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                                                JANVIER 2008

 

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LE LIVRE TIBETIN DE LA VIE ET DE LA MORT

 

Sogyal RINPOCHE

 

              Editions de la Table Ronde, 1993, 574 pages

             (Version en américain parue en 1992)

 

Extraits par Henri Charcosset , I , début à page 121

 

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Face à la mort, le désespoir ou l’euphorie ne sont que des faux-fuyants. La mort n’est ni déprimante, ni séduisante, elle est tout simplement une réalité de la vie…

Nous pouvons commencer ici et maintenant à découvrir un sens à notre vie. Nous pouvons faire de chaque instant l’occasion de changer et de nous préparer - de tout notre être, avec précision et l’esprit paisible – à la mort et à l’éternité.

Dans l’approche bouddhiste, la vie et la mort sont perçues comme un tout : la mort est le début d’un autre chapitre de la vie. La mort est un miroir dans lequel se reflète l’entière signification de la vie.

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Apprenons à ne pas nous surcharger d’activités et de préoccupations superflues mais au contraire, à simplifier notre vie toujours davantage. La clé nous permettant de trouver un juste équilibre dans notre vie moderne est la simplicité.

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Nous n’aurions aucune chance d’apprendre à connaître la mort si elle ne se produisait qu’une seule fois, mais, heureusement, la vie n’est rien d’autre qu’une danse ininterrompue de naissances et de morts, une danse du changement… Ces changements, ces petites morts sont nos liens vivants avec la mort : ils en sont le pouls, le battement de cœur, et nous incitent à lâcher tout ce à quoi nous nous accrochons. C’est donc maintenant, dans cette vie, qu’il nous faut travailler avec le changement : c’est le vrai moyen de nous préparer à la mort.

Tout ce que la vie contient de douleur, de souffrance et de difficulté peut être perçu comme autant d’occasions qui nous sont offertes pour nous conduire, graduellement, à une acceptation émotionnelle de la mort. Seule notre croyance en la permanence des choses nous empêche de tirer la leçon du changement…

L’impermanence étant pour nous synonyme d’angoisse, nous nous cramponnons aux choses avec l’énergie du désespoir, bien que tout soit pourtant voué au changement. L’idée de lâcher prise nous terrifie, mais, en réalité, c’est le fait même de vivre qui nous terrifie car apprendre à vivre, c’est apprendre à lâcher prise….

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Prendre à cœur la réalité de l’impermanence, c’est se libérer peu à peu de l’idée même d’une saisie, d’une croyance erronée et nuisible en la permanence d’un attachement trompeur aux valeurs rassurantes sur lesquelles nous avons tout bâti… Lâcher prise nous semblera plus naturel et deviendra de plus en plus aisé…. Notre regard sur le monde s’en trouvera alors radicalement transformé.

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Ainsi, chaque fois que les pertes et les déceptions de la vie nous donnent une leçon d’impermanence, elles nous rapprochent en même temps de la vérité : quand vous tombez d’une très grande hauteur, vous ne pouvez qu’atterrir sur le sol de la vérité. Et si vous possédez la compréhension née d’une pratique spirituelle, tomber ne constitue en aucun cas un désastre mais, au contraire, la découverte d’un refuge intérieur.

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Si tout est impermanent, alors tout est « vide ». C’est-à-dire sans existence intrinsèque, stable ou durable. Et toutes choses, comprises dans leur véritable relation, sont vues comme dépendantes mais interdépendantes.
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Si vous y regardez de près, rien ne possède d’existence intrinsèque. C’est cette absence d’existence indépendante que nous appelons « vacuité ».

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Par une contemplation continue et un constant entraînement au « lâcher prise », nous en viendrons à découvrir en nous même « cela », que nous ne pouvons ni nommer, ni décrire, ni conceptualiser. Nous commencerons alors à comprendre que « cela » est sous-jacent à tous les changements et à toutes les morts du monde.

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N’est-ce pas là un mystère splendide et apaisant que, par une contemplation continue et intrépide de la vérité du changement et de l’impermanence, nous en venions lentement, dans la gratitude et la foi, à nous retrouver face à la vérité de l’immuable, face à la vérité de la nature immortelle et infinie de l’esprit ?

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Le bouddhisme propose une vision toujours révolutionnaire à ce jour, à savoir que la vie et la mort existent dans l’esprit et nulle part ailleurs. L’esprit est révélé en tant que base universelle de l’expérience. Il est le créateur du bonheur et le créateur de la souffrance, le créateur de ce que nous appelons la vie et de ce que nous appelons la mort.

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Lorsque nous disons « Bouddha », nous pensons en principe un dieu qui atteignit l’éveil au VIème siècle avant notre ère et dont l’enseignement allait devenir une voie spirituelle, voie que nous appelons aujourd’hui le bouddhisme. Le terme Bouddha, cependant, possède un sens beaucoup plus profond. Il désigne une personne – toute personne – qui s’est entièrement éveillée de l’ignorance et s’est ouverte à son vaste potentiel de sagesse. Un bouddha est celui qui a mis un terme définitif à la souffrance et à la frustration, et qui a découvert un bonheur et une paix durables, impérissables…

Il est important de garder à l’esprit que Bouddha était un être humain comme vous et moi. Il ne s’est jamais attribué de statut divin ; il savait simplement qu’il possédait la nature de bouddha, le germe de l’éveil, et que tout être la possède également. La nature de bouddha est tout simplement le patrimoine de tout être sensible…

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Il est dit que lorsque le Bouddha parvint à l’illumination, son seul souhait fut de montrer au reste du monde la nature de l’esprit, et de partager la totalité de ce qu’il avait réalisé…

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La nature de bouddha possède une qualité que n’a pas le ciel, celle de la clarté radieuse de la conscience pure. Elle est simplement notre conscience claire, parfaite, de l’instant présent, cognitive et vide, nue et éveillée.

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« Bouddhiste » se dit “Nangpa” en tibétain, ce qui signifie “tourné vers l’intérieur”, celui qui recherche la vérité non pas à l’extérieur mais au sein de la nature de l’esprit. Tout l’entraînement bouddhiste, tous ces enseignements n’ont qu’un seul but : se tourner vers la nature de l’esprit et ainsi nous libérer de la peur de la mort et nous aider à réaliser la vérité de la vie.

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Nous sommes tellement habitués à porter exclusivement notre regard vers l’extérieur que nous avons pratiquement perdu tout accès à notre être intime… Même l’idée de méditation peut être effrayant pour certains…

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L’éveil est une réalité. Qui que nous soyons, nous pouvons réaliser la nature de l’esprit et découvrir en nous–même ce qui est immortel et éternellement pur… Cette promesse ne s’adresse pas à une élite mais à l’ensemble de l’humanité… La vérité spirituelle n’est ni compliquée, ni ésotérique, elle relève du simple bon sens… Un bouddha n’est pas une sorte de « surhomme » spirituel tout puissant, devenir bouddha c’est devenir un être humain authentique.

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Du fait de l’importance excessive que dans notre culture, nous accordons à l’intellect, nous imaginons qu’atteindre l’éveil exige une intelligence supérieure. Au contraire, bien des formes d’agilité intellectuelle ne font que nous aveugler davantage.

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C’est la méditation qui purifiera peu à peu notre esprit ordinaire, démasquant et épuisant ses habitudes et ses illusions pour que, le moment venu, nous puissions reconnaître notre vraie nature.

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Apprendre à méditer est le plus grand don que vous puissiez vous accorder dans cette vie. En effet, seule la méditation vous permettra de partir à la découverte de votre vraie nature et de trouver ainsi la stabilité et l’assurance nécessaire pour vivre bien, et mourir bien. La méditation est la route qui mène à l’éveil.

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Il existe dans le bouddhisme, d’innombrables méthodes de méditation. Trois techniques parmi elles : « observer » la respiration, utiliser un objet et réciter un mantra.

 

1. Page 105-106 « Observer » la respiration.

Calmer l’esprit en travaillant habituellement sur la respiration, accomplit en même temps automatiquement la pacification et l’entraînement de l’esprit… Quand vous méditez, respirez normalement, comme à l’accoutumée. Portez légèrement votre attention sur l’expiration. Chaque fois que vous expirez, laissez vous porter par le souffle. A chaque expiration, vous lâchez prise et abandonnez toute saisie. Imaginez que votre souffle se dissout dans l’espace de vérité qui pénètre tout. Chaque fois que vous expirez, et avant l’inspiration suivante, vous découvrez qu’il existe un intervalle naturel, une fois la saisie dissoute.

Page 106

Reposez-vous dans cette brèche, dans cet espace libre. Et lorsque vous inspirez de façon naturelle, n’accordez pas à l’inspiration une attention particulière, mais permettez plutôt à votre esprit de demeurer en paix dans l’intervalle ainsi révélé. Il est important quand vous pratiquez, de ne pas vous laisser entraîner à un commentaire mental, ni à une analyse ou à un bavardage intérieur…. Ce qui compte, c’est la pure présence…

A mesure que votre respiration deviendra plus consciente, vous serez davantage présent ; vous rassemblerez tous les aspects fragmentés de vous –même et trouverez la plénitude.

Plutôt que « d’observer » la respiration, identifiez-vous graduellement à elle, comme si vous deviniez le souffle. Peu à peu, la respiration, celui qui respire et l’acte de respirer deviendront un. La dualité et la séparation s’évanouiront.

Ce procédé d’attention très simple filtre vos pensées et vos émotions…. Pour certaines personnes une autre méthode sera plus bénéfique.


2 Page 106-107 Utiliser un objet

Ce peut être un objet dont la beauté naturelle vous inspire particulièrement, tels une fleur ou un cristal. Mais un support qui évoque pour vous la vérité, comme par exemple une image de Bouddha ou du Christ, ou plus particulièrement une photographie de votre maître, est encore plus puissant.

 

3 Page 107-110 La récitation d’un mantra

La définition du mantra est ce qui protège l’esprit. Cela qui protège l’esprit de la négativité ou encore cela qui vous protège de votre propre esprit, est appelé mantra.

Quand vous vous sentez agité, désorienté, ou dans un état de fragilité émotionnelle, réciter ou chanter un mantra de façon inspirante peut modifier complètement votre état d’esprit, en transformant son énergie et son atmosphère. Comment cela est-il possible ? Le mantra est l’essence du son, et l’expression de la vérité sous forme de son…. Le mantra que je recommande à mes étudiants est : OM AH HUM VAJRA

GURU PADMA SIDDHI HUM… Récitez la doucement, avec une attention profonde, et laissez votre souffle, le mantra et votre conscience, graduellement, ne faire qu’un. Ou bien chantez le avec inspiration et détendez-vous dans le profond silence qui s’ensuit parfois.

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Entretenez envers vos pensées et vos émotions une attitude bienveillante, ouverte et généreuse, car vos pensées sont en fait votre famille, la famille de votre esprit. Dujdour Rinpoché avait coutume de dire : « Soyez à leur égard comme un vieil homme sage qui regarde jouer un enfant. »

Bien souvent, l’on ne sait que faire de sa négativité ou de certaines émotions perturbatrices… Quelles que soient les pensées et les émotions qui se manifestent, laissez-les donc s’élever puis se retirer, telles les vagues de l’océan… Ne vous attachez pas à elles, ne les alimentez pas, n’essayez pas de les solidifier…Vous vous apercevrez que les pensées sont comme le vent : elles viennent puis s’en vont. Le secret n’est pas de « penser » aux pensées, mais de les laisser traverser votre esprit, tout en gardant celui-ci libre de commentaire mental.

Page 115

Dans la méditation comme dans la vie, il nous faut apprendre à demeurer libres de l’attachement aux bonnes expériences, et de l’aversion envers les mauvaises.

Djudom Rinpoché nous avertit du piège : dans votre pratique de la méditation, vous pourriez faire l’expérience d’un état apathique semi-conscient, « vaseux »,… : c’est une sorte de rêverie indolente. Ce n’est réellement rien d’autre qu’une sorte de stagnation trouble, un état d’absence. Comment émerger de cet état ? Réveillez-vous, expulsez l’air vicié de vos poumons et dirigez votre conscience vers la clarté de l’espace pour vous rafraîchir l’esprit. Tant que vous demeurez dans cet état de stagnation, vous n’évoluerez pas. Aussi, à chaque fois que cet obstacle se produit, clarifiez votre esprit. Il est important d’être aussi attentif et vigilant que possible.

Page 116

La gloire de la méditation n’est pas le fait d’une méthode particulière, mais de l’expérience continuellement renouvelée de présence à soi-même, dans la félicité, la clarté, la paix et, par dessus-tout, dans l’absence totale de saisie… Plus vous ferez l’expérience de cette liberté, plus il deviendra manifeste que l’ego est en train de disparaître, et avec lui les espoirs et les peurs qui le maintenaient en vie ; et plus vous vous rapprochez de la « sagesse de l’état sans ego », d’une générosité infinie… Vous aurez finalement atteint votre vraie   demeure, l’état de non-dualité.
Page 118

Après la méditation, il est important de ne pas céder à la tendance consistant à solidifier notre perception du monde. Quand vous revenez à votre existence quotidienne, permettez à la sagesse, à la vision profonde, à la compassion, à l’humour, à l’aisance, à la largeur d’esprit et au détachement nés de la méditation d’imprégner votre expérience.