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 SCIENCE, BON SENS, LAICITE, PAIX, FRATERNITE.

Contribution à titre personnel aux Etats Généraux de la Recherche.

 

Henri Charcosset, retraité CNRS, 22 avenue Condorcet, 69100 Villeurbanne,    E-mail : charcohe@club-internet.fr

 

14 Juillet 2004.

J’ adresse ma contribution à Cédrik Caspar et à Pierre Lallemand, du CIP, Comité d’Initiative et Proposition.

    

22 Mars 2004.

Je reçois d’A3 CNRS, un e-mail signé Claudius Petit, m’indiquant que : « Après avoir publié et diffusé son numéro spécial, l’Association a décidé de ne pas intervenir dans le débat actuel, en laissant à chacun la liberté de ses opinions ».

En d’autres mots, mon texte m’est rendu à ma libre utilisation. 

 

25 Février 2004.

 Texte proposé pour publication dans Le Bulletin d’A3 CNRS, Association des Anciens et Amis du CNRS, amis-cnrs@cnrs-dir.fr .

 

SCIENCE, BON SENS, LAICITE, PAIX, FRATERNITE.

En écho au Numéro Spécial Recherche « Vitalité et Rayonnement du CNRS », Bulletin de l’Association A3CNRS, Octobre 2003, N°33.

 

Par Henri Charcosset, Directeur de Recherche CNRS-département chimie, retraité, bénévole autonome de recherche sociale.

Adresse :22 avenue Condorcet, 69100 Villeurbanne, France.

 E-mail : charcohe@club-internet.fr 

 

RESUME :

 L’auteur, tout acquis à la cause de la recherche publique à temps plein, considère que l’affichage du « Faire croître la connaissance en tous domaines » ne se suffit plus. On doit rendre les Organismes, et déjà le CNRS, plus attractifs auprès du citoyen contribuable. Le CNRS gagnerait à être  mieux identifié comme Service Public de la Recherche.

Il est , dans ce contexte, envisagé ici de mettre en place auprès du CNRS  un Centre National de Recherche Sociale Avancée ( Avancé :  qui est en avance sur les autres ou sur son temps , dictionnaire Hachette), par exemple sur le modèle des anciens PIR (Programme Interdisciplinaire de Recherches). L’objectif affiché « Science, Bon sens, Laïcité, Paix, Fraternité ( Solidarité en tous sens) »  serait de commencer dès maintenant à bâtir un monde meilleur pour tous.

 

 

 L’idée essentielle consiste à se représenter toute personne, sans exception, comme collaborateur de recherche potentiel, à partir de son expérience de la vie.

 Deux moyens d’action privilégiés au profit du CNRS en son entier :

1/Augmenter auprès de tout agent, son espace de responsabilité pour la répartition de son activité, entre la recherche finalisée, fondamentale ou appliquée, la recherche fondamentale « libre », c’est-à-dire non finalisée, et  la recherche sociale avancée.

 2/ Etendre les domaines d’action des Groupe(ment)s de Recherche, GDR, mais en n’hésitant pas à reprendre des formules du passé, comme le GRECO( Groupe de Recherches coordonnées)aux  caractéristiques sensiblement différentes de celles des actuels GDR, dont un  nombre d’équipes bien plus limité.

 

I. INTRODUCTION.

 

Entré au CNRS en 1960, à 24 ans, j'ai fait carrière en étant rattaché à un Laboratoire propre  du CNRS (département de chimie) : l’Institut de Recherches sur la Catalyse, localisé à Villeurbanne. Devenu DR1, j'ai dû passer en invalidité, en 1989. Depuis chez moi, je me suis alors investi dans des activités bénévoles de recherche pour l'insertion sociale active de toutes personnes en situation de handicap. Des résumés de ces activités se trouvent dans des revues associatives ainsi que sur l' Internet.

Le Numéro Spécial Recherche du Bulletin d’A3 CNRS  est  stimulant. Nos commentaires nous étant demandés,  voici le mien.

 

II. L’OBJET D’ETRE DU CNRS GAGNERAIT A BENEFICIER D’UN AFFICHAGE COMPLEMENTAIRE.

 

Au mot clé de base Science, ou Recherche, je propose à la réflexion d’associer une expression  telle : « Science, Bon sens, Laïcité, Paix, Fraternité ».

( Fraternité faisant  renvoi à  «  Liberté, Egalité, Fraternité »). Ceci se rattache à la notion de « Service Public de la Recherche », seule conception  réellement capable d’être à l’écoute de la Demande Sociale, sans se focaliser sur des intérêts privés et/ou financiers. Au plan pratique, un « Centre National de Recherche Sociale Avancée, du CNRS » serait approprié.

 Ce nouvel « emballage »  met résolument l’accent sur  une relation  nouvelle de la science avec la société, pour l’élaboration d’ une société plus juste , plus humaine.

 La relation entre chercheur en profession, et toute individualité, quelle qu’elle soit, où qu’elle vive, est facile à comprendre et à modéliser. L’individu, de par les éléments-clés de son expérience de la vie, est à situer comme collaborateur de recherche en puissance.

 

 

III. EXEMPLES DE SUJETS SPECIFIQUES AU NOUVEAU CADRE.

 

1. Citons déjà la collaboration existant entre l’Université et le milieu de la grande pauvreté, pour la lutte contre la pauvreté. On parle là de « croisement des savoirs », entre Universitaires et très pauvres, ceci en prolongement de l’œuvre de Joseph Wresinski (1917-1988), fondateur du Mouvement ATD Quart Monde.

 

2. La science moderne constitue un formidable message de paix entre les hommes. A l’origine de l’univers il y a le big-bang. En amont du big-bang, il y a Dieu pour les croyants. L’existence de Dieu est indémontrable, sa non-existence tout autant. Il n’y a pas lieu de s’entredéchirer, de se tuer sur ce genre de question, tout au plus de se considérer comme égaux en ignorance. La science moderne est capable de découvertes, on aimerait qu’elle se préoccupe davantage de les transformer en messages de paix , d’ humanisme et de progrès social. Ceci dans le contexte général de la laïcité ( neutralité religieuse).

 

3. La théorisation de la notion de handicap d’une sorte ou d’une autre a débuté en 1980. Le CNRS paraît en être absent.. Et pourtant, en accompagnement à cette question à première vue « simplement » médico-sociale , se trouve être implicitement évoquée la notion de personne non handicapée, ou valide ou « normale ». C’est la grande question de l’homme en société, dans le présent, qui se trouve posée.

 Le modèle général à prendre en compte, comme l’a suggéré le sociologue Edgar Morin, est selon moi, de type valide/invalide, pour tout un chacun . Cela est du reste un peu de bon sens , vu que nous passons notre vie à nous former et dé-former, dans le même temps.

 Pour en référer au milieu de la recherche scientifique, si la validation de l’acteur par hyper-sélection, hyper-spécialisation, est bien nécessaire, elle ne s’accompagne pas moins d’ in-validation, de par le cloisonnement des modes de pensée et une moindre largeur de vues  en  résultant.

Cela  reste totalement à étudier, par exemple  dans le contexte d’une généralisation de la théorie des handicaps.

 Un cadre nouveau, bien plus « ouvert », est nécessaire pour ce faire.

 

4. Les retraités, personnes âgées ou/et handicapées , gens isolés, comme producteurs qualifiés de lien social ( production aussi nécessaire que celle de biens et de services) . Quel que soit le lieu de vie, dont maison de retraite, foyer spécialisé, prison aussi. A  tout niveau de dépendance simplement physique. Le plus souvent en mode bénévolat., on s’en doute.

 

 

 

 Les Nouvelles Techniques de l’Information et de la Communication, NTIC, couplées aux  sciences de l’Homme et de la société, au CNRS, apportent à bien des égards  une potentialité   majeure ( Un ordinateur peut se commander  au moyen du seul mouvement des paupières !)

 Mais la valorisation implique un travail en commun  continu,  avec tous  milieux professionnels et associatifs de la gérontologie  et de l’ accompagnement des handicaps. Cela ne peut se faire que dans le cadre d’une organisation nouvelle , organiquement liée au CNRS.

 

5. Les sciences de la matière n’échappent pas à ce besoin d’un contexte actualisé  propre à faire la jonction,  sans discontinuités,  entre recherche tout à fait fondamentale, et  vécu de l’homme en société. La « science du charbon » peut servir à l’ illustrer : sciences de la terre pour les modes de formation du charbon, physique et chimie pour en étudier l’organisation et les propriétés, génie chimique et modélisation pour les applications industrielles, tout cela pour les conséquences environnementales et les choix énergétiques, sciences de l’Homme et de la société entre autres pour les aspects micro- et macro-économiques.

 

Les retraités et amis CNRS peuvent  contribuer avantageusement aux orientations qui précèdent . La retraite n’est-elle pas le temps de nous extraire de notre passé, à la fois riche et le plus souvent bien limité, pour nous rendre davantage partie prenante du monde qui nous entoure, sans rien perdre de notre mentalité de chercheur ?

 Nous avons à contribuer à faire lien entre le passé et le futur de l’évolution de la société, à partir de notre expérience du milieu de la recherche scientifique.

 Là où mai 68 a montré la soif d’exister de catégories entières de personnels dans nos Organismes, maintenant est prégnante la soif d’être individuellement reconnu comme personne, d’une proportion très importante de nos concitoyens.

 Le milieu de la recherche scientifique a une place prépondérante à prendre sur ces questions. Mais il y a le préalable que chaque acteur CNRS  ne soit pas seulement considéré  comme  un  technicien,  un super-technicien , un  hyper-technicien  de la recherche.

 

IV. LES GRANDES QUESTIONS D’ORGANISATION DU CNRS

 

Ce que j’ai à dire repose sur le respect dû à la personne en son entier, qu’est chaque acteur, qu’il soit chercheur, ingénieur, technicien ou administratif,  de la Recherche publique.

 

 

 

 Les points ci-dessus seraient à traiter  sur la stricte base du volontariat. Chaque acteur doit être tout à fait libre de ne pas participer, même à temps très partiel, à une recherche sociale avancée, comme partie ou en accompagnement de l’actuel CNRS. Par contre, il se trouverait en faute, moralement grave, s’il cherchait à freiner, empêcher, les acteurs, qui se diraient prêts à s’investir.

 

Le rôle de la Direction est de faire des appels à participation  auprès de tous les acteurs, ensuite d’encourager, organiser, les réponses positives, en  prenant en compte au plus près les propositions d’actions recueillies.

Il y a probablement deux façons d’opérer.

L’une serait de créer un nouveau département au CNRS, les actuels départements étant trop disciplinaires , ou mieux, de réactiver l’équivalent d’un ancien PIR (Programme Interdisciplinaire de Recherche).

L’autre façon serait d’initier une Institution particulière, par exemple d’ intitulé « Centre national de recherche sociale avancée, du  CNRS ». Devraient pouvoir s’y rattacher, aux côtés d’ acteurs CNRS en fonction,  les personnes intéressées du Comité d’Action et d’Entraide sociale (CAES) du CNRS, d’A3CNRS, des Syndicats de la Recherche, et, point tout aussi essentiel, des personnes de notre société civile ayant su se montrer innovantes, par exemple en milieu syndical ou associatif.

 

V. L’ INTERDISCIPLINARITE AU CNRS.

 

Ce sujet est évoqué largement dans le « Numéro spécial Recherche d’ A3 CNRS ».

Une  partie au moins de la réponse  à cette question  se trouve dans la manière dont nous avons approché au CNRS,  la relance d’une science des charbons, vers la fin des années 70, à la suite du choc pétrolier de 1973. Sur proposition du directeur du département Chimie du CNRS, Raymond Maurel, je m’étais chargé à la fois de reconvertir mon équipe, de faire se créer de nouvelles équipes charbon, de les coordonner.

 

 Raymond Maurel , mais également Pierre-Charles Gravelle, comme directeur adjoint du programme interdisciplinaire de recherche (PIR) qui s’appelait le PIRSEM (PIR sur l’ Energie et les Matières premières), ont exercé un suivi continu, garantissant la qualité scientifique de cette action.

Jean-Noël Rouzaud , un des rares jeunes chercheurs à avoir consacré sa thèse à l’étude des charbons, a été un élément clé, tout au long de ces travaux. Nous sommes donc allés piocher dans des équipes CNRS, des équipes de l’Université généralement associées au CNRS mais pas obligatoirement.

 

 

 

Pour créer plusieurs Groupes de Recherche Coordonnés (GRECO), quand il s’agissait de recherches à caractère plutôt fondamental, puis de former avec des partenaires industriels un Groupement Scientifique (GS) dès qu’il s’agissait d’aborder le problème d’applications ( hydrocarbures de synthèse, fabrication de cokes pour haut-fourneau, …).

 

Les Groupes de recherche, en particulier de type GRECO,  pourraient  intégrer, notamment en recherche sociale avancée, des citoyens  innovants. Cela existe, même si leurs publications , faites en milieu associatif et apparenté, donnent lieu à un indice de citation internationale dérisoire. Il est  anormal par exemple, qu’un demi-siècle après leur élaboration, les idées de base de Joseph Wresinski cité ci-dessus, n’aient quasiment pas atteint notre milieu universitaire, CNRS  compris. Joseph Wresinski a tiré ses idées, sa force de motivation en faveur de la recherche en sciences humaines et sociales comme moyen majeur de lutte contre la grande pauvreté, déjà et avant tout du fait qu’il avait vécu toute son enfance en milieu très pauvre. Il serait passéiste de penser qu’en recherche sociale avancée, le préliminaire à une pensée innovante serait un très long passage sur les bancs de l’Université.

 

Point à souligner, les Groupes tels ceux que nous venons d’évoquer peuvent être mis en place  sans trop de frais, et sans que soit perturbée la vie courante et familiale de chaque participant, comme cela est bien souvent le cas avec la mobilité géographique.

 

VI. EN GUISE DE CONCLUSION.

 

La Recherche publique, ses Organismes, ont aujourd’hui plus encore que dans le passé, toute leur raison d’être. L’affichage du seul « Faire croître la  connaissance », ou du « Faire s’ajuster le niveau de financement de la recherche en France à ce qu’il est aux USA, ou au Japon », n’est cependant pas à la hauteur de l’enjeu. Même si l’aspect quantitatif est indispensable, il ne peut suffire. Il faut déjà  mettre  en avant  l’homme,  et faire ressortir la science, la recherche publique , comme ayant à être par l’homme, avec l’homme, et pour l’homme.

 L’étape initiale, peut-être même déterminante, pourrait bien être de considérer l’acteur de la recherche publique à temps plein, comme une personne en son entier, avec un bon espace de liberté et responsabilité.

 Ceci pour la répartition de son activité suivant les différentes grandes orientations : recherche finalisée, fondamentale ou appliquée, recherche fondamentale « libre », c’est-à-dire non finalisée, et  recherche sociale avancée.

 

 

 

Enfin, la présente contribution se veut  être en appui au collectif « Sauvons la recherche », pour lequel « les chercheurs rêvent de repousser les limites de l’ignorance et de l’impossible. Et, avec le travail qu’ils produisent à partir de ces rêves, ils contribuent à bâtir la société de  demain », extrait du journal Le Monde, du 7 février 2004. J’ai mis en caractères gras, « rêve » et « bâtir la société de demain ». Cette association colle avec l’idée à se faire du chercheur à temps plein d’aujourd’hui, continuant d’ être un  « rêveur », mais sans pour autant omettre d’ être un « bâtisseur »,  un  pragmatique.

 

Remerciements : 

Je remercie vivement, pour plusieurs échanges concernant cette Note,  Jean-Noël Rouzaud, collègue et ami , Directeur de Recherche au CNRS, Directeur du GS « Pyrolyse du Charbon » de 1989 à 1995, élu Sgen-CFDT au Conseil d’Administration du CNRS de 1996 à 2001.