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                                                JANVIER 2008

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LE BONHEUR MEDICALEMENT ASSISTE ? (SENIOR SEXUALITE)

 

 Dr Jacques WAYNBERG - 30 novembre 2005

 

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Dr Waynberg La sexualité des seniors...


La chimie est-elle l'élixir du bonheur ? En dehors de toute pathologie en amont, pourquoi ne pas admettre, a priori, que les maltraitances sexuelles induites par le vieillissement sont plus liées à la vulnérabilité des processus narcissiques qu'à des déficits endocrinien ou neurobiologique ?

Le "journal intime" des aînés n'est pas refermé après soixante ans, il est même de plus en plus encombré d'histoires de divorce, de deuil, de maladie, d'abandon, de maltraitance en institution, mais aussi d'élan amoureux, de nouvelles rencontres, de remariage.

Objet d'une démagogie qui n'avoue pas ses mobiles économiques, la "sexualité du troisième âge" bénéficie d'une toute récente évolution de la pharmacopée, mais il n'est question ici que d'un slogan commercial : la responsabilité des troubles de l'érection dans l'insatisfaction et la frustration que relatent de nombreux couples, n'est pas l'unique facteur de désordre. Plus l'âge avance, plus la vie intime subit les aléas d'un "écosystème" domestique de plus en plus complexe.

En pratique, la primauté revient à estimer avec tact la "fatigue d'être soi", pour citer Alain Ehrenberg. Les considérations démographiques dépassent le cadre de cet article mais elles ne peuvent pas être écartées dans une critique des bonnes pratiques cliniques : ce n'est pas en effet, parce que les couples ont une plus longue survie depuis une vingtaine d'années, que de plus en plus de "jeunes" couples "âgés" se forment après la soixantaine, que les unions libres font une percée dans ces tranches d'âge soit disant à la retraite… que ces amoureux d'un genre nouveau dans notre société sont des adeptes inconditionnels du prêt-à-porter coïtal que la médecine leur promet !

Il y a des limites éthiques à redéfinir vis-à-vis de ce droit d'ingérence bien évasif sur les questions de consentement et de besoins.

Pour beaucoup il est vrai, le défi sexuel est une épreuve d'effort. La lutte est inégale et la victoire finale sur la mélancolie et le désert affectif ne dépend pas seulement de la volonté de les combattre : on retrouve ici les handicaps qui perturbent le régime alimentaire, l’hygiène, les possibilités de loisirs, la sécurité des personnes âgées, à la tête desquels se placent à l’évidence les problèmes économiques et familiaux. La prise en charge de cette nouvelle génération de "demandeurs d'emploi" érotique fait actuellement les frais d'un malentendu. Si guidance il y a, elle doit porter sur l'appétit et pas uniquement sur la digestion. Une fois l'échec sexuel érigé en "problème", il est tentant de légitimer son statut de victime, mais…quels en sont les bénéfices secondaires ? Qui a besoin de cette guérison ? Qui veut véritablement que ça change ? Pour en faire quoi, ensuite, de cette rigidité de la verge par exemple ? Et pourquoi éluder la question taboue du dégoût ?

En fin de compte, l'assistance médicale à la volupté est hypothéquée par l'invisibilité du plaisir. Des questionnaires de qualité de vie sexuelle peuvent étayer l'entretien, mais leur interprétation ne dépasse pas le premier degré de la prise en charge, celui de légitimer ou non la prescription d'aphrodisiaques médicamenteux.

Les notions de satisfaction, de sentiment de virilité, de qualité et d'intensité de l'éjaculation, par exemple, assurent désormais une plus grande précision de l'accueil des dysfonctions érectiles, mais la question de l'orgasme reste suspendue en apesanteur, comme résistant à la pudeur des interlocuteurs.

Comme l'affirme Roger Dadoun : "On ne soulignera jamais assez que les stations de la libido, si l'on peut dire, demeurent toujours strictement individuelles, et que ce serait forcer la réalité que de généraliser, en extrapolant à partir des sondages, questionnaires, entretiens, dossiers ou témoignages". Le cap à franchir n'est donc pas facile à atteindre car il aborde les zones les plus opaques de l'amour physique, celles des rituels qui permettent d'en jouir. Être acteur de ses propres scénarios érogènes est l'assurance que la vie n'est pas encore trop fanée.

Or, y a-t-il secret plus fortement gardé que celui qui contient précisément les protocoles de la jouissance ? Comment connaître les arcanes qu'empruntent la masturbation, les usages clandestins de la pornographie, les glissements insidieux vers des pratiques à risque pervers, les rencontres fatalistes de la prostitution, par exemple.

En matière d'érotisme au déclin de l'existence, tant que le besoin de jouir n'est pas exclu des gestes essentiels de la vie, les corps sont toujours des corps-objets de plaisir, même dégradés, amputés, invalides, enlaidis. À cet égard, l'écoute "fraternelle" qui seule permet d'apporter l'aide attendue, est d'autant plus délicate à instaurer que les patients s'écartent des canons esthétiques et des stéréotypies gestuelles à la mode : en matière de "sexualité du troisième âge", entre le consultant et le médecin, le plus stressé des deux n'est pas toujours celui qu'on croit…