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 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV. N°12; 04, 2007

 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                      

 Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

A PROPOS DE…… L’ORDINATEUR QUE JE N’AI PAS !

 

Edouard COTTAZ-CORDIER

 

…. Et que je n’aurai jamais !

En effet, même si je considère que mon avenir est toujours devant moi (c’est vrai qu’il ne peut être derrière, le problème, c’est qu’il est plus ou moins long…), il ne peut plus me laisser le temps de penser à me faire à cette nouvelle technique… qui n’est plus si nouvelle, oui je sais, mais pour moi, ce sera toujours nouveau.

 

Il fut un temps, pas si lointain, où je me disais, avec quelques amis, qu’il ne faudrait pas « mourir idiot », ni paraître complètement dépassé, surtout aux yeux de mes petits-enfants et même de mes enfants. D’ailleurs, chacun m’encourageait à me « moderniser », à acquérir ce bien qui me permettrait de communiquer si facilement avec eux, de recevoir des « e-mail » et d’y répondre !…

 

Quelle joie d’écrire !

 

Qu’ai-je à faire de ces « e-mail » ? Et d’abord qu’est ce donc qu’un « e-mail » ? Sinon une correspondance, un courrier, une lettre qui passe par une machine, et qui va sans doute disparaître quand on l’aura lu ?

 

A-t’on oublié le plaisir de lire une lettre dont tous les signes, tous les mots, ont été formés au bout d’une plume, d’un stylo, tenu par une main que le bras relie au cœur, par la volonté de placer dans ces petits dessins tout le sentiment que l’on ressent pour la personne à qui s’adresse la lettre ? En bien ou en mal d’ailleurs !

 

Lire est une chose, un plaisir assuré, mais il y a aussi une grande joie, en tout cas une vraie émotion, à écrire, à traduire par ces petits signes tracés de sa main le désir que l’on peut avoir à être relié par ce moyen physique à celui – ou celle à qui est destiné ce message.

 

Bien sûr, encore faut-il que ce que l’on écrit soit lisible, je veux dire écrit correctement et bien formé.

Alors là, il faut que je m’incline : si je n’ai jamais été un bon calligraphe, mon écriture actuelle est de plus en plus mauvaise, quasi illisible pour le premier venu ! Tellement que l’on peut penser que je ne mets aucun sentiment à cet exercice ! On a tort, j’ai plaisir à écrire, mais ma main et mon bras droit ont le même âge que moi, ils sont usés, et s’ils ne tremblent pas ; ils ne répondent plus exactement à tout ce que je voudrais exprimer, et ils se fatiguent vite.

 

Il est donc très difficile de me lire, et si moi même, j’éprouve quelque difficulté à écrire, je le fais toujours avec plaisir. Je plains ceux qui doivent me traduire (en particulier Raymonde qui doit déchiffrer mes gribouillis, mais elle m’a dit qu’elle s’était bien habituée à mon écriture et qu’elle pouvait maintenant assez bien me comprendre : MERCI !)

 

Les « AVEC » et les « SANS »

 

Il me semble qu’ainsi je pense vraiment ce que j’écris, que je corrige d’ailleurs souvent par de vilaines ratures et d’énigmatiques renvois ! Pourrais-je en faire autant avec l’ordinateur ? On m’affirme que oui : alors où est l’avantage ? ce serait peut-être plus net, plus propre, mais moins personnel !

 

Il est certain que dans la vie moderne, on ne peut plus se passer de cet outil mécanique, mais si intelligent, dit-on : ne pose-t-il pourtant jamais de problèmes ?…

 

Oui, dans cette vie déshumanisée par une technologie abusivement avancée, les jeunes et adultes au travail actif ne pourraient plus vivre et travailler sans l’ordinateur et ses accessoires si utiles. Mais moi, je suis vieux, je veux dire que j’ai dépassé l’âge de l’activité indispensable pour vivre : je peux donc profiter de ce bonheur de lire une lettre, une carte, et d’en écrire. Oui, je sais, il y a aussi le plaisir d’écouter et de parler au téléphone : cela peut coûter cher !

 

Faut-il aller aussi loin que le philosophe Marcel Conche, qui classe l’humanité en deux catégories : les « nantis », qui ont un ordinateur, et les « indigènes », qui n’en auront jamais ? Il craint que les premiers oublient les seconds. En effet, dit-il, les premiers communiquent essentiellement entre eux, et délaissent les seconds.

 

Il y aurait donc, pour lui, « la planète des riches », les « avec » (ordinateurs), et « la planète des démunis », les « sans » (ordinateur), deux mondes absolument sans relation, sans liaison ?

 

Bien sûr, les « avec » peuvent être, du moins certains, beaucoup disons, avec les « sans », avec la « vraie humanité », c’est-à-dire, pour le philosophe « l’humanité souffrante ».

 

Avouons que, même « sans » (ordinateur), on ne souffre pas trop, du moins de ce problème ! C’est en tout cas, ma position, et mon optimisme n’est pas trop atteint par ce handicap.

 

Et vous ? J’espère surtout que cette maudite canicule passée ne vous a pas trop ennuyés, et que nous nous retrouverons assez heureux pour aborder bravement le futur automne et ses belles couleurs !

 

Article reproduit de la Lettre aux adhérents O.V.P.A.R. N° 153, sept-oct 2006

Maison René Cassin, 56 rue du 1er Mars 1943, 69100 Villeurbanne