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SEPTEMBRE 2007
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LE GOUT DE VIVRE.
RETROUVER
Edouard ZARIFIAN, Editions
Odile Jacob, 2005
Extraits par Henri
Charcosset
Notre psychisme ne peut se révéler que grâce à notre parole et il ne peut être
« entendu », c’est-à-dire décrypté quant au sens qu’il contient, que
par le psychisme d’un autre être humain… Il faut deux cerveaux humains vivants
pour que l’échange se produise.
Page 20
La souffrance naît de notre capacité plus ou moins
grande à accepter la déception, à
composer avec le réel et à nous adapter à la situation que nous vivons, même si
elle ne correspond pas à notre idéal.
Page 21
Le principe de réalité nous amène à accepter le réel grâce à un
processus de cicatrisation qui demande du temps avant que la souffrance
s’atténue.
Page 31
C’est la forme de souffrance psychique qui peut être
atténuée par la présence et la parole de l’autre au sein d’un échange, qui sera
envisagée ici parce qu’elle peut servir de modèle… Exprimer sa souffrance passe exclusivement par la parole.
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Toute perte d’un être avec qui les liens effectifs
étaient très forts constitue symboliquement la mort d’une partie de soi-même. Nous existons aussi dans la vie
psychique de l’autre et sa disparition entraîne aussi un peu la nôtre.
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Toute perte induisant un changement dans l’équilibre
des composantes psychiques nécessite une
adaptation au changement et impose d’aménager de nouveaux repères et de
nouvelles relations d’objet.
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L’empathie est la capacité de
percevoir les sentiments éprouvés par l’autre sans forcément les partager. La sympathie au contraire, « le
souffrir avec », permet de communiquer avec l’autre en partageant ce qu’il
éprouve. C’est une véritable attitude de solidarité qui traduit l’appartenance
et l’existence d’un objet relationnel commun.
Page 47
La propension à confier sa souffrance à celui qui
peut l’entendre dans le but de l’atténuer, connaît une exception : le secret… La délivrance de la souffrance
liée au secret ne peut se faire qu’en parlant à un professionnel du psychisme, assujetti lui-même au secret, et qui
garde une neutralité à l’égard de celui qui se livre ainsi.
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La mort est pour nous désormais un scandale. Indécente, la mort doit rester cachée.
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Autrefois, on mourrait chez soi… Aujourd’hui, on
meurt seul, au petit matin, sur son lit d’hôpital… L’intense souffrance liée à la peur de la mort explique les
dérobades fréquentes des proches face à celui qui meurt.
Page 59
La différence radicale de notre cerveau par rapport
à celui de l’animal vient de notre capacité à nous façonner une vie psychique
et pour y parvenir, il faut des ingrédients. Le premier est l’idée que le
cerveau humain a la capacité de s’adapter aux nouvelles situations, de faire
repousser ses cellules en cas de lésion, de suppléer la défaillance de
certaines de ses fonctions. En un mot, le cerveau humain s’adapte de lui-même.
C’est le concept de neuro-plasticité.
Page 61
Le cerveau permet l’apparition du deuxième
ingrédient de la vie psychique : la parole. Cette parole, du reste, il faut l’entendre dans un sens très large qui
ne se réduit pas au langage… C’est aussi la prosodie, les silences, la
mimique, la gestuelle, le regard…. Alors l’échange s’instaure dans
l’intersubjectivité. Voilà d’ailleurs le troisième ingrédient de la vie
psychique : la nécessité de la
présence de l’autre.
Page 62
Un cerveau en continuelle auto-adaptation par
modifications tenant compte de l’acquis, une parole véhiculant du sens et du
symbolique, et un autre être humain avec qui l’échange est possible :
telles sont les conditions de la
naissance du psychisme.
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Quand on arrive au monde, on possède un cerveau qui
peut sembler exempt de toute influence de la parole de l’autre. Or ce n’est pas
tout à fait vrai. Le fœtus pensait déjà
beaucoup de stimulations venant de l’extérieur avant la naissance.
Le psychisme lui-même évolue
dans un espace délimité par le réel, l’imaginaire et le symbolique. A l’intérieur de cet
espace coexistent de manière dynamique, c’est-à-dire en perpétuel mouvement,
souvent contradictoires, les pulsions, les affects et les fantasmes.
Page 94
Il y a deux choses que personne ne peut faire à
notre place : désirer et engager
notre volonté. Ne laissez pas les autres désirer pour vous et n’attendez
que de vous la mise en œuvre de votre volonté… Or, dans notre société, tout est
fait pour dissuader de l’effort et de la volonté. La raison est simple :
cela ne se vend pas dans la société marchande.
Page 96
La volonté, votre volonté, c’est de l’effort
prolongé dans le temps. L’effort et le
temps forment une alliance qui vous surprendra.
Page 106
La science décrit notre corps jusque dans son
intimité moléculaire…. Cependant pourquoi vous et moi savons-nous, que nous sommes
uniques au monde ? Où est la différence ? Elle s’appelle le
psychisme…. Notre psychisme constitue
notre identité pendant le temps de notre vie. Il est notre vie… Cette vie
psychique ne nous est pas donnée en arrivant au monde. Elle s élabore petit à
petit au cours de l’existence…. L’outil c’est la rencontre avec la parole de
l’autre… La parole est le sculpteur de notre vie. On naît homme, mais on devient humain.
Page 108
Ainsi constitué dans nos
dimensions biologiques et psychiques, nous pouvons entrer dans la troisième
dimension, le social, en interagissant avec les autres.
Page 116
L’hyper
individualisation, qui est la tendance actuelle, centre l’individu sur lui-même, distend
les liens d’appartenance et favorise l’isolement et la solitude.
Page 121
Aucun individualiste, sauf à être profondément
pathologique ne peut prétendre se passer des liens d’appartenance à un groupe
humain. En revanche, les milieux où l’appartenance est si forte qu’elle
constitue le groupe par essence ne peuvent tolérer les signes d’individualisme.
Page 124
Le couple
constitue une cellule sociale bien particulière qui oblige à des
réaménagements des espaces de l’intime sans mettre en péril l’individualité de
chacun…
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Les territoires de l’intime sont mis à l’épreuve et
les concessions peuvent être très variables sans jamais aboutir à une
occupation totale du territoire de l’autre qui mettrait en cause son
individualité… Le partage de l’espace
psychique connaît aussi des limites, même si une mise en commun est
nécessaire à l’harmonie à propos des goûts et des idées.
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Ce que nous sommes résulte des perpétuels échanges
avec les autres humains. Leur perte nous déshumanise… L’échange implique un
double courant entre nous et les autres, et la pondération équitable permet
d’atteindre un équilibre relationnel.
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On ne donne pas longtemps de l’amitié sans réciprocité. Peu importe les signes de cette
réciprocité.
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L’amour de soi comporte différentes facettes. Le
narcissisme est un concept psychanalytique complexe… Ce que j’évoque ici, c’est
l’amour de soi, légitime, nécessaire en particulier pour pouvoir aimer les
autres et être aimé par eux… L’amour de
soi est un sentiment intime qui nous amène à penser qu’on est digne d’être
aimé et qu’on peut aussi aimer les autres.
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Aider, c’est le plus souvent échanger de la parole. C’est le déficit de parole qui rend
l’existence inhumaine… Appeler à l’aide, c’est souvent attendre la parole
d’un autre.
Page 150
La souffrance
psychique n’est pas une maladie. La soulager, ce n’est pas donner un traitement. Si
la souffrance psychique est un symptôme, c’est celui des difficultés de
l’existence. Il faut l’aider à se dire et non la faire taire.
Page 152
La souffrance psychique est un événement qui nous
transforme et qui ne peut être soulagé que par un phénomène de mutation. Un état nouveau sera créé grâce à la
parole, qui nomme la souffrance et par celui qui l’entend, permettant ainsi un
échange de subjectivité. Pour soulager la souffrance, il faut être deux. Alors
l’être souffrant se transforme en être apaisé, plus riche de l’expérience liée
à la souffrance qu’il a connue. Il est clair que cette transformation n’est pas
instantanée et demande du temps pour se réaliser.
Page 159
Soigner c’est
aussi restaurer une responsabilité chez celui qui souffre. Aujourd’hui la
déresponsabilisation est générale. Le responsable est toujours l’autre… ou
l’Etat… Etre responsable de ce qui m’arrive de pénible n’implique ni
culpabilité, ni remords. Cela doit me permettre de découvrir que si je le
comprends et si je le veux, je peux changer quelque chose dans ma vie.
Page 162
Beaucoup de psychothérapies se situent entre deux
situations extrêmes : l’éradication de symptômes ou la remise en question
de son existence. Ces psychothérapies, dont les modalités sont diverses, visent
simplement à apporter un soutien, une aide, une possibilité d’échange par la
parole. Elles sont contemporaines d’un moment difficile de l’existence. Ces
psychothérapies du « ici et maintenant », on les appelle parfois psychothérapies de soutien.
Page 166
La psychothérapie n’a pas pour but d’obtenir les
moyens de se passer des autres ou de vivre en solitaire. C’est au contraire une
possibilité de vivre avec les autres, sans en souffrir en comprenant mieux nos
comportements et les leurs… On ne changera
jamais les autres, mais on peut changer notre manière de les voir….
Page 167
L’indépendance
remplace trop souvent de manière exclusive l’appartenance et conduit à
l’isolement et à la solitude.
Page 169
Le postulat de base qui justifie le travail psychothérapique,
c’est que l’homme peut évoluer. Il n’est pas le produit figé et stabilisé de
ses gênes, de son histoire familiale, de ses conditionnements ou de son
contexte… Entreprendre une psychothérapie c’est s’engager dans un effort de
changement… Le changement est inscrit
dans l’histoire de notre vie.
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Notre société a manifestement remplacé la parole par
l’image… Les modalités de la vie amenuisent les échanges de parole dans la
sphère privée comme dans l’espace public.
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Tant qu’il existera de l’humain, la parole pourra
resurgir et donner envie d’échanger. Internet
avec ses forums de discussion et l’explosion récente des « blogs »…
montre que l’espoir n’est pas vain. Retrouvez le plaisir de la parole.
Parlez pour exister, pour moins souffrir… Parler, c’est toujours s’adresser à
un autre et l’on n’est pas humain quand il n’y a pas d’échange.
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La réalité de l’expérience vécue est dans le
psychisme, et sa connaissance n’est accessible que par la parole, même si elle
est concomitante d’un état particulier d’activité du cerveau.
Page 215
Le discours scientiste a des effets obscurantistes
et leurre souvent l’opinion publique.
Page 216
Faut-il voir dans le centrage exclusif sur le
cerveau une valorisation totalitaire du corps ? Après l’avoir ignoré,
brimé, mortifié, on exalte le corps. Notre
animalité est devenue triomphante.
Page 217
Mais qui peut contester le scientisme puisqu’il se
réclame de la science ? La science quand elle produit des faits est
inattaquable. Le scientisme ne produit pas des faits mais des promesses
d’explications universelles qui sont la poésie d’aujourd’hui.
Page 233
Le psychisme
est en danger.
Ceux qui s’y intéressent et qui aident sa souffrance à s’exprimer sont
malmenés. La parole est bâillonnée, mais l’espoir c’est que ce qui est humain
en l’homme pourra par créativité, échapper à la naturalisation du psychisme. Il faut être capable, tous ensemble de
retrouver la parole perdue.
Car nous avons encore tant de choses à nous dire…