Sections du site en Octobre 2009 : Ajouts successifs d’articles -- Sujets
d’articles à traiter – Pour publier -- Post-Polio -- L'aide à domicile --
Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien -- L’animal
de compagnie -- Histoires de vie --
Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de l’avant -- Tous
chercheurs -- Liens –
Le
webmestre.
RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC AUTEURS, TITRES DE TOUS
LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
SCIENCE,
BON SENS, LAICITE, PAIX, FRATERNITE.
Contribution à titre personnel aux Etats Généraux de
la Recherche.
Henri Charcosset, retraité
CNRS, 22 avenue Condorcet, 69100 Villeurbanne, E-mail : charcohe@club-internet.fr
14 Juillet 2004.
J’
adresse ma contribution à Cédrik Caspar et à Pierre Lallemand, du CIP, Comité d’Initiative
et Proposition.
22 Mars 2004.
Je reçois d’A3 CNRS, un e-mail signé Claudius Petit, m’indiquant que : « Après avoir publié et diffusé son numéro spécial, l’Association a décidé de ne pas intervenir dans le débat actuel, en laissant à chacun la liberté de ses opinions ».
En d’autres mots, mon
texte m’est rendu à ma libre utilisation.
25 Février 2004.
Texte
proposé pour publication dans Le Bulletin d’A3 CNRS, Association des Anciens et
Amis du CNRS, amis-cnrs@cnrs-dir.fr
.
SCIENCE, BON SENS, LAICITE, PAIX, FRATERNITE.
En écho au Numéro Spécial
Recherche « Vitalité et Rayonnement du CNRS », Bulletin de
l’Association A3CNRS, Octobre 2003, N°33.
Par Henri Charcosset,
Directeur de Recherche CNRS-département chimie, retraité, bénévole autonome de
recherche sociale.
Adresse :22 avenue
Condorcet, 69100 Villeurbanne, France.
E-mail : charcohe@club-internet.fr
RESUME :
L’auteur, tout acquis à la cause de la recherche
publique à temps plein, considère que l’affichage du « Faire croître la
connaissance en tous domaines » ne se suffit plus. On doit rendre les
Organismes, et déjà le CNRS, plus attractifs auprès du citoyen contribuable. Le CNRS gagnerait à être
mieux identifié comme Service
Public de la Recherche.
Il est , dans ce contexte, envisagé ici de mettre en place auprès du CNRS un Centre
National de Recherche Sociale Avancée ( Avancé : qui est
en avance sur les autres ou sur son temps , dictionnaire Hachette), par
exemple sur le modèle des anciens PIR (Programme
Interdisciplinaire de Recherches). L’objectif affiché « Science, Bon sens,
Laïcité, Paix, Fraternité ( Solidarité en tous
sens) » serait de commencer dès maintenant à bâtir un monde meilleur
pour tous.
L’idée essentielle consiste à
se représenter toute personne, sans exception, comme collaborateur de
recherche potentiel, à partir de son expérience de la vie.
Deux moyens d’action privilégiés au profit du
CNRS en son entier :
1/Augmenter auprès de tout agent, son
espace de responsabilité pour la répartition de son activité, entre la
recherche finalisée, fondamentale ou appliquée, la recherche fondamentale
« libre », c’est-à-dire non finalisée, et la recherche sociale avancée.
2/ Etendre les domaines d’action des Groupe(ment)s de Recherche, GDR, mais en n’hésitant pas à
reprendre des formules du passé, comme le GRECO( Groupe de Recherches
coordonnées)aux caractéristiques
sensiblement différentes de celles des actuels GDR, dont un nombre d’équipes bien plus limité.
I. INTRODUCTION.
Entré au CNRS en 1960, à 24 ans, j'ai
fait carrière en étant rattaché à un Laboratoire propre du CNRS (département de chimie) :
l’Institut de Recherches sur la Catalyse, localisé à Villeurbanne. Devenu DR1,
j'ai dû passer en invalidité, en 1989. Depuis chez moi, je me suis alors
investi dans des activités bénévoles de recherche pour l'insertion sociale
active de toutes personnes en situation de handicap. Des résumés de ces
activités se trouvent dans des revues associatives ainsi que sur l' Internet.
Le Numéro Spécial Recherche du Bulletin d’A3 CNRS est stimulant. Nos commentaires nous étant demandés,
voici le mien.
II. L’OBJET D’ETRE DU CNRS GAGNERAIT A BENEFICIER
D’UN AFFICHAGE COMPLEMENTAIRE.
Au mot clé de base Science, ou Recherche, je propose
à la réflexion d’associer une expression telle : « Science, Bon sens,
Laïcité, Paix, Fraternité ».
( Fraternité faisant renvoi à
« Liberté, Egalité, Fraternité »). Ceci se rattache à la
notion de « Service Public de la Recherche », seule conception
réellement capable d’être à l’écoute de la Demande Sociale, sans se focaliser
sur des intérêts privés et/ou financiers. Au plan pratique, un « Centre
National de Recherche Sociale Avancée, du CNRS » serait approprié.
Ce nouvel
« emballage » met
résolument l’accent sur une
relation nouvelle de la science avec la
société, pour l’élaboration d’ une société
plus juste , plus humaine.
La relation entre chercheur en profession, et
toute individualité, quelle qu’elle soit, où qu’elle vive, est facile à
comprendre et à modéliser. L’individu, de par les éléments-clés de son
expérience de la vie, est à situer comme collaborateur de recherche en
puissance.
III.
EXEMPLES DE SUJETS SPECIFIQUES AU NOUVEAU CADRE.
1. Citons déjà la
collaboration existant entre l’Université et le milieu de la grande pauvreté,
pour la lutte contre la pauvreté. On parle là de « croisement des
savoirs », entre Universitaires et très pauvres, ceci en prolongement de
l’œuvre de Joseph Wresinski (1917-1988), fondateur du
Mouvement ATD Quart Monde.
2. La science moderne constitue un
formidable message de paix entre les hommes. A l’origine de l’univers il
y a le big-bang. En amont du big-bang, il y a Dieu pour les croyants.
L’existence de Dieu est indémontrable, sa non-existence tout autant. Il n’y a
pas lieu de s’entredéchirer, de se tuer sur ce genre de question, tout au plus
de se considérer comme égaux en ignorance. La science moderne est capable de
découvertes, on aimerait qu’elle se préoccupe davantage de les transformer en
messages de paix , d’ humanisme et de
progrès social. Ceci dans le contexte général de la laïcité ( neutralité religieuse).
3. La théorisation de la notion de handicap
d’une sorte ou d’une autre a débuté en 1980. Le CNRS paraît en être absent.. Et pourtant, en accompagnement à cette question à
première vue « simplement » médico-sociale ,
se trouve être implicitement évoquée la notion de personne non handicapée, ou
valide ou « normale ». C’est la grande question de l’homme en
société, dans le présent, qui se trouve posée.
Le modèle général à prendre en compte, comme
l’a suggéré le sociologue Edgar Morin, est selon moi, de type valide/invalide,
pour tout un chacun . Cela est du reste un peu de bon
sens , vu
que nous passons notre vie à nous former et dé-former,
dans le même temps.
Pour en référer au milieu de la recherche
scientifique, si la validation de l’acteur par hyper-sélection, hyper-spécialisation, est bien nécessaire, elle ne
s’accompagne pas moins d’ in-validation, de par le cloisonnement des modes de
pensée et une moindre largeur de vues
en résultant.
Cela
reste totalement à étudier, par exemple
dans le contexte d’une généralisation de la théorie des handicaps.
Un cadre nouveau, bien plus
« ouvert », est nécessaire pour ce faire.
4. Les retraités, personnes âgées ou/et handicapées , gens isolés, comme producteurs qualifiés
de lien social ( production aussi nécessaire que celle de biens
et de services) . Quel que soit le lieu de vie, dont maison de retraite,
foyer spécialisé, prison aussi. A tout
niveau de dépendance simplement physique. Le plus souvent en mode bénévolat., on s’en doute.
Les Nouvelles Techniques de l’Information et
de la Communication, NTIC, couplées aux
sciences de l’Homme et de la société, au CNRS, apportent à bien des
égards une potentialité majeure ( Un
ordinateur peut se commander au moyen du
seul mouvement des paupières !)
Mais la
valorisation implique un travail en commun
continu, avec tous milieux professionnels et associatifs de la gérontologie et de l’ accompagnement
des handicaps. Cela ne peut se faire que dans le cadre d’une organisation nouvelle , organiquement liée au CNRS.
5. Les sciences de la matière n’échappent
pas à ce besoin d’un contexte actualisé
propre à faire la jonction, sans
discontinuités, entre recherche tout à
fait fondamentale, et vécu de l’homme en
société. La « science du charbon » peut servir à l’
illustrer : sciences de la terre pour les modes de formation du charbon,
physique et chimie pour en étudier l’organisation et les propriétés, génie
chimique et modélisation pour les applications industrielles, tout cela pour
les conséquences environnementales et les choix énergétiques, sciences de l’Homme
et de la société entre autres pour les aspects micro- et macro-économiques.
Les retraités et amis CNRS peuvent contribuer avantageusement aux orientations
qui précèdent . La retraite n’est-elle pas le temps de
nous extraire de notre passé, à la fois riche et le plus souvent bien limité,
pour nous rendre davantage partie prenante du monde qui nous entoure, sans rien
perdre de notre mentalité de chercheur ?
Nous avons à contribuer à faire lien entre le
passé et le futur de l’évolution de la société, à partir de notre expérience du
milieu de la recherche scientifique.
Là où mai 68 a montré la soif d’exister de catégories
entières de personnels dans nos Organismes, maintenant est prégnante la soif
d’être individuellement reconnu comme personne, d’une proportion très
importante de nos concitoyens.
Le milieu de la recherche scientifique a une
place prépondérante à prendre sur ces questions. Mais il y a le
préalable que chaque acteur CNRS ne
soit pas seulement considéré comme un
technicien, un super-technicien , un
hyper-technicien de la recherche.
IV. LES GRANDES QUESTIONS D’ORGANISATION DU CNRS
Ce que j’ai à dire repose sur le respect dû à
la personne en son entier, qu’est chaque acteur,
qu’il soit chercheur, ingénieur, technicien ou administratif, de la Recherche publique.
Les points ci-dessus seraient à traiter sur la stricte base du volontariat. Chaque
acteur doit être tout à fait libre de ne pas participer, même à temps très
partiel, à une recherche sociale avancée, comme partie ou en accompagnement de
l’actuel CNRS. Par contre, il se trouverait en faute, moralement grave, s’il
cherchait à freiner, empêcher, les acteurs, qui se
diraient prêts à s’investir.
Le rôle de la Direction est de faire des appels à
participation auprès de tous les
acteurs, ensuite d’encourager, organiser, les réponses positives, en prenant en compte au plus près les
propositions d’actions recueillies.
Il y a probablement deux façons
d’opérer.
L’une serait de créer un nouveau
département au CNRS, les actuels départements étant trop disciplinaires ,
ou mieux, de réactiver l’équivalent d’un ancien PIR (Programme
Interdisciplinaire de Recherche).
L’autre façon serait d’initier une
Institution particulière, par exemple d’ intitulé
« Centre national de recherche sociale avancée, du CNRS ».
Devraient pouvoir s’y rattacher, aux côtés d’ acteurs
CNRS en fonction, les personnes
intéressées du Comité d’Action et d’Entraide sociale (CAES) du CNRS, d’A3CNRS,
des Syndicats de la Recherche, et, point tout aussi essentiel, des personnes de
notre société civile ayant su se montrer innovantes, par exemple en milieu
syndical ou associatif.
V. L’ INTERDISCIPLINARITE
AU CNRS.
Ce sujet est évoqué largement dans le « Numéro
spécial Recherche d’ A3 CNRS ».
Une
partie au moins de la réponse à
cette question se trouve dans la manière
dont nous avons approché au CNRS, la
relance d’une science des charbons, vers la fin des années 70, à
la suite du choc pétrolier de 1973. Sur proposition du directeur du département
Chimie du CNRS, Raymond Maurel, je m’étais chargé à la fois de reconvertir mon
équipe, de faire se créer de nouvelles équipes charbon, de les coordonner.
Raymond Maurel , mais
également Pierre-Charles Gravelle, comme directeur adjoint du programme
interdisciplinaire de recherche (PIR) qui s’appelait le PIRSEM (PIR
sur l’ Energie et les Matières premières), ont exercé un suivi continu,
garantissant la qualité scientifique de cette action.
Jean-Noël Rouzaud , un des rares
jeunes chercheurs à avoir consacré sa thèse à l’étude des charbons, a été un
élément clé, tout au long de ces travaux. Nous sommes donc allés piocher dans
des équipes CNRS, des équipes de l’Université généralement associées au CNRS
mais pas obligatoirement.
Pour créer plusieurs Groupes de Recherche
Coordonnés (GRECO), quand il s’agissait de recherches à caractère plutôt
fondamental, puis de former avec des partenaires industriels un Groupement
Scientifique (GS) dès qu’il s’agissait d’aborder le problème
d’applications ( hydrocarbures de synthèse,
fabrication de cokes pour haut-fourneau, …).
Les Groupes de recherche, en particulier
de type GRECO, pourraient intégrer, notamment en recherche sociale
avancée, des citoyens innovants. Cela existe,
même si leurs publications , faites en milieu
associatif et apparenté, donnent lieu à un indice de citation internationale
dérisoire. Il est anormal par exemple,
qu’un demi-siècle après leur élaboration, les idées de base de Joseph Wresinski cité ci-dessus, n’aient quasiment pas atteint
notre milieu universitaire, CNRS
compris. Joseph Wresinski a tiré ses idées, sa
force de motivation en faveur de la recherche en sciences humaines et sociales
comme moyen majeur de lutte contre la grande pauvreté, déjà et avant tout du
fait qu’il avait vécu toute son enfance en milieu très pauvre. Il serait
passéiste de penser qu’en recherche sociale avancée, le préliminaire à une
pensée innovante serait un très long passage sur les bancs de l’Université.
Point à souligner, les Groupes tels ceux
que nous venons d’évoquer peuvent être mis en place sans trop de frais, et sans que soit
perturbée la vie courante et familiale de chaque participant, comme cela est
bien souvent le cas avec la mobilité géographique.
VI. EN GUISE DE CONCLUSION.
La Recherche publique, ses Organismes,
ont aujourd’hui plus encore que dans le passé, toute leur raison d’être.
L’affichage du seul « Faire croître la connaissance », ou du
« Faire s’ajuster le niveau de financement de la recherche en France à ce
qu’il est aux USA, ou au Japon », n’est cependant pas à la hauteur de
l’enjeu. Même si l’aspect quantitatif est indispensable, il ne peut suffire. Il
faut déjà mettre en avant
l’homme, et faire ressortir la
science, la recherche publique , comme ayant à être
par l’homme, avec l’homme, et pour l’homme.
L’étape initiale, peut-être même déterminante,
pourrait bien être de considérer l’acteur de la recherche publique à temps
plein, comme une personne en son entier, avec un bon espace de liberté et
responsabilité.
Ceci pour la
répartition de son activité suivant les différentes grandes orientations :
recherche finalisée, fondamentale ou appliquée, recherche fondamentale
« libre », c’est-à-dire non finalisée, et recherche sociale avancée.
Je remercie vivement, pour plusieurs
échanges concernant cette Note,
Jean-Noël Rouzaud, collègue et ami , Directeur de Recherche au CNRS, Directeur du GS
« Pyrolyse du Charbon » de 1989 à 1995, élu Sgen-CFDT
au Conseil d’Administration du CNRS de 1996 à 2001.