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Janvier 2015
LES PISTES POUR REPOUSSER
LA MORT − SCIENCE & VIE
Extrait PP 171-179 de
l'ouvrage « LA MORT − LA COMPRENDRE − LA VIVRE, LA REPOUSSER » Éditions TÉLÉMARQUE
2012.
[P 171]
Dans
la nature, animaux et plantes offrent donc des exemples de longévité par
résistance, réplication ou régénération, fascinants pour la médecine et la
recherche médicale. On cherche bien sûr à comprendre et reproduire ces
phénomènes pour de possibles applications à l'homme, comme ces chercheurs
japonais qui espèrent un jour faire repousser des dents chez un sujet humain adulte à
partir de cellules souches,
après y être déjà parvenus sur des souris. La science et le progrès
peuvent-ils encore repousser les limites de la vie humaine ? Chacun
peut-il agir individuellement pour rester jeune et prolonger sa vie ? Si
la pilule miracle n'est pas pour demain, la recherche explore de multiples
voies : refroidissement, hibernation, médicaments, gènes, alimentation...
Tour
d'horizon des recherches et des applications les plus prometteuses.
La
science et le progrès peuvent-ils encore repousser les limites de la vie humaine ? |
Techniques de refroidissement et d'hibernation
Se placer aux portes de
la mort pour échapper à une situation critique : voilà ce que font les
animaux qui hibernent. Et si la formule pouvait s'appliquer à l'homme ? En
2002, deux études publiées dans le New England
Journal of Medicine attestent que les chances de
survie après un arrêt cardiaque augmentent si, dans la foulée d'une
réanimation, on abaisse la température du corps à 32-34 oC
pendant douze à vingt-quatre heures. Un véritable espoir quand on sait qu'en
France, sur les 400 000 victimes annuelles de mort subite – due, le plus
souvent, à un trouble grave du rythme cardiaque –, seules 5 % échappent à la mort. Et encore, dans près
de la moitié des cas, avec des lésions neurologiques plus ou moins
invalidantes. Comment
cette hypothermie « sur ordonnance » peut-elle faire reculer la
mort ? Quand le cœur cesse de battre, le sang ne circule plus.
Bientôt les neurones, très sensibles au manque d'oxygène s'autodétruisent. Et
même si l'on réussit à faire repartir le cœur, la situation peut s'empirer. Car
le sang inonde alors le cerveau de poisons et substances inflammatoires,
fabriqués pendant l'asphyxie. Autant d'effets délétères que le refroidissement
va limiter : il réduit en effet les besoins du cerveau en oxygène et
ralentit le processus biochimique, voire bloque les plus destructeurs.
En
France, la pratique se répand dans les services de réanimation, qui utilisent
aussi bien des techniques de refroidissement externe (application de poches de
glace, tunnel avec ventilation d'air froid, matelas et couverture à air froid
circulant) qu'interne (perfusion de solutés glacés, cathéters endovasculaires), plus efficaces mais parfois plus
coûteuses. Mais si le recours à l'hibernation artificielle n'est plus
exceptionnel, personne ne s'aventure encore à la prolonger trop longtemps ni à
faire chuter davantage la température des patients. Car le processus de
réchauffement d'un corps pour le ramener à sa température « normale »
peut être très délicat : cela peut entraîner une hyperthermie et, dans le cas
de patients présentant un traumatisme crânien, une hausse brutale de la
pression intracrânienne.
À l'extrême, les esprits s'emballent : si l'hibernation peut faire reculer la mort, la congélation pourrait-elle la vaincre ? |
En attendant, la recherche sur l'hibernation avance. Depuis 2005, divers laboratoires sont parvenus à placer chiens et cochons quelques heures en « animation suspendue ». L'objectif ? Simuler une grave hémorragie et vérifier si l'hibernation permet de ramener les animaux à la vie. Ceux-ci sont en partie vidés de leur sang et mis sous perfusion de solution saline froide. Leur température chute alors autour de 10 oC. Le cœur s'arrête. Le cerveau est au repos. Trois à six heures plus tard, machine arrière : les animaux sont ramenés à la vie. Sans séquelles. Mais les chercheurs le savent : de ces expériences aux essais sur l'homme, il y a un pas. À l'extrême, les esprits s'emballent : si l'hibernation peut faire reculer la mort, la congélation pourrait-elle la vaincre ? Après tout, la grenouille des bois peut survivre deux semaines à -8 oC, cœur et respiration à l'arrêt, 65 % de son eau changée en glace... Et on sait conserver sans les détruire à -196 oC des cellules isolées (spermatozoïdes, globules rouges, lymphocytes) et même des embryons ou des valves cardiaques. Problème : un organe est un tissu complexe qui contient différents types de cellules. À chacune sa tolérance aux divers antigels et sa vitesse idéale de refroidissement. Ce qui n'empêche pas les plus motivés de débourser des fortunes pour se faire congeler post mortem, dans l'espoir que la science saura un jour les ressusciter. Maire gare aux déceptions ! Primo, les volontaires plongés dans l'azote liquide sont bel et bien morts. Même bien conservés, ils le resteront. Secundo, comme la cryogénisation débute après la mort, la décomposition a forcément commencé. Bref, en l'état actuel de la science et des techniques, pas de quoi jouer les Hibernatus !
Médicaments et pilules de jouvence
Avant de s’imaginer pouvoir revivre un jour, on peut espérer un traitement qui permettrait de vivre plus longtemps, plus jeune et en bonne santé. Autrefois réservée aux pays riches et occidentaux, la potion de l'éternelle jeunesse touche à présent toutes les sociétés ou presque. Le phénomène est particulièrement marquant dans les pays intermédiaires et les puissances montantes comme l'Inde, le Brésil ou la Chine. Depuis plusieurs années à présent, partout dans le monde, des laboratoires de recherche et, avec eux, l'industrie pharmaceutique étudient substances et molécules capables de retarder le vieillissement et de protéger l'organisme et le corps des assauts du temps. Tous aimeraient découvrir la recette magique. Mais autant le dire tout net : la pilule miracle, qui offrirait la jeunesse éternelle, n'existe pas. Toutefois, certaines substances permettent de ralentir le vieillissement.
Autant
le dire tout net : la pilule
miracle, qui offrirait la
jeunesse éternelle, n'existe pas. |
Parmi elles, le resvératrol. Contenu dans certains fruits comme le raisin,
les mûres ou les cacahuètes, ce nutriment possède un pouvoir antioxydant.
Présent dans le vin, il constituerait l'un des ingrédients responsables du
« French Paradox », qui désigne l'apparente
contradiction entre l'alimentation riche en graisses des Français, notamment
des habitants du Sud-Ouest, et leur mortalité par
infarctus plus faible que dans les autres pays industrialisés. De nombreuses
études ont révélé qu'en plus d'être un puissant antioxydant et un
anti-inflammatoire, le resvératrol aurait aussi des
propriétés anticancéreuses et protégerait les neurones du stress oxydatif.
Permet-il également de retarder le vieillissement ? Chez l'homme, on n'en
est encore qu'au stade des hypothèses. Mais cette molécule augmenterait bien la
longévité... chez la levure, un champignon unicellulaire étroitement apparenté
aux animaux et à l'homme. Déjà en 2003, des chercheurs de la Havard Medical School observaient que le resvératrol
aidait cet organisme unicellulaire à vivre de 60 à 80 % plus longtemps. Des
expérimentations complémentaires sur des cellules humaines irradiées par des
rayons gamma ont montré que le resvératrol permettait
à 30 % d'entre elles de survivre contre 10 % pour les cellules non traitées.
D'autres expériences encourageantes ont été réalisées sur des mouches, des
vers, des poissons et des souris. Suite à tant de résultats prometteurs, des
laboratoires se sont empressés de commercialiser des gélules renfermant la
précieuse substance. Or aucune étude n'a pour l'instant démontré qu'elle
augmentait effectivement la longévité humaine.
Le resvératrol : ce nutriment possède un pouvoir antioxydant. |
La mélatonine
D'autres
pilules pourraient voir le jour dans les prochaines années, à cause, par
exemple, de mélatonine. Déjà utilisée dans des médicaments contre les troubles
du sommeil, cette hormone est aussi connue pour ses vertus antioxydantes.
Une équipe du laboratoire Arago de Banuys-sur-Mer
(CNRS/université Pierre-et-Marie-Curie) menée sur la musaraigne musette a en
effet démontré son efficacité. Lorsqu'on administre à ce mammifère de la
mélatonine en continu vers 12 mois, âge où la sénescence débute habituellement
chez l'animal, le vieillissement se trouve retardé de trois mois. Il s'agit
maintenant de comprendre son mode opératoire sur le vieillissement pour
envisager, peut-être une application à l'homme.
La rapamycine
Autre
produit aux vertus étonnantes, la rapamycine. La
molécule était déjà connue pour ses propriétés antifongiques (traitement des
mycoses), antibiotiques et antirejet. Voilà qu'elle pourrait aussi ralentir les
effets du temps. Des chercheurs du Jackson Laboratory
(Maine, États-Unis) et de l'université du Texas ont administré
de la rapamycine
à environ 2 000 souris âgées de 20 mois – l'équivalent de 60 ans chez l'homme – et ont comparé la
durée de vie de ces rongeurs à celle de souris du même âge non traitées.
Résultat : le traitement a augmenté la durée de vie des mâles de 9 % et
celle des femelles de 13 %. D'après les scientifiques, la rapamycine semble
agir sur la même voie moléculaire que la restriction calorique ou la réduction
des facteurs de croissance.
La DHEA
Enfin,
on peut aussi citer la célèbre DHEA. Depuis plus d'une décennie, elle fait
régulièrement la une des magazines. Présentée comme une véritable pilule de
jouvence, la déhydroépiandrostérone, plus connue sous
le nom de DHEA, est une hormone
stéroïde, cousine chimique de la testostérone et de l'
œstrogène. Son taux atteint un pic chez les jeunes de 20 ans,
avant de décroître progressivement à partir de la trentaine. Quels sont ses
bénéfices ? Selon le professeur français Étienne-Émile Beaulieu, qui a rendu l'hormone célèbre, la DHEA ne serait pas efficace sur des sujets
âgés de moins de 65 ans. Mais pour les plus âgés, ses bienfaits seraient
réels : elle diminuerait la formation de graisse, régulerait l'hypertension,
améliorerait l'état de la peau et la libido, notamment chez les femmes. C'est
ce que semblait montrer l'étude DHEAge, publiée par le même professeur Beaulieu en 2000.
Mais dans un rapport rendu le 3 juillet 2001, l'Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé (Afssaps), devenue
aujourd'hui l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits
de santé), s'est montrée moins convaincue, estimant que les bénéfices observés
pouvaient être expliqués par le « simple hasard ». En outre, d'après
la même étude de Beaulieu et quelques travaux américains, la DHEA présenterait
des risques : associée à un traitement hormonal substitutif, fréquent chez
les femmes ménopausées, elle augmenterait le risque de cancer du sein et de
l'utérus. Chez l'homme, elle pourrait stimuler la croissance de cancers de la
prostate. De plus, le risque de développer une maladie cardiovasculaire n'est
pas exclu, notamment si le traitement est de longue durée. C'est pourquoi l'Afssaps conclut qu' « il ne peut être conseillé
de prescrire la DHEA dans le cadre de la
lutte contre les effets du vieillissement ». Tout aussi prudent, le
Conseil de l'Ordre des médecins recommande aux professionnels de la santé de ne
pas prescrire de DHEA, compte tenu des doutes qui planent sur son innocuité.
Le DHEA présenterait des risques. |