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                                                        JUILLET 2008

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DES PARENTS NONAGENAIRES : SAVOIR COMPOSER AVEC L’ENERGIE ET LA SOCIABILITE DE L’AUTRE

 

JELLO 5( Pseudonyme), avec la collaboration de Henri Charcosset

 

A partir du Forum Santé, Psychologie, Bien Vieillir, de Doctissimo

http://forum.doctissimo.fr/psychologie/vieillir/sociabilite-composer-savoir-sujet_226_1.htm#bas

 

Résumé . Ce témoignage  illustre un type de situation qui risque d’être fréquent dans le futur, avec l’allongement de la durée de vie des populations. C’est l’effet de la différence de la baisse de vitalité entre l’un et l’autre d’un couple, arrivant au grand âge. Ici comme ailleurs, prévenir vaut mieux que guérir. Aussi devons-nous nous préparer à une telle éventualité. Etre longtemps à l’avance informé est déjà appréciable.

 

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Message initial de Jello 5 du 02 avril 2008

 

 Chères et chers internautes,    
 
     Je crois avoir compris ce qui n'allait pas entre papa et maman.  Il s'agit d'un malentendu qui a pris des proportions pas mal dramatiques dans lequel ni l’un, ni l'autre n'est à blâmer.  La raison de ce malentendu est que les 2 n'ont ni la même capacité énergétique, ni le même degré de sociabilité.  Maman est une femme de 88 ans au tempérament très actif et qui est très sociable. Ces temps-ci, elle est hospitalisée parce qu'elle a de la misère avec son diabète et parce qu'elle est toute mélangée avec ses histoires d'argent, ce qui l'a rendu complètement épuisée. Je ne l'ai jamais vue prendre une seule vraie sieste et comme sa mère, elle aime parler avec tout le monde.

 

 Quant à papa qui est maintenant âgé de 90 ans et qui souffre beaucoup d'emphysème, il est capable de prendre régulièrement des siestes et ses capacités ont beaucoup, beaucoup diminué ces dernières années.  En plus, il a un tempérament plutôt casanier et solitaire.

La raison pourquoi papa insistait sans arrêt pour que maman soit toujours assise à côté de lui dans le lazy-boy dans le salon de leur maison, c'était parce que ça le fatiguait de voir maman avoir autant la bougeotte.

 Papa faisait ça pour bien faire parce qu'il pensait que ça reposerait maman si elle étirerait le lazy-boy et prendrait une sieste dessus.  Mais ça avait complètement l'effet contraire sur maman parce qu'elle n'aimait pas que son mari l'oblige à ne rien faire.  Au contraire, la façon que maman puisse relaxer, c'est en étant active et surtout, en pouvant parler à son monde, ce qui n'est malheureusement pas le cas chez papa.

 

 À première vue, on pouvait croire que papa avait un comportement trop autoritaire, trop jaloux et trop possessif, mais en réalité, ce n'était pas ça du tout.  Ses intentions étaient bonnes.  Mais ça gueulait pas mal fort à la maison depuis 3 ou 4 ans.  C'était tout simplement un malentendu qui a pris une allure disproportionnée.  J'ai compris ça le lundi matin même où nous l'avons mené au centre d'hébergement.  C'est vraiment là que j'ai réellement commencé à aimer mon père parce que j'ai compris enfin ce qu'il avait derrière la tête.  J'ai profité de l'occasion pour le lui dire lors de son anniversaire, croyez-moi.    
   
 J'ai remarqué aussi qu'il avait le même problème avec d'autres personnes que maman.  En effet, un soir où papa et mon frère P... étaient seuls à la maison et que P... avait passé plusieurs heures à démêler la paperasse de maman sur la table à manger, papa lui a crié en prenant un ton très autoritaire : "Laisse faire ça P...l et viens t'asseoir avec moi."  P... était bien sûr choqué de se faire parler sur ce ton.  Le jour où mon frère L... est allé visiter papa pour la première fois au centre d'hébergement, papa n'arrêtait pas de lui répéter "Assis-toi, L...", il s'est produit la même chose que pour P... et maman.  L... ne voulait pas s'asseoir parce que son travail l'obligeait à toujours rester assis et qu'il avait passé aussi beaucoup de temps sur la route.    
   
           Voilà ce qu'était le noeud du problème
.  Je ne sais pas si vous avez déjà lu le livre "Le matin des magiciens" de Louis Pauwels sorti dans les années '60s.  Dans ce livre, il y avait une citation qui disait : "Plus je comprends, plus j'aime car tout ce qui est compris est bien".  C'est ce qui se passe entre papa et moi depuis le fameux lundi où nous l'avons hébergé.  Pour ce qui est de cette citation, je suis conscient qu'il va y avoir des choses qui vont demeurer mystérieuses toute notre vie même si on réussirait à vivre extrêmement vieux.  La raison est qu'on ne peut pas intérioriser de notre vivant tout ce qu'il y a autour de nous.  
 
          Bientôt, mes parents vont être hébergés dans le même centre privé, mais pas dans le même appartement.  Ils vont pouvoir ainsi avoir une vieillesse pas mal plus sereine.

 

Précision de Jello 5 du 05 avril 2008

 

C'est vrai que comme tous les couples qui se sont mariés à cette époque, mes parents ne se connaissaient pas assez avant de se marier.  Ils étaient faits l'un pour l'autre, mais les problèmes dont j'ai parlé ont commencé à se manifester il y a à peine 4 ou 5 ans lorsque l'emphysème de mon père a atteint un niveau critique.  Il n'a jamais été question auparavant de crises de jalousie, de possessivité et d'infidélité entre eux.  À cause de la propre incapacité de mon père, celui-ci se fatiguait à voir les autres dépenser beaucoup plus d'énergie que lui.  Sa surdité le rendait mal à l'aise aussi quand il y avait beaucoup de personnes qui parlaient ensemble autour de lui car il aurait bien aimé pouvoir se mêler des conversations, mais il en était incapable.  Cependant, ceci est un peu de sa faute car ça fait longtemps qu'on lui conseille de porter un appareil auditif, mais il s'y refuse obstinément.   Et si on pose un appareil auditif de force à quelqu'un, ça ne fonctionne pas.

 

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Message de Jello 5 du 25 juin 2008


       Actuellement, ma mère est seule dans sa grande maison.  Elle a eu l'offre d'aller dès cet automne dans la même bâtisse pour personnes âgées dans laquelle demeure mon père, mais pour le moment elle a refusé parce que dans ce 4 1/2, il n'y a qu'une seule fenêtre contrairement à l'autre logement où elle a accepté d'aller en mai 2009 dans lequel il va y avoir 2 fenêtres.  Entre temps, je ne sais pas quelle sorte d'été que je vais passer car je suis souvent obligé d'aller chez ma mère ces temps-ci même si j'ai un logement à moi tout seul dans lequel je ne pourrai pas dormir toutes les nuits.  
 
         Pour ce qui est de l'adaptation de mon père, il trouve ça très difficile de demeurer tout seul dans son appartement.  Il s'ennuie beaucoup car il est incapable de se faire de nouveaux amis.  Il a toujours été trop casanier.  Il voudrait que maman soit toujours près de lui, mais elle refuse et je la comprends.  Maintenant, il passe son temps à se morfondre comme un prisonnier dans sa cellule.  On dirait que plus rien ne l'intéresse et qu'il s'est fabriqué des barreaux de prison lui-même.
 
          Quant à ma mère, elle a eu des problèmes intestinaux assez graves dernièrement au point d'aller à l'hôpital car on a craint que c'était la bactérie C difficile qui l'affectait.  Elle a aussi des problèmes de mémoire à court terme.  L'autre jour, elle avait de la misère à trouver ses choses dans ses armoires de cuisine.  Elle s'ennuie un peu elle aussi et son ouïe commence à être de plus en plus déficiente.  Elle est contente que je m'occupe d'elle.  
 
           Maintenant, mon cher Henri69, lis bien le message qui suit :  
 
Chères et chers internautes,
 
 Voici les paroles d'une belle chanson intitulée "Sors-moi donc, Albert" de Félix Leclerc dans laquelle il y a le portrait tout craché de la relation qui a toujours existé entre mes deux parents et probablement chez des millions d'autres couples à travers le monde.  Je pourrais remplacer facilement le prénom Albert par celui de mon père.  Et je m'aperçois à mon grand désarroi que j'ai hérité du comportement très casanier de mon père.  En effet, je communique beaucoup plus avec le monde par Internet qu'en personne.

 Voici maintenant les paroles de la chanson en question :
 
 
Félix Leclerc éé    
   
Sors-moi donc Albert
 1975
 
Sors-moi donc Albert
Amène-moi voir des choses
Sors-moi donc d' la maison
Éloigne-moi des enfants
 
Juste un soir, Albert
Au restaurant du centre
Ou au concert en ville
Tous deux, tout seuls, une fois
 
En auto ou a pied
Sans ami, sans parent
Collé, collé sur moi
Comme tu faisais avant
 
Parce que si tu ne me sors pas
J'vais faire mon cinéma
Ce que tu me montres pas
Je l'inventerai tout bas
 
Mais je t'inviterai pas
Chacun de son bord on sera
Du couple qui se comprend plus
Ça en fera un de plus
 
Sors-moi donc, Albert
 
Tout deux, tout seuls, une fois

Une fois, une fois, une fois, Albert

 

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Ce récit au mois le mois du vécu d’un grand âge, en couple….est à  suivre…. en tout cas nous l’espérons bien !

 

Jello5 peut, du moins en principe, être jointe au travers du webmestre, henri69, Henri Charcosset, bien.vieillir@club-internet.fr