XXII Cambronne Chantal  et Charcosset Henri (2020), Confinement-Dé-confinement vus par une octogénaire vivant en Résidence

Juin 2020

 chantal.cambronne@orange.fr

henri.charcosset@neuf.fr

 

INTRODUCTION

Cela fait une douzaine d’années que j’ai contacté Chantal Cambronne pour lui proposer de participer à mon site.

Un coup de foudre que j’avais ressenti pour….la qualité de son style….dont il faut déjà bien dire qu’elle n’en a pas perdu un brin.

Cette  qualité de style, j’aimerais bien la voir se transférer un peu plus chez les Internautes, participant comme moi aux Doctissimo forums.

Chantal nous a fait bénéficier au cours des ans d’une série de 22  articles, qui précèdent dans ce fascicule.

Henri Charcosset, Né en 1936, Directeur de Recherches au CNRS, Sciences physiques, Père de deux enfants, grand-père de quatre petits-enfants.. 

 

 

TEXTE de  Chantal CAMBRONNE

Avec en italique  des Remarques de Henri CHARCOSSET

 

Je pensais, tout à fait sérieusement, tenir une sorte de journal de confinement. Je n’ai pas résisté plus de trois jours. Et je n’en éprouve pas de remords. Je ne me suis laissé couler ni dans le désespoir, ni dans l’angoisse, ni dans l’ennui, mais je ne voyais pas trop ce qui était vraiment à retenir.

 D’ailleurs souvent c’est après coup qu’on réalise certaines choses. Ainsi, dans la Résidence autonomie je me trouve, nous avions le droit d’aller faire les courses, pourvu seulement que nous soyons munis du laissez-passer et de la carte d’identité.

 

Ce n’est qu’à la fin du confinement que j’ai réalisé que je ne voulais pas avoir à me justifier, je ne voulais pas me sentir en liberté surveillée, comme si je me retrouvais en pension, quand je redoutais plus que tout l’oeil terrible de la Surveillante générale. Alors je préférais rester dans le cadre de la Résidence, pas trop désagréable avec le grand jardin, le beau temps...

 

 

Chantal Cambronne appelle ici à une remarque concernant le lieu de vie de la personne avançant vers son grand âge. Elle se trouve plutôt bien dans ce qu’elle nomme sa « Résidence autonomie ». Est-on aussi mal qu’on le dit si souvent, en EHPAD ? Ce n’est pas vrai, en tout cas si j’en réfère à ma compagne d’après veuvage. En EHPAD. elle bénéficie d’une chambre avec belle vue,  d’activités extérieures enrichissantes ….hors période de confinement, bien sûretc…Quant à moi-même, je réside encore seul, à mon domicile privé. L’entrée en véritable dépendance physique il y a trois ans, me vaut de fréquenter en bon nombre,  des auxiliaires de vie, et autres aides à la personne. Que des femmes, formées à l’accompagnement de la fin de la vie,  vue comme une composante naturelle de la vie ! Non, il ne saurait y avoir de conditions standardisées de finir sa vie.

En anticipant  peut-être un peu…le moins possible, j’espère !.... que tous ces très  âgés  encore capables, se voient encouragés pour ne pas dire un peu poussés, à un temps de télé bénévolat, pour transmettre vers  les générations montantes, le fruit de la longue histoire de leur vie ! HC 

Mais, dès ce moment-, j’ai compris que ce n’était pas tant le confinement qui allait tout bouleverser, mais la suite, le après, ce qu’on appelle le -confinement, mais qui n’en est pas vraiment un.

 

 

 En fait, c’est maintenant que les choses commencent, qu’on va entrevoir soit le monde d’après, désespérément semblable à celui d’avant et porteur de catastrophes mondiales, soit des tentatives de sortir de ces impasses le monde s’enfonce.
Comme je suis plutôt d’un tempérament optimiste, je regarde partout, cherchant ce qui se crée, ces îlots de vie différente, de regard différent, sur cette possibilité de créer autre chose, même petit, même minuscule. Car je crois à ces choses minuscules.

 

Je ne partage qu’à demi, les propos généralistes de mon amie. Revenir davantage qu’on ne le fait à la dure mais riche leçon de notre passé. Lequel vivait comme essentiel, le travail plutôt que le loisir. La retraite loisir va vers sa fin. La télé activité d’utilité sociale doit se développer, quand  le temps du travail, qui peut être télé travail, est moins de mise !

 

Je crois que nous, les vieux, nous avons notre rôle à jouer. Parce que, même si certains veulent nous enterrer au plus vite (Nous coûtons cher à la Sécu) nous sommes vivants, nous pensons, nous avons des projets,

 

 

 nous aimons, nous savons encore rire, pleurer, inventer.

 

Il ne tient qu’à nous, les vieux, de tenir notre rôle, sauf empêchement physique ou mental majeur. Et déjà, il tient essentiellement à nous que ceux qui ont été nos enfants petits, restent nos enfants jusqu’au bout de nos vies .Le prolongement du lien parental est de notre responsabilité  première, ne serait-ce que du fait que nous avons moins de charges !

Dans un autre domaine ; cité comme exemple, notre responsabilité est grande dans le peu d’appui, et déjà moral, que nous manifestons sur les forums, auprès des multiples jeunes adultes en chômage  prolongé ou autrement isolés .Le sens principal de nos actions a à se situer dans la mise en confiance de l’individu par rapport à soi-même, quelles que soient les conditions de sa vie. …….

 

Et, au total, eh bien, au-delà des angoisses que je partage avec d’autres, je veux vivre à fond ce qui se passe. Je n’ai que de petits projets portant principalement,  pour le moment, autour d’un livre et de la lecture, au sein de notre association locale….Sans oublier  entre autre,  ma participation au site de Henri Charcosset, forme de bénévolat social praticable depuis chez soi, sans structure ni budget l

 

 

Les autres avancent  aussi, cela va de soi. Les liens, de plus en plus nombreux entre  nous, se renforcent. Comme je suis toute petite moi-même, je fais confiance au tout petit, au grain de sable dans la chaussure. Chantal Cambronne, le 25 mai 2020

 Les idées générales auxquelles nous nous rattachons, comportent bien sur des éléments bibliographiques. Citons :

Joseph Wresinski, Prêtre (1917-1988). « Le croisement des savoirs » .  Il a su voir dans les plus pauvres des collaborateurs indispensables à la recherche contre la pauvreté

Henri Charcosset, Devise entrée sur Internet le 1er janvier 2001 : « Tous handicapés, tous chercheurs, sans exceptions, en vue d'une société plus juste et plus humaine » 

Charles Gardou, « La société inclusive, parlons-en ! : Il n'y a pas de vie minuscule ». Ouvrage paru en 2018, 1ère édition en 2012.

 Pour une définition de la société inclusive, « Il n’y a pas ceux qui sont dans la norme et les autres. Tout le monde est « normal » :

https://revonsunesocieteinclusive.wordpress.com/blog  /