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JUILLET 2008
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Les psychotropes
ne sont pas des substances anodines. Utilisés dans certaines pathologies, ils
modifient le comportement. Le psychiatre Alain Gérard répond aux questions de
Doctissimo.
Antidépresseurs, neuroleptiques, hypnotiques… Les psychotropes ne sont
pas des substances anodines. De nombreuses idées reçues circulent sur ces
produits. Le psychiatre Alain Gérard nous dévoile toute la vérité sur ces
psychoactifs incontournables.
Les Français ont
décroché la place de plus grands consommateurs de psychotropes. Pourtant, parce
qu'ils agissent directement sur l'humeur et le comportement, ces substances
intriguent, voire inquiètent, la plus part d'entre nous. Quand puis-je en
prendre ? Combien de temps?
Le psychiatre
Alain Gérard, expert auprès de l'Agence française de sécurité sanitaire des
produits de santé, nous éclaire un peu plus sur ces molécules parfois tant
redoutées.
Doctissimo
: Les Français sont les plus grands consommateurs de psychotropes. Pourquoi un
tel phénomène ?
Dr Gérard
:
A l'heure actuelle, il n'y a pas de réelles explications documentées. Il y a
néanmoins des éléments qui influencent cette tendance. L'accès facile aux soins
et le remboursement de bon nombre de psychotropes, contrairement aux
psychothérapies, jouent un rôle important dans leur consommation. Le réseau
efficace de distribution n'est certainement pas étranger non plus à ce
phénomène. De plus, l'usage global des médicaments fait partie de la
"tradition" française, il est ancré dans les moeurs. Enfin, la France
a joué un rôle très important dans l'histoire de la recherche médicale,
notamment en ce qui concerne les neurotropes et des antidépresseurs.
Doctissimo
: Pourquoi alcool et psychotropes ne font-ils pas bon ménage ?
Dr Gérard
: L'alcool
a une action directe sur les humeurs de chacun. La plupart du temps, il aggrave
les tableaux psychiatriques. Pris de façon chronique, il contribue au mal être
de la personne. Pris occasionnellement, il engendre une désinhibition qui
s'accentue avec la prise de psychotropes.
Au niveau
pharmacologique, l'alcool interagit avec les psychotropes soit en cumulant ses
effets à ceux des médicaments, soit en les potentialisant. Il faut à tout prix
bannir les boissons alcoolisées lorsque l'on suit un traitement de ce type.
Doctissimo
: Peut-on soigner une dépression sans antidépresseur ?
Dr Gérard
:
Aujourd'hui, la dépression se caractérise par une situation pathologique
d'intensité, de gravité et de risques très différents. Cela est propre à
chacun. Certaines personnalités vont peut être développer des souffrances
dépressives et ne seront donc pas très réceptives aux antidépresseurs.
Si la dépression
est jugée d'intensité moyenne ou sévère, les antidépresseurs sont pour ainsi
dire obligatoires.
Doctissimo
: Inversement, les antidépresseurs suffisent-ils à soigner une dépression ?
Dr Gérard
:
Là encore, tout dépend des tempéraments des patients. Le principe des
antidépresseurs est d'améliorer l'humeur mais pas de régler les problèmes. Il
est donc nécessaire, lorsque les patients se sentent le besoin de parler, de
suivre une psychothérapie en parallèle. Pour les cas relativement lourds de
dépression, on conseille de choisir les deux options.
Doctissimo
: Peut-on être sous psychotrope toute sa vie ?
Dr Gérard
:
Premièrement, il est important de distinguer les traitements symptomatiques,
curatifs et préventifs.
Les traitements
symptomatiques sont là pour agir sur les symptômes de la maladie, les curatifs
pour la soigner et les préventifs pour empêcher les rechutes.
Globalement, les deux premiers types de traitements ne se prennent pas à vie.
En revanche ceux qui s'utilisent à des fins préventives peuvent être pris sur
une période beaucoup plus longue. En effet, certaines personnes ont besoin de
traitements préventifs au long cours, notamment celles atteintes de
schizophrénie ou de troubles bipolaires.
Attention tout
de même, un traitement à vie ne veut pas dire que la personne suivra forcément
toujours la même prescription. Au contraire, elle sera sans cesse surveillée et
réévaluée. Si les effets secondaires se font trop gênants, le traitement pourra
être changé, en accord avec le médecin bien sûr.
Doctissimo : Les femmes enceintes
ont-elles le droit de prendre des psychotropes ?
Dr Gérard : Normalement,
il y a interdiction chez la femme enceinte de consommer des psychotropes. Il
s'agit d'une mesure de précaution car aucune étude scientifique n'a pu
déterminer à ce jour s'il y avait un risque pour la mère ou l'enfant. Il est
très difficile d'évaluer le rapport bénéfice/ risque, et la raison est simple,
les femmes enceintes sont toujours exclues de toutes les études.
Il arrive
cependant, dans des cas très particuliers, que l'on prescrive un traitement ou
que l'on décide de ne pas arrêter celui qui est en cours. Dans ces cas précis,
une surveillance très attentive est de rigueur.
De plus, la mère
doit être prévenue des risques encourus.
Doctissimo
: Pourquoi les traitements aux antidépresseurs doivent durer au moins six mois
?
Dr Gérard : En fait, le
traitement ne doit pas durer au minimum six mois à partir de sa prescription,
mais entre 3 à 6 mois après que l'on ait pu constater une amélioration
clinique.
La durée du
traitement est calculée par rapport à la première manifestation d'une action thérapeutique.
Pour ce qui est
de la durée minimale de trois mois, des expériences ont montré que si le
traitement était arrêté trop tôt, les risques de rechutes étaient amplifiés. Il
s'agit du temps minimum nécessaire à la consolidation de la réussite.
Doctissimo
: Quand considère-t-on que le traitement est inefficace ?
Dr Gérard
:
Les effets favorables se font généralement sentir au bout d'une vingtaine de
jours. Après un mois de traitement, si les symptômes persistent ou ne sont que très
faiblement améliorés, on peut considérer que le traitement est inefficace, du
moins aux doses prescrites.
Généralement les
médecins décident de changer de molécule car pour certains médicaments, aucun
effet dose n'a été démontré. Pour ma part, je préfère augmenter la dose pendant
quelques mois et changer de traitement si toujours rien ne se produit.
Doctissimo
: Comment bien arrêter son traitement ?
Dr Gérard
:
L'arrêt est une étape très importante qui se fait avec l'accord du médecin. En
effet, au cours du traitement, il peut se créer des dépendances, psychiques ou
physiques aux psychotropes, ou des accoutumances notamment aux hypnotiques et
aux tranquillisants.
Une sensation de
manque peut alors intervenir pendant les 10-15 jours qui suivent la fin de la
prise de médicaments.
Pour limiter ces
effets, il est conseillé d'arrêter la thérapie en douceur.
Le risque d'un
arrêt brutal est l'apparition de troubles désagréables plusieurs jours et de
façon plus importante, ce qui est d'autant plus nocif.
La meilleure
méthode pour arrêter est d'abord de choisir avec le prescripteur la date de fin
de traitement. Ensuite, il faut dresser avec lui un plan de réduction
progressive des doses journalières, jusqu'à l'arrêt total.
Il faut rappeler
que même avec un sevrage correct, l'apparition de symptômes dérangeants est
quasi inévitable. Il est important de le savoir avant de commencer l'opération
pour être capable de lutter contre.
Propos
recueillis par Emmanuelle Jost
Le Guide du
bien-être Psy, Editions Vidal, ouvrage collectif supervisé par les Dr Alain
Gérard et François Baumann, 24 Euros.
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