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                                                MAI 2008

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COMMENT PREPARER SON ENTREE EN MAISON DE RETRAITE ?

« Il faut anticiper »

 

Jean-Marc TALPIN, psychologue, Lyon Générations, mai-juillet 2007, page 13

 

 

Pourquoi les maisons de retraites ont-elles une mauvaise image ?

Jean Marc Talpin : il y a d’abord une raison historique. A l’origine les établissements gériatriques accueillaient les pauvres. C’était les fameux hospices où les conditions de vie des personnes âgées étaient souvent indignes. Avec des chambres de 10 à 15 lits; Et malgré la modernisation de ces établissements, les maisons de retraite restent dans l’imaginaire collectif, un lieu d’exclusion.

 

D’autres raisons pour expliquer cette mauvaise image ?

Oui la majorité d’entre nous redoutent de vivre un jour en collectivité. En plus avec des gens que l’on n’a pas choisis… Ensuite la maison de retraite signifie souvent l’entrée dans la grande dépendance, quand on n’est plus en capacité de se débrouiller chez soi, y compris avec des aides. Enfin cette institution est forcément un peu synonyme de mort. Car c’est le dernier lieu où l’on va vivre, même si on aime à croire que cette entrée en maison de retraite n’est que temporaire. Et c’est ce qui explique pourquoi la décision d’entrer en maison de retraite est toujours difficile à assumer pour les familles comme pour les personnes âgées. D’ailleurs, on se résout à entrer dans une maison de retraite presque toujours quand on n’a plus le choix, à reculons.

Ce qui décide les personnes âgées à entrer en maison de retraite ?

Il y a des cas où la personne âgée ne décide rien. On lui ment en lui disant que cette entrée en institution n’est que temporaire, pour qu’elle se repose… Ce qui est quand même de plus en plus rare car les maisons de retraite refusent de jouer le jeu. Il y a aussi des cas où les personnes âgées sont motivées par un sentiment d’insécurité. C’est-à-dire qu’elles ont un déclic lié à un accident, à une agression… Exemple : elles sont tombées chez elles et n’ont été découvertes que le lendemain. Ce qui les a angoissées. Mais dans la majorité des cas, il faut bien comprendre que les personnes âgées ne décident jamais vraiment…

Pourquoi les personnes âgées ne décident jamais vraiment ?

Elles ont conscience que la maison de retraite est la seule solution possible. Elles ne peuvent pas aller vivre chez leurs enfants, mais elle ne peuvent pas non plus rester seules. Du coup elles ne sont pas opposées à l’idée de l’institution. Mais elles ne prendront pas elles-mêmes cette décision. Car c’est trop difficile psychologiquement.

 

Il faut donc prendre la décision à la place de la personne âgée !

En fait, il faut que ce soit une décision collective. Entre la personne âgée, sa famille, mais aussi des tiers, comme le médecin de famille, les infirmières, les assistantes sociales… Ces tiers sont très importants car ils permettent de dépassionner la situation qui est forcément très douloureuse. Notamment pour les enfants qui se sentent coupables de devoir placer leur parent âgé…

 

Justement, comment gérer cette culpabilité ?

C’est très difficile. D’autant plus que la personne âgée peut en rajouter, en se plaignant beaucoup, en attisant les désaccords entre frères et sœurs… Donc il ne faut pas hésiter à en parler, par exemple avec d’autres familles confrontées au même problème. Mais aussi avec des psychologues. Mais le plus important c’est de ne pas décider ce placement en urgence.

 

Comment bien préparer l’entrée en maison de retraite ?

Il faut justement anticiper, prendre son temps, visiter plusieurs établissements… Et pourquoi pas bénéficier d’un hébergement temporaire pendant une quinzaine de jours. Notamment pendant les vacances des aidants familiaux. Ce qui dédramatise la maison de retraite. Car la personne âgée se rend compte que ce n’est pas l’enfer qu’elle imaginait. Malheureusement, cette démarche est rare.

 

Comment réagissent les personnes âgées quand elles entrent dans une maison de retraite ?

Il y a presque toujours une période difficile au début. Une phase d’adaptation qui se rapproche d’une dépression. Avec des résidents qui vont refuser de sortir de leur chambre, de voir les autres personnes âgées, être désagréables… Mais c’est normal, il faut que la personne fasse le deuil de sa maison et assimile ses nouvelles règles de vie. C’est donc un véritable bouleversement. D’autant plus qu’il y a un choc lié à l’effet miroir.

 

Quel effet miroir ?

En fait, on ne vit jamais avec la conscience de son âge. On ne se voit pas vieillir et on se projette généralement dans des personnes plus jeunes. Mais quand on entre en maison de retraite, on est forcément stigmatisé comme âgé et dépendant. Et on a, face à soi, des personnes âgées. Ce qui est un choc. C’est comme ça qu’on voit souvent des personnes âgées être relativement intolérantes vis à vis des autres résidents en disant : « c’est horrible ici, il n’y a que des vieux ! »

 

Il ne faut donc pas s’inquiéter eu début ?

Non, il ne faut pas dramatiser. Il faut évidemment continuer à venir voir la personne âgé pour maintenir le lien. Mais il ne faut pas en rajouter. Car les familles, qui en plus se sentent coupables, ont tendance à accuser l’institution, à penser que leur parent est négligé… Et ça peut mal tourner. On accuse la maison de retraite de n’importe quoi ! Cela dit, il faut quand même être vigilant car il y a une surmortalité dans l’année d’entrée en maison de retraite. Notamment avec le syndrome de glissement, qui entraîne la mort en quelques jours, car la personne se laisse mourir. D’où l’importance des entretiens avec le psychologue au cours des premiers mois. Et l’alerte de la famille.

 

Le signe que la personne s’adapte ?

Elle va commencer à aller vers les autres, à être moins agressive. Et puis elle va investir physiquement sa chambre, en disposant des objets personnels, des photos, des meubles…. Le signe qu’elle se sent chez elle.