Aout 2024
CHRONIQUES D’UNE QUINZAINE AUGUSTE. 5.LES
CODES
Par Guy CODA
Peintre et illustrateur français CLIC,
codaguy3@gmail.com
Guy Coda avait déjà publié ici trois articles :
Coda Guy (2022), Citoyen du monde, planté dans un arbre, prêt à l’accueil de
tout un chacun
Coda Guy (2022) Mon rapport à l’art avec des images étayant mon propos,
Coda
Guy (2024), Le poids des mots
La présente contribution, à voir comme
celle d’un artiste s’exprimant à ce titre,
est en parties successives, dont chacune porte son adresse
web , et qui sont
regroupées à l’adresse CLIC
1 : Les arbres) ,
2/ L’oiseau, 3/ L’humanité, 4/Les gens,
5 /les codes
5-LES CODES
Quand on marche, on croise fatalement d’autres
marcheurs, et bien
sûr,
on se salue. Cela fait partie de nos us et coutumes, notre éducation,
nos
rituels sociaux.
Mais est-ce que tous ces « bonjour » se valent ?
Relèvent-ils tous des
mêmes
intentions ? La question mérite d’être posée.
Mais d’abord, éliminons ceux qui ignorent votre salut
:
Le timide qui
baisse la tête et allonge le pas,
Oou
ceux, comme cette dame très élégante que j’ai croisée ce matin,
qui lève les yeux vers le ciel en feignant de contempler
tout là-haut
quelque chose de beaucoup plus intéressant que mon
insignifiante personne.
Ceux-là n’ont pas compris que ce faisant, ils ratent
quelque chose d’essentiel.
Mais revenons aux autres :
Il y a ce
bonjour de la « bonne conscience »impersonnel, froid
et distant,
un
peu automatique,
Puis le même, mais plus hypocrite, qu’on vous adresse
avec un sourire
un peu crispé qui disparait aussi vite qu’il est apparu.
Et puis, bien
sûr, et cela est plus fréquent qu’on ne pourrait le penser,
on reçoit ce sourire bienveillant, et ce bonjour spontané et
chaleureux
qui répond au vôtre, quand il ne l’a pas devancé.
Tous différents, certes, mais tous essentiels. Ce « bonjour » , comme
« s’il vous plaît, merci,
pardon, après vous, à votre santé », etc. fait
partie
de ce qu’il est convenu d’appeler les codes sociaux, qui sont,
comme
chacun sait,
Des repères dans notre environnement culturel qui
permettent de réguler
nos comportements dans des limites socialement acceptables.
Un auteur dont j’ai oublié le nom a dit dans un de ses
livres : les codes
sociaux
sont le dernier rempart contre la barbarie. Je pense qu’il avait
raison.
Essentiel, donc. Mais jusqu’à quand ?
Car parmi ces promeneurs, il y a tous ceux qui passent
– et ils sont
nombreux
- enfermés dans leur bulle, l’oreille ou les yeux scotchés à leur
téléphone
portable.
Et là, la donne
change. On ne communique plus avec des individus de chair
mais par la médiation d’une machine qui réquisitionne
l’usage
presque exclusif d‘au moins trois de nos sens.
D’ailleurs, dans un proche futur, demain, tout à
l’heure peut-être, nous
n’aurons
même plus besoin de nos mains, nos yeux ou nos oreilles.
Nous serons « pucés », comme
notre chien ou notre chat.
Certes nous le sommes déjà grâce à notre carte
bancaire, notre carte
vitale,
nos téléphones, tablettes, ordinateurs. Mais en cas de crise de
conscience
(ou de paranoïa aigue) on peut toujours les mettre à la
poubelle.
Mais quand une
puce électronique sera inscrite dans notre
chair,
la poubelle ne sera plus vraiment une solution… Quant à notre
vieux,
« bonjour comment vas-tu ? »il est déjà devenu : » t’es ou, là ? »
ou
encore : « j’t’entends mal, j’ai qu’une barre… »
Il semblerait donc qu’une évolution technologique
majeure puisse
déplacer
les codes sociaux. Et quand les codes changent, les relations
sociales
suivent.
Alors comment pourrons-nous gérer cette profonde
mutation de notre
société,
au sein de ce monde merveilleux de la silicone Valley ?
Chartres le 19 août 2024