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                                                                                                     JUILLET 2008

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REINVENTER LA SOLIDARITE DE PROXIMITE : MANIFESTE DE PROXIMOLOGIE

Comment accompagner le vieillissement du « baby boom »

 

 Hugues JOUBIN,  Ed° Albin Michel, 2005

 

 

P10 Epauler une personne atteinte de pathologie lourde est une épreuve douloureuse à laquelle rien ne nous prépare. Le courage se révèle insuffisant, pour supporter un rôle accaparant et une situation parfois invivable. Si des mesures d’aide existent en France, elles sont encore très disparates, voire incomplètes.

 

P11 L’épuisement des proches est une réalité coûteuse pour notre société, avec son lot d’arrêts de maladie, sa consommation de psychotropes, ses conséquences en termes de productivité… Ce volet mérite aussi attention.

 

P19 Proximologie : réinventer la proximité inscrit l’entourage de la personne malade au centre du complexe relationnel qui le lie aux soignants, aux structures de santé et d’hébergement, ainsi qu’à son environnement professionnel et familial.

 

P50 Il existe dans la littérature scientifique une multitude de désignations tant pour la relation que pour ses tenants… « aidant », « aidant informel », ou « aidant naturel », « accompagnant », « proche », « entourage »

 

P66 Actuellement le proche est peu protégé. On lui reconnait plus facilement des obligations que des droits. Certes, l’évolution législative récente lui permet plus facilement d’accéder à l’information et de participer aux décisions, sous certaines conditions. Toutefois, il n’est pas considéré comme un individu particulier, c'est-à-dire dans l’intégralité de sa personne, avec des besoins, des attentes et des contraintes spécifiques, souvent exacerbés par la proximité à la personne malade ou dépendante.

 

P71 Il est de notre responsabilité collective de dépasser les simples discours de commisération pour mieux valoriser le proche. Son rôle et son utilité sociale doivent être considérés come participatifs d’une approche globale des soins. L’avenir de notre système de santé dépend en grande partie de ces rééquilibrages qui appellent des mesures d’accompagnement et de formation, et qui engagent surtout à une pratique concertée d’intégration.

 

P83 Dans sa dimension philosophique, la proximité pose la question de notre liberté par et pour les autres. La proximité nécessite en effet une reconnaissance réciproque et le respect des limites… Etre touché par l’autre sans toucher à ce qui fait son intégrité, c’est un peu le dilemme du proche Il doit une certaine forme de déférence à ce qui fait différence. Un proverbe chinois exprime cette difficulté : « Les cœurs les plus proches ne sont pas ceux qui se touchent ». Toute l’exigence de ce lien est là : dans l’équilibre difficile et dynamique entre la bonne présence et la juste distance.

 

P99 La contribution des proches au bon suivi thérapeutique des malades, au respect de l’observance des traitements ou des règles hygiéno-diététiques, représente l’une des dimensions essentielles que notre système de santé a tout intérêt à redécouvrir rapidement.

 

P110 Face à un avenir qui le sollicite de plus en plus, l’ « utilité » du proche… appelle une valorisation publique. Seule celle-ci permettra à la collectivité d’accepter l’effort indispensable pour soutenir concrètement ce proche qui est aussi un acteur fragile.

 

P113 Tout au long de « son » accompagnement l’entourage doit rester libre. Libre de suspendre sa relation quand il n’en peut plus. Libre d’y renoncer sans être jugé, libre de s’y investir avec toute la force de sa conviction et de son affection.

         Cette liberté n’est en rien l’expression d’une insouciance. Elle est souplesse et dynamique, valeurs indispensables pour donner sens à la vie, surtout quand celle-ci se fait fragile et précieuse. Cette liberté n’est en rien l’expression d’un égoïsme : elle est considération et distance, nécessaires pour conserver un équilibre salvateur à une relation parfois dévorante.

         En fait cette liberté ne tolère qu’une limite : celle du bien-être et du respect de l’intégrité de la personne malade ou dépendante.

 

P116 La pudeur des aidants constitue le socle de leur inexistence. A une époque où la revendication est devenue l’une des formes première de l’identité, les proches se fondent dans un anonymat qui méprise les règles de l’opinion. C’est du moins encore le cas en France. Dans les pays anglo-saxons, l’entourage s’est depuis longtemps organisé en groupes de pression

         Désenclaver. Etrangement le proche est très souvent plongé dans une grande solitude. Son cercle familial se restreint. Les liens sociaux se distendent. Alors qu’il représente parfois l’ultime espoir de médiation du malade au monde, le proche s’enferme peu à peu dans une relation qui devient son monde. Dans cette situation, il est rarement informé des aides et des ressources qui peuvent le concerner

 

P118 Citons cinq besoins principaux : - le besoin en information – le besoin en financement – le besoin de répit - le besoin d’aide – le besoin de réseau.

 

P123 Organiser l’aide : une responsabilité politique.

 

P133 Pour aider, décharger ou mieux servir les proches des personnes malades, de nombreux métiers restent à formaliser et à professionnaliser… Quelques idées émergent comme celles de regrouper les principaux métiers sous des enseignes connues du grand public, à l’instar du secteur de l’intérim.

 

P140 Sur 15 millions de salariés, la France ne compte que 2,2 millions de particuliers employeurs. Il n’apparait pas inopportun de vouloir accroître cette proportion.

 

P146 L’approche proximologique de la situation de fin de vie nous interpelle, sur la continuité nécessaire d’une certaine forme d’accompagnement. Avec la mort on assiste à un glissement de l’attention, depuis le défunt vers ses proches, ce qui entraîne un transfert de rôle : celui qui reste en vie, le survivant, devient le sujet de détresse et de vulnérabilité.

         A chacune de ces étapes, il paraît essentiel que des professionnels ou des bénévoles formés puissent accompagner les proches, qu’ils disposent d’un temps suffisant pour écouter, recueillir la plainte familiale et répondre aux doutes.

 

P148 Le congé d’accompagnement de fin de vie, rebaptisé congé de solidarité familiale en août 2003, marque une évolution notable du droit français à l’égard des proches, mais il ne prévoit pas de rémunération.

 

P154 Pour l’entourage, la reconnaissance accrue de ses besoins et de ses droits le libère d’un anonymat aliénant. Le statut d’aidant lui ouvre une reconnaissance sociale de son activité.

 

P161 Nous devons nous assurer que les maillons primaires – et primordiaux – de notre solidarité sont solides, dynamiques et que la vitalité de ses liens essentiels leur permet une adaptabilité et une créativité rassurantes devant l’épreuve, sous peine de fragiliser et menacer toute la trame de notre vie en communauté…

         L’attention doit porter, de façon accrue, sur toute une forme de solidarité invisible et donc négligée dans les grands comptes de la nation : celle des anonymes, des usagers, des citoyens aidants qui composent notre société…

         La relation de proximité et de générosité qui unit les personnes malades ou fragiles à leurs proches mérite d’être mieux connue, plus aidée et surtout davantage valorisée… Le principe d’une « socialité durable » ainsi qu’une certaine idée de nos libertés en dépendent.

 

P163-164 Dans une société qui se caractérise par la multiplication des échanges, la solidarité de proximité exige la reconnaissance de nouveaux acteurs, la création de nouvelles règles collectives, le droit égalitaire, la sauvegarde d’un essentiel humain. Née dans un contexte de mutation géographique, elle n’est plus une solidarité « naturelle » fondée sur des rites ou la recherche de la reproduction à l’identique des rapports sociaux, mais une solidarité de la mobilité, de a construction consciente et partagée…

         De fait, la démarche de proximologie intègre les contraintes du nomadisme contemporain et les frontières entre générations. En revendiquant et en protégeant la relation au proche comme attribut premier de notre humanité, la solidarité de proximité consolide les fonctions de vivre ensemble… Ce contrat implique de chercher la liberté dans l’épanouissement de la socialité… Il invite à secouer les diverses tutelles qui s’exercent encore pesamment sur les relations entre individus et sur l’imaginaire collectif.

 

P165 10 propositions pour une solidarité de proximité :

         1 Les proches doivent faire l’objet de recherches approfondies, pluridisciplinaires, indispensables à la connaissance de leurs besoins et de leurs comportements, afin d’orienter les politiques et d’ajuster les mesures d’aide en leur faveur.

         2 Les proches doivent être reconnus pour leur utilité sociale et dans leurs difficultés…, ils doivent être reconnus et valorisés…

         3 Les proches doivent être considérés comme des personnes aux besoins et attentes spécifiques…

         4 Les proches doivent disposer d’une protection juridique…

         5 les proches doivent disposer d’instances de représentation spécifiques, indépendantes…

         6 Les proches doivent pouvoir disposer d’un système et d’un dispositif de formation adaptés à leurs besoins…

         7 Les proches doivent pouvoir facilement accéder à des structures de répit, à des aides et financements…

         8 Les proches et les personnes malades handicapées ou dépendantes doivent pouvoir bénéficier d’un recours à des services de proximité…

         9 Les proches doivent faire l’objet d’une évaluation et d’un suivi réguliers de leurs capacités…

         10 Les proches doivent bénéficier de mesure de droit social

Voir site : www.proximologie.fr