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                                                MARS 2008

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RETRAITE : CIEL MON MARI

 

Sylvaine de PAULIN (Notre temps Novembre 2007)

 

Bien des femmes ont l’impression de découvrir un autre homme lorsque leur mari prend sa retraite. Voici quelques pistes pour aborder cette nouvelle étape du couple.

 

Depuis que mon mari est à la retraite, je ne le reconnais plus ! » se lamente Geneviève qui vit avec lui depuis 37 ans et croyait bien le connaître. « Lui qui était toujours entre 2 avions, prêt à diner dehors ou à recevoir, ne veut plus bouger. Sa seule sortie, c’est  Au bonheur du bricoleur » ! Pourtant, Geneviève, elle-même à la retraite depuis un an attendait avec impatience cette nouvelle étape qui allait leur permettre de vivre enfin à deux, tranquillement.

 

 Trop d’attente, peut-être. Cela peut faire peur au jeune retraité, désireux de souffler. Aujourd’hui il n’est plus le même ! Pour lui, tout a changé : le rythme de vie, plus d’horaires, plus de contraintes, d’immenses plages de liberté et, surtout, son statut social. Il n’est plus commerçant, cadre ou employé, il n’est plus parent d’élève, il n’est plus que lui-même.

 Il va lui falloir construire une nouvelle identité. Au sein du couple ou en dehors.

 

Vingt à trente années s’ouvrent alors, et il ne s’agit plus de trouver de petits arrangements, mais de prendre des bonnes décisions. Pour certains, l’urgence de trouver le bonheur ailleurs s’impose. Pour d’autres le choix est de vieillir ensemble. Faire de cette nouvelle vie autre chose qu’une solitude à deux, demande du discernement, du travail et de l’énergie. Malgré la liberté, les années de retraite ne sont pas des vacances : il faut tout inventer.

 

Chacun se cherche, évolue, mais reste un inconnu pour l’autre et pour lui-même… Une seule solution, s’adapter. Cela ne se fait pas sans crise car, à ce face-à-face constant, plus rien ne vient faire écran. Le couple, lieu de l’amour, de la maternité et de la paternité, est aussi ce qui permet d’affronter ensemble la peur de vieillir.
D’ailleurs on vieillit mieux à deux. On s’en doutait, une enquête récente de l’Insee nous le confirme. Cela vaut peut-être le coup de suivre quelques conseils pour mieux comprendre un mari déroutant et envisager de fêter avec lui d’étincelantes noces de diamant !

 

1 La maison

 

« Il a entrepris de refaire la salle de bains. Du coup, il ne veut plus jamais sortir »

Au moment de la retraite, on assiste à un renversement inattendu : les femmes jusque-là étaient attachées à leur intérieur, l’éducation des enfants, le ménage… ont envie de sortir. Les hommes qui vivaient le plus souvent hors du foyer, décident alors de se consacrer à la maison : ils se lancent dans des travaux de rangement, de bricolage, de jardinage, de façon souvent exclusive et sur un mode quasi professionnel. D’autres passent des heures devant l’ordinateur ou la télévision. La plupart d’entre eux ne veulent pas accompagner leur femme au-dehors, refusent toutes les sorties, les escapades et les voyages.

C’est leur façon -inconsciente- d’affronter le bouleversement de la rupture avec la vie professionnelle. Cela se traduit par un besoin de retour au nid, une recherche de la protection domestique.

Les femmes, en revanche, redoutent la confrontation avec elles-mêmes en restant chez elles. Elles ont plus de facilité à se tourner vers l’extérieur, à s’ouvrir au monde. Elles construisent et nourrissent une vie sociale en dehors de la maison grâce à leurs relations amicales, au bénévolat, au sport et aux loisirs…

 

Le conseil de Philippe Hofman, psychologue (Une nouvelle vie pour les seniors, Ed Albin Michel 2005)

Peut-on faire sortir de chez eux les hommes casaniers ?

C’est possible et, une fois sortis, ils seront même contents. Mais il faut accepter leur humeur les deux jours précédant le départ, lorsque s’exprime l’anxiété de lâcher les habitudes, les rites, la peur de ne pas revenir. Partir, c’est toujours mourir un peu… L’humour permet de relativiser. En cas de mauvaise humeur, surtout ne jamais faire le jeu du râleur, éviter de discuter pour ne pas lui fournir matière à ronchonner. Momentanément, la fuite est une bonne chose. Une autre est de le rendre jaloux : en parlant avec délice de ce que l’on fait au dehors, sans lui. Histoire de susciter sa jalousie et de lui donner envie de participer.

 

2 Les activités

 

« Il s’installe devant son écran, et moi, je vais à la gym »

Remplir les jours, structurer son temps, être reconnu, se sentir utile, aider sa famille, réaliser ses rêves, autant de motivations pour choisir ses activités selon ses centres d’intérêt.

Le conseil du psychologue : il est bon que chacun poursuive des activités différentes. Il faut appliquer cette règle quels que soient les domaines envisagés, afin d’enrichir la conversation dans le couple et de préserver le jardin secret de chacun. Au moment d’élaborer un projet commun, respecter ce que l’autre aime, mais aussi ce que l’on n’aime pas soi-même. Si l’un adore l’alpinisme tandis que l’autre le redoute, inutile de le forcer ! Le ou la passionné€ ira à la montagne avec ses amis. On ne doit pas déranger ses désirs profonds : on peut surmonter sa peur, oui, mais pas accepter ce qui vous est contraire.

 

3 La cuisine

 

« Il range tout dans la maison, ne supporte pas que je déplace un meuble… »

La cuisine, le ménage, le linge… font partie du domaine de la femme. 80% des tâches ménagères lui reviennent même si l’homme y participe. Le jour où celui-ci envahit ce territoire, c’est la guerre. D’autant plus qu’à midi, une autre bataille se prépare, le déjeuner. Les hommes veulent entrée, plat et dessert, quand les femmes se contentent de salade et de yaourt ; est souvent suffisant un bon repas le soir. D’où des drames. La cuisine, c’est le domaine maternel dans lequel l’homme fait parfois des caprices de nourriture. Le petit garçon qui se faisait punir par sa maman n’est pas loin…

Le conseil du psychologue : attention à ne pas devenir un couple mère-enfant, avec un homme infantile et une femme qui récompense ! Par ailleurs, si elle ne veut pas partager le repas de midi, elle peut le préparer la veille, le laisser au frais et se sauver.

 

Les chiffres de la vie en couple.

Le couple est une affaire qui nous concerne presque tous car, selon l’Insee, seulement 6% des hommes et 5% des femmes n’ont jamais vécu en couple. L’enquête d’août 2007 montre que l’espérance de vie est supérieure pour les personnes vivant à deux. Avantage qui disparaît et même s’inverse après une rupture.
Au-delà de 60 ans, 46,6% des femmes sont mariées, 40,6% sont veuves, 7,8% divorcées.
En revanche 76,8% des hommes sont mariés et 10,2% sont veufs, 7% divorcés.

Entre 60 et 64 ans, il y a deux fois plus de femmes que d’hommes sans partenaire, et au dessus de 75 ans quatre fois plus.

Le nombre de divorces des plus de 60 ans augmente, certes, mais reste faible : il y a 20 ans, 0,2% des femmes entre 60 et 64 ans divorçaient, aujourd’hui 0,7%.

Chez les 60-64 ans, dans les cinq ans après une rupture, 43,1% des hommes divorcés et 17% des femmes divorcées se remettent en couple. 11,8% des veufs et 3,2% des veuves. (enquête Insee 08 2007 « Histoire conjugale des 50 ans et plus » Christiane Delbès, Joëlle Gaymu)

 

4 l’Argent

 

« Je suis allée ouvrir un compte dans une autre banque »

A la retraite en règle générale, les revenus baissent d’environ 40%. Source de sécurité et d’indépendance, l’argent peut aussi engendrer angoisse et conflits. Dans le couple, même le moins fusionnel, subsiste toujours une zone commune remplie de peurs et de terreurs, qui ressurgissent lors des conflits.

Le conseil du psychologue : Il faut tout repenser. Etablir 2 colonnes avec des besoins et les obligations. Dans la première augmenter le poste loisir-plaisir ! Pour, à l’avenir, ne pas être en dehors de la vie ni se donner bonne conscience de ne rien faire sous prétexte de manque de moyens. Mieux vaut renoncer à une obligation : une voiture trop chère ou une maison secondaire, par exemple. Dans ce poste plaisir, ne jamais demander de comptes à l’autre sur ses dépenses. Et tout le monde se sentira soulagé.

 

5 La voiture

 

« Avec mon permis ma vie a changé »

Dans un couple le plus souvent c’est l’homme qui prend le volant, même si la femme a son permis de conduire. Et bien des femmes ne l’ont pas.

Le conseil du psychologue : Conduire absolument ! Reprendre des cours si l’on n’a pas conduit depuis longtemps, ou décrocher le permis à tout prix ! Le droit de conduire –signe suprême de l’autonomie-, c’est aussi celui de conduire sa vie.

 

Petites et grande manœuvres de consolidation.

Pour retrouver ou conserver le goût de vivre ensemble longtemps, il ne faut pas hésiter à prendre les grands moyens.

Ces objectifs vous paraissent inaccessibles ? Disons que c’est un idéal !

         La demi-journée pour l’autre.

Par exemple, le jeudi ! Ce jour-là, vous n’êtes là pour personne : l’ordinateur, le téléphone, les portables sont débranchés. Une semaine c’est elle qui organise l’après-midi du jeudi, dans le seul but de lui faire plaisir à lui. Elle va choisir une activité qu’il aime, même si elle-même n’en est pas passionnée. La semaine d’après, le jeudi sera organisé par lui, en fonction de ses goûts à elle. Il y a obligation de faire plaisir à l’autre ! On y prend goût.

         Un week-end à deux hors de la maison.

Loin de toute sollicitation, dans un endroit tranquille où il n’y a pas 36 choses à faire ou à visiter. Eviter de parler des enfants, des soucis, des amis, essayer de juste faire le point en se posant quelques questions : Quelles sont mes envies, les tiennes ? Que pouvons-nous faire ensemble ? Voir ce qu’il est possible de faire à 2, tirer les leçons de l’expérience des faits passés…

 

         Règle d’or : respecter l’autre. Ne pas ridiculiser ce qu’il ou elle aime. Refaire le point tous les 6 mois car le naturel revient vite au galop !