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Marie-Odile MERGNAC
http://www.notrefamille.com/v2/editorial-dossiers/souvenirs-de-grands-meres.asp
Une grand-mère ? Le mot évoque tant de choses : douceurs et
gâteries pour les uns, rigueur pour les autres, récits enjolivés pour celles
que l'on n'a pas connues…
Retrouvons pour le plaisir de la lecture le souvenir de quelques grands-mères
d'écrivains…
La grand-mère des images d'Epinal
Parfois,
la grand-mère porte des robes et des coiffures de l'ancien temps. Douce pour
ses petits-enfants, elle leur sort des livres d'un autre siècle, joue avec eux
à des jeux oubliés des nouvelles générations… Avec ses habitudes parfois surannées,
elle a pour les petits une saveur " d'autrefois ", d'un passé devenu
forcément bien doux et protecteur.
" Bonne-maman avait des joues roses, des cheveux blancs, des boucles
d'oreilles en diamant ; elle suçait des pastilles de gomme, dures et rondes comme
des boutons de bottines, dont les couleurs transparentes me charmaient ; je
l'aimais bien parce qu'elle était vieille. […] Je déjeunais chez eux tous les
jeudis ; rissoles, blanquette, île flottante ; bonne-maman me régalait. Après
le repas, bonne-maman sortait du buffet la toupie métallique sur laquelle on
enfilait, pendant qu'elle tournait, des ronds de carton multicolore. Elle
faisait avec moi des parties de dominos, de bataille, de jonchets. "
(Simone de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, Gallimard).
La grand-mère qui ne s'en laisse pas conter
D'autres interviennent dans l'éducation des petits-enfants. " Après tout,
pensent-elles, puisqu'elles ont déjà élevé les leurs, elles savent ce qui est
bien ". Elles ont d'ailleurs souvent le recul qui manque aux parents et
leurs remontrances n'empêchent pas les petits de les aimer aussi fort.
" Ma grand-mère me donnait les plus vives inquiétudes : j'avais la douleur
de constater qu'elle ne m'admirait pas assez. Elle blâmait ouvertement en moi
le cabotinage qu'elle n'osait reprocher à son mari : j'étais un polichinelle,
un pasquin, un grimacier, elle m'ordonnait de cesser mes " simagrées
". J'étais d'autant plus indigné que je la soupçonnais de se moquer aussi
de mon grand-père. […] À part cela, bien entendu, je l'adorais : puisque
c'était ma grand-mère. " ( Jean-Paul Sartre, Les
mots, Gallimard)
La grand-mère originale
Avec le recul des années, la grand-mère sait parfois prendre des décisions
éducatives novatrices, avec intelligence et pédagogie. George Sand se souvient
ainsi de son apprentissage de l'écriture, commencé dans la peine et la
répétition avec sa mère et libéré par sa grand-mère…
" Ma mère me faisait faire de grandes pages de bâtons et de jambages.
Mais, comme elle écrivait elle-même comme un chat, j'aurais barbouillé bien du
papier avant de savoir signer mon nom, si je n'eusse pris le parti de chercher
moi-même un moyen d'exprimer ma pensée par des signes quelconques. [...] Je
vins bientôt à bout de me faire une orthographe à mon usage. Elle était très
simplifiée et chargée d' hiéroglyphes. Ma grand-mère surprit une de ces lettres
et la trouva très drôle, [et] conseilla à ma mère de me laisser griffonner
seule tant que je voudrais. Elle disait avec raison qu'on perd beaucoup de
temps à vouloir donner une belle écriture aux enfants et que pendant ce
temps-là ils ne songent point à quoi sert l'écriture. " (G. Sand, Histoire
de ma vie, 1854)
La grand-mère bourrue
Et puis, il y a ces grands-mères pour
lesquelles un chat est un chat : elles ont passé l'âge de s'amuser à couper les
cheveux en quatre. Elles pestent contre les problèmes, les contrariétés, les
chamailleries des frères et sœurs, mais gardent pour leurs petits-enfants, sous
des dehors bourrus, un cœur immense et une affection indéfectible.
" Grand-mère jugeait les pluies ineptes. Pour elle, il devait pleuvoir une
fois pour toutes et qu'on n'en parle plus. On lui confiait la responsabilité du
régime des pluies, elle bloquait huit jours dans l'année pour y faire tomber la
quantité d'eau étalée sur douze mois […]. Au lieu que là, disait-elle, cette
douche écossaise à la mode de Bretagne, on n'en sortait jamais. Elle pestait
contre le mauvais temps comme après tout ce qui allait mal. Elle si ferme sur
les principes jurait vingt fois par jour des " nom
de nom " - nom de qui, on ne savait pas - qui résonnaient lourds de
menaces et de sous-entendus. " (Jean Rouaud, Les
champs d'honneur, Les Éditions de Minuit).
Et votre grand-mère ?
Et vous ? Quelle sorte de grand-mère avez-vous ? Quel éloge écrit ou affectueux
lui adresserez-vous un jour ? À vous de répondre !