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http://www.notretemps.com/img/notretemps/generales/pix_trans.gif «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP », trimestriel GIPHV,  N°9. 07. 2006   

 Editeur  : Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                                             Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

PHOBIES, ANXIETE, DEPRESSION

Zoom sur les thérapies comportementales et cognitives.

 

Aude ALLAIRE et Agnès DUPERRIN, Notre Temps n° 428 – août 2005

 

De courte durée, elles évitent le recours systématique aux médicaments

 

Le succès des thérapies

 

         J’étais toujours sur la défensive. La moindre remarque prenait des proportions dramatiques. Mes relations avec mon fils de 19 ans étaient plus que tendues, se souvient Marc. Pour venir à bout de ses troubles anxieux, son psychiatre lui a proposé une thérapie basée sur l’apprentissage de nouveaux comportements. « Même si tout n’est pas réglé, j’ai l’impression de mieux maîtriser mes émotions et mon anxiété. Lorsque je sens l’angoisse monter, je sais désormais repérer les tout premiers symptômes et j’arrive à désamorcer la bombe ». C’est la même technique, appelée thérapie comportementale et cognitive (TCC), qui a permis à Christine de maîtriser ses attaques de paniques. « J’ai consulté d’abord pour me débarrasser d’une phobie des guêpes et frelons qui me pourrissait la vie. Au bout de trois mois, cela a marché. Maintenant, j’applique la méthode pour contrôler mes crises d’angoisse ».

 

 Les TCC ont pour objectif l’apprentissage d’un nouveau comportement destiné à contrer un trouble psychique. « Lors de la première séance, nous vérifions que les troubles peuvent être traités par cette thérapie », explique le Dr Laurent Chneiweiss, psychiatre spécialiste des troubles anxieux. « A la deuxième rencontre, nous mettons en lumière les boucles de conditionnement qui expliquent le symptôme. Cela permet de prendre conscience que l’on peut penser et réagir autrement à une situation donnée. En partant de situations vécues, de schémas, le lien étroit entre les émotions et les pensées est mis en évidence ». Une auto-observation quotidienne minutieuse permet de décortiquer avec le thérapeute les situations posant problème. « Chaque jour, je notais sur un calepin les situations dans lesquelles je m’étais senti mal à l’aise, les troubles physiques, les pensées qui me traversaient l’esprit au moment de l’angoisse. J’étais à la fois acteur et victime de mon trouble, et un observateur attentif à toutes ses manifestations », raconte Pierre. Le thérapeute et le patient, partenaires indissociables, établissent alors une hiérarchie des situations, des moins angoissantes aux plus problématiques. Reste, au fil des semaines, à affronter des questions de plus en plus difficiles. Grilles d’observation des comportements, échelles d’anxiété, exercices pratiques : la personne s’immunise progressivement et apprend à se protéger. Cela va parfois très vite, la motivation est essentielle. « Les TCC demandent un grand investissement personnel : de 45 minutes à une heure d’exercices quotidiens, notamment de relaxation, sont à pratiquer chez soi », insiste le Dr Laurent Chneiweiss. La lecture d’ouvrages sur le sujet est conseillée pour progresser plus rapidement. Seul remède contre les phobies, les thérapies cognitivo-comportementales peuvent aussi être proposées face à d’autres troubles psychiques spécifiques : incapacité à mettre le pied dans un ascenseur ou à ouvrir la bouche chez le dentiste, peur du regard des autres, dépression, stress post-traumatique, troubles alimentaires (anorexie, boulimie), du sommeil, ou du contrôle (tics, tabagisme…), ou encore TOC, les troubles obsessionnels compulsifs, qui poussent à répéter certains gestes à l’infini.

 

Une réponse efficace et rapide

         En février 2004, une expertise collective de l’INSERM soulignait les performances de ces techniques et leurs résultats durables. La contre-offensive des psychanalystes, contestant ces résultats et regrettant le côté « dressage » des TCC, aboutit un an plus tard au retrait des conclusions de l’expertise du site Internet du ministère ! C’est dire si le sujet est sensible, dans un pays champion du monde de consommation de psychotropes.

         « Les thérapies cognitivo-comportementales ont pour objectif de se débarrasser du trouble, alors que la psychanalyse, qui cherche dans l’histoire du patient et ses expériences affectives les raisons des troubles, vise à retrouver un équilibre de vie, que le trouble persiste ou non », résume le Dr Laurent Chneiweiss.

         Au-delà des querelles d’école, on constate que les TCC, utilisées depuis plus de vingt ans dans les pays anglo-saxons et recommandées par l’Organisation mondiale de la santé, apportent une réponse efficace, rapide et interactive –trois valeurs fortes de notre époque- à de nombreuses souffrances psychiques. Selon l’AFTCC, elles améliorent les TOC sept fois sur dix, les guérissent totalement dans 20 % des cas, traitent des phobies spécifiques neuf fois sur dix (peur de prendre l’avion, claustrophobie, etc.), la dépression, la dépendance à l’alcool et les troubles alimentaires dans 60 % des cas (faisant part égale avec un traitement médicamenteux, dont elles permettent souvent de diminuer les doses) et aident au passage à réussir un sevrage des benzodiazépines. D’où leur succès grandissant, notamment auprès des associations de patients.

 

Marcelle, 49 ans : Je me sentais sale en permanence 

« J’ai souffert de TOC dès l’adolescence et jusqu’à l’âge de 44 ans ! Ma vie était un véritable enfer. Je me sentais sale en permanence. Dès que je touchais un objet, il me fallait me laver. Mon thérapeute m’a proposé de faire des exercices : d’abord avec lui, puis toute seule. Par exemple : acheter une baguette de pain sous cellophane, la sortir de son emballage et la partager avec lui. Ou encore, ne pas me laver l’oreille après avoir utilisé le téléphone… Cela demande beaucoup de travail personnel. Comme un grand sportif, il faut s’entraîner tous les jours ! Il m’a fallu du courage, mais cela m’a sauvée. Ma petite chatte s’est révélée être une excellente « cothérapeute » : quand elle dort dans le linge propre ou qu’elle monte sur la table du salon, elle m’impose des exercices ô combien profitables… ».

 

Des thérapies bénéfiques à tout âge

Le manque de thérapeutes formés limite l’accès à ces traitements. « Les universités qui enseignent ces méthodes de soin se comptent sur les doigts de la main quand il en faudrait 40 ! » regrette Christophe Demonfaucon, président de l’AFTOC (Association de personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs), convaincu de tenir là le traitement le plus effficace contre les TOC. « De nombreux malades ont pu reprendre pied dans la vie, sortir faire des courses, recevoir des amis… Autant d’actes jusque-là impossibles pour eux, pris dans l’étau de leurs obsessions ». Autre avantage : les TCC peuvent être utilisées sans limite d’âge, ce qui rend de grands services en gérontologie, comme l’explique Annick Craignou, présidente de l’AFTCC et psychologue en gérontologie. « Une chute suivie d’une fracture est souvent traumatisante pour une personne âgée, qui est parfois tentée de ne plus quitter son fauteuil. Le recours aux TCC permet de retrouver une autonomie et facilite un retour à domicile ». Sous l’œil attentif des soignants d’abord, puis progressivement seule, la personne apprend à gérer son anxiété, à se mettre debout, à affronter l’espace… Autre application : le stress post-traumatique lié à un accident de voiture ou à une agression. « Les TCC sont dans ce cas vitales. Elles permettent de retrouver une qualité de vie, souvent en moins de deux à trois mois », ajoute Annick Craignou.

 

Léontine, 89 ans : Sans les thérapeutes, je crois que je serais en fauteuil roulant !

« Il y a trois ans, j’ai été renversée par une voiture qui m’a roulé dessus en reculant. A l’hôpital, après plusieurs mois en réanimation, je me sentais fichue. Je voyais le danger partout, terrorisée par ce qui pourrait m’arriver si je retournais chez moi. J’étais très souvent en proie à des crises de larmes malgré les encouragements des infirmières. Une psychologue est venue me voir deux fois par semaine. Elle m’a demandé de lui raconter l’accident. Au début, je m’arrêtais à « J’allais faire mes courses… » et ma voix s’étranglait. Peu à peu, j’ai réussi à expliquer mon obsession de me voir mourir. Puis, j’ai accepté de faire de la rééducation. Pour mon retour à la maison, la psychologue et l’ergothérapeute m’ont accompagnée. A trois, nous avons affronté la circulation. Aussitôt, j’ai appris à marcher seule, loin devant elles. Aujourd’hui, je fais mes courses et ma cuisine. Sans elles, je crois que je serais en fauteuil roulant à l’hôpital ! ».

 

A  lire

-         Psychologie de la peur, Dr Christophe André, éd. Odile Jacob, 2004, 21,90 €.

-         Maîtriser son trac, Drs Laurent Chneiweiss et Eric Tanneau, éd. Odile Jacob, mars 2003, 19,50 €.

-         Le guide psy, Valérie Lamour, éd. Marabout, mai 2005, 15 €.

-         Vaincre la panique et l’anxiété, John Illman, éd. Octopus/Hachette, 2005, 28,45 €.

-         Vaincre la dépression, John Ilman, même éd. 2005, même éd., 2005, 15 €.

 

Les  TTC  en pratique

Qui : Les TCC sont proposées par des psychiatres, des médecins généralistes, des psychologues… ayant suivi une formation spécifique. Pour trouver un thérapeute dans votre région :

• L’AFTCC : Association française de thérapie comportementale et cognitive. Elle propose les coordonnées de 800 thérapeutes. AFTCC : 100, rue de la Santé, 75674 Paris Cedex 14, www.aftcc.org, rubrique « contacts ».

Les associations de patients : AFTOC, pour les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) (www.aftoc.fr.st), tél. O1 42 82 70 60.