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VOS JOURS D'APRÈS LE CORONAVIRUS. TEMOIGNAGES

 

LE MONDE - dimanche 27 - lundi 28 décembre 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

QUAND tout cela sera fini ; je traverserai l’océan pour serrer mes parents dans mes bras et leur dire que je suis là. Quand tout cela aura fini, j’errerai posément dans les champs floribonds sans me soucier du temps restant. Quand tout cela sera fini, je suivrai le chemin de la sagesse, la joie et l’allégresse. Je mènerai une vie de vagabond pour fuir les instants moribonds. Quand tout cela sera fini, je dirai merci. Merci à la vie, aux grands et aux petits, braves et hardis. Quand tout cela sera fini, nous serons unis telle une armée intrépide.

Ghita K.

TÉMOIGNAGES

 

Après tout ça,
on s’embrassera et,
surtout, on dansera

Un jour, le Covid-19 sera derrière nous.

De quoi cet « après » sera-t-il fait ? De retrouvailles, sans masques ni entraves, rêvent les lecteurs du « Monde ».

D’amour, de liberté.

Et de fête

Privée de contacts sociaux, je suis pourtant en manque de nature sauvage extrême : la glace, la mer, les montagnes, les falaises surplombant la mer, les lagons, les forêts humides profondes, les déserts, bref tout le contraire de la société.

Anonyme, 54 ans

Partir au bout du monde, ça paraît classique, mais c’est ce dont je rêve, en pyjama chez moi entre mon dernier Zoom pour les cours et le prochain appel FaceTime avec mes proches. Quitter les quatre murs de mon appartement, loin de ma famille, avec mon sac à dos dans un pays inconnu. Découvrir de nouvelles saveurs – autres que celles délivrées par Deliveroo –, voir de nouveaux paysages. Pourquoi pas l’Australie ? Plus loin que ça, c’est difficile à faire et puis là au moins je verrai d’autres poissons que Maurice, mon poisson rouge, dans son aquarium.

Émilie, 21 ans, étudiante

 

 

Écumer les bals folk, prendre la main des gens que je ne connais pas, pour danser à leurs côtés. J’emporterai dans une valse étourdissante un ami ou un étranger. Je m’emplirai du pouvoir de la foule qui bouge sur un seul et même rythme. J’écouterai le bruit d’un plancher effleuré ou tapoté, caressé ou frappé. Je sentirai monter en moi la vague du son qui emporte le mouvement, et je rirai, avec tous les autres retrouvés, du plaisir d’être là, à danser et respirer.

Claire

 

Je rêve de vivre
pendant quelque
temps comme
si rien de tout
ça n’était
jamais arrivé

Claire, 33 ans, restauratrice

 

Je respirerai. Je retirerai ce masque et je respirerai. Je respirerai à pleins poumons. Je pourrai de nouveau sourire, exprimer cette joie diffuse de liberté revenue et la partager en marchant pendant des heures.

Claire G.

 

Juste retourner à la piscine, ma vieille piscine municipale des années 1960 avec ses cabines en plastique moulé qui s’écaille, ses bracelets de vestiaire impossibles à nouer avec une seule main, ses douches au filet d’eau chaude ou pas. Je veux enfin franchir ces quelques marches et entamer les premières brasses libératrices.

Dominique B.

 

 

Un repas de famille dans le jardin avec une grande nappe blanche et des rires d’enfants ou des pleurs de bébé, qui résonnent de nouveau dans ma tête. En un mot, je rêve de cette vie que j’avais… et de la chance que j’avais d’avoir tant d’amour et d’amitié. Et de liberté !

Aline, 72 ans, retraitée

 

Montrer à ma petite qu’on a tous un sourire sous le masque (elle est née pendant le premier confinement). Et épouser son père. Qu’il sera beau, ce jour nouveau !

Mathilde, 27 ans, musicothérapeute

 

L’après, c’est pouvoir sortir.

Remettre du rouge à lèvres.

Teresa, 53 ans

 

 

J’ai envie d’aller à un
concert. Voilà. Je n’ai vu
personne chanter depuis
février, et je crois que c’est
ce qui me manque le plus

Émilie

 

J’apprendrai à vivre. Même si le deuxième confinement a été moins difficile à vivre que le premier, il a été révélateur de mes troubles profonds. C’est bien, lorsque nos défauts nous sautent aux yeux, le plus dur est fait. Donc, apprendre à vivre avec et à réparer, voilà mon souhait.

Anonyme

 

Je rêve à ce futur plus ou moins lointain qui me permettra, avant que l’âge ou ma condition physique ne m’empêche, de partir au gré de mes envies, pour voyager, et aussi retrouver nos enfants et petits-enfants, les amis… Bref, reprendre une vie normale sans ce voile noir qui s’est abattu devant nos yeux pour nous masquer le futur.

Dominique, 66 ans, horticultrice à la retraite

Si je ne suis pas moi-même finie, quand tout ça sera fini, j’inviterai mes enfants et mes petits-enfants, je trouverai les uns vieillis et les autres grandis, on mangera ensemble et on fêtera tous les anniversaires passés chacun dans son coin et on soufflera, insouciants, toutes ces bougies sans redouter les aérosols. Je filerai aussi bavarder avec mon amie Mireille qui habite à un quart d’heure à pied de chez moi, et j’irai prendre le café promis avec tous les amis que je me suis fait sur Facebook pendant cette période sans repères.

                                  Marie, 74 ans

 

Je ferai tout ce ce que j’ai eu peur de faire.

Anonyme, 17 ans

Je savourerai ma vie et plus encore. Il aura fallu cette crise sanitaire, épisode frustrant et castrateur de libertés, pour réaliser à quel point ma vie « ordinaire » contribue à mon bonheur et à mon épanouissement.

Carole, 51 ans, cadre dans la fonction publique

 

Retrouver tout ce qui fait la légèreté  de la vie

Caroline

Je me coucherai le soir suffisamment fatiguée pour ne pas subir l’insomnie.

Michèle, 72 ans, écrivaine et traductrice

 

Réserver des billets de train pour dans trois mois sans cocher la case « assurance annulation ». re-devenir insouciante.

Caroline, 55 ans, cadre de santé dans un hôpital

 

 

 

Je veux retrouver nos sensations laissées ici et là. Et en attendant, être courageuse.

Assia, 20 ans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Je montrerai une exposition de
365 sourires. Je participerai à un marathon
de bises dans les jardins publics.

Et je skierai jusqu’au bout du jour. Quand ce sera fini, je voudrais rajeunir

JEAN-LOUIS, 66 ANS

 

Je partirai en vacances. A tort et à travers.

Enzo

 

J’aimerais me téléporter au milieu d’une piste de danse, au cœur d’une grande fête. Et rire, jusqu’à en perdre la tête !

Juliette

 

Quand tout cela sera fini, je sourirai à tout le monde dans la rue et je chanterai la liberté retrouvée. Et aussi, je brûlerai mes masques.

Aurélie, 44 ans, coach et formatrice

 

Serrer ma grand-mère dans mes bras.

Ça fait si longtemps.

Pierre-Louis, 20 ans

 

  J’irai vous embrasser comme le font les mamans, avec la tendresse et la gourmandise de sentir la chaleur de l’autre contre soi. J’irai vous embrasser comme le font les adolescentes pour se dire bonjour le matin, avec la joie sautillante de ceux qui ont toute la vie devant eux. J’irai vous embrasser comme le font les frères et sœurs entre eux, dans un geste déjà cent fois répété que les joues se calent d’elles-mêmes exactement au même endroit à chaque fois. Afin que les lèvres claquent dans l’air dans une esquisse d’embrassade preste et qui ne s’attarde pas. J’irai vous embrasser comme deux vieux amis qui se retrouvent après des années de séparation, qui n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre immédiatement, tellement leur enfance les a façonnés dans le même bois, et qui s’attardent dans une longue étreinte amicale qui se passe de mots. J’irai vous embrasser comme amante brûlante de désir et ivre du réconfort de vous retrouver enfin, et je vous embrasserai encore et encore et encore des mille manières que les hommes ont de s’embrasser entre eux, juste pour le plaisir…

Olivia

 

Parler autrement qu’à mon écran d’ordinateur et à mon téléphone. Et aussi, marcher sans compter mes pas ou les kilomètres.

Cécile, enseignante, 54 ans

J’ai hâte de m’asseoir à nouveau sur les marches à Cais do Sodré à Lisbonne, d’y boire une caïpirihna, de regarder les vagues du Tage qui se jette dans la mer.

Marie G., 62 ans, gouvernante

J’attends un coup de fil impromptu pour aller boire un verre. J’attends que la vie reprenne avec ses imprévus joyeux et modestes. J’attends les amis, la vie sociale, les inconnus souriant au soleil dans la rue. J’attends que la vie reprenne et que les libertés reviennent. J’attends l’insouciance, le sel de la vie !

Sylvie, enseignante

Je veux écouter mes amis me raconter de vive voix et de vive vue ce qu’ils ont vécu, leurs projets d’avenir, me raconter des conneries aussi, beaucoup, de rire autour des repas qui n’en finiront pas. Je suis consultante en ressources humaines à Paris. Mais, quand ce sera fini, je serai libraire dans le Berry.

Stéphanie, 39 ans

Je ne pense qu’au jour où le Parc des Princes pourra être à nouveau rempli avec 47 000 spectateurs. Vivre un match avec des dizaines de milliers de personnes supportant la même équipe est un facteur essentiel à mon bonheur.

Fabien, 26 ans, cadre

Une énorme fête, lâcher prise, se frotter à la sueur de corps étrangers, l’euphorie de partager un moment hors du temps, l’ivresse et la légèreté, voilà ce qui me manque le plus. Dès que ce sera fini, j’organise une fête dantesque. Et même les petits matins chiffonnés de gueule de bois me sembleront doux.

Camille

 

Faire
connaissance
avec
mes petits-
enfants

Anne S. (« Qui attend de sauter
dans un avion ! »)

Je penserai aux disparus. A ceux qui n’auront pas la fin, à ceux qui n’ont pas vu le début. J’irai verser les cendres de mon père au cimetière, et peut-être quelques-unes  dans un lieu qu’il aimait. Avant de reprendre ma route. Pour la forêt ou Singapour. J’aurai le choix.

Sophie, 30 ans

 

Je n’oublierai pas que tout peut s’arrêter, que l’histoire est toujours en marche et que l’insouciance est un état de grâce.

Jérôme, 35 ans, journaliste à la radio

 

C’est peut-être le souhait le plus simple et, pourtant, qui me semble si beau, anticiper de petits événements quotidiens avec les gens que j’aime, et savourer une tasse de café sur une terrasse, sans me soucier des contraintes, et ayant dans la main le simple bonheur d’être libre.

Gabrielle, 31 ans

 

Quand tout sera fini, je cesserai de m’angoisser pour mon avenir dans la culture, en régie des œuvres, et ma prochaine insertion professionnelle. J’exercerai le job de mes rêves.

Mathilde, 22 ans

 

Un après où la fête et les sorties seront reines et où le partage et l’amour seront roi. Après le Covid-19, moi, je serai sûrement bourré.

Emza, 26 ans, étudiante

 

Je dépasserai les bornes. Parce que c’est ce qu’on fait à mon âge.

Joséphine, 23 ans

 

Je pourrai pleinement apprécier la personne que j’ai découverte pendant ce confinement et qui m’a, jour après jour, redonné espoir : moi-même.

Paul, 39 ans

 

Je rêve de pouvoir dire à mes filles qu’elles ont connu la fin d’un ancien monde qui ne réfléchissait plus à rien, qui partait dans un mur… Et qu’elles connaissent maintenant un autre monde, qui se rappelle que nous sommes aussi des animaux, que nous faisons partie de plusieurs cercles, que nous ne sommes pas tout au-dessus et que la vie est un équilibre.

Anne

                   

                    Je veux profiter de ma
                    jeunesse jusqu’au bout
                    de la nuit. Je veux juste
                    revivre normalement
                    et le plus tôt possible

          Léonie, 17 ans