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«POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP GIPHV,APF69.N°7;01.2006 Editeur :Henri Charcosset,
E-Mail : charcohe@club-internet.fr»,trimestriel
QUE FAIRE DE CETTE VIE
GAGNEE? LE SIMPLE PLAISIR D’ETRE
Article paru dans les Cahiers de Science, La
gérontologie au quotidien, n° 3, Décembre 2003, sous le titre : Quel sens
pour la vieillesse ?
J-P Bois: A une époque où la durée de la vie
s’accroît au bénéfice du plus grand nombre et où l’on voit augmenter de façon
sensible le nombre de centenaires et même de « super
centenaires », il me paraît légitime de s’interroger sur le sens de
la vieillesse, ou plus exactement sur celui de la « grande vieillesse »,
sachant qu’on ne peut plus appréhender la vieillesse en bloc, comme un seul
temps de la vie. Autrefois, le débat sur le grand âge relevait plus de
l’imaginaire que de la réalité. A partir de la seconde moitié du XXe siècle,
l’allongement de la durée de la vie a bouleversé les perspectives
traditionnelles sur la vieillesse, posant une série de problèmes inconnus
jusqu’alors.
Il faut attendre le XVIe siècle pour que l’on
commence à découvrir la vieillesse… avec répulsion, la corruption du corps
renvoyant l’image de la corruption de l’âme ! Cette perspective peu
réjouissante dénie tout sens au grand âge. Le XVIIe siècle est moins dur mais
ironise encore, même si certains traités valorisent le bonheur d’un âge délivré
des passions et propice à une préparation sereine à l’au-delà. Au XVIIIe
siècle, on reconnaît quelque crédit à un moment de la vie qui peut être
intéressant ; à la fois pour la société – au travers des précieux savoirs
transmis par l’homme âgé – et pour l’individu lui-même qui peut y trouver le
temps privilégié de son propre accomplissement.
Au XIXe siècle¸ les deux perspectives – vieillesse
sage et vieillesse méprisable – se côtoient. La question de la vieillesse
commence à cette époque à prendre plus d’importance car la grande révolution
démographique est en marche et les vieillards cessent d’être l’exception.
Toutefois, que l’on stigmatise des souffrances de la vieillesse – comme Zola et
Gogol – ou que l’on en valorise les vertus – comme Victor Hugo – il n’y a
toujours qu’un discours plus théorique que vrai.
A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le débat
prend de l’ampleur avec les économistes, malthusiens ou anti-malthusiens qui
parlent de richesses et de famines et posent, en ouvrant la question de la
réduction volontaire de la natalité, le problème de la capacité de la société à
se nourrir elle-même. Celle-ci ne peut éviter la charge de ses vieillards,
alors qu’il lui est possible d’intervenir sur le nombre des naissances.
Le problème le plus crucial n’est pas
l’accroissement de la longévité, en tant que tel, qui ferait se succéder à la
première vieillesse une seconde vieillesse, en gros après 80 ou 85 ans.
L’écueil majeur vient de ce que la très grande vieillesse révèle brutalement le
désaccord qui existe presque toujours – au terme des très longues existences –
entre le souffle de la vie et les capacités du corps. La difficulté réside dans
cette fracture inévitable entre corps et vie, lorsque celle-ci devient
« dépendante ». Sous cette formule neutre se dissimule dans bien des
cas une terrible détresse physique, mais aussi morale ; la perte de
l’entourage et la solitude, la perte des facultés et la démence, la perte de
décision et la soumission, la perte apparente de sens et le terrible destin
d’une vieillesse-objet. On ne parle plus de sagesse, de pouvoir, ni même de
dignité ou de respect, mais de contraintes, de charges, et plus cruellement
d’utilité ou d’inutilité.
Je dirais même plus, elle est condamnée sans appel.
Réduite à la souffrance, la vieillesse se trouve récusée. A quoi bon un très
grand âge, pense-t-on, s’il n’est que celui de la décrépitude ? La
religion de la santé et le culte du corps, nouvelles valeurs de la société
occidentale, renvoient alors les maladies, le vieillissement et la vieillesse,
au rang des injustices que le potentiel scientifique et technologique devrait
permettre de combattre. La mort n’est-elle pas à son tour révoquée par ceux-là
même qui ne peuvent plus voir le spectacle de la dernière vieillesse ? Les
pleureuses professionnelles et les anciennes pompes funèbres ont disparu, la
mort solennelle et majestueuse du vieillard dans son lit familial est remplacée
par une mort solitaire sur un lit d’hôpital. Les derniers conseils que le
vieillard laissait à sa descendance réunie autour du lit mortuaire ne sont même
plus prodigués. Le grand vieillard achève sa vie à l’écart, sa disparition est
discrète, un faire-part de quelques lignes remplace les affiches baroques que
l’on placardait encore aux murs au début du siècle dernier…
Pessimiste, non. Optimiste béat non plus. Vigilant
plutôt, et déconcerté devant un discours public qui récuse notre capacité à
trouver, à terme, de nouveaux équilibres économiques, sociaux et moraux pour
rendre à la population des très vieux sa dignité éminente, et sa valeur
authentique au grand âge. Oui, la vraie question est celle du sens de la grande
vieillesse, et elle se pose comme jamais. Les auteurs de l’Antiquité, au fond,
ne questionnaient guère les âges de l’homme, inscrits à la fois dans l’ordre
divin et dans l’ordre naturel du monde. Avec l’entrée des civilisations
occidentales dans