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Novembre 2011

LA RECONSTRUCTION MAMMAIRE

Docteur Isabelle SARFATI

http://videos.doctissimo.fr/sante/cancers/reconstruction-mammaire.html         

Avec plus de 50 000 cas par an, le cancer du sein touche 1 femme sur 9 en France. Lorsqu’une ablation du sein est nécessaire, une reconstruction est proposée par l’équipe chirurgicale. Pourtant aujourd’hui, moins de 50 % y ont recours. Le point avec le Dr Isabelle Sarfati, chirurgienne plasticienne spécialisée en reconstruction mammaire.


Pour en savoir plus

·       Cancer du sein

·       Reconstruction mammaire

·       Forum Cancer(s)

·       Médecins. Un film d’Isabelle Sarfati.

La prise en charge du cancer du sein repose en partie sur la chirurgie. Les nouvelles techniques ont rendu la conservation du sein souvent possible mais la mastectomie est encore nécessaire dans près de 40 % des cas. Après ce combat, une reconstruction mammaire est possible. Mais en France, moins de la moitié des femmes y ont recours.

Dr Isabelle Sarfati, chirurgienne plasticienne spécialisée en reconstruction mammaire :

Je crois qu’il y a plusieurs groupes de raisons différentes. Il y a les très fortes, celles qui n’en ont pas besoin. Objectivement, les seins, on en a deux, il n’y a pas grand monde qui les voit, c’est restreint à peu de gens, c’est facilement dissimulable. Impossible de voir sur une femme habillée une femme qui a eu une mastectomie ou qui n’en a pas eu. Donc, il y a des femmes qui n’ont pas besoin de reconstruction. Il n’y a aucune raison d’avoir deux seins, on vit très bien sans.

Il y a celles qui ont peur d’être trop ambitieuses, qui se disent "Déjà j’ai de la chance, j’ai été guérie. Je ne vais pas monter les enchères en demandant en plus d’être reconstruite". Ce n’est pas une très bonne raison parce qu’on a montré que la reconstruction n’augmentait pas le risque de récidive, ne gênait pas la surveillance ni la détection d’une éventuelle récidive et ne gênait pas les traitements. Et si c’est ça qui les freine, c’est dommage parce qu’elles ne risquent rien à se faire reconstruire.

Les cancers du sein, il y en a à tous les âges et se retrouver amputée d’un sein, c’est être amputée de tout un jeu de féminité, qu’elles se refusent et je crois qu’elles renoncent "à trop".

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Christine Bach, traitée du cancer du sein en 2006 :

1er acte, on veut sauver sa vie. Le chirurgien nous sauve la vie, donc là pour la mastectomie, je ne lui ai pas demandé  s’il me faisait la cicatrice d’un côté ou de l’autre. Il faut quand même être très réaliste, on veut vivre. Et puis après, on vit ! Et on trouve ça d’ailleurs pas mal de vivre. D’un seul coup, tout est coloré. Alors les valeurs premières et primaires reviennent. Il y a une hiérarchie dans la démarche, c’est très important. Là, on est dans la reconstruction, on s’interroge. On a tellement rêvé ce moment.

Dr Isabelle Sarfati :

 Il y a des femmes, quand on leur annonce la mastectomie, il faut leur annoncer la reconstruction, parce que pour qu’elles acceptent la mastectomie, il faut leur faire miroiter le fait qu’elles pourront être "reconstruites".

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Joëlle Gacinti, traitée du cancer du sein en 2006 :

 Je savais que ça existait. Il fallait juste attendre la fin de la radiothérapie, que la peau soit en bon état. Vous avez vu les photos , c’est quand même dur de n’avoir qu’un sein. Les prothèses externes, il n’en était pas question. Non, il fallait que je me fasse opérer. Ça, c’est sûr. C’était juste une question de temps.

Dr Isabelle Sarfati :

 On ne fait pas de reconstruction quand on pense qu’il va y avoir une radiothérapie immédiatement après, parce que la radiothérapie va détériorer le résultat de la reconstruction. Donc, on ne propose des reconstructions immédiates qu’aux femmes chez qui on pense qu’il n’y aura pas de radiothérapie.

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La reconstruction mammaire fait partie intégrante du traitement du cancer du sein. Le médecin va aborder en consultation cette possibilité de reconstruire le sein et définir au cas par cas les objectifs de la patiente afin d’établir un "plan thérapeutique".

Dr Isabelle Sarfati :

Il y a plusieurs techniques de reconstruction mais globalement une reconstruction, ça prend entre 2 et 6 mois. Il y a une intervention principale, qui est une intervention où l’on restaure la forme, le volume et la symétrie. Puis ensuite, on fait le point et c’est comme quelque chose qui est fait sur-mesure, soit c’est bien, on est symétrique, il reste plus qu’à faire l’aréole et le mamelon. Et puis comme n’importe quelle chose qui est sur mesure, il y a des personnes qui ont besoin de retouches. Donc au bout de 2 mois, on dit "on va mettre une prothèse un tout petit peu plus grosse, un tout petit peu plus petite, plus basse, travailler le sillon sous-mammaire". On fait d’abord ça, puis ensuite on fera l’aréole et le mamelon et du coup, on a rajouté un temps opératoire et ça va différer d’autant. Donc la prise en charge va prendre 4 mois.

Les reconstructions de l’aréole et du mamelon vont se faire dans un deuxième temps au cabinet, sous anesthésie locale.

Dr Isabelle Sarfati :

 Il y a 2 techniques différentes pour les aréoles et pour les mamelons. Le plus courant est de faire un tatouage bilatéral pour avoir exactement la même couleur (sinon on n’arrive pas à copier des beiges et des marrons) sur les aréoles et prendre un petit bout du mamelon, le dédoubler, et le greffer de l’autre côté pour faire le mamelon. Mais pour faire ça, il faut que le mamelon du côté du sein "normal" soit suffisamment volumineux pour être dédoublé. Si ce n’est pas le cas, il y a des techniques avec des petits lambeaux pour faire le mamelon, de même qu’il y a pour l’aréole des techniques de greffes de peau que l’on prend dans l’aine. Quelle que soit la technique qu’on utilise, c’est de la chirurgie sous anesthésie locale qui est très légère.

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Marie-Jo Landrieu, traitée du cancer du sein en 2003 : J’explosais ! J’avais envie de le faire savoir et je me disais "Mais non ! Je ne peux quand même pas me mettre à parler aux gens. Ils vont me prendre pour une imbécile". Je me souviens, il y a un monsieur, j’avais envie de lui dire "Monsieur, je suis contente !".

Face au cancer, ces femmes ont perdu une partie de leur corps. Pour certaines d’entre elles, la reconstruction mammaire est une étape dans leur reconstruction personnelle, une étape pour retrouver leur bien-être physique et réaffirmer leur féminité.

Reportage Florence Lemaire le 24/10/2011.

Extraits du film "Médecins." d'Isabelle Sarfati.

Remerciements : Isabelle Sarfati, Joëlle Gacinti.