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Mai 2012
LE BON USAGE DES MÉDICAMENTS
Alain
ASTIER, pharmacologue
Propos recueillis par Suzanne Kestenberg
Mutualistes n°310, année 2011
L'affaire
du Mediator a entraîné une grande méfiance vis-àvis des médicaments, au point que certains malades
abandonnent leur traitement. Il ne faut surtout pas prendre ce risque!
Néanmoins, tout médi-
cament peut présenter des effets secondaires ou indésirables. Chaque
année, 130 000 hospitalisations et 10 000 décès sont dus à de mauvaises prises
médicamenteuses. Le professeur Alain Astier, chef du
département pharmacie de l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, résume les
principaux écueils à éviter pour faire le meilleur usage possible des
médicaments.
Mutualistes.-Tous les médicaments entraînent-ils des effets
secondaires ou indésirables
Pr Alain Astier.- Oui, c'est
même le propre des médicaments , car ce sont des
produits actifs. Ces effets, plus ou moins fréquents ou plus ou moins graves
selon les individus- car nous réagissons tous de manière différente- sont
connus et évitables. Par exemple à certaines doses, l'aspirine augmente les
risques de saignement chez certaines personnes et est formellement déconseillée à ceux qui souffrent d'un ulcère
à l'estomac.
Cela dit, tous les effets secondaires ne
sont pas néfastes. L'aspirine a pour action principale d'abaisser la fièvre et pour effet secondaire de
combattre la douleur. Tous les médicaments fonctionnent avec une balance
bénéfices-risques. Le médecin qui connaît bien son malade tient compte de cette
particularité en prescrivant à celui-ci des médicaments selon son état ou sa
sensibilité.
Il faut être très
prudent avec les médicaments à marge thérapeutique étroite, dont la dose
thérapeutique est proche de la dose toxique.
Pour ces
molécules, des différences de dose ou de concentration peuvent entraîner des
échecs dans le traitement ou des effets indésirables graves.
Les personnes qui suivent un traitement de longue durée pour une
mladie chronique ne risquent-elles pas de rencontrer
des problèmes d' interactions médicamenteuses en
prenant un médicament ponctuel
en cas de rhume, de mal de tête ou de troubles digestifs ?
Oui. Par exemple, ceux qui à la suite d'un accident vasculaire
cérébral prennent régulièrement un anticoagulant
peuvent se trouver confrontés à un risque d'hémorragie s'ils doivent prendre un
anti-inflammatoire pour traiter une entorse ou une autre douleur (attention, de
nombreux anti-inflammatoires sont en vente libre). Il est alors préférable de
choisir un autre antalgique, par exemple le paracétamol plutôt que l'aspirine.
Ceux qui suivent un traitement au long cours
pour équilibrer leur hypertension
doivent se méfier de certaines gouttes nasales contenant un vasoconstricteur,
qui resserre les artères.
Une
personne qui utilise fréquemment un antiacide
pour combattre des brûlures d'estomac doit être prudente si elle doit prendre
simultanément un autre traitement: l'antiacide modifie le pH de l'estomac et de
l'intestin, empêchant l'assimilation d'une partie des autres médicaments. La
solution? Séparer d'un délai de trois à quatre heures la prise de l'antiacide
et celle des autres médicaments.
Si l'on suit un traitement pour une maladie chronique, il est recommandé
d'être vigilant en cas d'automédication pour
un trouble ponctuel: rhume, grippe, douleur...
Le dossier
pharmaceutique disponible aujourd'hui chez 84% des pharmaciens, est à cet
égard un outil précieux de protection médicale, puisqu'il indique les
médicaments pris par un individu au cours des quatre derniers mois.
Les plantes peuvent-elles perturber l'effet de certains
médicaments pris simultanément ?
Tout ce qui est naturel n'est pas
forcément anodin: certaines plantes peuvent en effet induire des interactions
néfastes avec un certain nombre de molécules.
Par exemple, le millepertuis utilisé
pour combattre la dépression, est déconseillé en cas de prise de digoxine (contre l'insuffisance cardiaque), de théophylline
(contre l'asthme), d'antiépileptique ou d'antimigraineux de la famille des triptans. Le ginseng, utilisé pour ses vertus toniques à la
fois physiques et psychiques, peut réduire l'effet des anticoagulants et
augmenter celui d'aliments stimulants comme le café, le thé ou le chocolat. En
cas de doute sur un produit, il ne faut
pas hésiter à consulter son pharmacien.
Certains aliments ont également des effets croisés avec les
médicaments. Pouvez-vous citer quelques exemples?
Tout d'abord il faut savoir que
l'alimentation elle-même joue un rôle dans l'absorption d'un médicament.
Pris à jeun, celui-ci agit plus vite. Pour
traiter une douleur, on a donc intérêt à prendre un antalgique à base de
paracétamol à jeun, car il est bien supporté pas l'estomac, ce qui n'est pas le
cas de l'aspirine.
Par ailleurs, les aliments trop salés
sont néfastes pour ceux qui souffrent d'hypertension artérielle, car le sel,
qui retient les molécules d'eau, va surcharger le travail du cœur, qui peut réagir en défaillant.
Il faut également être très prudent avec
les médicaments à marge thérapeutique étroite, dont la dose thérapeutique est
proche de la dose toxique. Pour ces molécules,
des différences de dose ou de concentration peuvent entraîner des échecs
dans le traitement ou des effets indésirables graves.
Ainsi, le fait de prendre ces médicaments à jeun ou après le repas modifie leur
efficacité: ils peuvent se révéler soit inefficaces, soit toxiques. Il s'agit
notamment des antiarythmiques ,des antiépileptiques ,des anticoagulants, de certains
antifongiques, des anti-inflammatoires , des antibiotiques ou des
anti-cholestérol.
Il faut donc, pour ces molécules, suivre
scrupuleusement les indications de l'ordonnance et signaler à son médecin les
médicaments pris éventuellement en automédication.
Certains aliments peuvent-ils modifier l'efficacité d'un
médicament ?
Effectivement:c'est le cas du jus de pamplemousse, connu pour bloquer une enzyme
et augmenter ainsi l'absorption de certains médicaments comme les
anti-cholestérol, les antihypertenseurs et les œstrogènes,en les rendant toxiques.
La marche à suivre consiste à éviter de boire
un jus de pamplemousse dans les deux
heures précédant la prise d'un médicament.
A surveiller également : les choux, les
brocolis et autres sources de vitamine K, qui diminuent l'efficacité des anticoagulants , appelés aussi antivitamines
K.
A oublier les cachous, car la réglisse
qu'ils contiennent peut faire grimper la pression artérielle chez les individus
fragiles.
Avec les seniors, le
médecin doit observer plusieurs règles.
D'abord,il ne faut pas vouloir tout
traiter: prendre un médicament contre un excès modéré de cholésterol
à 85 ans n'a pas de sens. Il en est de même pour le sommeil: passé un
certain âge, on dort moins, et c'est normal.
Les personnes âgées prennent souvent plusieurs médicaments pour
traiter des pathologies chroniques: troubles cardiaques, arthrose,
ostéoporose...N'y a-t-il pas au grand âge un risque plus important de multiplier
les effets indésirables des médicaments ?
Les fonctions rénale et hépatique
diminuent avec l'âge.
Après 60 ans, on n'élimine plus comme avant.
Certaines molécules peuvent se trouver surdosées.
Le patient âgé est donc plus exposé aux
effets indésirables des médicaments et
aux interactions médicamenteuses.
Avec les seniors ,
le médecin doit observer plusieurs règles.
D'abord il ne faut pas vouloir tout traiter:
prendre un médicament contre un excès modéré de cholestérol à 85 ans n' a pas de sens.
Il en est de même pour le sommeil: passé
un certain âge, on dort moins, et c'est normal.
Pour une personne âgée, un hypnotique ne sert
à rien et peut même être dangereux. On ne compte plus le nombre de fractures du
col du fémur dues à la prise de somnifères ou d'anxiolytiques!
Ensuite le médecin doit réviser régulièrement
les ordonnances des traitements au long cours.
Par exemple, les reins éliminant moins bien,
la dose de certains antihypertenseurs ne doit plus être à 75ans la même qu'à 60
ans.
Enfin, le médecin et le pharmacien doivent
aider le patient âgé à améliorer l'observance de son traitement, en lui
expliquant les bienfaits et en trouvant, quand c'est possible, des alternatives
à certains médicaments difficiles à prendre – en remplaçant, par exemple, les
comprimés par un patch.
L'éducation thérapeutique est un enjeu majeur des années
à venir. .
Cinq conseils
de vigilance
--Lisez les notices
de médicaments et ne les jetez pas avant la fin
du traitement.
--Rappelez
à votre médecin traitant ou à tout spécialiste (dentiste,
cardiologue, chirurgien, etc.) vos traitements en
cours.
--Sachez
que les produits et les médicaments à base de plantes peuvent aussi provoquer
des interactions.
--N'oubliez
pas que les médicaments en vente libre ne sont pas
forcément anodins.
--Evitez
l'alcool, il ne fait pas bon ménage avec les médicaments et
peut soit augmenter leur activité, soit diminuer leur efficacité.
Mutualistes n°310 (2011).