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Janvier 2015
LE SUCCES TROMPEUR DES SITES DE RENCONTRE ADULTERE
Gaëlle
DUPONT
le
Monde mercredi 1 . Jeudi 2 janvier 2014
Introduction
, par Henri Charcosset
Article très
intéressant, dont le sens qu’il déborde largement des sites de rencontre adultère. En
revient-on à des conceptions du couple proches de celles des années 1950. Très
bien, en souhaitant néanmoins que la vie de couple soit vue de manière moins
fusionnelle ; on verra ici avec intérêt la contribution de l’auteure
Jacqueline Kelen, CLIC . Et puis, l’espérance de vie
a tellement augmenté, que ce serait souhaitable de pouvoir se séparer, à l’amiable,
une fois les enfants sortis du nid parental. Un lien d’amitié forte et
d’entraide jusqu’à la fin de vie n’en serait pas moins préservé, mieux parfois
que dans les couples prolongeant la cohabitation, avec un sentiment
d’obligation plus qu’avec plaisir. H.C.,
né en 1936, marié en 1961.
L’article de
Jacqueline Kelen a pour titre, comme son ouvrage :
« Aimer d’amitié. Le véritable amour commence avec l’amitié ».
Rajoutons-y pour faire bref :
Rajoutons l’article :
« Sex amour », à partir de l’ouvrage de
Jean-Claude Kafman, CLIC
Texte
Gleeden revendique un nombre croissant de profils . Pourtant , la fidélité reste une valeur centrale pour
les couples.
Qui n’a pas été
interloqué en découvrant les affiches de Gleeden ,
qui se présente comme « le premier site de rencontres extraconjugales
pensé par des femmes » ? « Osez, croquez ,
savourez » , proclame l’une
d’elles, où figure une jeune femme qui s’apprête à dévorer pas moins de huit
hommes . « Etre fidèle à deux hommes , c’est
être deux fois plus fidèle » ,suggère une autre . Promotion de
l’infidélité ? Les responsables s’en défendent. « On répond à un besoin , on ne le crée pas » , affirme Ravy Truchot , cofondateur
de Gleeden.
« Aucun
message ne convaincra quelqu’un d’être infidèle s’il n’est pas disposé à
l’être » , renchérit Christophe Kramer , porte
parole Europe du site concurrent Ashley Madison.
Assistons-nous
donc à une explosion de la tromperie? Certains chiffres interrogent
.
Après seulement
trois ans d’existence Gleeden revendique 1,8 million
d’adhérents, dont 800 000 en France .
Ashley Madison
affirme en compter 22 millions , dont 400 000 en
France où il est présent depuis octobre 2012 .
En additionnant
les deux , près de 4%
des personnes en couple en France seraient concernées .
D’autres sites sont présents sur ce qui
ressemble à un fort marché . A en croire un sondage
réalisé par Ipsos auprès de 500 Français en 2010 pour le compte de Gleeden ,
quelque 37% des Français « ont été ou pourraient être
infidèles ». « Les études scientifiques montrent que la monogamie
n’est pas dans la nature humaine » , affirme
sans ambages M.Kramer , qui prédit même une montée des
« relations poly amoureuses ».
Ces données
doivent cependant être prises avec précaution .
« Je suis très étonnée par les chiffres avancés »
, conteste ainsi Charlotte Le Van , maître de conférence à
l’université de Caen Basse-Normandie , auteur de l’ouvrage Les Quatres visages de l’infidélité en France ( Payot , 2010) .
Personne
, en effet ne peut les
vérifier. « Avec leurs campagnes , ces sites
instillent le doute , ajoute Madame Le Van . On peut se demander si des
femmes ne s’inscrivent pas pour voir si elles ne trouvent pas leur
mari. » Certains inscrits sont
en outre célibataires à la recherche d’un partenaire durable.
Plusieurs indices témoignent an
contraire du rejet de la déloyauté entre conjoints . Comme la famille , la fidélité reste une valeur plébiscitée par les
Français. Cette dernière
était considérée comme « très importante pour contribuer au succès d’un
mariage » pour 84% des personnes interrogées dans la dernière enquête
sur les valeurs préférées des Français, menée en 2008 (
contre 72% en 1981) . Les plus jeunes pensent de même. Quelque 78% des
hommes et 83% des femmes trentenaires pensaient que la fidélité sexuelle dans
le couple est « très importante » ,
selon une enquête menée par le laboratoire de sociologie à l’université
Paris-Descartes François de Singly qui a interrogé en
2013 1100 personnes hétérosexuelles vivant en couple.
Si l’infidélité a
été rendue plus visible , elle n’est pas pour autant
en hausse , selon la seule enquête de référence sur le sujet . Intitulée
Contexte de la sexualité en France et réalisée en 2006 auprès de 12 364
personnes , elle montre même une décrue : 1,7% des femmes et 3,6% des hommes
déclarent avoir eu un autre partenaire sexuel que leur conjoint dans les
derniers mois , contre 3% des femmes et
6% des hommes en 1992 . Au total , 15% des femmes et
27% des
hommes déclaraient avoir eu au cours de leur vie « au moins un
moment » où ils avaient eu deux
relations sexuelles parallèles , une définition large de l’infidélité . Le
sujet peut faire l’objet de sous-déclarations . Mais
le fait même qu’il doive rester caché montre qu’il est loin de devenir la norme .
Cette forte résistance semble paradoxale , après la libération sexuelle , le triomphe du concubinage et de
l’explosion des divorces.
« Le sens de la fidélité a changé ,
analyse M. de Single . Dans les mariages bourgeois ,
elle était exigée des femmes pour que les enfants aient une ascendance connue.
Aujourd’hui elle est devenue une preuve d’amour. » Le couple a
entre-temps subi une mutation . L’amour est devenu son
« principe ultime de
légitimation » , selon l’expression de Madame Le Van . Dés lors , quand l’amour disparait , le couple rompt. Mais tant
qu’il dure , la fidélité est exigée.
« La
caractéristique de l’idéologie de l’amour occidental est son exigence de totalité , poursuit M.de Singly.
Chacun veut être reconnu par l’autre
dans toutes ses dimensions : mère , femme ,
professionnelle , amante …Cela demande un engagement complet , donc la
monogamie. »
« Les
attentes sont énormes vis-à-vis du
couple renchérit le
sociologue Jean-Claude Kaufman . C’est un lieu de
réconfort mutuel dans un monde de compétition et de stress. La demande
d’authenticité et de confiance y est
beaucoup plus forte qu’autrefois . » « La cellule familiale est une valeur refuge en temps de crise , ajoute Madame Le Van. Tout ce qui peut la mettre en péril est condamnée . »
En parallèle , l’infidélité elle aussi change. L’adultère était
masculin et centré sur la satisfaction sexuelle. « Ses formes se
diversifient et son sens se compliquent ,poursuit
Madame Le Van . D’autant plus que les femmes sont beaucoup plus
concernées. » C’est l’une des grandes nouveautés : peu à peu , leur comportement sexuel se rapproche de celui des
hommes .
Moins
dépendantes, elles sont plus enclines à
satisfaire leurs propres désirs , et moins enclines à
fermer les yeux en cas d’écart du conjoint.
Au cours de son
enquête , Madame Le Van a identifié prés d’une dizaine de motivations
différentes chez les infidèles des deux sexes , qu’elle a regroupées en deux
catégories : l’infidélité « relationnelle »,
qui peut résulter d’une insatisfaction dans le couple , être utilisée comme un
instrument de vengeance ou prétexte pour rompre , et l’infidélité «
personnelle » : les personnes sont satisfaites de leur vie conjugale
mais éprouvent le besoin de faire d’autres expériences pour « se
construire » .
« Nous
vivons dans une société de séduction ,explicite M. Kaufmann .
L’identité et
l’estime de soi s’élaborent dans le regard des autres. »
Autres
changements : une certaine banalisation , dont
témoigne l’existence des sites de rencontres extraconjugales. « La
sexualité ne fait plus partie des interdits , des
tabous ,analyse M. Kaufmann . Elle tend à être perçue comme un
instrument de plaisir , voire un loisir comme un
autre. Cette perception semble déconnectée des sentiments , y compris pour les femmes . » Dans cette logique ,
l’infidélité ne serait pas perçue comme une trahison et ne signifierait pas
toujours la fin du couple. Elle peut même ne pas être considérée comme de
l’infidélité…
François de Singly émet une hypothèse complémentaire
. « Il y a une contradiction dans la logique actuelle du couple , affirme-t-il .
On veut être
aimé entièrement mais on ne veut pas non plus être entièrement dépendant.
Chacun veut se donner des preuves qu’il existe par lui-même .
On veut avoir sa liberté , son jardin secret .
L’infidélité passagère peut remplir ce rôle. » Gleeden se
définit justement comme « le jardin secret préféré » de ses
utilisateurs…
Gaëlle
Dupont
32 millions de Français vivent en couple.
Début 2011, en France métropolitaine , 32 millions de personnes majeures déclarent
être en couple , 72% d’entres elles sont mariées et partagent la même résidence
que leur conjoint , 7 millions sont en union libre et 1, 4 million sont passées .
Parmi les adultes qui se
déclarent en couple ,
4% indique que leur conjoint ne vit pas dans le logement. Plus de la moitié de
ceux-ci ont moins de 30 ans.
200 000 personnes sont en
couple avec une personne du même sexe , dont 16% avec
une personne ne vivant sous le même toit .
« Une bouffée d’oxygène , une histoire rien qu’à moi »
Témoignages
Tous les trois ont eu le même déclic .
« J’ai vu une compagne de publicité qui m’a fait sourire » , dit Julie ,
40 ans , inscrite sur Gleeden depuis un an et demi .
« Le ton était drôle , décomplexant , renchérit
Sarah , 30 ans , membre depuis un an . Je me suis inscrite pour papoter avec
des garçons . Je n’étais pas certaine de sauter le
pas. » C’est un reportage à la
télévision qui a décidé Patrick , 51 ans , inscrit
depuis trois ans . Contactés par l’intermédiaire de Gleeden , qui a lancé un appel à témoignage
auprès de ses adhérents , ils ont accepté de raconter leur histoire à condition
que leur anonymat soit garanti.
Leur motivation ne se
ressemblent pas . Patrick souffre de l’usure de son couple . « Avec ma femme ,
nous n’avons plus d’échanges ,raconte-t-il . la vie au quotidien n’est
pas pénible , mais la routine s’est installée. Ce
n’est pas possible d’être toute une vie avec une personne comme si c’était le
premier jour. » S’ il vit toujours avec la même femme depuis vingt-cinq ans , c’est uniquement pour
préserver sa fille adolescente d’un divorce.
Rien de tel pour Sarah , qui vit en couple depuis cinq ans , et se dit
« Très heureuse » . « Je suis comblée sexuellement et émotionnellement , affirme-t-elle . je
ressens beaucoup d’amour pour mon mari. L’infidélité n’a rien à voir avec moi . J’ai besoin de revivre les premiers moments encore et encore . » Julie , qui a
dix ans de plus et deux enfants , se voit « jusqu’à la mort » avec son conjoint : « On a tout
construit ensemble. » Mais depuis la naissance de ses enfants elle ne
travaille plus . « Je m’ennuyais et j’avais un
manque d’estime pour moi-même ,se
souvient-elle. Gleeden
est bien tombé. »
Leurs propos
, en revanche se ressemblent quand ils décrivent le « piment »
de leurs rencontres extraconjugales . « Une bouffée d’oxygène , une histoire rien qu’à moi » , dit Julie , qui évoque le plaisir de «
redécouvrir un corps différent et son propre corps ». Ces expériences font qu’elle se sent « plus
intéressante » , et par ricochet , lui ont donné envie de recommencer à
travailler . Sarah décrit la satisfaction d’être « séduite » , de s’entendre dire qu’on est « jolie » , l’ « excitation » de
la nouveauté et du désir renouvelé… Tout en trouvant son comportement « narcissique ».
Patrick aussi aime la période
« très courte » de séduction. « Le moment le plus
excitant dans une relation, c’est la parade » ,justifie-t-il.
Exercer «
l’imaginaire »
Les deux jeunes femmes disent
avoir été « agréablement surprises » par le «
niveau » des personnes
rencontrées. Étant moins nombreuses que les hommes ( 40%
environ ) , elles peuvent faire le tri. D’ailleurs ,
l’inscription est gratuite pour elles. Seuls les hommes paient
, par un système de crédits débités à chaque prise de contact ou chat.
« Je ne communique qu’avec les gens qui savent écrire en français et ne
sont pas agressifs sexuellement » , dit Julie
. Aucun de ces témoins n’est un grand consommateur. Toutes leurs conservations
n’ont pas débouché sur des rencontres , ni toutes les
rencontres sur des relations extraconjugales , qui ont été pour chacun au
nombre de deux ou trois.
Mais , à les entendre , la fréquence du site a son intérêt
propre.
« C’est un
rendez-vous tous les jours , dit Julie . c’est un plaisir d’y aller même si ça ne
débouche pas . »
« Le fait de se
connecter est hyper-excitant
,renchéri Sarah . C’est complètement addictif . » Patrick
évoque un exercice de « l’imaginaire ». « Vous ne savez pas
qui vous aller trouver. C’est magique. »
Auraient-ils été infidèles
sans Internet? Ils affirment que oui , mais « plus
tard » , « moins simplement ». Les profils anonymes offrent une grande
garantie de confidentialité précieuse et
ils ne seraient sans doute pas risqué à
leur travail ou dans leur entourage , de peur
d’être découverts . Le site ne les a pas
convaincus , mais leur a donc facilité la tâche .
Qu’en est-il de leurs conjoints ? Ne craignent-ils pas de se trouver nez à nez
avec eux ? Sarah et Patrick doutent qu’ils soient infidèles. Julie préfère « ne
pas le savoir » .
Gaëlle Dupont