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Septembre
2011
MANGER BIO, EST-CE VRAIMENT MEILLEUR POUR LA SANTE ?
Florence DAINE
DOCTISSIMO Dossier
Querelle
d'experts autour des produits bio et de leurs atouts pour la santé : des
scientifiques français viennent de publier deux actualisations plutôt
contradictoires du rapport consacré à ce thème par l'Agence Française de
Sécurité Sanitaire des Aliments en 2003. Le point sur les enseignements des
dernières études.
Les aliments
biologiques sont-ils réellement meilleurs sur le plan nutritionnel ? Sont-ils
vraiment épargnés par les nitrates et les pesticides ?
Bénéfices
nutritionnels : un pavé dans la mare en 2009
Une publication
anglaise de 2009, s'appuyant sur l'analyse de dizaines d'études réalisées
depuis 50 ans1, a semé le doute, ne reconnaissant aucun bénéfice nutritionnel
aux aliments issus de l'agriculture biologique, comparés aux produits issus de
l'agriculture conventionnelle.
Toutefois le Dr
Denis Lairon, chercheur de l'Inserm qui avait coordonné le rapport de l'Afssa2
en 2003, relativise cette publication3 : "dans un premier
rapport compilant 162 études internationales, les experts britanniques avaient
conclu, comme les Français, à divers atouts des aliments biologiques. C'est
ensuite, en éliminant une centaine d'études pour n'en retenir que 55, qu'ils
n'ont plus trouvé de différence significative. Or, pour qu'une revue de
synthèse ait une valeur scientifique, elle doit prendre en compte suffisamment
d'études".
Depuis 2003, de
nouveaux travaux ont été réalisés. Les résultats de l'étude européenne QLIF4
et de recherches françaises de l'INRA sont en cours de publication, mais on
dispose déjà de données sur des aliments produits pas trop loin de nos
frontières, en Suisse et en Allemagne notamment.
Pourtant
les aliments bio contiennent des nutriments intéressants
Selon le Dr
Denis Lairon, qui a publié en 2009 dans la revue Agronomy for Sustainable
Development une synthèse de ces données récentes5,6,
les légumes bio contiennent davantage de matière sèche (jusqu'à 20%), et donc
moins d'eau. Certains apportent un peu plus de minéraux : magnésium, fer, ou
zinc. La pomme de terre et la tomate bio sont souvent plus riches en vitamine C. Si ces données sont
parcellaires, parce que tous les minéraux et toutes les vitamines ne sont pas
étudiés, ils sont encourageants quand on sait que la densité nutritionnelle des
végétaux de l'agriculture conventionnelle intensive peut être amoindrie par
l'épuisement des sols.
Le point fort
des fruits et légumes bio est leur teneur généralement plus élevée en polyphénols. En l'absence de pesticides de
synthèse, ces composés s'accumulent dans les végétaux, pour leur permettre de
lutter contre les insectes et autres agresseurs. Dans notre organisme, ils ont
une action anti-oxydante, retardant le vieillissement cellulaire, et
contribuant à la prévention des maladies cardio-vasculaires et de certains
cancers.
Le
lait et la viande bio seraient plus riches en omega 3
Les viandes de
vaches, agneaux, porcs, et volailles bio semblent moins grasses, toujours selon
le Dr Denis Lairon3,5,6. Par exemple, dans
une étude citée par ce même chercheur, des poulets bio
abattus à 91 jours étaient 3 fois plus maigres que leurs congénères élevés en
batterie abattus à 42 jours. Le mode d'élevage bio imposant l'accès des animaux
à des pâturages ou des parcours, on peut penser qu'ils se dépensent plus et
emmagasinent moins de réserves de graisses. Autre bon point, la viande des
bovins et des volailles bio serait plus riche en oméga
3, ces bonnes graisses cardio-protectrices qui font défaut dans
notre alimentation. Quant au lait bio, il fournirait plus d'oméga 3 et de
caroténoïdes anti-oxydants (bêta-carotène,
lutéine, xéaxanthine).
Mais
ces atouts sont également contestés
Moins
optimistes, Léon Guéguen et Gérard Pascal, membres du groupe de travail "Agriculture
biologique" de l'Académie d'Agriculture de France, estiment que "les
faibles différences observées dans les teneurs en quelques nutriments ou
micro-constituants anti-oxydants n'ont pas de conséquences significatives sur
la couverture des besoins nutritionnels ou de la santé. De plus, les réactions
d'auto-défense des plantes attaquées par des insectes ou autres parasites
provoquent la formation de composés autres que les polyphénols dont l'effet sur
l'homme est mal connu"7.
Denis Lairon
reconnaît qu'effectivement les données scientifiques sont encore limitées3 :
"l'engouement du grand public pour l'agriculture biologique est tout
récent : ce mode de production a longtemps été considéré comme une niche".
Il paraît toutefois convaincu de l'intérêt pour la santé de manger bio,
notamment les fruits, légumes et produits céréaliers, recommandés à chaque
repas.
Moins
de nitrates et de pesticides dans les produits bio
Obtenus sans
utilisation d'engrais chimique, les végétaux bio
renferment peu de nitrates5. Ces derniers sont des composés toxiques
pour les enfants de moins de 6 mois et suspectés d'être cancérigènes chez les
plus grands (une fois transformés dans l'organisme en nitrosamines).
Les produits bio sont également exempts, quasiment à 100 %, de résidus de
pesticides5. Or
d'après le dernier plan de surveillance de la Direction Régionale de la
Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), 52 %
des fruits et légumes de l'agriculture conventionnelle en contiennent à une
dose quantifiable8. Ces pesticides inquiètent scientifiques et
organisations écologistes. On leur attribue de sérieuses perturbations de
l'écosystème et de la reproduction des animaux, ainsi que diverses maladies
professionnelles des agriculteurs (les premiers exposés), telles que cancers et
atteintes neurologiques. Qualifiés de perturbateurs endocriniens, ils seraient
aussi en cause dans la baisse de fertilité masculine.
Mais là encore,
les études manquent. On sait que certains résidus de pesticides peuvent s'accumuler
dans l'organisme humain, mais on n'en connaît pas encore les effets à long
terme. Les femmes enceintes ou qui allaitent sont toutefois reconnues comme
groupe à risque par les experts de l'Observatoire des Pesticides9.
Au
total, des éléments plutôt encourageants
Toutes ces
données, même si elles ne montrent pas de bénéfice net sur la santé, sont tout
de même en faveur de la consommation de ces aliments, dépourvus ou presque de
nitrates et de pesticides et paraissant contenir des nutriments intéressants.
De plus leur
culture respecte davantage l'environnement, atout non négligeable à l'heure où
les pouvoirs publics s'interrogent, par exemple, sur les moyens à mettre en
œuvre pour lutter contre la prolifération des
algues vertes en Bretagne, directement liée à l'utilisation
massive d'engrais azotés par les agriculteurs
Privilégier
les végétaux de saison
Il est possible
manger bio sans se ruiner, à condition de rééquilibrer les repas vers plus de
végétal (céréales, légumineuses, fruits, légumes) et moins d'animal (viandes,
poissons) : une recommandation commune au Programme National Nutrition Santé et
aux partisans écologistes du bio. Il faut également se limiter aux fruits et
légumes de saison, achetés si possible directement aux producteurs.
Quand on
n'achète pas bio, on peut minimiser l'ingestion de résidus de pesticides en
préférant les végétaux de saison produits en pleine terre (et non en serre), en
les lavant, et en les pelant le cas échéant, avant de les consommer.
Florence Daine,
le 01 juin 2010
Sources :
1 - Nutritional quality of organic food
: a systematic review. A. Dangour et al. Am. J. Clin. Nut. 90 : 680-85. 2009, résumé en ligne
2 - Evaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l'agriculture
biologique, Afssa, 2003, téléchargeable en
ligne (à partir du site du
syndicat national des entreprises bio)
3 - Entretien téléphonique avec le Dr Denis Lairon, mai 2010
4 - QLIF pour Quality Low Imput Food (site du
QLIF)
5 - Nutritional quality and safety of organic food. A review. D. Lairon. Agron.
Sustain. Dev. 30 : 33-41. 2009, téléchargeable
en ligne
6 - Intérêts nutritionnels et sanitaires des produits bio, D. Lairon.
Conférence lors du salon professionnel de la nutrition Dietecom, mars 2010
7 - Le point sur la valeur nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de
l'agriculture biologique. L. Gueguen, G. Pascal. Cahiers de Nutrition et de
Diététique, avril 2010, résumé en ligne
8 - Plan de surveillance et de contrôle des résidus de pesticides dans les
denrées d'origine végétale. Direction Générale de la Consommation de la
Concurrence et de la Répression des Fraudes. Rapport 2007, résumé en ligne
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