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MARS 2009

                                                                   DOSSIER SUR LES SERVICES A LA PERSONNE

 

                                                                                                      HANDIRECT

 

 

Cet article reproduit très partiellement un dossier publié par Handirect, le magazine pratique des situations handicapantes, dans son numéro de Janvier/Fevrier 2009.

Site Internet d’Handirect : www.handirect.fr

                           

Introduction

 

L’aide à domicile regroupe : les services à la famille, les services de la vie quotidienne, les services aux personnes dépendantes ou/et handicapées, les services aux familles fragilisées.

Le dossier met en avant  l’intérêt du CESU et cite, comme il se doit, associations et entreprises.

 Personnes handicapées vieillissantes vivant en couple, nous mettons à profit l’aide d’une personne auto-recrutée rémunérée par CESU, et celle d’une personne du Service Mandataire à la Croix-Rouge. Ces deux personnes sont l’une et l’autre très bien à tous égards. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier comme on dit, est proposé à la réflexion de particuliers-employeurs.

 

Nous reprenons ci-après les interwiews, par Jean-Marc Maillet-Contaz, directeur d’Handirect,  de Guillemette Fayet, directrice de Main Tenir, et de

Eliane Belisant, auxiliaire de vie sociale et formatrice conseillère à Main Tenir

 

Main Tenir,  Association fondée en 1978

38, Rue Raulin, 69007 Lyon ;  tel : 04 78 58 05 68

Contact : Mme Guillemette Fayet

http://www.maintenir.asso.fr

 

 

Les bénéficiaires n’ont plus de lisibilité

 

Guillemette Fayet,  Directrice de Main Tenir

 

Nous donnons régulièrement la parole à l’association Main Tenir, car c’est un modèle de sérieux et de qualité dans l’exercice des services à la personne et du maintien de vie à domicile. Cette association a d’ailleurs fêté dernièrement 30 années de pratique couronnée par un nombre record de salariés et de clients.

Guillemette Fayet, sa directrice répond à nos questions.


Handirect : Quel est votre point de vue  sur l’émergence du marché des services à la personne ?

Guillemette Fayet : Le public a perdu toute lisibilité sur ce qu’est aujourd’hui le maintien de vie à domicile, car il reçoit des offres tous les jours dans sa boîte aux lettres, lui proposant tout et n’importe quoi. Tout cela est devenu très anarchique. Même les grandes surfaces, les banques, les assurances proposent aujourd’hui les services à la personne.

Que faut-il en penser ? Les bénéficiaires, actuels ou futurs,  sont dans la confusion car même le fameux agrément  de qualité délivré par l’Agence Nationale des Services à la Personne , qui garantit un éventail de prestation à un niveau de qualité, est délivré à toutes les structures.

Cela ne veut plus dire grand-chose. Faire un choix n’est pas évident pour le bénéficiaire, car rien ne lui permet de trancher avec certitude. Les critères de choix passent par une information qui reste trop confidentielle. Alors, comment faire ? La position de Main Tenir est claire, nous nous occupons de la dépendance de la plus faible à la plus importante.

 

 Handirect : Comment vous distinguer des autres structures ?

G.F. : Dans le Rhône, le département a mis en place, depuis la loi 2002-2, un dispositif d’autorisation d’exercer pour les structures qui souhaitent, comme nous, prendre en charge les personnes dépendantes. C’est un préalable qui légitime notre place et nous donne droit à une grille de tarification, laquelle définit le niveau de prise en charge par le département des coûts hors remboursements légaux. Ce dossier de demande d’autorisation est très complet et très exigeant. Pour Main Tenir, le passage par ce filtre s’est très bien déroulé car nous répondons à la norme AFNOR des services aux personnes à domicile

NF-311 ainsi qu’aux règles générales de la marque NF et à la norme NF X 50-056. C’est un peu ardu, mais cela pour vous dire que nous ne sommes que très peu en France à avoir obtenu ce niveau de certification.

Parallèlement, le département a mis au point sa propre charte qualité, nécessaire pour obtenir l’autorisation d’exercer et obligatoire pour l’exercice de la pratique.

 

Handirect : Que recommandez vous aux personnes qui recherchent des services à domicile, pour bien choisir leur prestataire ?

G.F. : Je leur recommande de bien se renseigner et, bien sûr, de faire marcher le bouche à oreille car, lorsque des personnes sont satisfaites, elles le font savoir et c’est notre meilleure publicité. Nous travaillons en amont avec certains hôpitaux mais une fois sortis de ce cadre, les patients sont souvent livrés à eux-mêmes et doivent se débrouiller face au flot des propositions. Encore une fois, la communication fait défaut et il serait important que le département publie la liste des structures autorisées par lui. L’autre aspect, moins visible, mais très important, de la question, c’est le niveau de formation des intervenants, sur lequel il convient aussi de se renseigner. En plus de formations obligatoires que nos salariés doivent avoir suivi, nous leur proposons de nombreux modules de formation sur les aspects techniques ou humains, pour qu’ils soient au meilleur de leur métier.

 

Handirect. : Quelles sont les difficultés d’un secteur qui attire autant de monde ?

G.F. : L’une des premières difficultés de ce secteur, c’est le niveau des salaires qui est faible, car adossé aux fonds publics. Ensuite, nous sommes quelquefois confrontés à des niveaux d’intervention qui ne requièrent que quelques heures par semaine et ce n’est pas très motivant pour les auxiliaires. Même si ce n’est pas grave au début, il est important qu’elles  évoluent, par le biais de la formation, ou la Validation des Acquis et de l’Expérience (VAE). Cette dernière option reste encore malheureusement difficile à réaliser. L’une des difficultés que nous arrivons doucement à gommer est celle de la mixité des intervenants car,  jusqu’à présent, ce sont surtout les femmes qui interviennent. J’évoquais tout à l’heure le bas niveau des salaires du secteur ; la conséquence de cette situation, ce sont de plus en plus de revendications salariales….

 

Handirect. : Comment ce secteur est-il organisé en France ?

G.F. : Il y a plusieurs grandes fédérations qui  réunissent les différents acteurs du métier, mais ces fédérations sont assez immobiles. De notre côté, nous essayons de rencontrer régulièrement les autres grandes associations de la région, pour partager nos expériences et nos soucis. Mais nous n’avons pas pour autant de stratégie commune.

 

Handirect. : Vous ne pouvez quand même pas répondre à tous les besoins, alors comment faites-vous ?

G.F. : C’est vrai que nous avons régulièrement besoin de faire appel à d’autres sociétés de services pour pouvoir exercer notre mission sereinement. Je pense, entre autres, à des sociétés de nettoyage, lorsque le domicile d’un nouveau bénéficiaire est particulièrement sale. Avec cette question, se pose aussi celle des limites de notre intervention et du maintien de vie à domicile. Plusieurs cas nous posent problème, notamment si le bénéficiaire d’une tierce personne à plein temps est un gros fêtard, sa tierce personne doit le suivre,  avec toutes les difficultés et les risques que cela engendre ! Même si nos auxiliaires sont très tolérantes, quand et comment fixer des limites qui entraveront la liberté du bénéficiaire ? La question se pose aussi dans le cas d’un maintien à domicile trop médicalisé. Est-ce vraiment la bonne solution ?

Propos recueillis par JMMC

 

 

Engagée par vocation  

Eliane Belissant , Auxiliaire de vie sociale

 

Eliane Belissant est passionnée par son travail d’auxiliaire de vie, à tel point qu’aujourd’hui,  après plus d’une douzaine d’années d’activité,  elle forme et conseille les nouvelles et nouveaux venus dans  cette profession qui ne cesse d’évoluer, et qui selon Eliane, est passée d’un engagement par vocation à la pratique d’un métier cadré et très professionnel.

 

Handirect : Qu’est-ce qui vous a menée vers l’activité d’auxiliaire de vie sociale ?

Eliane Belissant : C’est un long parcours, j’ai d’abord été employée de banque, et suite à un départ volontaire, j’ai crée un commerce. Bien que celui-ci ne se soit pas avéré suffisamment rentable, il m’a permis durant deux ans de rencontrer beaucoup de monde. En fait, j’avais un rôle social très fort qui me plaisait beaucoup. Aussi, lorsque j’ai cessé mon activité, j’ai fait un bilan de compétences à l’ANPE, qui m’a menée droit vers une formation d’aide à domicile. Mais il n’y a pas vraiment de hasard, je me suis toujours sentie bien dans les situations d’aide à autrui.

 

Handirect. :Comment s’est passé votre début de carrière ?

E.B. :J’ai commencé par effectuer un travail à mi-temps dans un centre pour personnes handicapées, puis je suis devenue veilleuse de nuit. A la suite de cela, j’ai travaillé dans une maison de retraite où j’étais maîtresse de maison, mais ce fut une très mauvaise expérience car j’étais témoin de nombreux mauvais traitements et j’en suis finalement partie après avoir dénoncé tout cela. Par la suite j’ai postulé chez Main Tenir pour qui je travaille depuis 11 ans.

 

H:Quelle a été votre première mission ?

E.B. : Je suis intervenue en remplacement auprès d’une personne âgée atteinte de sclérose en plaques chez qui j’intervenais cinq jours sur sept, neuf heures par jour. Puis, j’ai réalisé d’autres missions dans tous les postes que Main Tenir a pu me proposer avant de revenir vers cette personne. Je suis restée dix ans au service de cette dame. C’était une expérience passionnante bien que parfois un peu lourde, car elle ne communiquait presque pas. Je n’avais pas imaginé rester si longtemps et, au bout de trois ans, je me suis posé beaucoup de questions sur la qualité de mon intervention. J’avais peur d’être prise par les habitudes.

Parallèlement, sa fille vivait chez elle,  et avait sacrifié sa vie professionnelle pour rester proche d’elle ,  alors même qu’elle avait un très bon poste aux Hospices Civils de Lyon. Je me suis trouvée dans une situation où je devais être au service de l’une et à l’écoute de l’autre, car la plus jeune souffrait, malgré tout, de ce choix qui l’asservissait. Elle ne s’accordait plus une minute de loisir pour consacrer tout son temps disponible à sa mère. Nous en avons beaucoup discuté car cette emprise l’amenait parfois à penser que je n’étais pas assez attentionnée pour sa mère.  Mais elle se reprenait toujours. Le rôle d’auxiliaire de vie sociale est assez large, elle est à la fois présente pour le bénéficiaire mais aussi pour son entourage qui s’inquiète et se pose des questions. Il faut beaucoup écouter, sans juger, et rester discret en toute situation. Cet aspect ne s’enseigne pas,  on le ressent et on le vit sur le terrain, et ce n’est jamais pareil d’une famille à l’autre. Il faut aussi en parler avec la direction car nous devons beaucoup échanger entre nous pour ne pas risquer de dérive.

 

Handirect : Ce jeu de relations croisées  n’est-il pas un risque de dérive ?

E.B. : Aujourd’hui, je ne le pense pas car nous avons un cadre d’intervention précis et une éthique professionnelle à respecter. Depuis 2002 et l’instauration d’un diplôme d’Etat d’Auxiliaire de vie sociale, notre rôle est clairement défini, avec ses limites. Parallèlement, la formation permet d’aborder les aspects psychologiques de la relation d’aide. Nous apprenons à écouter sans nous impliquer et surtout en sachant poser les limites dès le début d’une mission.

Nous ne pouvons pas laisser s’instaurer une relation trop familière et des phrases telles que « vous êtes un peu comme ma propre mère » venant de l’auxiliaire ou « vous êtes un peu ma fille » de la part du bénéficiaire sont des indicateurs forts de dérive auxquels il faut immédiatement apporter une correction pour bien redéfinir le champ de la relation. Le tutoiement est aussi à éviter. C’est aussi dur à faire que de partir d’un domicile alors que le ou la  bénéficiaire vous presse de rester un peu plus longtemps pour faire telle ou telle chose, pour prendre un café ou prolonger une discussion. Notre intervention est régie pas des horaires que nous devons à tout prix respecter car  c’est le bénéficiaire suivant qui risque d’en faire les frais.

 

Handirect : Hors de l’aspect relationnel il y a un rôle opérationnel et quelles sont ses exigences ?

E.B. : Nous devons bien sûr intervenir auprès de la personne pour la toilette ce qui se fait généralement  avec l’aide d’une infirmière. Mais aussi, l’assister pour aller aux toilettes, l’habiller, la déshabiller, parfois l’aider à manger, faire ses courses, lui préparer à manger, faire son ménage….les tâches sont nombreuses mais encore une fois, très cadrées. Nous n’avons pas pour vocation de déplacer des meubles ou faire du bricolage important. Il faut pourtant intervenir parfois sur la position des meubles ou de la décoration qui peuvent gêner le travail et représenter un risque pour la personne elle-même. Je pense entre autres aux tapis, ou à un encombrement trop important de certaines pièces.

 

Handirect : Ce degré d’intimité n’est-il pas sujet à caution ?

E.B. : Ca peut arriver, mais c’est rare. Nous devons, bien sûr mettre la personne en confiance, et doucement, tout se fait naturellement. J’ai toujours eu à cœur de valoriser la personne que j’aidais par ses tenues vestimentaires, des accessoires, du maquillage…. C’est important l’estime de soi lorsque l’on est dans une situation de dépendance. La relation dans l’intimité est plus compliquée lorsque l’on a affaire à des jeunes. Ils sont parfois très exigeants. Aujourd’hui il y a des hommes qui s’occupent de femmes d’âge plus ou moins équivalent et ça se passe très bien. Encore une fois, si le cadre est posé, et les rôles bien clairs, il n’y a pas de problème.

 

Handirect : Quels conseils donnez-vous aux débutants ?

E.B. : J’insiste sur la ponctualité ! C’est très important et c’est une question de respect. Le retard d’une AVS peut être insupportable à vivre car tous les types de besoins peuvent se faire sentir, et bien sûr, les plus impérieux.

En plus de la colère du bénéficiaire, les retards peuvent provoquer des angoisses chez les personnes le plus fragiles. J’ai été moi-même dépendante durant une quinzaine de jours suite à un accident et je sais trop ce que représente la présence, à l’heure juste, de l’auxiliaire de vie. Démarrer une journée en retard et ce sont  peut-être tous les bénéficiaires du jour qui vont en pâtir, c’est inacceptable. Notre métier, bien que dans l’aide et l’écoute,  nécessite une grande rigueur. L’autre aspect, c’est le respect de la personne et bien sûr, une discrétion totale sur ce qui est vu, entendu et vécu dans la sphère privée.

Il faut que l’auxiliaire apprenne à se protéger au niveau émotionnel pour éviter les transferts. Je demande aussi aux auxiliaires de prendre soin de leur santé et de faire du sport, car c’est un métier qui demande beaucoup d’efforts physiques. Enfin, je les invite à faire toutes les formations possibles car c’est comme cela que l’on évolue et  que l’on pourra proposer des services de meilleure qualité.

Propos recueillis par JMMC.

 

 

Entreprendre dans les services à la personne

 

De 2004 à 2006, le nombre de créations d’entreprises dans le secteur des services à la personne a été multiplié par 10, passant de 500 à 5000. Il faut reconnaître que le contexte est porteur. En effet, la demande des ménages français explose sous l’effet des évolutions de société - allongement de la durée de vie, accroissement  de l’activité des femmes,  augmentation du nombre de familles monoparentales, recherche de qualité de vie….. D’autre part, les gouvernements successifs multiplient les avantages fiscaux et sociaux pour ceux qui se lancent dans cette activité.

Ce guide pratique aborde d’une manière détaillée et accessible les spécificités  de l’activité des services à la personne. Il  définit les enjeux de création  d’une entreprise de Services à la personne, explique comment créer son entreprise, fournit le B.A,B. A du démarchage commercial, les outils de communication et aborde les domaines du développement, du recrutement, de l’intégration à un réseau et la certification pour les entreprises existantes.

 

« Entreprendre dans les services à la personne »

 par Pascal Chauvin ,   Editions Dunod,   19€

 

Note, HC :  Voir aussi : http://www.auto-entrepreneur.fr /