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Mars 2013

 

13  TOURNANTS MONDIAUX QUI VONT MARQUER 2013

Le Monde du 30 décembre 2012 Numéro spécial

Extraits par Henri Charcosset

 

Parmi ces 13 tournants, j’en ai choisi quatre, pour vous les présenter en condensé : 1/ Le génome humain 2/ Le réchauffement révolutionne l’agriculture 3/ La révolution smartphone ou le réseau du plus fort 4  /L’élan du féminisme porno. H.C.  

 

Le génome humain à 1 000 dollars

Science En divisant ses coûts par 3 millions en dix ans, la génomique va bouleverser la santé publique.

Le 26 juin 2000, Bill Clinton et Tony Blair annoncèrent conjointement, à la Maison Blanche, que le consortium international public de séquençage Human Genome Project (HGP) et son concurrent privé lancé par Graig Venter, Celera Genomics Copr, avaient tous deux décrypté une première version de génomes humains. Il ne s’agissait en réalité que d’ébauches, et il faudra encore des années d’efforts avant que le premier génome humain soit déclaré entièrement séquencé, en avril 2003.

Au total, HGP aura coûté, sur quinze ans, environ 2,7 milliards de dollars (2 milliards d’euros) aux contribuables américains. Se pourrait-il que, dix ans plus tard, le séquençage des 3 milliards de paires de bases qui constituent notre patrimoine héréditaire ne coûte plus que 1 000 dollars (3 millions de fois moins cher) et s’effectue en quelques heures seulement ?

En 2013, cette barrière symbolique a de fortes chances d’être franchie. La courbe qui décrit l’évolution du prix du génome plonge bien plus vite que celle qui suit la loi de Moore, laquelle prédit le doublement tous les dix-huit mois de la puissance de calcul informatique.

En 2012, des technologies innovantes ont été annoncées…...

« Je suis optimiste sur le fait que nous parviendrons à l’objectif des 1 000 euros, cette année ou un peu plus tard », explique Sasha Sauer, de l’Institut Max-Planck de génétique moléculaire de Berlin, impliqué dans l’infrastructure européenne de séquençage et de génotypage (ESGI), un consortium international dont le but est précisément d’atteindre au plus vite le génome à 1 000 euros. Les nouvelles machines, elles aussi moins onéreuses, vont « démocratiser » les recherches dans ce domaine, estime-t-il.

Pour Laurent Alexandre, atteindre les 1 000 euros ou 1 000 dollars n’est plus l’enjeu central. Président de DNA Vision, une société qui commercialise du séquençage à façon, et contributeur au cahier « Science et techno » du Monde,
M. Alexandre estime que « le goulot d’étranglement ne sera pas le séquençage, le calcul ou le stockage de ce flot de données, mais leur interprétation »…..

. Pour Laurent Alexandre, il est urgent de mettre en place une vraie politique de santé publique sur ces questions émergentes.

Vers un « géno-Meetic » ?

Un cas concret ? Le premier ministre britannique David Cameron vient de lancer l’initiative « 100 000 génomes », qui ciblera des patients atteints de cancer ou demaladies rares. Le projet est budgété à 1 600 euros le génome. On découvrira chez nombre de ces personnes des gènes pathogènes récessifs – donnant un risque sur quatre de transmettre une maladie grave à leur enfant si leur conjoint est dans le même cas. Ne devrait-on pas alors séquencer le génome dudit conjoint, pour prévenir ce risque ?

« Cela ouvre la voie à une sorte de géno-Meetic » extrapole Laurent Alexandre : on peut fort bien imaginer que, à l’avenir, les couples prendront en compte la complémentarité de leurs génomes pour s’apparier. Le génome du fœtus sera lui aussi rapidement accessible via le sang maternel.

De la maladie incurable à la couleur des yeux ou à l’intelligence (à supposer qu’elle soit génétiquement prédictible), la pente pourrait être insensible : la génomique personnelle va ainsi contraindre les comités de bioéthique à se pencher sur de nouvelles formes potentielles d’eugénisme.

HERVÉ MORIN

 

Le réchauffement révolutionne l’agriculture

Climat Des rendements en chute, des cultures qui migrent, le grand chamboule-tout agroalimentaire a commencé.

Les événements climatiques extrêmes de ces dernières années, en Russie, dans la Corne de l’Afrique ou aux Etats-Unis, sonnent comme des avertissements à répétition : le changement climatique est en marche et ses effets commencent à se faire sérieusement sentir sur la production agricole. La sécheresse qu’ont connue les Etats-Unis en 2012 – la pire depuis plus d’un demi-siècle – s’est directement répercutée sur leur production de maïs et de soja. En France, la canicule de 2003 avait provoqué des baisses de la production agricole comprises entre 20% et 30%.

Le phénomène – mondial – se confirmera-t-il ou s’accélérera-t-il en 2013 ? Il n’est évidemment pas possible de le prédire. Mais les tendances sont là. « Les impacts globaux du changement climatique sur l’agriculture devraient être négatifs, menaçant la sécurité alimentaire mondiale », alertait l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (Ifpri) en 2009.

Après des décennies de croissance accélérée des rendements des céréales majeures, les années 1990ont marqué un net coup de frein. Une équipe de l’Institut nationale de la recherche agronomique (INRA) a démontré, en 2010, qu’entre 30% et 70% de la stagnation des rendements du blé en Europe étaient attribuables au changement climatique, en particulier aux vagues de chaleur qui nuisent au bon développement du grain.

Une autre étude, parue en 2011 dans la revue Science, quantifie les effets de l’évolution du climat sur les rendements de blé et du maïs dans le monde : leur progression a été amputée respectivement de 5,5% et de 3,8% entre 1980 et 2010, en raison notamment de la multiplication des vagues de chaleur et de la modification des régimes pluviométriques. Le riz et le soja ont été relativement épargnés.

Ce ne sera pas forcément le cas dans les décennies qui viennent, d’autant que la raréfaction des ressources en eau s’ajoutera aux bouleversements climatiques. Selon l’Ifpri, la chute des  rendements  de la  culture  irriguée  de  riz  dans les pays pourraient atteindre entre 15% et 20% d’ici 2050……..

Les cultures gagnantes du futur seraient les plus résistantes à la chaleur, comme l’orge ou le manioc.

GILLES VAN KOTTE

 

 

La révolution smartphone ou le réseau du plus fort

Technologies Le mobile capte une part croissante du trafic Internet mondial, mettant en péril l’industrie des ordinateurs fixes.

Plus d’un milliard. C’est, selon le cabinet Gartner, le nombre de smartphones et tablettes vendus en 2013 ! Une déferlante. Tout aussi impressionnants, les chiffres de 2012, les chiffres de 2012, 812 millions de terminaux mobiles ont trouvé acquéreur. C’est un fait, les terminaux mobiles sont devenus des objets incontournables de notre quotidien. Avec le 3G et le Wi-Fi, il est aussi facile de surfer sur Internet depuis son smartphone ou sa tablette numérique que depuis son ordinateur.

Lire ses courriels, commenter l’activité de ses amis sur les réseaux sociaux, regarder des vidéos et même faire ses achats en ligne ? Un jeu d’enfant ! aux Etats-Unis, au Japon ou encore en Corée du Sud, où existent les réseaux de quatrième génération de téléphone mobile (4G), surfer depuis un smartphone est aussi rapide que depuis un ordinateur connecté à un très haut débit fixe.

Une part croissante du trafic Internet mondial vient d’ailleurs des mobiles. Certains sites sont maintenant majoritairement consultés par des mobinautes : C’est le cas de Facebook dont 60% des utilisateurs se connectent quasi exclusivement depuis leur téléphone.

Un phénomène que le groupe de Mark Zuckerberg a eu du mal à apprivoiser. Incapable, au moment de son introduction en Bourse en mai, de monétiser cette audience, il a subi l’ire des marchés qui ont fait fondre le titre de manière spectaculaire. Pas facile d’imposer un bandeau publicitaire sur un écran si petit…

Google voit, pour sa part, un pourcentage toujours plus important de ses requêtes arriver depuis le mobile. Il faut dire qu’Android, son système d’exploitation, équipe 75% des smartphones vendus dans le monde et un peu moins de la moitié des tablettes. Des réseaux sociaux comme Instagram ou Path ont été d’abord exclusivement créés pour les mobiles. L’arrivée d’Instagram sur les PC fixes date… d’il y a quelques semaines seulement !

Résultat, pendant que les tablettes et les smartphones continuent leur ascension vers le firmament, le PC, lui, est en chute libre. Pour la première fois en plus d’une décennie, le volume des ventes d’ordinateurs a reculé en 2012 : passant à 348 millions d’unités écoulées contre 352 millions une année auparavant……

SARAH BELOUEZZANE

 

L’élan du féminisme porno

Sexualité Le lire plaisir, nouvelle revendication

Elles ont recommencé cette année dans plus de cent villes autour du monde. De Séoul à Rio, de Totonto à New Delhi, les Slut Walks, « les marches des salopes », ont réuni des milliers de femmes. En France, en octobre, pour la première fois, ces étranges rassemblements ont été organisés dans dix villes. Des femmes défilaient en soutien-gorge, en short, en mini-jupe, « Ceci n’est pas une invitation au viol, « Une salope n’est pas une victime », « Notre corps nous appartient », « Assez d’excuses pour les violeurs ». A Londres, des manifestantes ont appelé ce mouvement « la quatrième vague féministe ».

Les marcheuses ne veulent plus qu’on les rende responsables des agressions qu’elles subissent – harcèlement de rue, insultes, viol – parce qu’elles portent des vêtements sexy. Elles exigent que les hommes apprennent à se tenir. Elles assument d’être attirantes, excitantes si elles l’entendent – et avec qui elles veulent.

Sonya Barnett, la Canadienne qui a appelé en septembre 2011 à la première Slut Walk du monde, à Toronto, explique : « J’utilise le mot “salope” dans un sens positif. ». Elle se réclame du mouvement Sex-positive ou Pro-sexe, qui a émergé aux Etats-Unis il y a une vingtaine d’années et qui se démocratise aujourd’hui.

Côté grand public, cette tendance se manifeste à travers le succès mondial du roman érotique 50 Nuances de Grey, de l’auteur britannique E.L.James, ou par le fait qu’une part (certes encore très minoritaire) des consommateurs de pornographie sont désormais des consommatrices. Le producteur de films X Marc Dorcel, qui lance une webchaîne porno pour filles, compte surfer sur cette vague.

Féministes « prosexe »

Côté militant, on assiste à la naissance d’un féminisme pornographique. Ainsi, en France, Virginie Despentes défend une prostitution libre, protégée par un syndicat des travailleurs sexuels, et proposant un « contrat intersexe sain et clair ». Wendy Delorme, écrivaine et performeuse, participe à des spectacles et des films pornographiques réalisés par des femmes – sans compter tous les films lesbiens X. pour elle, il ne s’agit pas de condamner la pornographie, mais de la réinventer – c’est le « post-porno ».

Ces féministes se disent « prosexe », en premier lieu, pour rompre avec l’image d’un militantisme vieux jeu opposé au plaisir. Ensuite, elles revendiquent une pleine liberté sexuelle, mais également le développement de recherches universitaires sur le plaisir féminin.

Cela tout en exerçant une critique de l’instrumentalisation patriarcale des prostituées (par les mafia ou par l’Etat) et de la pornographie (standardisation pour l’onanisme mâle, violences envers les actrices).

Ce mouvement se réclame aussi, comme la réalisatrice Emilie Jouvet et beaucoup d’autres, du mouvement Queer, l’autre face de la quatrième vague féministe. Comme dans les années 1990, en sortant de la clandestinité, les homosexuels ont revendiqué d’être « queer » (une injure pour dire à la fois « pédé », « pute », « tordu », « bizarre »), aujourd’hui, certaines femmes assument d’être « salopes ». Ce faisant, comme les gays il y a vingt ans, elles bouleversent les stéréotypes : elles affirment par ce slogan être étranges, singulières, multiples.

FREDERIC JOIGNOT