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Mars 2013
LES MEDICAMENTS GENERIQUES
Former les médecins à mieux prescrire les génériques
Amélie PELLETIER
|
Les médicaments génériques , Dossier Doctissimo |
Les études
de bioéquivalence sont les garantes d'une qualité et d'une efficacité
similaires entre les génériques et les médicaments "de marque",
assurent les promoteurs des génériques. Pas suffisant pour leurs détracteurs, qui
se comptent autant du côté des patients que des professionnels de santé, et qui
rechignent encore à substituer les médicaments de marque, ou princeps, par des
génériques.
Former
médecins et pharmaciens à plus et mieux prescrire les génériques, tout en sensibilisant les patients
à l'intérêt médico-économique de ces médicaments,
semble être l'approche la plus souhaitable pour doper leurs ventes et le niveau
de prescription souhaité par les autorités de santé, selon les spécialistes
réunis à la 2ème conférence annuelle du Gemme.
Génériques : près d'1/4 des prescriptions
Près d'un médicament remboursé sur quatre
est aujourd'hui un générique. Pour autant, la France reste nettement en retrait
par rapport à d'autres pays comparables dont le taux de consommation dépasse
les 60 %. Pour le président du Gemme, Pascal Brière, l'année 2011 et
le début de 2012 ont été marqués par un "ralentissement sans
précédent de la politique du générique", ce qui a "privé le
système social français de plusieurs centaines de millions d'euros d'économies".
Car selon ce dernier, "une hausse de 1 % de la prescription dans
le répertoire* permettrait d'économiser 88 millions d'euros".
Forte de ces
données, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a
donc décidé de passer à l'offensive et d'augmenter le taux de substitution des
médicaments de marque par des génériques.
Sa
solution ? La loi "Tiers Payant Contre Générique" (TPCG).
Le principe : les patients qui refusent un générique doivent payer leur
médicament sans bénéficier de l'avance de frais. Depuis sa mise en oeuvre en juillet 2012, le taux de substitution est
reparti à la hausse, annonce Pascal Brière. Mais, ajoute-t-il, il faudra plus
que cette mesure pour atteindre l'objectif fixé à
85 % de substitution (qui devrait générer une économie de
500 millions d'euros). "Il faut redonner confiance aux patients et
même aux médecins".
Génériques : mal aimés
dès leur arrivée
L'arrivée
des génériques sur le marché date de 1999. Elle suscite alors de "très
grandes réserves", se souvient Catherine Lemorton,
présidente de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale et
députée PS (Haute-Garonne). Elle va même plus loin, accusant les médecins
d'être la clé de voûte d'un "système gangréné par l'industrie
pharmaceutique". "Il va falloir que ça change",
tance-t-elle, avant d'expliquer : "L'industrie des princeps a
utilisé toutes les techniques de déstabilisation sur les génériques avant leur
arrivée si bien que, lorsqu'ils sont sortis sur le marché, les médecins avaient
basculé sur la prescription de princeps". Un problème qui perdure et
auquel les autorités sanitaires doivent s'atteler, estime la députée PS.
Mais si les
médecins ont leur part de responsabilité, les patients continuent à se montrer
réticents. "Les patients demandent la mention 'non substituable' sur
l'ordonnance. Je ne le fais pas 9 fois sur 10, mais j'avoue qu'au bout
d'une demi-heure d'explication, ça me fait suer !", illustre le
Pr Alain Baumelou, professeur de néphrologie au
groupe hospitalier Pitié Salpêtrière-Charles Foix. Car tout comme les visiteurs
médicaux exercent une certaine influence sur les médecins prescripteurs, aux
dires de Gilles Bonnefond, président de l'Union des
Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO), la rumeur alimente la méfiance
des patients.
Génériques : aucune preuve d'une moindre efficacité par rapport aux
princeps
Et ce n'est
pas le rapport de l'Académie de médecine, rendu public le
14 février 2012, qui a apaisé les esprits et restauré la confiance
déjà bien entamée des consommateurs de médicaments vis-à-vis des génériques.
Bien que ce document recommande, en conclusion, de "promouvoir la
prescription et la délivrance de médicaments génériques", il souligne
en gras, tout au long du texte, que "bioéquivalence […] ne signifie pas
[…] équivalence thérapeutique", que "l'autorisation de mise
sur le marché est accordée après une simple étude de bioéquivalence, sur un
groupe restreint" et que "le changement d’excipient peut
occasionner des réactions allergiques plus ou moins sévères". Des
propos peu rassurants, qui ont été repris en boucle dans les médias.
Or, "il
n'existe pas de preuve que les génériques entraînent une modification
thérapeutique", assure le Pr Baumelou.
Une affirmation reprise par le Pr Alain Astier,
professeur de pharmacie clinique au CHU Henri Mondor et membre de l'Académie
nationale de pharmacie, qui balaye d'un revers de main la question des
excipients. "C'est vrai que les excipients peuvent avoir une action sur
la biodisponibilité des médicaments. C'est pour cela que l'on mène des essais
de bioéquivalence. Les excipients à effets notoires sont connus et ne sont pas
utilisés dans les génériques". Selon l'académicien, "c'est
l'effet de contexte, qui associe l'effet placebo, nocebo
et l'influence du prescripteur, qui, parfois, peut être supérieur à l'effet du
principe actif".
En outre,
rappelle Carole Resman, directrice des opérations Delpharm, "le générique n'a pas de statut
particulier par rapport au princeps, il est issu de la même chaîne de
production". Question sécurité, là encore, le Pr Dominique Maraninchi, directeur général de l'Agence nationale de
sécurité des médicaments (ANSM), se veut rassurant : "Nous
traitons avec équité les génériques et les princeps", appliquant la
même rigueur lors de l'évaluation de leur efficacité et de leur sécurité.
Tous s'accordent donc pour penser que le
meilleur moyen de promouvoir les génériques et d'en augmenter la prescription
et la consommation est de former les professionnels de santé. "Il faut
une formation des professionnels de santé qui soit dédiée à la pharmacologie
des génériques", estime François Wilthien,
médecin généraliste à Aubervilliers, premier vice-président de MG France.
En faculté de pharmacie, les médicaments sont connus au travers de leur
dénomination commune internationale (DCI), tandis qu'ils le sont à travers leur
nom de marque en faculté de médecine. Pour Catherine Lemorton,
ancien pharmacien, la solution est simple : "Il faut former tous
les professionnels de santé à la DCI". Une proposition bien
accueillie par le Pr Baumelou, qui estime que
dans sa spécialité (la néphrologie), la substitution des médicaments de marque
par les génériques est parfaitement admise, le médecin faisant confiance au
pharmacien hospitalier. Néanmoins, souligne-t-il, "le problème de la
DCI est que l'on ne sait jamais ce que prend le patient, s'il prend une
spécialité ou un générique", ce qui peut poser des problèmes en cas
d'intolérance.
Au regard de la loi TPCG, médecins et
pharmaciens disposent toutefois d'une marge de manoeuvre
de 15 %. Une latitude dont ils peuvent se servir pour traiter les patients
souffrant de certaines maladies telles que l'épilepsie ou les maladies cardiovasculaires, pour lesquelles la substitution n'est
pas obligatoire en cours de traitement. Une exception qui n'est pas liée à une
moindre efficacité des génériques, souligne le Pr Astier :
"Objectivement, les études de biodisponibilité ne montrent pas de
différence [entre les génériques et les princeps, ndlr]. Le gros problème dans
ces maladies, c'est la compliance au traitement qui,
si elle n'est pas bonne, peut perturber son efficacité". Pour ces
cas-là, il est donc tout à fait souhaitable de prescrire d'emblée le générique,
et de le poursuivre tout au long du traitement.
Autre levier d'action :
sensibiliser les Français. Pour cela, une campagne d'information auprès du
grand public pourrait être menée par l'Institut national de prévention et
d'éducation en santé (Inpes) ou par le réseau
des pharmacies, suggère Catherine Lemorton. Cette
campagne ciblerait en priorité les médecins, les pharmaciens mais aussi le
système hospitalier. En outre, le gouvernement va élargir la possibilité pour
le pharmacien de dispenser davantage de génériques dès le début du traitement,
a-t-elle indiqué.
Amélie Pelletier – octobre 2012
* Le répertoire existe uniquement en
France, où il référence, par groupe, les médicaments princeps et leurs génériques,
et sert de base légale au pharmacien pour la substitution.
Sources :
- 2ème conférence annuelle du
Gemme, Générique Même Médicament, le 25 septembre 2012. En présence
d'Alain Astier, d'Alain Baumelou,
de Gilles Bonnefond, de Catherine Lemorton,
de Dominique Maraninchi, de Carole Resman, de François Wilthien.
- "Place des génériques dans la
prescription" - Rapport
de l'Académie nationale de médecine.
Les génériques : équivalences et enjeux
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