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MARS 2009
DU NEUF POUR STIMULER VOTRE MEMOIRE
Agnès DUPERRIN et Ingrid HABERFELD
Les jeux d'entraînements cérébraux
sont-ils les plus efficaces pour garder longtemps une mémoire au top ?
L'enquête de Notre Temps
Suivi de :
LES LIMITES DES PROGRAMMES
D’ENTRAINEMENT CEREBRAL
Cécile URBAIN
LE MONDE - 10 février 2009
Pour la
neuropsychologue Jocelyne de Rotrou, rien ne vaut une bonne hygiène de vie.
Le mot du webmestre : Une phrase clé du texte d’A. D.
et I. H. me paraît être : « Dès que vous arrêtez l'entraînement, les connexions cérébrales nouvellement crées disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues ». Ce point est-il suffisamment cité par les concepteurs et vendeurs des
programmes d’entrainement cérébral ? H.C.
Agnès
DUPERRIN et Ingrid HABERFELD
Longtemps, on a rêvé d'une pilule magique capable de développer nos
capacités intellectuelles. On sait
aujourd'hui qu'elle n'existe pas. Les
cocktails vitaminés, si prisés des étudiants avant les concours jouent au
mieux sur la fatigue. Aujourd'hui apparaissent de nouvelles techniques de stimulation cérébrale grâce à des jeux à utiliser sur console ou ordinateur. Leur promesse ? Mettre notre cerveau à l'abri du temps qui passe. Ils sont plébiscités par les
utilisateurs. Jugez plutôt
!
Le "Programme d'entraînement cérébral du Dr Kawashima", compatible avec la console Nintendo DS : 900000 exemplaires en France
(10 millions dans le monde) ; le site
Happyneuron :plus d'un millier d'inscrits ;
le "Cahier de vacances pour adultes de 17 à 77 ans (éd.Chifflet & Cie)
a, lui, séduit l'été 2007 plus de 10000 personnes. La maladie d'Alzheimer inquiète tant que la moindre promesse de prévention fait recette. Présentés sous forme de petites épreuves de logique et de rapidité, ces programmes visent à renforcer les cinq fonctions cognitives de
notre cerveau : la mémoire, le langage, le raisonnement, l'orientation et l'attention. Comment ? En nous faisant compter rapidement,
mémoriser des images brièvement aperçues ou retenir des listes de mots, en un temps chronométré... bref en sollicitant
la réactivité de notre cerveau.
Créer des connexions
neuronales à
tout âge, c'est possible pour le Pr Jean François Dartigues, neurologue au CHU Pellegrin à Bordeaux. Le fonctionnement du puissant ordinateur caché dans notre boîte crânienne
peut se comparer à un village. "Les neurones
seraient les maisons, les synapses les portes d'entrée, et les axones les chemins reliant les maisons entre elles. Lorsqu ' une porte n'ouvre plus, les voies de communication ne sont plus utilisées et les connexions neuronales meurent. Résultat, les informations circulent moins bien
entre les neurones, entraînant des pertes de mémoire
et des problèmes d'attention... Mais les
axones savent contourner la maison pour en trouver une dont la porte fonctionne. C'est ainsi qu'un cerveau
stimulé recrée de nouveaux réseaux de
neurones » Contrairement aux idées reçues, on perd très peu de neurones avec
I'âge. Ce sont les synapses, les portes d'entrée…qui
diminuent au cours du temps. mais ce n'est
pas une fatalité, "Il a été prouvé qu'exposer son cerveau à des
activités stimulantes permet de recréer de nouvelles synapses et de nouveaux
réseaux neuronaux. C'est vrai à tout âge !
Cela s'appelle la plasticité cérébrale", assure le Dr Sandrine
Louchart de la Chapelle, psychiatre au
Centre de la mémoire de Monaco. "L'IRM permet de visualiser les nouvelles connexions neuronales crées lorsqu'une personne apprend à jouer du piano par exemple. Faire "travailler ses
méninges" compense la perte synaptique et renforce la réserve
cérébrale permettant de prévenir ou de ralentir
(mais non pas d'empêcher) l'évolution des maladies neurodégénératives telles
qu'Alzheimer."
C'est sur ce principe que se sont appuyés les concepteurs des
programmes de stimulation cérébrale. Non
sans arguments : une étude américaine,
rendue publique en 2006 dans la revue médicale
Jama confirme que pratiquer ces exercices
améliore les performances cognitives. A trois conditions.
D'abord la régularité. "Oui, s'engager dans ce type de programme stimule et entretient Ies fonctions du cerveau. Cela améliore les performances dans le cas d'un déclin cognitif normal lié au vieillissement". assure le Pr Dartigues Pour lui, ces "jeux de I'esprit" optimisent la capacité à réaliser les tâches du quotidien, ce que les spécialistes appellent la fonction "exécutive" Mais, pour cela, il faut s'entraîner 20 minutes trois fois par semaine pour certains programmes, tous les jours pour d'autres...Ensuite, le sérieux : les concepteurs de ces programmes sont formels, il ne s'agit pas de "jeux" vidéo mais de "travail" cérébral nécessitant une réelle concentration. Le contexte émotionnel est aussi déterminant que dans le processus de mémorisation : pour retrouver une information au moment où on en a besoin, il faut d'abord l'avoir acquise et fixée correctement, ce qui est rarement le cas si l'on fait autre chose en même temps ou lorsqu'on est préoccupé par une autre idée.
§ Un entraînement régulier pour améliorer
ses performances
Ensuite, il faut savoir que les résultats sont liés à la
pratique. Dès que vous arrêtez l'entraînement, les connexions cérébrales nouvellement crées disparaissent aussi vite qu'elles sont apparues. Le D' Louchart
précise: "C'est comme en musique : tant que le pianiste s'entraîne, des connexions se créent, favorisant son agilité. Mais, s'il abandonne les répétitions. ces connexions
disparaissent d'elles mêmes, la zone "musique" du cerveau
n'étant plus stimulée." De même les logiciels
de stimulation font travailler diverses fonctions cognitives et activent
des zones très précises dans le cerveau. Dès
que I'on arrête de s'entraîner, par
lassitude ou en fin de programme, ces mêmes
connexions disparaissent.
· Mais il n'y a pas que les programmes vidéo ! D'autres activités favorisent la création de réseaux neuronaux et aident à garder un cerveau alerte. "Dans la vie quotidienne, nous vivons mille et une expériences de stimulation", précise le Dr Marie Sarazin, neurologue à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris. "Jouer régulièrement au Sudoku, aux mots croisés, aux échecs, au Scrabble...c'est excellent pour la mémoire. Lire, voyager, fréquenter une université du troisième âge ou emmener ses petits-enfants dans les musées aussi. Mention spéciale pour les activités manuelles, comme le bricolage, le jardinage or encore le tricot ou la composition florale, sans oublier la peinture ou la sculpture."
§ Tabac,
diabète, cholestérol..., de vrais
« bourreaux » du cerveau
La vérité oblige à préciser que conserver un cerveau en pleine
forme demande un peu plus qu'un entraînement régulier. Les spécialistes s'accordent sur le respect de 5 règles
d'or. ….
Et n’ oublions pas que les heures
consacrées au sommeil ne sont jamais
du temps perdu, au contraire. Tout
au long de la vie, c'est pendant les
rêves que le cerveau archive les informations de la journée. Si le cerveau a besoin d'être stimulé, il est également friand de
tranquillité. Entre deux activités cérébrales, pensez à la relaxation !
Les 5 règles d'or qui protègent votre cerveau
1.
Contrôlez les Indicateurs de santé :
l'hypertension comme l'excès de cholestérol, de
diabète, de tabac et d'alcool fatigue
prématurément le cerveau. Certains
médicaments sont connus pour
précipiter l'expression des maladies
dégénératives (certains antidépresseurs cholinergique, des hypnotiques et
des benzodiazépines).
2. Favorisez l'activité physique : l'idéal est de réaliser
l'équivalent de 30 minutes de marche rapide
chaque jour et une ou deux séances de sport par semaine. On peut aussi
progressivement reprendre les escaliers plutôt que
l'ascenseur, délaisser la voiture pour
les petits trajets...
3. Mangez varié : l'idéal est de privilégier les fruits et
légumes, le poisson une ou deux fois par semaine, et les sucres lents
(lentilles. céréales. riz, pain, pâtes ou pommes de terre). qui fournissent l'énergie dont le
cerveau est un gros consommateur.
4.Refusez la paresse : composer ses numéros de téléphone de tête,
lire une carte,
préparer un itinéraire, réaliser
une synthèse à l'issue d'une conférence... autant d'occasions d'être actif intellectuellement.
5 :Cultivez la
tranquillité: 15 minutes de relaxation. tai-chi ou yoga, un
bol d'air frais, une sieste ou une pause thé. Tout ce qui aide à souffler et à déstresser augmente les performances
intellectuelles.
L'essentiel : échapper à la routine !
Rien
ne vaut une activité élue par la
personne, donc effectuée avec plaisir et
régulièrement. "C'est au moins aussi efficace que les programmes
de stimulation cérébrale" affirme
le Dr Thierry Marquet,
gérontologue à l'hôpital Charles-Foix (Ivry) et membre de la Société française de gériatrie et de
gérontologie. L'essentiel est d'échapper à la routine. On a tout intérêt à changer
régulièrement d'activités car Ia nouveauté oblige à utiliser ses neurones pour improviser. Autrement dit, jouer au bridge,
au tarot ou à la belote, c'est bien, varier les jeux ou changer de
partenaires, c'est encore mieux ! « Dans
nos consultations, nous constatons que les personnes les mieux protégées sont celles qui continuent
toute la vie à faire des projets, qui envisagent avec sérénité les années qui
arrivent. Se projeter dans l'avenir
retarde la dégénérescence neuro fibrillaire, à l'inverse l'inactivité sociale et intellectuelle est un facteur de
fragilisation », constate le Dr Marquet. Il insiste sur l'importance de bien préparer les nouvelles tranches de vie,
notamment la retraite.
Se retrouver sans activité professionnelle du jour au lendemain peut être très déstabilisant. Les cessations d'activité entraînent parfois des dépressions sévères. Or, une dépression tardive est un accélérateur de déclenchement de la phase clinique de la dégénérescence cérébrale.
LES LIMITES DES
PROGRAMMES D’ENTRAINEMENT CEREBRAL
Cécile Urbain
LE MONDE - 10
février 2009
Pour la
neuropsychologue Jocelyne de Rotrou, rien ne vaut une bonne hygiène de vie.
Cosmétiques antirides, multiplication des salles de sport, il ne
s’agit plus de limiter les stigmates de l’âge, il faut aussi s’entretenir de
l’intérieur. Dernière tendance :
muscler son cerveau. Mode passagère, prise de conscience que seul un joli
corps ne suffit pas pour être heureux, ou peur de la maladie d’Alzheimer ?
Noël 2008 aura été marqué par le boom de la vente de consoles de
jeux chez les plus de 50 ans. La marque nippone Nintendo, pionnière dans le
secteur avec son logiciel « programme d’entraînement cérébral », a
fait de nombreux adeptes auprès des seniors.
Les jeunes générations n’ont pas hésité à offrir ces consoles à
leurs parents, voire à leurs grands-parents. Créé par le docteur Kawashima, ce
jeu devait répondre aux attentes des cadres japonais inquiets de perdre
quelques-uns de leurs neurones. Le Sudoku inventé également par les Japonais a
mis peu de temps à rencontrer un vif succès à tous les âges de la vie.
Certaines maisons de retraite ont commencé à s’équiper de ces consoles de jeux.
Confronter sa vivacité d’esprit, de logique, de mémoire devient un plaisir au
même titre que les jeux de société.
« LE GRAND RESISTANT »
Le phénomène s’est étendu au secteur de l’édition, avec de
nombreux ouvrages consacrés aux mille et une manières de protéger sa mémoire.
Monique Le Poncin, neuropsychologue, auteur de Gym cerveau : objectif bien vieillir ( Stock, 263 p., 18,60
euros ), reste persuadée que « le
cerveau chef d’orchestre qui dirige l’ensemble de notre organisme apparaît bien
comme le « grand résistant » aux méfaits du temps ».
Il est donc indispensable de le stimuler quotidiennement. « Il faut se convaincre que l’on a au
cours du temps le cerveau que l’on mérite », résume-t-elle.
Pour Jocelyne
de Rotrou, neuropsychologue et spécialiste de la stimulation cognitive, à l’hôpital
Broca (Paris), il y a beaucoup d’arnaque derrière tous ces programmes : « Je ne suis pas contre l’utilisation
des nouvelles technologies, bien au contraire ». Elle a participé à
l’élaboration d’un programme « Memo Peps » qui devrait sortir
fin février. « Mais quand j’entends
une publicité annonçant que grâce à tel jeu « Mon cerveau qui avait 70 ans
en a maintenant 20 », je bondis.
C’est une ineptie totale et c’est ignorer les mécanismes complexes de la mémoire ».
Les troubles de la mémoire peuvent être liés au stress, à une
dépression, à une hypertension... « Parfois,
un simple changement d’hygiène de vie, une nourriture saine, du sport et du
sommeil peuvent améliorer la concentration et la mémoire »,
explique-t-elle.
Si tous ces
exercices ne sont pas une garantie contre le vieillissement du cerveau, ils ne
peuvent pas être nocifs. Néanmoins, Jocelyne de Rotrou recommande aux seniors de
ne pas se contenter uniquement de ces exercices, car « des premiers symptômes de dégénérescence
pourraient être masqués ». Elle préconise une visite chez le
généraliste qui dirigera ou non le patient vers une consultation mémoire pour
un bilan approfondi. Seule cette approche médicale peut permettre d’améliorer
l’état du patient ou de retarder l’apparition de certaines maladies.
Reste que plus
le cerveau est stimulé plus il est protégé. Pour la gériatre Françoise
Forette, directrice de la Fondation nationale de gérontologie, « il ne faut pas hésiter à consulter, à
commencer par les personnes qui ne sont pas allées longtemps à l’école ou qui
n’ont pas eu une profession intellectuellement active ».