Aout 2024

 

CHRONIQUES D’UNE QUINZAINE AUGUSTE. 1. LES ARBRES

 

Par Guy CODA  Peintre et illustrateur français CLIC, codaguy3@gmail.com

 

Guy Coda avait déjà publié ici  trois articles  :

 Coda Guy (2022), Citoyen du monde, planté dans un arbre, prêt à l’accueil de tout un chacun 

 Coda Guy (2022) Mon rapport à l’art avec des images étayant mon propos,

 Coda Guy (2024), Le poids des mots 

 

La présente contribution, à voir  comme celle d’un artiste s’exprimant à ce titre,

 est en parties successives ,  dont  chacune porte son adresse web,

et qui sont regroupées à l’adresse: CLIC

 

1-LES ARBRES

 

Ce matin, une longue promenade sur ce chemin au bord de l’Eure,

colonisé par une nature euphorique à l’exubérante vitalité.

 

Sur ma route, un banc de bois, sous un imposant platane. Je m’y laisse tomber,

 les yeux rivés sur un bosquet de frênes qu’ une brise timide agite doucement,

caresse soyeuse qui les fait trembler de plaisir.

 

Moment suspendu…

Mes amis les arbres.

J’aimerais être des vôtres, de la race de ceux qui ont les pieds ancrés dans la terre et la tête près des nuages

 pour aller voir ce qui se passe plus loin, plus haut, sans pour autant perdre leurs racines.

 

Frères arbres adoptez moi car je vous aime. Toi, l’imprévisible mélèze, toi le frêne nerveux,

toi le bouleau frémissant, et toi, le vertigineux sequoia, et toi encore, le chêne à la force tranquille.

Et toi, et toi, et toi, et tous,  vous êtes ma famille fidèle, mon recours dans l’adversité,

mes complices quand la vie est bonne.

 

Oui je vous aime et ne tolère pas qu’ on vous maltraite. Voir abattre l’un de vous m’est insupportable.

Vous ne pouvez, vous ne devez mourir que de votre belle mort, chez vous, dans votre fief,

 votre royaume, pour renaitre de votre propre semence, plus grands, plus beaux, plus forts.

 Si la stupide humanité ne vous en empêche pas.

 

Aussi, pour conjurer le péril immanent, je vais prier pour vous, car j’ai mon propre panthéon.

 J’invoquerai le dieu forêt, le dieu bocage, le dieu prairie, le dieu montagne et son frère océan.

 Et leurs proches cousins, le vent, le soleil et la pluie.

 

Sous les tilleuls de la promenade sera mon église, une église sans autel où l’on ne brûle pas d’encens,

 une église dont le bénitier est la rivière qui la borde, un lieu sacré dont l’officiant est

le vent léger des soirs de juin. Et là, frères arbres, je prierai sérieusement,

 un verre de vin italien à la main.

 

Chartres le 15 août 2024