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sur ce site le 24 Janvier 2021
VOS
JOURS D'APRÈS LE CORONAVIRUS. TEMOIGNAGES
LE MONDE - dimanche 27 - lundi 28 décembre
2020
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QUAND tout cela
sera fini ; je traverserai l’océan pour serrer mes parents dans mes bras
et leur dire que je suis là. Quand tout cela aura fini, j’errerai posément
dans les champs floribonds sans me soucier du temps restant. Quand tout cela
sera fini, je suivrai le chemin de la sagesse, la joie et l’allégresse. Je
mènerai une vie de vagabond pour fuir les instants moribonds. Quand tout cela
sera fini, je dirai merci. Merci à la vie, aux grands et aux petits, braves
et hardis. Quand tout cela sera fini, nous serons unis telle une armée
intrépide. Ghita K. |
TÉMOIGNAGES |
Après
tout ça,
on s’embrassera et,
surtout, on dansera
Un jour, le Covid-19 sera derrière
nous.
De
quoi cet « après » sera-t-il fait ? De retrouvailles, sans
masques ni entraves, rêvent les lecteurs du « Monde ».
D’amour,
de liberté.
Et
de fête
Privée de contacts sociaux, je suis
pourtant en manque de nature sauvage extrême : la glace, la mer, les
montagnes, les falaises surplombant la mer, les lagons, les forêts humides
profondes, les déserts, bref tout le contraire de la société.
Anonyme, 54 ans
Partir au bout du monde, ça paraît
classique, mais c’est ce dont je rêve, en pyjama chez moi entre mon dernier
Zoom pour les cours et le prochain appel FaceTime avec mes proches. Quitter les
quatre murs de mon appartement, loin de ma famille, avec mon sac à dos dans un
pays inconnu. Découvrir de nouvelles saveurs – autres que celles délivrées par
Deliveroo –, voir de nouveaux paysages. Pourquoi pas l’Australie ? Plus
loin que ça, c’est difficile à faire et puis là au moins je verrai d’autres
poissons que Maurice, mon poisson rouge, dans son aquarium.
Émilie,
21 ans, étudiante
Écumer les bals
folk, prendre la main des gens que je ne connais pas, pour danser à leurs
côtés. J’emporterai dans une valse étourdissante un ami ou un étranger. Je
m’emplirai du pouvoir de la foule qui bouge sur un seul et même rythme.
J’écouterai le bruit d’un plancher effleuré ou tapoté, caressé ou frappé. Je
sentirai monter en moi la vague du son qui emporte le mouvement, et je rirai,
avec tous les autres retrouvés, du plaisir d’être là, à danser et respirer. Claire |
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Je
rêve de vivre Claire, 33 ans,
restauratrice |
Je respirerai. Je retirerai ce masque et
je respirerai. Je respirerai à pleins poumons. Je pourrai de nouveau sourire,
exprimer cette joie diffuse de liberté revenue et la partager en marchant
pendant des heures.
Claire G.
Juste retourner à la piscine, ma vieille
piscine municipale des années 1960 avec ses cabines en plastique moulé qui
s’écaille, ses bracelets de vestiaire impossibles à nouer avec une seule main,
ses douches au filet d’eau chaude ou pas. Je veux enfin franchir ces quelques
marches et entamer les premières brasses libératrices.
Dominique B.
Un repas de famille dans le jardin avec
une grande nappe blanche et des rires d’enfants ou des pleurs de bébé, qui
résonnent de nouveau dans ma tête. En un mot, je rêve de cette vie que j’avais…
et de la chance que j’avais d’avoir tant d’amour et d’amitié. Et de
liberté !
Aline, 72 ans, retraitée
Montrer à ma petite qu’on a tous un
sourire sous le masque (elle est née pendant le premier confinement). Et
épouser son père. Qu’il sera beau, ce jour nouveau !
Mathilde, 27 ans, musicothérapeute
L’après,
c’est pouvoir sortir.
Remettre
du rouge à lèvres.
Teresa,
53 ans
J’ai envie d’aller
à un
concert. Voilà. Je n’ai vu
personne chanter depuis
février, et je crois que c’est
ce qui me manque le plus
Émilie
J’apprendrai à vivre. Même si le deuxième
confinement a été moins difficile à vivre que le premier, il a été révélateur
de mes troubles profonds. C’est bien, lorsque nos défauts nous sautent aux
yeux, le plus dur est fait. Donc, apprendre à vivre avec et à réparer, voilà
mon souhait.
Anonyme
Je rêve à ce futur plus ou moins lointain
qui me permettra, avant que l’âge ou ma condition physique ne m’empêche, de
partir au gré de mes envies, pour voyager, et aussi retrouver nos enfants et
petits-enfants, les amis… Bref, reprendre une vie normale sans ce voile noir
qui s’est abattu devant nos yeux pour nous masquer le futur.
Dominique, 66 ans, horticultrice à la
retraite
Si je ne suis pas
moi-même finie, quand tout ça sera fini, j’inviterai mes enfants et mes petits-enfants,
je trouverai les uns vieillis et les autres grandis, on mangera ensemble et on
fêtera tous les anniversaires passés chacun dans son coin et on soufflera,
insouciants, toutes ces bougies sans redouter les aérosols. Je filerai aussi
bavarder avec mon amie Mireille qui habite à un quart d’heure à pied de chez
moi, et j’irai prendre le café promis avec tous les amis que je me suis fait
sur Facebook pendant cette période sans repères.
Marie, 74 ans
Je ferai tout ce ce que j’ai eu peur de
faire.
Anonyme, 17 ans
Je savourerai ma vie et plus encore. Il
aura fallu cette crise sanitaire, épisode frustrant et castrateur de libertés,
pour réaliser à quel point ma vie « ordinaire » contribue à
mon bonheur et à mon épanouissement.
Carole, 51 ans, cadre dans la fonction
publique
Retrouver tout ce qui fait la
légèreté de la vie
Caroline
Je me coucherai le soir
suffisamment fatiguée pour ne pas subir l’insomnie.
Michèle,
72 ans, écrivaine et traductrice
Réserver des billets de train pour dans
trois mois sans cocher la case « assurance annulation ». re-devenir
insouciante.
Caroline, 55 ans, cadre de santé dans un
hôpital
Je veux retrouver nos sensations laissées
ici et là. Et en attendant, être courageuse.
Assia, 20 ans
Je montrerai une exposition de
365 sourires. Je participerai à un marathon
de bises dans les jardins publics.
Et je skierai jusqu’au bout du
jour. Quand ce sera fini, je voudrais rajeunir
JEAN-LOUIS, 66 ANS
Je
partirai en vacances. A tort et à travers.
Enzo
J’aimerais me téléporter au milieu d’une
piste de danse, au cœur d’une grande fête. Et rire, jusqu’à en perdre la
tête !
Juliette
Quand tout cela
sera fini, je sourirai à tout le monde dans la rue et je chanterai la liberté
retrouvée. Et aussi, je brûlerai mes masques.
Aurélie, 44 ans, coach et formatrice
Serrer
ma grand-mère dans mes bras.
Ça
fait si longtemps.
Pierre-Louis,
20 ans
J’irai vous embrasser comme le font les
mamans, avec la tendresse et la gourmandise de sentir la chaleur de l’autre
contre soi. J’irai vous embrasser comme le font les adolescentes pour se dire
bonjour le matin, avec la joie sautillante de ceux qui ont toute la vie devant
eux. J’irai vous embrasser comme le font les frères et sœurs entre eux, dans un
geste déjà cent fois répété que les joues se calent d’elles-mêmes exactement au
même endroit à chaque fois. Afin que les lèvres claquent dans l’air dans une
esquisse d’embrassade preste et qui ne s’attarde pas. J’irai vous embrasser
comme deux vieux amis qui se retrouvent après des années de séparation, qui
n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre immédiatement, tellement leur
enfance les a façonnés dans le même bois, et qui s’attardent dans une longue
étreinte amicale qui se passe de mots. J’irai vous embrasser comme amante
brûlante de désir et ivre du réconfort de vous retrouver enfin, et je vous
embrasserai encore et encore et encore des mille manières que les hommes ont de
s’embrasser entre eux, juste pour le plaisir…
Olivia
Parler autrement qu’à mon écran
d’ordinateur et à mon téléphone. Et aussi, marcher sans compter mes pas ou les
kilomètres.
Cécile, enseignante, 54 ans
J’ai hâte de m’asseoir à nouveau sur les
marches à Cais do Sodré à Lisbonne, d’y boire une caïpirihna, de regarder les
vagues du Tage qui se jette dans la mer.
Marie G., 62 ans, gouvernante
J’attends un coup de fil impromptu pour
aller boire un verre. J’attends que la vie reprenne avec ses imprévus joyeux et
modestes. J’attends les amis, la vie sociale, les inconnus souriant au soleil
dans la rue. J’attends que la vie reprenne et que les libertés reviennent.
J’attends l’insouciance, le sel de la vie !
Sylvie, enseignante
Je veux écouter mes amis me raconter de vive
voix et de vive vue ce qu’ils ont vécu, leurs projets d’avenir, me raconter des
conneries aussi, beaucoup, de rire autour des repas qui n’en finiront pas. Je
suis consultante en ressources humaines à Paris. Mais, quand ce sera fini, je
serai libraire dans le Berry.
Stéphanie, 39 ans
Je ne pense qu’au jour où le Parc des
Princes pourra être à nouveau rempli avec 47 000 spectateurs. Vivre un match
avec des dizaines de milliers de personnes supportant la même équipe est un
facteur essentiel à mon bonheur.
Fabien, 26 ans, cadre
Une énorme fête, lâcher prise, se frotter
à la sueur de corps étrangers, l’euphorie de partager un moment hors du temps,
l’ivresse et la légèreté, voilà ce qui me manque le plus. Dès que ce sera fini,
j’organise une fête dantesque. Et même les petits matins chiffonnés de gueule
de bois me sembleront doux.
Camille
Faire
connaissance
avec
mes petits-
enfants
Anne
S. (« Qui attend de sauter
dans un avion ! »)
Je penserai aux disparus. A ceux qui
n’auront pas la fin, à ceux qui n’ont pas vu le début. J’irai verser les
cendres de mon père au cimetière, et peut-être quelques-unes dans un lieu qu’il aimait. Avant de reprendre
ma route. Pour la forêt ou Singapour. J’aurai le choix.
Sophie, 30 ans
Je n’oublierai pas que tout peut
s’arrêter, que l’histoire est toujours en marche et que l’insouciance est un
état de grâce.
Jérôme, 35 ans, journaliste à la radio
C’est peut-être le souhait le plus simple
et, pourtant, qui me semble si beau, anticiper de petits événements quotidiens
avec les gens que j’aime, et savourer une tasse de café sur une terrasse, sans
me soucier des contraintes, et ayant dans la main le simple bonheur d’être
libre.
Gabrielle, 31 ans
Quand tout sera fini, je cesserai de
m’angoisser pour mon avenir dans la culture, en régie des œuvres, et ma
prochaine insertion professionnelle. J’exercerai le job de mes rêves.
Mathilde, 22 ans
Un après où la fête et les sorties seront
reines et où le partage et l’amour seront roi. Après le Covid-19, moi, je serai
sûrement bourré.
Emza, 26 ans, étudiante
Je
dépasserai les bornes. Parce que c’est ce qu’on fait à mon âge.
Joséphine,
23 ans
Je pourrai pleinement apprécier la
personne que j’ai découverte pendant ce confinement et qui m’a, jour après
jour, redonné espoir : moi-même.
Paul, 39 ans
Je rêve de pouvoir dire à mes filles
qu’elles ont connu la fin d’un ancien monde qui ne réfléchissait plus à rien,
qui partait dans un mur… Et qu’elles connaissent maintenant un autre monde, qui
se rappelle que nous sommes aussi des animaux, que nous faisons partie de
plusieurs cercles, que nous ne sommes pas tout au-dessus et que la vie est un
équilibre.
Anne
Je veux profiter de ma
jeunesse jusqu’au bout
de la nuit. Je veux
juste
revivre normalement
et le plus tôt
possible
Léonie, 17 ans