Sections du site en Octobre 2009 : Ajouts successifs d’articles -- Sujets
d’articles à traiter – Pour publier -- Post-Polio -- L'aide à domicile --
Internet et Handicap -- Informatique jusqu’à 100 ans – Etre en lien --
L’animal de compagnie -- Histoires de vie -- Donner sens à sa vie – A 85 ans aller de
l’avant -- Tous chercheurs -- Liens –
Le
webmestre.
RETOUR A LA PAGE D’ACCUEIL : CLIC AUTEURS, TITRES DE TOUS
LES ARTICLES : CLIC SYNTHESE GENERALE: CLIC
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
LES MALENTENDUS
DE
De
l’incapacité au lien social
P 66 • La dépendance est un terme qui recouvre
une multitude de concepts : ce
peut être une relation, un trait de caractère de la personnalité, un type particulier
de comportement…
• Pour la
psychiatrie et les psychologues : stratégie
élaborée par quelqu’un qui se sent faible en direction de quelqu’un qu’il juge
fort et en incapacité de l’aider… En fait, la vie demande un équilibre entre dépendance et indépendance…
Si on infantilise les personnes âgées, on aggrave le déséquilibre. …On se sert
de la dépendance affective (des vieux) pour masquer une dépendance socialement
construite.
• Pour la sociologie et les sciences humaines, une
des premières réflexions a trait à la montée
de l’individualisme dans les sociétés modernes… le terme dépendance a pris
dans la pensée américaine un sens péjoratif. La notion de liberté est basée sur
une foi et une confiance absolue de l’individu dans sa propre compétence et la
maîtrise des évènements. Cette conception de la liberté est basée sur la valeur
de l’individualisme. C’est seulement en étant indépendant qu’un américain peut être vraiment une personne, digne
de l’intérêt des autres, et digne d’estime à ses propres yeux.
Si on
veut changer cette façon de voir, il faut expliquer aux gens qu’à tous les âges
de la vie, la dépendance est un fait
inévitable et normal de la vie en société et ne pas placer l’indépendance
comme valeur suprême.
Trois
solutions :
-
La solution personnelle :
la personne compense ses pertes de contrôle par un désengagement social.
-
La solution familiale
-
La solution sociale.
• Le point de
vue anthropologique. La dépendance est vue par l’anthropologue comme une modalité culturelle… Dans les sociétés coutumières, la dépendance
mutuelle est tout à fait institutionalisée.
L’individu ne se sent pas responsable de sa dépendance à l’égard des autres. La
dépendance, en tant que condition de l’être humain varie donc énormément en
fonction des cultures et des institutions sociales qu’elles ont contribué à
mettre en place. Dans les sociétés
primitives, il n’y a pas de stigmate
attaché à la dépendance. Dans l’Amérique
actuelle, le vieux n’est plus tout à fait un être humain, en ce qui
concerne l’accomplissement et l’initiative individuels qui sont les standards
obligés de la société américaine. Tant que l’on ne changera pas ces valeurs
liées à l’individualisme, la personne âgée dépendante restera une « anomalie » dans un système social
basé sur la jeunesse et l’individualisme.
• p 93 Herrnard :
Vieillesse→Déficience→Incapacité→Dépendance
• p 94 Paradigme
médical ou biomédical
Paradigme
veut dire « modèle, exemple » notamment en parlant de choses
abstraites. Il est passé récemment dans le vocabulaire de l’épistémologie comme
« conception théorique dominante qui a cours à une certaine époque dans
une communauté scientifique » (Le Robert, dictionnaire historique de la
langue française (1992), « Paradigme », t. 2, Paris, Dictionnaires Le
Robert, p 1422).
En terme de modèle : modèle médical de l’avance en âge. Au sens de théorie dominante,
les médecins étendent leur domination à l’ensemble du champ de la vieillesse.
Il vient signer le changement de vision politique de la vieillesse qui bascule
d’une visée sociale intégrative, à
une vision médicale assistancielle.
Cette vision médicale et assistancielle découle d’une
vieillesse lue uniquement comme pathologie irréversible nécessitant
inéluctablement un besoin d’aide important.
P 95 Cette vision portant sur l’homme, est portée
par d’autres hommes, et donc ne peut
en aucun cas prétendre à l’objectivité à laquelle prétendent certaines sciences
exactes, quand elles portent sur des objets et phénomènes physiques.
L’émergence du paradigme biomédical de la dépendance…
vient scander la prise de pouvoir de la médecine gériatrique dans le champ de
la vieillesse, avec l’appui du monde politique.
P 201 L’individualisme : idéologie qui
prône pour l’individu le fait de se réaliser par soi-même et pour soi-même.
P 251 La
dépendance est devenue l’attribut
stigmatisant de la personne âgée.
P 252 Jusque
dans les années 1975, les personnes âgées en difficulté étaient considérées
comme des « personnes âgées handicapées ». Mais la loi du 30 juin
1975 en faveur des personnes handicapées stipule que les personnes âgées sont
des retraités, tandis que les associations de handicapés se battent pour
distinguer les « adultes handicapés »
des « vieux dépendants ».
P 255 De Paul
Boulinier, président de l’APF (1999), « Sur la confusion entre handicap et dépendance », Actualités
sociales hebdomadaires n° 2139, du 29 octobre, p 29 : « Je maintiens
que la distinction entre personnes âgées dépendantes et handicapés se justifie
tout à fait ». On ne peut pas être plus clair. Les personnes âgées
« dépendantes », c’est-à-dire ayant des incapacités, ne peuvent
prétendre à une réintégration sociale, ni même à un projet de vie, peut-être
même, n’ont-elles plus droit à la vie tout court.
La
séparation du handicap et de la dépendance, au tournant des années 1975…
renvoie bien à une exclusion sociale de
la population âgée fragile, définitivement exclue d’une vie sociale, qui se
résume de plus en plus à son seul aspect de compétition économique.
P 265 L’objectivité scientifique en question
dans les « sciences humaines ».
Objectivité :
« absence de partialité dans un jugement ou chez une personne ne faisant
pas intervenir d’éléments affectifs et personnels pour décrire avec exactitude
la réalité ».
P 266 …Au XVIIIeme, la science devient une forme particulière de
connaissance, connaissance exacte, universelle et vérifiable, exprimée par des
lois. La science devient donc une forme particulière de savoir. On pourrait
dire un savoir théorique qui vient s’opposer à la connaissance, qui au XIIeme siècle était un savoir pratique, un art, une
habileté. Il y a donc opposition
entre scientia :
connaissance, et episteme : savoir théorique.
Toute
l’objectivité prétendument scientifique, dans l’approche de l’homme, masque
d’abord un rapport de force.
P 267 Pour
vouloir trouver des experts de la
vieillesse, c’est forcément réduire ce fait social très complexe, à un seul
de ses multiples composants.
P 272 L’expertise : le savoir
scientifique contre le savoir des gens.
P 276 La
tendance de la société à classer les
individus par catégorie d’âge.
P 282 La dépendance : fondement du lien
social et de la cohésion sociale.
P 284 …Pris
aujourd’hui entre individualisme et solidarité, l’individu est sans aucun doute
dépendant et autonome.
P 287 Michèle
Grosclaude : la dépendance psychique à l’autre constitue pour le sujet le
fondement de l’humain et de la relation à autrui.
P 290 Une société paradoxale : entre
individualisme et solidarité mutuelle.
P 292 L’individualisme… un danger majeur pour l’individu.
P 296 La reconnaissance de notre dépendance
comme fondement du sujet et de la cohésion sociale.
P 297 De
Norbert Elias : « Il ne peut y avoir de société des individus que par
reconnaissance de la nécessaire solidarité entre eux. La solidarité est en effet la dépendance
réciproque qui de fait s’exerce entre les individus liés entre eux
« de telle sorte que ce qui arrive à l’un d’eux retentit sur l’autre ou
sur les autres ».
P 298 …La
reconnaissance de notre dépendance aux autres dans le collectif que nous
formons avec eux est au fondement de l’autonomie
collective, c’est-à-dire d’une soumission à des lois du groupe humain
communément négociées.