinaison cela fonctionnait encore mieux. Un autre
traitement, basé sur la privation de sommeil, a un effet puissant chez 45% des
patients déprimés et avec une efficacité très rapide en quarante-huit heures.
Mais l’effet est transitoire, il faut donc, pour le maintenir, associer
d’autres chronothérapies. La mélatonine est intéressante pour prévenir les
rechutes de pathologies psychiatriques en cas de plainte d’insomnie ou de troubles
de rythmes circadiens associés. La TCC de l’insomnie est aussi utilisée et
présente un très haut niveau de preuve scientifique chez les patients avec
troubles dépressifs. C’est le traitement de référence et de première ligne de
l’insomnie. Il semble aussi que traiter des apnées du sommeil aide au contrôle
de la pathologie dépressive. ■
PROPOS
RECUEILLIS PAR P. SA.
Note. Cet article paru
dans Le Monde, est reproduit ici, sur un site conduit en mode de « Télé
bénévolat social en indépendant depuis le lieu de résidence ». Le thème en
est l’anti solitude en toutes conditions, à l’aide de l’Internet. Adresse web :
https://anti-solitude.pagesperso-orange.fr/ Contacts :
charcosset.henri@orange.fr A
Villeurbanne, le 05 Février2022