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 «POUVOIR BIEN VIEILLIR AVEC UN HANDICAP »,trimestriel GIPHV.N°9;07.2006

 Editeur :Henri Charcosset, E-Mail : charcohe@club-internet.fr                                                        Site web : http://bien.vieillir.club.fr/index.htm

 

LES  MALENTENDUS  DE  LA  DEPENDANCE.

 De l’incapacité au lien social

 

Bernard  ENNUYER, aux Editions Dunod, Paris, 2002, 330 pages

 

Extraits, par Henri  Charcosset

 

 

P 66  • La dépendance est un terme qui recouvre une multitude de concepts : ce peut être une relation, un trait de caractère de la personnalité, un type particulier de comportement…

  Pour la psychiatrie et les psychologues : stratégie élaborée par quelqu’un qui se sent faible en direction de quelqu’un qu’il juge fort et en incapacité de l’aider… En fait, la vie demande un équilibre entre dépendance et indépendance… Si on infantilise les personnes âgées, on aggrave le déséquilibre. …On se sert de la dépendance affective (des vieux) pour masquer une dépendance socialement construite.

• Pour la sociologie et les sciences humaines, une des premières réflexions a trait à la montée de l’individualisme dans les sociétés modernes… le terme dépendance a pris dans la pensée américaine un sens péjoratif. La notion de liberté est basée sur une foi et une confiance absolue de l’individu dans sa propre compétence et la maîtrise des évènements. Cette conception de la liberté est basée sur la valeur de l’individualisme. C’est seulement en étant indépendant qu’un américain peut être vraiment une personne, digne de l’intérêt des autres, et digne d’estime à ses propres yeux.

         Si on veut changer cette façon de voir, il faut expliquer aux gens qu’à tous les âges de la vie, la dépendance est un fait inévitable et normal de la vie en société et ne pas placer l’indépendance comme valeur suprême.

 

Trois solutions :

-         La solution personnelle : la personne compense ses pertes de contrôle par un désengagement social.

-         La solution familiale

-         La solution sociale.

 

  Le point de vue anthropologique. La dépendance est vue par l’anthropologue comme une modalité culturelle  Dans les sociétés coutumières, la dépendance mutuelle est tout à fait institutionalisée. L’individu ne se sent pas responsable de sa dépendance à l’égard des autres. La dépendance, en tant que condition de l’être humain varie donc énormément en fonction des cultures et des institutions sociales qu’elles ont contribué à mettre en place. Dans les sociétés primitives, il n’y a pas de stigmate attaché à la dépendance. Dans l’Amérique actuelle, le vieux n’est plus tout à fait un être humain, en ce qui concerne l’accomplissement et l’initiative individuels qui sont les standards obligés de la société américaine. Tant que l’on ne changera pas ces valeurs liées à l’individualisme, la personne âgée dépendante restera une « anomalie » dans un système social basé sur la jeunesse et l’individualisme.

 

  p 93  Herrnard : Vieillesse→Déficience→Incapacité→Dépendance

 

  p 94  Paradigme médical ou biomédical

         Paradigme veut dire « modèle, exemple » notamment en parlant de choses abstraites. Il est passé récemment dans le vocabulaire de l’épistémologie comme « conception théorique dominante qui a cours à une certaine époque dans une communauté scientifique » (Le Robert, dictionnaire historique de la langue française (1992), « Paradigme », t. 2, Paris, Dictionnaires Le Robert, p 1422).

En terme de modèle : modèle médical de l’avance en âge. Au sens de théorie dominante, les médecins étendent leur domination à l’ensemble du champ de la vieillesse. Il vient signer le changement de vision politique de la vieillesse qui bascule d’une visée sociale intégrative, à une vision médicale assistancielle. Cette vision médicale et assistancielle découle d’une vieillesse lue uniquement comme pathologie irréversible nécessitant inéluctablement un besoin d’aide important.

 

P 95  Cette vision portant sur l’homme, est portée par d’autres hommes, et donc ne peut en aucun cas prétendre à l’objectivité à laquelle prétendent certaines sciences exactes, quand elles portent sur des objets et phénomènes physiques.

L’émergence du paradigme biomédical de la dépendance… vient scander la prise de pouvoir de la médecine gériatrique dans le champ de la vieillesse, avec l’appui du monde politique.

 

P 201  L’individualisme : idéologie qui prône pour l’individu le fait de se réaliser par soi-même et pour soi-même.

 

P 251  La dépendance est devenue l’attribut stigmatisant de la personne âgée.

 

P 252  Jusque dans les années 1975, les personnes âgées en difficulté étaient considérées comme des « personnes âgées handicapées ». Mais la loi du 30 juin 1975 en faveur des personnes handicapées stipule que les personnes âgées sont des retraités, tandis que les associations de handicapés se battent pour distinguer les « adultes handicapés » des « vieux dépendants ».

 

P 255  De Paul Boulinier, président de l’APF (1999), « Sur la confusion entre handicap et dépendance », Actualités sociales hebdomadaires n° 2139, du 29 octobre, p 29 : « Je maintiens que la distinction entre personnes âgées dépendantes et handicapés se justifie tout à fait ». On ne peut pas être plus clair. Les personnes âgées « dépendantes », c’est-à-dire ayant des incapacités, ne peuvent prétendre à une réintégration sociale, ni même à un projet de vie, peut-être même, n’ont-elles plus droit à la vie tout court.

         La séparation du handicap et de la dépendance, au tournant des années 1975… renvoie bien à une exclusion sociale de la population âgée fragile, définitivement exclue d’une vie sociale, qui se résume de plus en plus à son seul aspect de compétition économique.

 

P 265  L’objectivité scientifique en question dans les « sciences humaines ».

Objectivité : « absence de partialité dans un jugement ou chez une personne ne faisant pas intervenir d’éléments affectifs et personnels pour décrire avec exactitude la réalité ».

 

P 266  …Au XVIIIeme, la science devient une forme particulière de connaissance, connaissance exacte, universelle et vérifiable, exprimée par des lois. La science devient donc une forme particulière de savoir. On pourrait dire un savoir théorique qui vient s’opposer à la connaissance, qui au XIIeme siècle était un savoir pratique, un art, une habileté. Il y a donc opposition entre scientia : connaissance, et episteme : savoir théorique.

 Toute l’objectivité prétendument scientifique, dans l’approche de l’homme, masque d’abord un rapport de force.

 

P 267  Pour vouloir trouver des experts de la vieillesse, c’est forcément réduire ce fait social très complexe, à un seul de ses multiples composants.

 

P 272  L’expertise : le savoir scientifique contre le savoir des gens.

 

P 276  La tendance de la société à classer les individus par catégorie d’âge.

 

P 282  La dépendance : fondement du lien social et de la cohésion sociale.

 

P 284  …Pris aujourd’hui entre individualisme et solidarité, l’individu est sans aucun doute dépendant et autonome.

 

P 287  Michèle Grosclaude : la dépendance psychique à l’autre constitue pour le sujet le fondement de l’humain et de la relation à autrui.

 

P 290  Une société paradoxale : entre individualisme et solidarité mutuelle.

 

P 292  L’individualisme… un danger majeur pour l’individu.

 

P 296  La reconnaissance de notre dépendance comme fondement du sujet et de la cohésion sociale.

 

P 297  De Norbert Elias : « Il ne peut y avoir de société des individus que par reconnaissance de la nécessaire solidarité entre eux. La solidarité est en effet la dépendance réciproque qui de fait s’exerce entre les individus liés entre eux « de telle sorte que ce qui arrive à l’un d’eux retentit sur l’autre ou sur les autres ».

 

P 298  …La reconnaissance de notre dépendance aux autres dans le collectif que nous formons avec eux est au fondement de l’autonomie collective, c’est-à-dire d’une soumission à des lois du groupe humain communément négociées.