Aout 2024
CHRONIQUES D’UNE
QUINZAINE AUGUSTE. 2.L’OISEAU
Par Guy CODA Peintre et illustrateur
français CLIC,
codaguy3@gmail.com
Guy Coda avait déjà
publié ici trois articles :
Coda Guy (2022), Citoyen du monde, planté dans un arbre, prêt à l’accueil de
tout un chacun
Coda Guy (2022) Mon rapport à l’art avec des images étayant mon propos,
Coda
Guy (2024), Le poids des mots
La présente contribution, à voir comme
celle d’un artiste s’exprimant à ce titre,
est en parties successives
dont chacune porte son adresse
web,
et
qui sont regroupées à l’adresse CLIC
1 : Les arbres ,
2/ L’oiseau
°°°°°°°°°
2-L’OISEAU
Le même chemin, ce
matin. Après le petit pont, le talus s’élargit et devient une clairière
qui s’avance jusqu’à
la rivière.
Je m’assois au bord de l’eau, dissimulé en
partie par une petite touffe de noisetiers :
des hérons viennent
régulièrement se poser ici et j’aimerais que l’un d’eux me fasse
l’honneur d’une
apparition.
J’ai toujours été
fasciné par cet oiseau. Non pas celui, stupide et suffisant, de la fable,
mais le guetteur aux
longs pieds, au long bec, au long cou,
le pêcheur à
l’incomparable élégance, immobile et patient.
Une demi-heure passe,
animée seulement par le bruit de l’eau qui court.
Toujours pas de héron. Tant
pis. Je reprends ma marche, silencieuse autant que possible,
au cas où…
Et voilà ma prudence
récompensée : il était là, juste un peu plus bas, œuvre d’art
à la fragilité
trompeuse ancrée au beau milieu du courant.
J’avance lentement. Il
faut beaucoup de précautions pour l’approcher sans l’effaroucher,
tant il semble avoir
d’yeux derrière la tête.
Je l’observe avidement.
Pas un frémissement ne parcourt le bel habit cendré de l’oiseau.
Une sculpture de Rembrandt Bugatti. Immobilité
totale. Puis brusquement le ressort se détend.
Une fraction de seconde. La victime a un
dernier reflet métallique avant de disparaitre
dans le gosier avide.
Et le chasseur reprend son affût.
Mais voilà qu’un affreux
clébard laissé à divaguer vient rompre le charme.
Abandonnant la place, l’oiseau prudent
s’élance, plus léger que la plume qui l’habille.
Il rase la surface de l’eau en planant
silencieusement sur quelques dizaines de mètres,
puis s’élève et
disparait dans un battement d’ailes d’une élégance absolue.
Adieu, majestueux
Héron ! Ou plutôt, je l’espère, à bientôt…
Il me faut un moment
avant de revenir à la réalité.
Le chien stupide a laissé au bord du chemin
des déjections que ses maîtres trop pressés
font semblant de ne
pas voir.
Chartres le 16 août 2024