Sections du site en Octobre 2009 :  Ajouts successifs d’articles -- Sujets d’articles à traiter – Pour publier --  Post-Polio -- L'aide à domicile -- Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal de compagnie --  Histoires de vie  --  Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –  Le  webmestre.

 

RETOUR A LAPAGE D’ACCUEIL : CLIC            AUTEURS, TITRES DE TOUS  LES  ARTICLES : CLIC         SYNTHESE GENERALE: CLIC

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°

Mars  2013

 

DANS LE DEUIL TROUVER  UN PEU DE DOUCEUR

 

                             NOTRE TEMPS-Novembre 2012

 

                                  http://www.notretemps.com /

 

On trouvera en fin de texte, un bon nombre de références pouvant être très utiles, pour soi-même, mais aussi pour des proches et autres relations

 

Lire , écrire , voyager, jardiner, marcher, prier…Dans les premiers temps du veuvage , on est surpris de découvrir ce qui peut mettre du baume au cœur.

 

Chaque année , plus de 230000 couples sont frappés par le veuvage . Trois fois sur quatre , c’est une femme qui perd l’homme de sa vie. Chaque couple a son histoire propre, et tout deuil nous révèle à nous-mêmes , de manière inattendue . Nous avons écouté trois femmes . Au-delà du choc , quels furent leurs recours intimes?

Elles ont bien voulu nous le confier.

 

                                      Geneviève JURGENSEN

 

 

Tout a changé chez Colette(1). Jusqu’au chien Baba , qui a laissé la place à Pote et Patou , deux chats! Le pavillon de la campagne dijonnaise s’est mue en appartement blésois et , ce n’est pas un détail , les cheveux blond-châtain sont redevenus blancs. Une façon nouvelle d’envisager ma vie , mon identité , sourit-elle. Et comme, dans un nouvel appartement que Roger n’a pas connu, il n’est pas facile d’évoquer ce que fut sa présence , nous nous tournons naturellement vers les albums de photos . Ils sont à la portée de main, les plus anciens se reconnaissent à leurs petites photos noir et blanc à bords dentelés , soigneusement légendées , maintenues par des coins transparents adhésifs .  «  C’est lui qui les tenait.

C’était un homme méticuleux. » Les quelques clichés qui manquent ? « Nous les avons prêtés pour des diaporamas au mariage de nos petits-enfants , et ils ne sont tous revenus… » Plus tard , les albums prennent de la couleur . Et puis il y a ces deux- , réalisés sur ordinateur , qualité pro

«  Celui de nos noces d’or , cadeau de nos petits-enfants » , et un autre, récent bien qu’il contienne des photos de toutes les époques . «  C’est ma fille qui est venue s’asseoir prés de moi , l’hiver dernier , avant que je quitte Dijon . Elle est en préretraite et elle m’a dit’’ maman, je te connais , tu vas tout bazarder. Je viens passer trois jours avec toi et on trie, on scanne , on fait le beau livre de votre belle vie ‘’. » Colette marque une pause, enlève ses lunettes , recule un peu sa chaise. «  Ma fille », dit elle, ses yeux bleus perdus dans le vague . Puis elle se reprend et me sourit :  « Je l’adore ! » C’est sur cet aveu que se libère la voie de larmes . En un instant elles inondent le visage de Colette , qui va dans la salle de bain chercher sa boîte de kleenex . «  Excusez-moi », fait-elle en s’essuyant le nez, les yeux ,le visage tout entier. L’excuser ? Mais de quoi ? D’avoir de la peine , de se sentir perdue , d’être épuisée à force de rester droite et discrète dans sa douleur ? Les trois femmes qui ont , longuement , généreusement répondu à nos questions ont eu, à un moment ou un autre, ces mots à la bouche :  « Excusez-moi . »

«  Avoir perdu Roger  , analyse Colette, c’est avoir perdu la seule personne à qui dire des choses de tous les jours en étant sûre que ça l’intéressait . Baba était son chien , il pouvait me tenir un repas entier sur sa promenade du matin et ce que Baba avait vu, ses réactions , ses désobéissances … C’est mon fils qui l’a pris . Il a un jardin . Et , si je disais à Roger que je ne trouvais plus mon petit sécateur à crémaillère , ça l’intriguait . Il cherchait avec moi. Aujourd’hui , tout le monde s’enficherait . Je suis mieux à Blois prés de ma fille. Au moins ,elle ne se fait pas de souci. J’ai assez taillé de rosiers comme ça dans ma vie. »

Le mari , dans un couple qui a tenu , est le garant de la continuité même après le départ des enfants , même après la fin de la vie professionnelle . Bien sûr , l’hypothèse du veuvage est inscrite dans le couple dés sa formation mais , quand il advient , il faut trouver  «  une façon d’être soi, à soi tout seul », exprime joliment Colette. Ce n’est pas pour rien qu’elle fut , comme Roger , professeur de philosophie .

 

 Suzanne Bauer est plus abrupte :

« On n’existe plus. Quand l’un est mort, l’autre est mort » assène-telle d’emblée. Il faut dire qu’elle a rencontré toute jeune celui qui serait son homme, un militaire qu’elle a suivi , avec leurs trois enfants , au fil des affectations. « Sa phrase, dit-elle , c’était :  ’’  Laisse , je vais le faire ‘’. Il prenait les choses en mains. » Sa mort fut violente . Une nuit , en vacances dans la famille , un bruit réveille Suzanne . Elle tend la main, tâte le lit , mais prés d’elle il n’y a personne . Son mari vient de tomber dans l’escalier, il ne se relèvera pas . Un traumatisme qui, malgré les années écoulées, reste à vif .

 

 Le contraire de ce qu’évoque  Marie-Rose Cazaux, dont l’époux succomba des suites d’une opération , après plusieurs mois de coma précédés d’une aggravation de sa maladie cardiaque , qui le tourmentait depuis de longues années . « Je pensais qu’il souffrait , insiste Marie-Rose, j’ai été soulagé pour lui. »

 

 

Les décisions radicales, telles que quitter sa ville, comme le fit Colette , trouver du travail, comme dut le faire Suzanne, dont les enfants étaient encore jeunes , s’engager à fond dans l’associatif, comme Marie-Rose, chacun s’y trouve confronté après un veuvage.

 

 Les questions surgissent de partout, parfois vitales, et les délais pour régler une succession ne sont pas extensibles. L’impact financier reste prépondérant dans la façon de trancher mais il y a un facteur plus subtil, évoqué par nos trois témoins: laisser œuvrer ce qui peut mettre du baume sur les plaies, même quand on ne s’y attendait pas, même quand ça paraît futile , presque loufoque .

 Dans les Landes , où ils habitaient -et où elle est restée!-, le mari de Marie-Rose , clerc d’avocat .était saxophoniste . Il jouait dans les fêtes locales avec ses copains de la « bandaste » et, surtout s’investissait beaucoup dans l’initiation des jeunes à la musique. Elle aurait pu mal supporter, «  après » , ces festivités musicales qui avaient été une merveilleuse  bande sonore de leur vie de couple . Eh bien , au contraire: « Tout de suite , je me suis mise à aider le petit orchestre dans lequel il jouait , pour les statuts , pour l’administration . J’avais été fonctionnaire de préfecture. Les démarches, ça me connaissait ! Quand je vais aux concerts, je pense à lui. Quand je vois mes petits-fils avec leur piano , leur guitare , je pense à lui . Il serait content de voir ça  »  Et puis il y a l’incroyable : Marie-Rose, qui n’avait jamais eu qui que ce soit à qui parler ,a créé…un groupe de parole. Orphelin à 12 ans , son père ayant été fusillé par les Allemands , sa mère morte des suites de l’occupation , seule pour accueillir à leur retour de déportation son frère et sa sœur , jamais elle n’a eu autre chose en tête que le malheur des autres , plus grand que le sien . Alors, pour apaiser son stress, outre la douleur de voir ses petits-fils gentils avec leur papa ,  il y a le partage. «  Peu à peu, grâce à l’association où j’ai côtoyé, sans tabou, des gens comme moi, j’ai pu renouer avec ceux que nous fréquentons tous les deux, mon mari et moi »,admet-elle.

 

Pour Suzanne Bauer , l’obligation de se former pour pouvoir prétendre à une embauche fut une  surprenante source de reconnaissance . Elle n’avait fait  aucune étude après l’école primaire et, veuve à 44 ans , devait gagner sa vie . Les stages de remise à niveau de l’ANPE lui ont procuré plus que les compétences qui lui manquaient concrètement : «  J’étais heureuse d’être de nouveau une gamine de 15 ans qui va à l’école » , lâche-t-elle, et c’est bien une trace fraîche d’adolescence qu’on décèle alors dans sa voix . «  J’étais heureuse d’apprendre à faire des fractions, et d’être avec des gens comme moi, qui découvraient tout ça. »

 

Et Colette , qui n’a pour compagnie quotidienne que son petit Pote  et sa ronde Patou , tigrés, gracieux , ronronnant, comment compose-t-elle avec la solitude ? «  Ma fille n’aimerait pas que vous écriviez ‘’solitude’’ », rectifie-t-elle en raillant: «  Car , si une vieille bique veuve est entourée par ses enfants , c’est bien moi. » Sauf que « la vieille bique veuve « », après la mort de Roger , a quand même eu besoin de se sentir vivre. «  Dans chacune de mes cellules! » précise -t-elle. Retrouver l’odeur du temps, l’envie d’un verre de vin, ne dépend-il- pas d’une initiative personnelle !.

 

 Le discret sentiment de renaissance qu’avaient instillé en Suzanne les stages de mise à niveau prirent pour Colette une forme plus sensuelle. Après une entorse certainement due au stress du deuil , Colette a fortuitement découvert le plaisir des massages , d’abord ceux du kiné , sur ordonnance , puis ceux d’une esthéticienne dijonnaise  à domicile , presque en cachette . C’est maintenant dans un joli institut de Blois , où tout est « calme , luxe et volupté », que Colette se laisse masser , envelopper , mettre en beauté tous les vendredis . «  Je ne voyage plus que comme ça, raconte-t-elle. Au son de musique zen, j’oublie le passé qui me permet et l’avenir qui m’inquiète . J’ai renoncé à me teindre les cheveux . Ils sont blancs comme les colombes qu’élevait Roger . Il n’aurait pas aimé, vous connaissez les hommes!  Mais moi, j’aime et , de toute façon , quand on est veuf ,on devient quelqu’un d’autre . »

 

« 1 » Le prénom a été changé.

 

 

Le veuvage . Parlez -en ensemble sur

http://forum.notretemps.com  rubrique Société

Lire aussi, dans notre cahier Droits ,  « Décès d’un proche, le guide de démarches », PP.III à V.

 

A LIRE

 

Faut-il faire son deuil ? Perdre un être cher et vivre,

De Pascal Dreyer , ed.Autrement 2009, 23 euros 40

 

Vivre le deuil au jour le jour, du Dr Christophe Fauré , éd, Albin Michel , 2012 19 euros .

 

Méditer jour après jour 25 leçons pour vivre en pleine conscience .

Livre illustré de tableaux +CD Mp3. Christophe André  Ed .de l’Iconoclaste, 2011,24,90 euros

 

Le guide Saint-Christophe : 300lieux pour se ressourcer . Malesherbes

Publications, 2012, 19,90 euros . En vente dans les librairies religieuses , comme la Procure , au 01.48.88.51.05.ou sur www.laboutiquelavie.f 

 

 

ASSOCIATIONS ET MOUVEMENTS

 

Vivre son deuil.

Soutien aux personnes en deuil par un écoute téléphonique, groupes de parole, des entretiens individuels et un forum de discussion .

Téléphone  01.42.38.08.08.

www.vivresondeuil.asso.fr

 

 

Dialogue et solidarité.

 

Lieux d’écoute et de soutien après le deuil d’un conjoint , d’un concubin ou d’un partenaire de Pacs , fondé par l’Ocirp, organisme de prévoyance . Sur toute la France . Téléphone 0800494627 ( n° vert ,gratuit depuis un fixe), www.dialogueetsolidarite.asso.fr

 

Espérance et vie.

 

Mouvement chrétien pour les premières années de veuvage , ouvert à tous . Groupes de parole , écoute , conférence et rencontres .

Téléphone 01.45.33.78.27.

www.esperanceetvie.com

 

 

Fédération des associations de conjoints survivants ( Favec).

 

 

Accueille et écoute les veuves et les veufs après le décès du conjoint et les aides dans leurs démarches administratives .

Téléphone .01.42.85.18.30. Et 0800 005 025 ( n°Vert, gratuit , depuis un poste fixe ),

www.favec.org

 

 

Un site .

 

Traverser le deuil

 

Un site consacré au deuil , parrainé par Christophe Fauré, spécialiste de l’accompagnement des personnes en deuil . Des informations , des vidéo-conférences et un forum très actif.

www.traverserledeuil.com

 

 

Joyce Carol Oates

 

Un an après la mort de son mari , la romancière américaine retrace minutieusement les jours qui l’ont menée à cet évènement et ceux qui l’en ont éloignée . Pour la première fois de sa vie , elle parle d’elle-même, dans le détail , pour comprendre ce grand mystère : entre souvenirs incessants et rares moments d’oubli , peu à peu , une existence nouvelle prend forme . Un plongeon dans la richesse et la complexité de nos ressources personnelles.

         

          J’ai réussi à rester en vie, édition .Points