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 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV,APF69.N°3;01.2005 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr  

 

PLAIDOYER  POUR  LE  BONHEUR,

Matthieu RICARD, Nil éditions 2003.

 

Extraits par Henri Charcosset

 

         Chercheur en génétique cellulaire, Matthieu Ricard a embrassé le bouddhisme dont il est l’un des spécialistes mondiaux. Il se consacre notamment à la vie monastique au Népal.

 

P52    Un entraînement prolongé et une attention vigilante permettent d’identifier et de gérer les émotions et les événements mentaux à mesure qu’ils surviennent… Cette thérapie a pour but de réduire doukha, le « mal-être », et d’augmenter « soukha », le « bien-être », de permettre un épanouissement optimal de l’être humain.

P54   L’esprit est malléable. Rien en lui n’impose une souffrance irrémédiable. Un changement, même minime, dans la manière de gérer nos pensées, de percevoir et d’interpréter le monde peut considérablement transformer notre existence.

P59   L’égocentrisme, ou plus précisément le sentiment maladif que l’on est le centre du monde – que nous appellerons le « sentiment de l’importance de soi »- est à l’origine de la plupart des pensées perturbatrices.

P68   Si notre esprit s’habitue à ne considérer que la douleur que lui causent les événements ou les êtres, un jour viendra où le moindre incident lui procurera une peine infinie. L’intensité de ce sentiment s’amplifiant avec l’habitude, tout ce qui arrivera finira par nous affliger : la paix n’aura plus de place en nous… Aussi est-il essentiel d’acquérir une certaine paix intérieure.

P69   Aux yeux d’un Occidental, tout ce qui perturbe, menace et finalement détruit l’individu est ressenti comme un drame absolu, car l’individu constitue un monde à lui seul. En Orient où l’on accorde une plus grande importance aux relations entre tous les êtres et à la croyance en un continuum de conscience qui reprend naissance, la mort n’est pas un anéantissement mais un passage.

 

P97,98        Que faire de l’ego ?

         A la différence du bouddhisme, très peu de méthodes psychologiques traitent du problème de réduire le sentiment de l’importance du moi, réduction qui, pour le sage, va jusqu’à l’éradication de l’ego. C’est certes là une idée neuve, voire subversive en Occident, lequel tient le moi pour l’élément fondateur de la personnalité. Eradiquer totalement l’ego ? Mais alors je n’existe plus ? Une telle conception n’est-elle pas psychiquement dangereuse ?

         C’est là confondre ego et confiance en soi.

 

 L’ego ne peut procurer qu’une confiance factice, construite sur des attributs précaires-pouvoir, succès,… - et sur tout ce que nous croyons constituer notre « identité », à nos yeux et à ceux d’autrui-.

P99   Pour le bouddhisme, une confiance en soi digne de ce nom est tout autre. C’est une qualité naturelle de l’absence d’ego ! Dissiper l’illusion de l’ego, c’est s’affranchir d’une vulnérabilité fondamentale.

P117 Le bouddhisme met l’accent sur la prise de conscience accrue des pensées instantanées, ce qui permet d’identifier immédiatement une pensée de colère lorsqu’elle surgit, puis de la déconstruire dans l’instant suivant… Le même processus se reproduit pour la pensée suivante, et ainsi de suite. Il faut donc travailler les pensées une à une, en analysant la façon dont elles surviennent et se développent et en apprenant peu à peu à mieux les gérer…

P118 Vers une psychologie positive

         En 1998, un groupe de psychologues américains s’est réuni pour fonder le Réseau de psychologie positive. Il s’agit d’un élargissement du champ d’étude de la psychologie par rapport à ce qui a été longtemps sa vocation principale : étudier et, si possible, remédier aux dysfonctionnements émotionnels et aux états mentaux pathologiques.

P121 Le bouddhisme préconise un entraînement prolongé et rigoureux à l’introspection, processus qui implique la stabilisation de l’attention et l’accroissement de la lucidité.

 

Chapitre 9. P124-144. Emotions perturbatrices : les remèdes.

P124 L’idéal est de laisser les émotions négatives se former et se défaire sans laisser de marques dans l’esprit.

P127 Le mot tibétain gom, que l’on traduit généralement par méditation, signifie plus exactement « familiarisation ». Le bouddhisme enseigne trois principales méthodes pour réussir cette « familiarisation » : les antidotes, la libération et l’utilisation. La première consiste à rechercher un  antidote spécifique pour chaque émotion négative. La deuxième permet de dénouer ou « libérer » l’émotion en découvrant sa véritable nature. La troisième méthode utilise la force de chaque émotion comme un catalyseur de transformation intérieure.

 

L’usage des antidotes.

         Le bouddhisme souligne que deux processus mentaux diamétralement opposés ne peuvent survenir simultanément. On peut osciller rapidement entre l’amour et la haine mais on ne peut pas ressentir dans le même instant de conscience le désir de nuire à quelqu’un et celui de lui faire du bien… En entraînant son esprit à l’amour altruiste, on élimine peu à peu la haine. Il importe donc de commencer par découvrir les antidotes qui correspondent à chaque émotion négative puis de les cultiver.

Libérer les émotions

         Cette pratique consiste à concentrer son attention sur l’émotion telle la colère elle-même au lieu de la fixer sur son objet…

Si l’on s’habitue à regarder les pensées au moment où elles surviennent, et à les laisser se défaire avant qu’elles ne monopolisent l’esprit, il sera beaucoup plus facile de rester maître de son esprit et de gérer les émotions conflictuelles au sein même de la vie active.

 

Utiliser les émotions comme catalyseurs

         Pour peu que l’on sache séparer les différents aspects d’une émotion, il devient concevable de reconnaître et d’utiliser les côtés positifs d’une pensée généralement considérée comme négative… Ainsi, la colère incite à l’action et permet souvent de surmonter un obstacle. C’est un défi que nous lancent les émotions : celui de reconnaître qu’elles ne sont pas intrinsèquement perturbatrices, mais le deviennent aussitôt que nous nous identifions à elles et que nous nous y attachons…

         Si l’on réussit à éviter cette fixation, il n’est plus nécessaire de faire intervenir un antidote extérieur : les émotions elles-mêmes agissent comme des catalyseurs qui permettent de se dégager de leur influence nuisible.

P136  Trois méthodes, un seul but. Ce but est de ne pas être la victime des émotions perturbatrices et des souffrances qu’elles entraînent habituellement.

P137  Mais il ne faut pas oublier qu’à l’origine des émotions perturbatrices se trouve l’attachement au moi.

P138  Une connaissance et une maîtrise de l’esprit accrues permettront de traiter les émotions au moment précis où elles surgissent, pendant qu’elles s’expriment. C’est ainsi que les émotions qui nous affligent sont « libérées » à mesure qu’elles surgissent. Elles sont incapables de semer le trouble dans l’esprit et de se traduire par des paroles et des actes engendrant de la souffrance.

P140  Un travail de longue haleine.

           Reconnaître une émotion au moment même où elle survient, comprendre qu’elle n’est qu’une pensée dénuée d’existence propre et la laisser se dénouer spontanément en évitant la cascade des réactions qu’elle entraîne habituellement, tout cela est au cœur de la pratique contemplative bouddhiste.

P142   Il faut reconnaître que nous offrons une résistance phénoménale au changement… Notre inertie est profonde à l’égard de toute transformation véritable de notre manière d’être… Parce que l’ego est récalcitrant¸ qu’il se rebiffe dès que son hégémonie est menacée…

P143   Pourtant une fois entamé le travail introspectif, il s’avère que cette transformation est loin d’être aussi pénible qu’il y paraît… On a le sentiment d’acquérir une liberté et une force intérieure grandissantes, qui se traduisent par une diminution des angoisses et des peurs. Le sentiment d’insécurité fait place à une confiance empreinte de joie de vivre, et l’égocentrisme chronique à un altruisme chaleureux.